Liège Bastogne Liège 2022

Plan de Liège-Bastogne-Liège 2022 ©️ A.S.O.

Dimanche 24 avril, à 10 h 15, s’élancera le départ de la 108ᵉ édition de Liège-Bastogne-Liège.

Profil de Liège-Bastogne-Liège 2022 ©️ A.S.O.

Liège – Liège : 257.1 kilomètres à l’horizon desquels se profile le dénouement du triptyque ardennais. Créé en 1892, le dernier des quatre Monuments vernaux est la plus archaïque des courses encore contestée au XXIe siècle.
La succession des générations n’aura eu de cesse de creuser et façonner les rides du visage de la « Doyenne » à travers les vallons liégeois. Une robe ardennaise indémodable dont le corsage « redoute »-(able) est la base d’une coupe saillante depuis 1974. Une encolure dont l’asymétrie changeante, s’arrête tantôt sur l’épaule Liégeoise, tantôt sur l’épaule Ansoise (entre 1992 et 2018). Depuis 2019, la première a repris les faveurs des finitions de la tunique de la Doyenne des classiques.

L’ARDENNAISE LA PLUS OUVERTE ?

Liège-Bastogne-Liège est la classique du printemps la plus vallonnée. Avec 4256 mètres e dénivelé positif, la course se résume à une longue et pénible usure avant les cotes clés. Là où la Flèche Wallonne ne se résume qu’à une course de cote explosive et où les routes étroites et raides de l’Amstel Gold Race ramènent à la même et interminable guerre de positionnement que sur les courses flandriennes ont initié tout au long de la belle saison.
L’une des autres différences notables avec toutes les autres classiques repose sur un plateau de participants et de prétendants à la victoire à Liège beaucoup large. Les hommes forts des classiques pavées commencent à être émoussés face aux grimpeurs/coureurs de classements généraux en pleine forme ascendante. Un nivellement des états de forme qui ouvre nécessairement la voie aux surprises.

éditionsVAINQUEUR DE Liège-BASTOGNE-LIÈGEPLace à LA FLECHE WALLONNEplace à L’AMSTEL GOLD RACE
2021Tadej PogačarDNS/
2020Primož Roglič//
2019Jakob Fuglsang23
2018Bob Jungels4133
2017Alejandro Valverde119
2016Wout Poels441
2015Alejandro Valverde12
2014Simon Gerrans/3
2013Dan Martin4DNF
2012Maxim Iglinskiy1311
2011Philippe Gilbert11

Pourtant, dans l’ensemble, le vainqueur de la Doyenne est un coureur qui a su être parmi les hommes forts du week-end ardennais… Loin d’être un visage inconnu.

éditionsplace à Liège-BASTOGNE-LIÈGEVAINQUEUR DE LA FLECHE WALLONNEplace à L’AMSTEL GOLD RACE
20212Julian Alaphilippe6
20202Marc Hirschi/
201916Julian Alaphilippe4
20184Julian Alaphilippe7
20171Alejandro Valverde19
201616Alejandro Valverde/
20151Alejandro Valverde2
20142Alejandro Valverde4
201352Daniel Moreno21
201215Joaquim Rodríguez24
20111Philippe Gilbert1

L’affirmation selon laquelle la Flèche serait un point de repère pour savoir qui pourrait être un prétendant au podium sur le Quai des Ardennes n’est pas non plus dénuée de sens.

LA ROCHE AUX FAUCONS, JUGE DE PAIX ?

Le parcours de cette édition 2022 sera un copier-coller de l’édition précédente, à une différence qui pourrait se révéler majeure. Le tracé ne comprend plus la cote des Forges entre la Redoute et la Roche-aux-Faucons.

DIFFicultésdistance de l’arrivéelongueurpourcentage moyenpourcentage maximal
Cote de La Roche-en-Ardennne180.4 kilomètres2 800 mètres6.2 %8.5 %
Cote de Saint-Roch133.1 kilomètres1 000 mètres11.2 %12 %
Cote de Mont-le-Soie89.3 kilomètres1 700 mètres7.9 %15.2 %
Cote de Wanne81 kilomètres3 600 mètres5.1 %13.7 %
Cote de Stockeu74.4 kilomètres1 000 mètres12.5 %16.4 %
Cote de la Haute-Levée70.2 kilomètres2 200 mètres7.5 %15.3 %
Col du Rosier56 kilomètres4 400 mètres5.9 %10 %
Cote de Desnié42.6 kilomètres1 600 mètres8.1 %11 %
Cote de La Redoute29.5 kilomètres2 000 mètres8.9 %16.5 %
Cote de la Roche-aux-Faucons13.4 kilomètres1 300 mètres11 %14.2 %
Cliquez sur le nom des difficultés pour avoir accès à leur profil Veloviewer
https://veloviewer.com/segments/17189607

La cote de Desnié (1.6 kilomètre à 8.2 %) souhaitait ajouter de la nervosité à la course, une fois arrivé à SPA. C’est la raison pour laquelle elle a remplacé le col du Maquisard (4 kilomètres à 4.9 %). Les organisateurs, toujours désireux de forcer les mouvements, n’avait sans doute pas anticipé les mouvements de Harm Vanhoucke, Mark Donovan et Mark Padun dans le Col du Rosier, l’an dernier.

Un mouvement dans la longue des difficultés du jour plus prévisible qu’une sélection complexe à mettre en place dans Desnié dont l’allure de faux plat montant n’encourage pas à l’offensive.

29.5 kilomètres de l’arrivée : la cote de la Redoute est assurément la figure iconique de la Doyenne. Avec une portion de 1.5 kilomètre à 9.8 % et des pentes vertigineuses à 16.5 %, elle est le signe de départ d’un final agité. L’endroit idéal pour lancer une offensive avec seulement 35,2 kilomètres à parcourir une fois le sommet franchi. Une opération dans laquelle se sera lancée l’équipe Ineos Grenadiers, en 2021, en faisant imploser le peloton.

Mais il est un obstacle de taille : la quinzaine de kilomètres séparant son sommet du pied de la Roche aux Faucons. Extrêmement favorable à une chasse, comme nous l’avons vu en 2019 où les leaders ont du mal à faire la différence. Un schéma qui s’est une nouvelle fois répété l’an passé. Quand bien même la cote des Forges était placée pour tenter de casser la chasse. L’opération dans la Redoute est souvent réduite à un coup d’épée dans l’eau.

Une nouvelle fois, le vent défavorable dans la remontée vers Liège devrait avantager, comme à l’accoutumé, un scénario classique dans la dernière difficulté, théâtre de tous les possibles, lieu des derniers va-tout, des tapis peu importe les cartes en main.

https://veloviewer.com/segment/21078140

13.4 kilomètres de l’arrivée : les forts pourcentages à son pied permettent de faire une sélection indiscutable. À l’instar de Jakob Fuglsang ou de Bob Jungels, tous deux partis vers une victoire en solitaire ; ou même de ceux qui ont su accompagner Julian Alaphilippe lors des deux dernières éditions.

Le final raboté de 1.5 kilomètre dans Liège par rapport à l’édition 2019 est, pour une troisième année consécutive, conservé. Comme une tentative vaine de favoriser les mouvements victorieux de puncheurs dans La Roche aux Faucons et d’obliger les grimpeurs à anticiper cette dernière en lançant la course de plus loin.

Le dernier kilomètre est à la fois totalement plat et en ligne droite :

  • moins bons sprinteurs : oblige aux arrivées en solitaire ou aux coups du kilomètres ;
  • comité réduit : force à négocier un sprint réduit dans une position favorable, c’est-à-dire éviter d’emmener le groupe ;
  • sprinteurs : permet à ce qu’un train puisse lancer parfaitement en cas de groupe plus ou moins conséquent.

UN VENT CAPABLE DE DISSUADER LES OFFENSIVES ?

Un vent contraire dans le final n’est pas sans permettre aux hommes au profil comme Michael Matthews d’espérer qu’un comité réduit se disputera la victoire dans Liège.

Les températures seront clémentes et le temps sera sec contrairement à ce qui était prévu en milieu de semaine.

UNE ABSENCE PRÉJUDICIABLE POUR WOUT VAN AERT

1  HIRSCHI Marc
2  BENNETT George
3  LAENGEN Vegard Stake
4  MCNULTY Brandon
5  POLANC Jan
6  SOLER Marc
7  ULISSI Diego

Si les absences de dernières minutes auront rythmé les classiques printanières et gâché la campagne de nombre d’équipes, il est des raisons que personne ne voudrait avoir à subir. Ce n’est pas incommodé par quelconque virus saisonnier, mais endeuillé que Tadej Pogačar ne s’alignera pas au départ de Liège-Bastogne-Liège. Sa compagne, la coureuse slovène Urska Zigart, devant faire face au décès de sa mère, atteinte d’un cancer.
Parmi les grands favoris à sa propre succession, son renoncement doit indubitablement peser sur les stratégies de course. Nécessairement, le poids de la course reposera entièrement sur les épaules de Wout van Aert. Rares sont les équipes pouvant être un allié de circonstance pour le champion de Belgique. Si la stratégie émiratie aurait pu être portée sur la défensive ; sans sa figure de proue, UAE Emirates misera sur ces éléments en tant qu’électrons libres. Que ce soit Jan Polanc, Marc Soler, Diego Ulissi et Brandon McNulty ; tous apparaissent comme des cartes crédibles. La question de la forme de Brandon McNulty peut néanmoins se poser. Contraint de mettre sa saison entre parenthèses avant le Tour de Romandie à la suite d’une infection au coronavirus, l’américain est un invité de dernier minute. Si la forme est proche de celle affichée au début de saison, alors le rouleur émirati sera assurément un homme dangereux si celui vient à s’extraire du peloton dans l’une des difficultés du parcours. Trofeo Calvin, Faun Ardeche et Paris-Nice ont vu le même schéma se reproduire sur ses différentes victoires. À savoir utiliser ses capacités dans l’éffort individuel en profitant d’une désorganisation ou au minima d’une mésentente derrière pour couronner ses raids en solitaire de succès.
Marc Hirschi restera sans doute un plan A en cas de décision après la Roche aux Faucons. Le suisse se remet progressivement de son opération à la hanche, cependant son résultat à la Flèche Wallonne ne donne pas les meilleures indications. Quand on sait qu’il avait été un élément les plus forts dans le final en travaillant pour Tadej Pogacar dans la Roche aux Faucons.

NINOVE, BELGIUM – FEBRUARY 26: (L-R) Wout Van Aert of Belgium and Tiesj Benoot of Belgium and Team Jumbo – Visma compete during the 77th Omloop Het Nieuwsblad 2022 – Men’s Race a 204,2km race from Ghent to Ninove / #OHN22 / @FlandersClassic / #WorldTour / on February 26, 2022 in Ninove, Belgium. (Photo by Vincent Kalut – Pool/Getty Images)
111  VAN AERT Wout
112  BENOOT Tiesj
113  KUSS Sepp
114  OOMEN Sam
115  ROOSEN Timo
116  VAN EMDEN Jos
117  VINGEGAARD Jonas

Forcément, sans le slovène Wout van Aert a une pancarte de la taille d’un panneau publicitaire. Il faut dire que le couteau suisse belge est un homme à tout faire redoutable. Qui peut rivaliser au sprint face à l’un des phénomènes de la décennie en cours ? Le problème, c’est qu’il faudra pouvoir lâcher le leader des Killer Wasps. Ni le Mikuni Pass (6.8 kilomètres à 10.1 %), ni le Mont Ventoux (15.7 kilomètres à 8.7 %) et encore moins la Gallisterna (2.3 kilomètres à 7.3 %) n’ont eu raison de lui malgré son poids. Une polyvalence qui est à la fois sa plus grande arme, comme sa plus grande ennemie.
Pour cause, à l’image d’un Mathieu van der Poel assaillit par les attaques sur l’Amstel Gold Race, WVA devra faire face à une adversité qui ne lui laissera aucun répit. C’est pourquoi l’effectif des Jumbo Visma s’est renforcé au cours de l’hiver. Un temps, le recrutement de Christophe Laporte, Tosh van der Sande et Tiesj Benoot a été vu comme une manière d’épauler le multiple champion du monde de cyclo-cross de façon défensive. Ce n’a pas été le cas, les Jumbo ont profité d’une force de frappe supérieure pour courir de manière offensive. Amenant des situations de course où Wout était mis sur orbite (Omloop Het Nieuwsblad et E3 Harelbeke). Mais l’application stricte de l’adage « la meilleure défense est l’attaque » implique qu’une attaque d’un coéquipier peut très bien mener ce dernier à la victoire. Dans ce rôle, Jonas Vingegaard et Tiesj Benoot auront un rôle de choix. Le premier n’est pas la meilleure garantie en ayant subi une mauvaise journée sur la Flèche Wallonne. Ce qui n’est pas le cas du second, qui a montré une grande forme depuis la reprise à l’OHN. Un rôle offensif qu’il n’a eu de cesse de prendre au sérieux tout au long du printemps, avec ou sans la présence de Wout van Aert. Ses places d’honneur sur Dwars van Vlaanderen et l’Amstel Gold Race ne sont pas sans démontrer que le transfuge des DSM a toutes les qualités pour être un second couteau de choix.

Les Jumbo Visma n’ont guère le choix. Tenter d’accompagner Wout van Aert en sacrifiant ses coéquipiers pour annihiler toutes les attaques, en prenant le risque de se faire esseuler ou prendre les devants en jouant du surnombre. Paris-Roubaix aura au moins démontrer qu’en faisant front derrière son leader, ce dernier ne peut parer à toute attaque et la Jumbo Visma ne peut faire guère mieux qu’une habituelle place de deuxième. En accompagnant Wout van Aert le plus loin possible, Benoot peut très bien être amené à se retrouver à jouer la gagne, car personne ne voudra emmener Wout sur un plateau. Une situation d’autant plus favorisée par une course dynamitée par les effectifs adversaires désireux de dynamiter la course.

DES ÉLÉMENTS PERTURBATEURS

LIEGE, BELGIUM – APRIL 25: Tao Geoghegan Hart of United Kingdom, Michal Kwiatkowski of Poland & Richard Carapaz of Ecuador and Team INEOS Grenadiers during the 107th Liege – Bastogne – Liege 2021, Men’s Elite a 259,5km race from Bastogne to Liège / Côte de La Redoute (292m)/ #LBL / on April 25, 2021 in Liege, Belgium. (Photo by Bas Czerwinski/Getty Images)
91  MARTÍNEZ Daniel Felipe
92  DE PLUS Laurens
93  FRAILE Omar
94  KWIATKOWSKI Michał
95  PIDCOCK Thomas
96  RODRÍGUEZ Carlos
97  THOMAS Geraint

L’identité des Ineos Grenadiers a changé. Résolument plus offensif sur les classiques, la puissance du collectif s’est relevée lorsque le train infernal se déchaine dans les difficultés. Un train qui avait déjà été mené par Tao Geoghegan Hart dans la Redoute, l’an passé. Un plan qui pourrait se répéter une fois de plus cette année. Mais cette fois, les britanniques trouveront des alliés de taille.

81  TEUNS Dylan
82  CARUSO Damiano
83  HAIG Jack
84  LANDA Mikel
85  MOHORIČ Matej
86  POELS Wout
87  SÁNCHEZ Luis León

Les Bahraïn Victorious sont les autres coureurs du moment. Avec un roster tout autant offensif, les Bahrainistes en tout pour faire exploser la course. L’an passé, les Grenadiers étaient probablement un peu trop seul pour exploiter une stratégie offensive réussite. La Quick Step, les Jumbo et UAE misant sur une sélection dans la Roche aux Faucons. La donne à changer en 2022 où les courses se lancent de loin. C’est ainsi que si Dylan Teuns et Daniel Martinez miseront sur une séparation dans la dernière difficulté. Leurs coéquipiers pourraient lancer tout autant la course de loin que de profiter du marquage des leaders dans le final. Des noms comme Wout Poels, Jack Haig ou Matej Mohoric pour la Bahrain ne sont pas à exclure dans ce type de scénario. Là où si Tom Pidcock ne s’est pas remis de ses problèmes intestinaux, Michal Kwiatkowski ou Carlos Rodriguez pourraient initié cette course de loin après sans doute un gros tempo d’Omar Fraile dans la Redoute. Le jeune espagnol véritable phénomène découvrira son premier Monument mais après une première partie de saison sur le devant de la scène notamment sur les courses par étape, le phénomène en devenir est sans nul doute une carte maîtresse dans un scénario d’anticipation. Etant moins surveillé que ces coéquipiers.

éditionsPLACE À Liège-BASTOGNE-LIÈGEPLace à LA FLECHE WALLONNEVAINQUEUR DE L’AMSTEL GOLD RACE
2021//Wout van Aert
2020///
2019//Mathieu van der Poel
20181950Michael Valgren
2017//Philippe Gilbert
2016125Enrico Gasparotto
20152133Michał Kwiatkowski
2014810Philippe Gilbert
201312517Roman Kreuziger
2012311Enrico Gasparotto
201111Philippe Gilbert

Des ardennaises, lever les bras sur l’Amstel Gold Race est sans doute le moins bon indicateur. Une épine dans le pied de Kwiatkowski ?

DES LOUPS QUI ONT LES CROCS

Ne pas mentionner Julian Alaphilippe sur son grand objectif de la saison seraitmésestimer le talent qu’on lui connait pour préparer ses objectifs. Seulement, pour gagner mieux pour le français de nous faire ce qu’il sait faire de mieux : un exploit alaphilippesque, en sortant en solitaire dans la dernière difficulté. Une tâche rendue ardue par le vent de face dans le final. Après avoir été battu au sprint par Pogi l’an passé, par Pello Bilbao et Daniel Martinez sur l’Itzulia cette année, tout coureur ayant un minimum de vitesse croira plus que jamais en ses chances de faire la nique au français. C’est pourquoi il n’est pas à exclure qu’au delà du fait que Remco Evenepoel profite d’une course d’anticipation pour miser sur son registre classique : faire parler son gros moteur. Un scénario qui malheureusement tend à ce que Loulou ne soit pas sur le podium de la Doyenne.
A moins que des coureurs en forme et leur équipe ne fasse le jeu du frenchy. On peut penser aisément à la Movistar d’Alejandro Valverde qui fêtera son 42e anniversaire lundi mais qui n’a jamais paru aussi jeune. Bien que sa pointe de vitesse sur le plat, du moins son punch ne soit plus celui d’antan. Ou encore la Cofidis de Ion Izagirre qui a fait de la Doyenne, un de ses grands objectifs.

La Flèche Wallonne et Liège-Bastogne-Liège font partie de mes objectifs personnels. J’ai très à cœur de faire le meilleur résultat possible. Bien entendu, ce sont des courses très particulières et peut-être que la ‘Flèche’ correspond un peu moins à mes caractéristiques mais plus à celles d’un coureur explosif. Mais je pense qu’on a des coureurs pour s’illustrer, comme Jesús Herrada. Liège-Bastogne-Liège est une course que j’adore, chargée d’histoire. J’ai déjà fini 5e de cette course (en 2017) et ce serait fantastique de réaliser un tel résultat. Après le Tour du Pays-Basque, ma victoire d’étape et la 2e place au classement général, je me sens particulièrement motivé pour relever le défi et réussir la meilleure performance possible. – Ion Izagirre, sur le site de l’équipe Cofidis

D’autres coureurs en forme et particulièrement français seront à regarder de près. On pense aisément à Romain Barbet qui s’il gagnait la Doyenne serait le deuxième coureur de l’histoire à s’y imposer après avoir remporté le Tour des Alpes. Alexandre Vinokourov était le seul à avoir réussi pareil exploit. Mais s’il est un coureur en forme dont l’équipe a une stratégie entièrement tournée vers les points UCI, c’est bel et bien Warren Barguil. Disposant d’une belle pointe de vitesse, le grimpeur français a toutes les qualités pour s’y illustrer.

Il en va de même pour des coureurs étrangers comme Aleksandr Vlasov, Michael Matthews, Tim Wellens, et cetera qui peuvent profiter d’une course d’anticipation comme du vent de face pour essayer de tirer profit de la situation d’un petit comité dans le final.

Attention qui plus est à la EF Education First de Nelson Powless mais surtout de Ruben Guerreiro qui s’en va en guerre. Les hommes de Vaughters misent sur ces classiques après avoir été un temps contrarié par les virus printaniers.

PRÉDICTION

La Redoute sera crainte malgré un vent défavorable dans le final et l’éviction de la Cote des Forges. L’alliance des forces entre les Ineos Grenadiers et la Bahraïn Victorious morcelleront le peloton qui ne réussira pas la jonction comme l’an passé avant la Roche aux Faucons. UAE et Quick Step ayant chacun un élément dans le groupe de tête. Tiesj Benoot profitera du marquage de Wout van Aert pour lancer une offensive dans la deuxième partie de la Roche aux Faucons. Une offensive qui sera couronné de succès. Derrière un petit groupe de cinq coureurs composé de Warren Barguil, Carlos Rodriguez, Alejandro Valverde, Dylan Teuns et Marc Soler se disputeront les miettes.

🥇Tiesj Benoot

🥈Warren Barguil

🥉 Carlos Rodriguez

Paris-Roubaix 2022

Logo Paris Roubaix © A.S.O

Dimanche 17 avril, à 11 h, s’élancera le départ de la 119ᵉ édition de Paris-Roubaix.

Profil de Paris-Roubaix 2022 © A.S.O

Compiègne – Roubaix : 257.5 kilomètres pavés de 54.8 kilomètres de mauvaises intentions, répartis en trente secteurs, sur un tout petit dénivelé positif (1 304 mètres). Ce n’est guère le relief qui est la raison venant faire la différence sur le parcours, qui a forgé les légendes de la Reine des Classiques depuis 1896. Mais la nature du revêtement, source d’usure et de sélections tout au long des près de six heures de course. Année après année, les organismes des participants y sont, de la même et insatiable façon, éprouvés. Surnommé l’Enfer du Nord, le Monument n’aura jamais autant bien porté son nom que lors de l’édition dantesque de l’année passée.

SOUS LES PAVES LA PLAQUE

Hors du macadam, un peu plus de 20 % du tracé est parcouru sur des blocs de granite, plus ou moins irréguliers. Tantôt poussiéreux quand le temps est radieux, tantôt savonneux et boueux quand le temps est pluvieux.

2numéro de secteurnom du secteurlongueur du secteurdistance de l’arrivéedifficulté du secteur
30Troisvilles – Inchy2 200 m160.9 km★★★☆☆
29Viesly – Quiévy1 800 m154.4 km★★★☆☆
28Quiévy – Saint-Python3 700 m151.8 km★★★★☆
27Saint-Python1 500 m147.1 km★★☆☆☆
26Vertain – Saint Martin sur Écaillon2 300 m139.3 km★★★☆☆
25Haussy800 m133.5 km★★☆☆☆
24Saulzoir – Verchain Maugré1 200 m126.6 km★★☆☆☆
23Verchain Maugré – Quérénaing1 600 m122.3 km★★★☆☆
22Quérénaing – Maing2 500 m119.6 km★★★☆☆
21Maing – Monchaux sur Écaillon1 600 m116.5 km★★★☆☆
20Haveluy – Wallers2 500 m103.5 km★★★★☆
19Trouée d’Arenberg2 300 m95.3 km★★★★★
18Wallers – Hélesmes1 600 m89.3 km★★★☆☆
17Hornaing – Wandignies Hamage3 700 m82.5 km★★★★☆
16Warlaing – Brillon2 400 m75 km★★★☆☆
15Tilloy lez Marchiennes – Sars et Rosières2 400 m71.6 km★★★★☆
14Beuvry la Forêt – Orchies1 400 m 65.2 km★★★☆☆
13Orchies1 700 m60.2 km★★★☆☆
12Auchy lez Orchies – Bersée2 700 m54.1 km★★★★☆
11Mons en Pévèle3 000 m48.6 km★★★★★
10Mérignies – Avelin700 m42.6 km★★☆☆☆
9Pont Thibault – Ennevelin1 400 m39.2 km★★★☆☆
8Templeuve (l’Épinette)200 m33.8 km★☆☆☆☆
Templeuve (Moulin de Vertain)500 m33.3 km★★☆☆☆
7Cysoing – Bourghelles1 300 m 26.9 km★★★☆☆
6Bourghelles – Wannehain1 000 m24.4 km★★★☆☆
5Camphin en Pévèle1 800 m19.9 km★★★★☆
4Carrefour de l’Arbre2 100 m17.2 km★★★★★
3Gruson1 100 m14.9 km★★☆☆☆
2Willems – Hem1400 m8.2 km★★★☆☆
1Roubaix (Espace Charles Crupelandt)300 m1.4 km★☆☆☆☆
★☆☆☆☆ = Facile – ★★☆☆☆ = Plutôt facile –
★★★☆☆ = Difficile – ★★★★☆ = Très difficile- ★★★★★ = Extrêmement difficile

Au départ de l’Oise, ce n’est qu’au bout de 96.3 kilomètres, une fois rentré dans le département du Nord, que les premiers pavés font leur apparition. Avant, la bataille s’annonce longue pour prendre l’échappée matinale. En effet, les deuxièmes places de Florian Vermeersch l’an passé, de Silvan Dillier en 2018 ou encore la victoire de Matthew Hayman en 2016 pour les exemples non exhaustifs les plus récents, démontrent que Paris-Roubaix est une des rares courses qui peut se gagner en prenant les devants. Comme à l’accoutumée, le secteur de Troisvilles-Inchy ouvre le bal. D’évidence, si loin de l’arrivée, le secteur long de 2 kilomètres 200 n’est absolument pas décisif. Cependant, les premiers écrémages par l’arrière débutent. Révélateur, il est une indication pour les leaders. À savoir, si ce sera une grande journée ou un calvaire à subir. Durant près de 60 kilomètres, tout n’est qu’affaire de placement et d’élimination par l’arrière.

Haveluy – Wallers (km 153.7)

Crédits Photo : Twitter Paris-Roubaix

Situé juste avant la mythique Trouée d’Arenberg, le secteur de Haveluy-Wallers fait l’objet d’une attention toute particulière. Le rythme y est tellement élevé que les premières cassures ont lieu. La guerre de position en vue de la Trouée, 11 kilomètres plus loin, est y intense. Cependant, les regards sont éminemment tournés vers le secteur suivant.

Trouée d’Arenberg (km 161.9)

Crédits Photo : Twitter Paris-Roubaix

Loin de l’arrivée (95.3 kilomètres), la Trouée d’Arenberg est un mythe depuis 1968. À son amorce, la tension est palpable. Les 500 premiers mètres correspondent à l’approche de la passerelle et se font en descente (- 2.2 %) sur un pavé extrêmement disjoint, en piteux état et sur une route parsemée de trous. Une fois passée, un équilibre précaire se met en place : garder une distance de sécurité pour éviter d’être pris par le coureur qui nous précède et conserver le maximum de vitesse possible pour ne pas se faire déborder.
Une obligation : prendre le haut du pavé. À gauche, le bas-côté est pris la boue. À son opposé, les spectateurs stoppés par un ruban de sécurité. 1 900 mètres, la Drève des Boules d’Hérin commence à rendre mieux. Le pavé s’étant progressivement enherbé. Les barrières vont leur retour et sonne le glas de la fin d’un des secteurs les plus iconiques du cyclisme transgénérationnel.

Mons en Pevèle (km 208.6)

Crédits Photo :Nord Découverte

Situé à moins de 50 kilomètres de l’arrivée, il est le secteur majoritairement choisi pour faire la différence depuis son introduction en 1978. Un secteur qui créé des drames comme la chute de Fabian Cancellara en 2016 ou des nombreuses chutes sur le Tour de France 2018.

Carrefour de l’Arbre (km 240)

Crédits Photo : Twitter Paris-Roubaix

Après le Carrefour de l’Arbre, si le groupe de tête n’a su faire de différence ou s’entendre favorisant un regroupement. C’est le jeu du surnombre qui prime. L’équipe la plus représentée est à cet égard l’équipe récompensée.

UN DIMANCHE RADIEUX

Exit les conditions climatiques exécrables de l’édition automnale 2021, la résurgence printanière en 2022 ramène avec elle des conditions météorologiques plus clémentes.
Un vent favorable d’Est, quasi constant de 16 km/h (20 en rafale); qui devrait favoriser un déclenchement de la course de loin.

Le facteur déterminant du vent dans Paris-Roubaix est le vent de côté qui permet de faire des cassures plus aisément. Une fois de plus, cette année, attention danger dans les secteurs intermédiaires. Les secteurs de Wallers (18) à Tilloy lez Marchiennes (15) pourraient en devenir des secteurs clés. Une réflexion similaire peut être apportée au secteur de Mons-en-Pévèle.

UN DUEL TANT ATTENDU

SANREMO, ITALY – MARCH 19: (L-R) Wout Van Aert of Belgium and Team Jumbo – Visma and Mathieu Van Der Poel of Netherlands and Team Alpecin-Fenix compete in the Poggio di Sanremo (160m) during the 113th Milano-Sanremo 2022 a 293km one day race from Milano to Sanremo / #MilanoSanremo / on March 19, 2022 in Sanremo, Italy. (Photo by Fabio Ferrari – Pool/Getty Images)

Chaque génération à sa rivalité emblématique. Une polarisation de l’adversité maintes fois vu et revu au cours de l’histoire de la petite Reine : Hinault et Lemond, Anquetil et Poulidor, Merckx et De Vlaeminck, Coppi et Bartali ou encore Fabian Cancellara et Tom Boonen.
Depuis maintenant sept ans, Wout van Aert et Mathieu van der Poel s’opposent dans les sous-bois. Une rivalité qui les a poussé à se partager les titres de champion du monde de cyclo-cross dans les catégories jeunes, espoirs et professionnels. Depuis maintenant trois-quatre ans, les antagonistes sont poussés à s’affronter régulièrement sur route. Si les statistiques sont, selon toute vraisemblance sans appel, en faveur du néerlandais. La lutte exacerbée entre les deux a pris une dimension particulière à l’occasion de la saison 2020. Amenés à se rencontrer sur les preuves World Tour ; les deux phénomènes ou fantastiques, comme certains aiment à les nommer, ont marqué à leur manière la fin de saison sur les courses d’un jour. L’édition covid du Tour des Flandres est une image parfaite de l’émulation mutuelle que génére ce duel perpétuel, lorsque les deux se livrent à un mano-à-mano.

Cependant, le bât blesse là où cette relation indissociable ne fait pas que naître une reconnaissance respective en dehors du terrain. Les contre-exemples sont légions. Gent-Wevelgem a débuté cette série de match sur le terrain et en dehors. Dans le final des rues de Welvelgem, les deux comparses s’étaient littéralement roulés dessus avant de se renvoyer la faute dans les médias. Leurs adversaires ont ainsi pu parfaitement tirer profit du marquage des deux hommes. Un schéma qui n’a cessé de se reproduire depuis lors ; que ce soit à la Primavera, dans le final du Creuzot au Tour de France ou même lors du pénultième tour du circuit urbain de Louvain au Mondial dans les Flandres. Cette saison, la seule rencontre a eu lieu lors de Milan Sanremo où l’entente semblait cordiale entre les deux prodiges dans le final. Une collaboration rare mais qui n’aura pas abouti à la victoire de l’un ou l’autre.
Hélas, la campagne de classiques aura été terni d’abord par l’absence de MVDP en début de saison. Le néerlandais se remettant de sa blessure au dos. Puis par l’absence de WVA sur le Tour des Flandres en raison d’un test positif au Covid pour le belge. Paris-Roubaix fait ainsi figure de clôture de la saison des flandriennes par une joute tant désiré.

21  VAN AERT Wout
22  AFFINI Edoardo
23  LAPORTE Christophe
24  ROOSEN Timo
25  TEUNISSEN Mike
26  VAN DIJKE Mick
27  VAN HOOYDONCK Nathan

Mais pourtant, c’est avec des points d’interrogation autour du poids que Wout van Aert pourrait peser sur la course, que la Jumbo-Visma doit composer. En effet, d’aucuns ne peut contester que les nombreux cas de problèmes cardiaques augmentent pour des raisons diverses, parfois liés au Covid-19. La prudence est de mise du côté des Killer Wasps pour préserver au mieux la santé de leur coureur. C’est donc avec le statut d’équipier que WVA s’aligne, avec pour espoir secret de jouer les premiers rôles. Seulement personne n’est dupe. L’interdiction de publier des données personnelles sur Strava et les capacités physiques extraordinaires du belge, en font nécessairement un leader déguisé. D’autant plus que son statut d’ « électron libre » ne peut être qu’un faux-semblant. Aucune équipe adversaire, aucun adversaire ne lui accordera la marge de manoeuvre nécessaire ; tout Wout van Aert diminué ou non qu’il soit.

Un coureur comme Wout peut toujours jouer un rôle dans le soutien de Christophe Laporte, Mike Teunissen ou Nathan Van Hooydonck – Merijn Zeeman, Directeur sportif de la Jumbo-Visma

Avoir un rôle d’électron libre implique que le collectif néerlandais devra miser sur une course offensive. En somme, répéter la recette qu’il leur a tant réussi depuis l’ouverture de la campagne de classique. Une formule qui, grâce à la puissance collective, pourrait desservir le belge. Pour cause, les différentes attaques de ses coéquipiers ont pour but de permettre à son leader de tirer profit de la situation à l’arrière en laisser les équipes adversaires le soin de mener la chasse. Et d’esseuler un maximum les autres leaders, aux fins de reproduire le même schéma que les Quick Step ont réussi un nombre de fois incalculable par le passé.
Christophe Laporte peut dès lors tirer les marrons du feu, si Wout van Aert est présent dans le final, comme cela a été le cas sur Gent-Wevelgem. Seulement, ses chutes au Ronde van Vlaanderen et sur l’Amstel Gold Race ne sont pas pour rassurer. Si malgré cela, le français est allé chercher une très belle neuvième place au Tour des Flandres. Il faut concéder qu’il ne ressemble qu’à un pion que son équipe peut utiliser le plus près de l’arrivée possible. Les options d’attaques plus lointaines reposent entièrement sur les épaules de Mike Teunissen qui aura exécuté son rôle d’assistan, jusqu’ici comme il se doit, notamment sur l’E3 Harelbeke, en succédant les attaques de Tiesj Benoot. Une version 2019 du néerlandais serait clairement un favori à ne pas écarter aux vues de la puissance collective. Mais la version 2022 n’est pas apparu la meilleure version de lui-même, ce qui peut laisser planer des doutes sur les capacités de Teunissen d’aller décrocher le saint pavé comme trophée. Toute proportion gardée de ses qualités de sprinteurs.

Nathan van Hooydonck est une option d’attaques plus lointaine, à l’instar de ce que l’on a vu au Ronde où il aura secoué le cocotier du peloton dans le Molenberg, à 100 kilomètres de l’arrivée. Equipier de luxe, le néerlandais aura été la cheville ouvrière du succès de Wout van Aert en 2020 à Wevelgem. Pour contrecarrer les plans du puissant collectif des Grenadiers, la Jumbo-Visma doit être à l’initiative. Edoardo Affini, Timo Roosen et Mick van Dijke sont attendus dans la peau de chair à canon, en début d’étape. Mais qui de mieux que Van Hooydonck pour placer les premières banderilles des Jumbo ? Si ce n’est van Hooydonck. Son passé avec l’épreuve n’est pas sans rappeler qu’il passe bien le pavé. Après tout finir deuxième de l’édition remportée en juniors par Mads Pedersen et 5e chez les espoirs en 2017 ne peut laisser que des avis positifs. D’autant que sa pointe de vitesse au sprint n’est tout sauf à mésestimer. Le rendez-vous pris après la Trouée d’Arenberg.

11  VAN DER POEL Mathieu
12  DILLIER Silvan
13  LEYSEN Senne
14  MERLIER Tim
15  VAN KEIRSBULCK Guillaume
16  VERMEERSCH Gianni
17  VERMOTE Julien

Tout le monde se réjouira d’un duel au sommet entre les deux némesis, y compris Mathieu van der Poel lui même. Mais pourtant la présence de Wout van Aert est sans doute la pire nouvelle qu’il soit pour MVDP. A l’image de l’Amstel Gold Race, le petit-fils de Raymond Poulidor pourrait se retrouver a devoir sauter sur tous les coups. Pire encore, à l’image des différentes classiques des années passées, il pourrait (et devrait si Wout van Aert est au top de sa condition) marquer de trop près son frère ennemi. Un marquage qui n’a eu de cesse d’enterrer les deux comparses, inséparables dans la victoire comme dans la défaite. Il lui faudra beaucoup d’aide de son collectif pour espérer annihiler toutes les chances d’offensives. Car en définitive, ce n’est pas tant les jambes qui manquent à van der Poel pour glaner son premier Paris-Roubaix mais bien d’être accompagné le plus loin possible. Mathieu van der Poel apparaît clairement comme le coureur le plus fort. C’est avec un bon oeil qu’il verrait une course durcie, à tel point qu’aucune surreprésentation ne sera visible. Dans une configuration de confrontation des individualités, MVDP devrait prendre l’ascendant comme on l’a vu à Dwars van Vlaanderen.

LE CHASSEUR DANS LA PEAU DU CHASSÉ

Crédits : Deceuninck Quick Step

Une dernière occasion pour le Wolfpack de sauver sa campagne de classiques flandriennes ? Assurément la pression est sur les épaules des hommes de Patrick Lefévère. D’habitude l’avantage numérique offre indéniablement un atout tactique dans le final de toutes les classiques. C’est grâce à ce surnombre que le Wolfpack a glané tant de succès sur les classiques pavées. Une pluralité de leaders qui offre une pluralité d’option tactique dans le final. Mais voilà, les belges n’ont pas été épargnés par les chutes et maladies. Tant et si bien, que c’est avec les plus grandes incertitudes qu’ils s’alignent au départ de l’Enfer du Nord.

51  ASGREEN Kasper
52  BALLERINI Davide
53  DECLERCQ Tim
54  LAMPAERT Yves
55  SÉNÉCHAL Florian
56  STEIMLE Jannik
57  ŠTYBAR Zdeněk

Patrick Lefévère est un homme d’expérience. Si l’ancien coureur belge n’est plus directeur sportif mais manager d’équipe. Son expérience et sa vision ont une influence indéniable sur ses coureurs, notamment lors des classiques. Depuis 1980, Pat’ officie dans le peloton professionnel pour pas moins de 39 Paris-Roubaix à son actif.

editionseQuipe dirigéemeilleur coureur sur paris roubaixPosition
1980Marc – IWC – VRDJacques Osmont20
1981Capri Sonne – Koga MiyataMarc Demeyer5
1982Capri Sonne – Campagnolo – MerckxGregor Braun
3
1985LottoJozef Lieckens7
1986Lotto – Emerxil – MerckxMarc Sergeant7
1987Lotto – MerckxMarc Sergeant7
1988TVM – Van SchiltNoël Segers20
1989Domex – Weinmann – Eddy MerckxJan Goessens21
1990Weinmann – SMM – UlsterThomas Wegmuller7
1991Weinmann – Eddy MerckxCarlo Bomans3
1992GB-MG MaglificioFranco Ballerini11
1993GB-MG MaglificioFranco Ballerini2
1994GB-MG Maglificio – BianchiFabio Baldato2
1995Mapei-GBFranco Ballerini1
1996Mapei-GBJohan Museeuw1
1997Mapei-GBJohan Museeuw3
1998Mapei – BricobiFranco Ballerini1
1999Mapei – QuickstepAndrea Tafi1
2000Mapei – QuickstepMusée Johan1
2001Domo – Farm FritesServais Knaven1
2002Domo – Farm FritesJohan Museeuw1
2003Quickstep – DavitamonServais Knaven7
2004Quickstep – DavitamonJohan Museeuw5
2005Quickstep – InnergeticTom Boonen1
2006Quickstep – InnergeticTom Boonen2
2007Quickstep – InnergeticTom Boonen6
2008Quickstep – InnergeticTom Boonen1
2009Quickstep – InnergeticTom Boonen1
2010Quickstep – InnergeticTom Boonen5
2011Quickstep Cycling TeamSylvain Chavanel38
2012Omega Pharma – Quick-StepTom Boonen1
2013Omega Pharma – Quick-StepNiki Terpstra3
2014Omega Pharma – Quick-StepNiki Terpstra1
2015Etixx – Quick StepZdeněk Štybar2
2016Etixx – Quick StepTom Boonen1
2017Quick-Step FloorsZdeněk Štybar2
2018Quick-Step FloorsNiki Terpstra3
2019Deceuninck – Quick StepPhilippe Gilbert1
2021Deceuninck Quick StepYves Lampaert5

Gardien de quatorze victoires sur l’Enfer du Nord avec ses coureurs, il est le recordman absolu de la maîtrise de la petite Reine. Aucune équipe n’a su égaler son bilan qui s’étale sur les vingt-sept dernières années. Tantôt en jouant sur les egos capables de triompher sur les classiques avec Franco Ballerini et Johan Museeuw dans les années Mapei, tantôt en s’organisant derrière un leader unique comme Tom Boonen dans les années Quickstep – Innergetic.

Pour briller, il faudra nécessairement retrouver les automatismes perdus. Avant toute chose, les classiques préparatoires ont montré un collectif qui abordé les moments clés de manière totalement débordés… Souvent mal placé. Ensuite et surtout, d’avoir les jambes. Il est vrai qu’un coureur comme Florian Sénéchal devrait nécessairement être mis en valeur. Si tenté que le français soit épargné par les ennuis qui n’ont de cesse de le poursuivre. Kasper Asgreen a dû jusqu’ici assumer le rôle de leader unique. Un costume qui ne lui scie guère. Le danois performant à merveille lorsqu’il peut profiter de la tactique qu’offre une puissance collective en sur-représentation. Potentiellement, et sans doute une pensée à contre-courant, Paris-Roubaix est la flandrienne qui lui convient le moins. Ses résultats passés tendent à le démontrer d’ailleurs. Le circuit de la Sarthe a pu rassuré Yves Lampaert sur sa condition qui ne cesse de s’améliorer. Proche du 100 %, le belge est un véritable danger sur la course qu’il rêve de gagner. L’an passé, il aura été auteur d’une performance monumentale tant on se souvient qu’il n’aura pas échappé au nouveau ennui mécanique. Une forme qui ne cesse de monter pour Zdeněk Štybar. Sans nul doute, le plus expérimenté du Wolfpack. L’horizon s’éclaircit pour le Wolfpack, mais de nombreux nuages menaces encore.

UN TRAIN SUR LES PAVÉS

OVERIJSE, BELGIUM – APRIL 13: (L-R) Ben Turner of United Kingdom and Thomas Pidcock of United Kingdom and Team INEOS Grenadiers compete during the 62nd De Brabantse Pijl – La Flèche Brabançonne 2022 – Men’s Elite a 205,1km one day race from Leuven to Overijse / #BP22 / on April 13, 2022 in Overijse, Belgium. (Photo by Jan De Meuleneir – Pool/Getty Images)
Ineos Grenadiers
41  GANNA Filippo
42  KWIATKOWSKI Michał
43  ROWE Luke
44  SHEFFIELD Magnus
45  TURNER Ben
46  VAN BAARLE Dylan
47  WURF Cameron

Tous les regards seront tournés vers la puissance collective des Ineos Grenadiers. Pour cause, au delà d’aller une addition de watts, les britanniques n’ont eu de cesse d’impressionner ces derniers temps. Les déclarations de début de saison font pointer Filippo Ganna en favori ayant fait de Paris-Roubaix l’un de ses objectifs de la saison. Pour se faire, l’italien s’est préparé ces derniers jours sur piste, via des exercices fractionnés à haute intensité pour reproduire les efforts pavés. Pourtant des incertitudes demeurent quant à sa condition. Effectivement, Pippo a du quitter le circuit de la Sarthe selon toute vraisemblance amoindrie… du moins, c’est ce qui se dit. Une bien mauvaise nouvelle pour le double champion du monde de l’effort individuel. Mais qu’à cela ne tienne, l’arme principal des Grenadiers réside dans la façon dont ils peuvent morceller le peloton.

Le Grand Prix de Denain et la Flèche Brabançonne ont été les parfaites illustrations de ce qu’un train lancé à toute vapeur peut faire comme dégâts sur les pavés. A ce petit jeu, une duo se dégage : Ben Turner et Magnus Sheffield. Ce dernier a démontré tout le bien qu’on pouvait penser de lui, à l’ouvrage pour son leader tout au long de la Brabançonne, il n’aura jamais montré un moment de faiblesse. Une performance qui n’est pas sans rappel le mondial d’Harrogate où il avait pris la médaille de bronze, en s’étant sacrifié pour lancer Quinn Simmons vers le titre mondial. Un véritable machine à rouler qui a forme d’une paire redoutable avec Ben Turner. L’anglais est, à n’en pas douter, celui qui a le plus impressionné. Sur toutes les classiques, il aura été l’élément essentiel du collectif, en faisant montre de puissance. Sur Denain, c’est lui qui fait exploser le peloton pour permettre aux Ineos de s’extraire en tête avec Primoz Roglic. Sur l’E3, c’est lui même qui va ramener le peloton sur le groupe qui s’était extrait dans le Taaienberg. Plus récemment, c’est lui qui aura été à l’origine du groupe de tête en plaçant une accélération redoutable dans le Moskesstraat. Si la crainte d’un sacrifice pour leur leader demeure, les deux jeunes peuvent profiter d’une course dynamitée de loin, en profitant du surnombre.
Un surnombre qui a souri à Michal Kwiatkowski qui en renard s’est imposé sur l’Amstel Gold Race. Sa capacité à s’imposer sur Roubaix n’est plus à démonter. Ses attaques sur les secteurs pavés du GP de Denain comme sa septième place sur la difficile étape pavée du Tour de France 2014. Une connaissance des pavés certes limitée mais une capacité illimitée à surprendre son monde.

Les éloges pourraient être les mêmes envers Dylan van Baarle, toujours régulier d’année en année sur les flandriennes, mais Paris-Roubaix est la course qui lui convient le moins.

FINIR EN BEAUTÉ

VALKENBURG, NETHERLANDS – APRIL 10: Stefan Küng of Switzerland and Team Groupama – FDJ competes during the 56th Amstel Gold Race 2022 – Men’s Elite a 254,1km one day race from Maastricht to Valkenburg / #AGR2022 / #WorldTour / on April 10, 2022 in Valkenburg, Netherlands. (Photo by Nico Vereecken – Pool/Getty Images)
Groupama – FDJ
31  KÜNG Stefan
32  ASKEY Lewis
33  DAVY Clément
34  LE GAC Olivier
35  LIENHARD Fabian
36  MADOUAS Valentin
37  WELTEN Bram

Comme une évidence, la Groupama-FDJ mise sur un tout pour Stefan Küng. Comme ne pas mettre tout en oeuvre pour le coureur helvète tant son printemps est sans aucune commune mesure. Jamais King Küng n’aura grimpé aussi bien, jamais King Küng n’aura été aussi irrégulier. Troisième de l’E3, sixième d’A Travers les Flandres, cinquième du Tour des Flandres et huitième de l’Amstel Gold Race en font nécessairement un des grands favoris. D’autant qu’il ne faut pas s’y tromper, Paris-Roubaix est la course qui lui convient le mieux. Evidemment, beaucoup diront que pour gagner, il est contraint de faire le mieux ce qu’il sait faire le moins bien : surprendre pour finir en solitaire. Mais le vent semble encore une fois souffler du bon côté pour le suisse qui a toutes les qualités pour ne pas miser sur l’attente. Une tergiversation qui lui aura été préjudiciable sur l’Amstel où il aura confié avoir attendu que Mathieu van der Poel attaque. Pour gagner cette fois, il faudra prendre les devants.

PARIS-ROUBAIX NE LEUR VA PAS SI BIEN

61  MOHORIČ Matej
62  ARASHIRO Yukiya
63  FENG Chun Kai
64  PRICE-PEJTERSEN Johan
65  SÜTTERLIN Jasha
66  TEUNS Dylan
67  WRIGHT Fred

Il est coutume de dire qu’il faut toujours se méfier de la Bahrain Victorious, mais les pavés du Nord ne vont guère à Matej Mohoric et Dylan Teuns. Fred Wright devrait aller bien, mais gare à ce que la performance du Ronde ne biaise pas un tant soit peu les jugements.

DES SPRINTEURS A ÉVITER

Trek – Segafredo
71  PEDERSEN Mads
72  HOOLE Daan
73  KIRSCH Alex
74  SKUJIŅŠ Toms
75  STUYVEN Jasper
76  THEUNS Edward
77  VERGAERDE Otto

Le grand objectif de Mads Pedersen qui pourra compter sur Jasper Stuyven chez la Trek Segafredo. Seulement, le danois va devoir composer avec sa chute sur le Circuit de la Sarthe et des leaders qui chercheront à tout prix à ne pas l’emmener sur un plateau. Sur les classiques, le champion du monde 2019 est tantôt blanc, tantôt noir soufflant plus le froid que le chaud.

121  KRISTOFF Alexander
122  DEVRIENDT Tom
123  PASQUALON Andrea
124  PETIT Adrien
125  PLANCKAERT Baptiste
126  VAN DER HOORN Taco
127  VAN MELSEN Kévin

Une réflexion similaire pour Alexander Kristoff du côté des Intermarché Wanty Gobert Matériaux.

CONTRE VENT ET MARÉE

101  TERPSTRA Niki
102  BOASSON HAGEN Edvald
103  BODNAR Maciej
104  OSS Daniel
105  SOUPE Geoffrey
106  TURGIS Anthony
107  VAN GESTEL Dries

La Total Energies pourrait compter sur l’expériece de Niki Terpstra, Maciej Bodnar ou encore Daniel Oss pour porter au plus haut Anthony Turgis, leader naturel sur les classiques pavés. L’ambition est présente chez le frenchy mais pour ne pas mentir, les différentes chutes subies les deux derniers week-end ne sont pas sans inquiéter. Cela étant dit, avec la forme de Milan Sanremo, il est capable d’accrocher un pavé du Nord à son palmarès.

DES NOMS A NE PAS OUBLIER

Paris-Roubaix est souvent un laboratoire à expérience : fourche à suspension ou même tubeless ont été les meilleurs exemples. Cette année devait être une édition marquée par le test d’un dispositif de gestion de la pression des pneus en direct par l’équipe DSM. Il n’en sera finalement rien, et nul ne pourra se faire une idée du potentiel gain que les coureurs peuvent en tirer.

Bora Hansgrohe devra compter sur Nils Politt et Marco Haller pour accrocher un résultat.

Mathis Louvel devrait confirmer tout le bien qu’on peut penser de lui pour les Arkea Samsic. Un peu comme Victor Campanaerts qui a bien préparé son affaire côté Lotto Soudal.

R.A.S chez Bike Exchange Jayco et Astana Qazaqstan.

Paris-Roubaix est une course qui peut se gagner en partant dans l’échappée matinale, beaucoup d’équipes peuvent y prétendre comme les AG2R Citroën, la B&B Hotels KTM, la Bingoal Pauwels Sauces, la Sport Vlaanderen Baloise, la Cofidis, la Israël Premier Tech, mais c’est dans doute la EF Education Easy Post avec un coureur comme Jonas Rutsch ou la Movistar avec Johan Jacobs qui semblent les mieux armés pour cette éventuelle surprise.

Un peu comme des noms qui devront briller en anticipant dans le final à l’image de Matteo Trentin pour les UAE Emirates et Rasmus Tiller pour les Uno-X.

PREDICTION

Sans temps pluvieux, la course ne devrait s’enclencher qu’après le secteur de la Tranchée d’Arenberg. Le vent d’Est favorise des secteurs intermédiaires, notamment entre le 18 et le 15 avec un vent de travers. Les Ineos Grenadiers devraient être la clé de voute de ce Monument. Où vont-ils mettre en route et faire exploser le peloton ? L’audace dira le secteur d’Hornaing, à plus de 80 kilomètres de l’arrivée. Une édition démesurément rapide et marquée par les offensives. Profitant du surnombre et d’un mouvement de course lancée de loin, c’est Ben Turner qui obtiendra les faveurs des Grenadiers. Les attaques fussent et le jeu des Jumbo-Visma est similaire où Nathan van Hooydonck profite de ce coup de poker. Derrière Mathieu van der Poel et Wout van Aert se marquent et s’enterrent. Certains comptent sur les deux monstres pour faire le gros du travail, sauf que si WVA a du monde devant. MVDP ne peut chasser tous les lièvres et faire tout pour tout le monde. Ayant retenu la leçon, Stefan Küng décide de ne pas attendre que MVDP fasse l’effort et s’extrait du groupe des leaders pour fondre sur ceux qui sont partis trop tôt avant de les déposer et voler vers une victoire en solitaire. Le mieux classé de l’échappée matinale est Johan Jacobs qui prend un Top 5. Une juste recompense pour un homme qu’on aura vu constamment à l’avant.

🥇 Stefan Küng
🥈Ben Turner
🥉Nathan van Hooydonck

Tour des Flandres 2022

Plan du Tour des Flandres 2022 ©️ Flanders Classics

Dimanche 3 avril, à 10 h, s’élancera le départ de la 106 édition du Ronde van Vlaanderen.

Profil du Tour des Flandres 2022 ©️ Flanders Classics

Antwerpen – Oudenaarde : 272.5 kilomètres à parcourir de la Province d’Anvers à la Province de la Flandre-Orientale. 2281 mètres de dénivelé positif alternant asphalte et pavés entre monts et routes étroites.
Rarement, la « Vlaanderens Mooiste » (la plus Belle des Flandres) n’aura connu pareil cumul d’élévation. Une explication qui trouve sa source dans la distance record depuis l’instauration de l’arrivée à Audenarde, dont la distance moyenne est de 258.12 sur les dix précédentes années. Ajoutons à cela qu’il faut remonter à 1998 pour retrouver plus longue distance que la version du cru 2022 et l’on trouve tous les ingrédients pour une course assurément une nouvelle fois durcie par les organisateurs.

LE VIEUX QUAREMONT, NOUVEAU JUGE DE PAIX ?

En 2012, les organisateurs ont opéré un tournant pour le moins mal accueilli à l’époque. Le mythique enchaînement final « Mur de Grammont – Bosberg » a été remplacé par le duo « Vieux Quaremont – Paterberg ». L’arrivée a dès lors été déplacée de Ninove à Audenarde.
Depuis ce changement, la course s’est jouée par cinq fois sur les dix éditions qui ont eu lieu dans le Vieux Quaremont. Choisissant par quatre fois son dernier passage pour faire l’ultime différence. Du moins, les vainqueurs s’y sont isolés définitivement et s’y sont maintenus hors portée de fusil d’un groupe de chasse désireux d’accrocher le précieux Monument à leur palmarès.

editionssecteur clé pour la victoiredistance de l’arrivéenombre de coureurs s’y degageant
2021Taaienberg376
2020Descente Steenbeekdries393
2019Oude Kwaremont171
2018Oude Kwaremont191
2017Oude Kwaremont551
2016Paterberg131
2015Sommet du Kruisberg en facteur282
2014Descente vers Ronce312
2013Oude Kwaremont182
2012Oude Kwaremont183

Le Ronde van Vlaanderen est souvent une course où le plus fort l’emporte. Il est vrai que contrairement à Paris-Roubaix, le facteur chance n’est pas aussi prononcé. Sans doute, le relief plus « up and down » et la nature du pavé, moins rugueux et plus lisse que ceux de l’Enfer du Nord, y sont pour quelque chose.

secteur pavéNomDistance de l’arrivéelongueur
1Lippenhovestraat168.81200 m
2Paddestraat167.32400 m
3Holleweg116.91200 m
4Kerkgate110.72500 m
5Jagerij108.1730 m
6Mariaborrestraat40.6500 m
7Stationsberg38.7650 m
MontNomDistance de l’arrivéelongueurpente moyennePente maximalerevetement
1Oude Kwaremont136.2 km2200 m4 %11.6 %1500 m pavé
2Kortekeer125.7 km1000 m6.7 %17.1 %asphalte
3Achterberg119.2 km1500 m4.5 %13.9 %asphalte
4Wolvenberg114.3 km645 m7.9 %17.9 %asphalte
5Molenberg101.8 km463 m7 %14.2 %300 m pavé
6Marlboroughstraat97.9 km2040 m3 %7 %asphalte
7Berendries93.8 km940 m7 %12.3 %asphalte
8Valkenberg88.5 km540 m8.1 %12.8 %asphalte
9Berg Ten Houte76 km1100 m6 %21 %400 m pavé
10Kanarieberg70.5 km1000 m7.7 %14 %asphalte
11Oude Kwaremont 54.6 km2200 m4 %11.6 %1500 m pavé
12Paterberg51.1 km360 m12.9 %20.3 %pavé
13Koppenberg44.6 km600 m11.6 %22 %pavé
14Steenbeekdries39.2 km700 m5.3 %6.7 %asphalte
15Taaienberg36.8 km530 m6.6 %15.8 %500 m pavé
16Kruisberg/Hotond26.5 km2500 m5 %9 %450 m pavé
17Oude Kwaremont 16.7 km2200 m4 %11.6 %1500 m pavé
18Paterberg 13.3 km360 m 12.9 % 20.3 %pavé
(cliquez sur le nom du secteur pour avoir accès à son profil Veloviewer)
OUDENAARDE, BELGIUM – APRIL 04: Thomas Pidcock of United Kingdom and Team INEOS Grenadiers during the 105th Ronde van Vlaanderen – Tour of Flanders 2021, Men’s Elite a 251,5km race from Antwerp to Oudenaarde / Koppenberg Cobblestones sector / #RVV21 / #rondevanvlaanderen / #tourofflanders / on April 04, 2021 in Oudenaarde, Belgium. (Photo by Tim de Waele/Getty Images)

44.6 kilomètres de l’arrivée : un temps jugé trop dangereux, le Koppenberg est un incontournable depuis 2008. Des pavés qui ont marqué sa légende, portant jusqu’à son interdiction pour cause de dangerosité. Situé à l’amorce de la dernière heure de course, le raidard mythique invite aux mouvements.

HARELBEKE, BELGIUM – MARCH 25: Wout Van Aert of Belgium and Team Jumbo – Visma competes through Taaienberg cobblestones sector during the 65th E3 Saxo Bank Classic 2022 a 203,9km one day race from Harelbeke to Harelbeke / #E3SaxobankClassic / #WorldTour / on March 25, 2022 in Harelbeke, Belgium. (Photo by Tim de Waele/Getty Images)

36.8 kilomètres de l’arrivée : renommé « Boonenberg », le Taaienberg est la rampe préférée de Tommeke. Comme un pied de nez, que le sort s’est abattu sur le champion belge et l’ironie du destin l’aura frappé d’un double incident mécanique au pied de « son » ascension. Plutôt générateur d’un écrémage constant, il aura décisif sur la précédente édition. En effet, c’est ici même que Kasper Asgreen a fait implosé le peloton. Et où accompagné de Mathieu van der Poel, Wout van Aert, Julian Alaphilippe et (plus au sommet) Dylan Teuns et que le danois s’est envolé en costaud.

OUDENAARDE, BELGIUM – APRIL 04: Mathieu Van Der Poel of Netherlands and Team Alpecin-Fenix, Wout Van Aert of Belgium and Team Jumbo – Visma, Julian Alaphilippe of France & Kasper Asgreen of Denmark and Team Deceuninck – Quick-Step during the 105th Ronde van Vlaanderen – Tour of Flanders 2021, Men’s Elite a 251,5km race from Antwerp to Oudenaarde / Kruisberg/Hotond Cobblestones sector / #RVV21 / #rondevanvlaanderen / #tourofflanders / on April 04, 2021 in Oudenaarde, Belgium. (Photo by Tim de Waele/Getty Images)

26.5 kilomètres de l’arrivée : le Vieux Kruisberg est le premier mont du tryptique final. Les attaques y sont monnaie courante pour anticiper lorsque l’on se sent trop juste. Une anticipation qui peut s’avérer payante. Niki Terpstra, en 2018, y avait assis son sacre avant de déposer de manière décisive les derniers survivants de l’échappée dans l’Oude Kwaremont.

HARELBEKE, BELGIUM – MARCH 25: Matej Mohoric of Slovenia and Team Bahrain Victorious competes through Oude Kwaremont cobblestones sector during the 65th E3 Saxo Bank Classic 2022 a 203,9km one day race from Harelbeke to Harelbeke / #E3SaxobankClassic / #WorldTour / on March 25, 2022 in Harelbeke, Belgium. (Photo by Nico Vereecken – Pool/Getty Images)

136.2 – 54.6 & 16.7 kilomètres de l’arrivée : la plus iconique des ascensions de Flandre. Non pas parce que la difficulté est parcourue trois fois au cours de la journée, mais surtout par la dramaturgie qui s’en dégage. Comme en 2017, avec la chute de Sagan et de Greg van Avermaet. Une ascension pavée loin d’être la plus raide, mais nettement la plus longue. À bloc du pied au sommet, c’est ici même qu’Alberto Bettiol à l’instar d’un Fabian Cancellara y ont construit leur victoire finale grâce à des attaques tranchantes.

OUDENAARDE, BELGIUM – APRIL 07: Alberto Bettiol of Italy and Team Ef Education First / Paterberg / Cobblestones / Fans / Public / during the 103rd Tour of Flanders 2019 – Ronde van Vlaanderen a 270,1km race from Antwerp to Oudenaarde / @RondeVlaanderen / @FlandersClassic / #RVV19 / on April 07, 2019 in Oudenaarde, Belgium. (Photo by Tim de Waele/Getty Images)

51.1 & 13.3 kilomètres de l’arrivée : le mur de la dernière chance. Son sommet est si proche et à la fois si loin de la ligne d’arrivée à Oudenaard. Seulement 400 mètres, mais une pente vertigineuse à 21.3 % au plus fort de son inclinaison. Sagan en 2016 n’hésita pas à attaquer Sep Vanmarcke pour se diriger vers une victoire en solitaire. Quand Mathieu van der Poel y a tout tenté pour se défaire de Kasper Asgreen, en vain, l’an passé.

UN REDOUX A VENIR ?

Un vent de Nord-Nord-Ouest de prévu, ce qui n’est pas sans pousser à aller de l’avant dans au moins le Vieux Kwaremont et sans être un obstacle (vent de côté) dans le Koppenberg et surtout le Paterberg.

Selon toutes vraisemblances, la pluie ne devrait pas être au rendez-vous. Si ce n’est des pluies éparses en fin de journée, localisées autour de la boucle finale. Rien de certain somme toute, contrairement aux températures fraiches (7-8 °C, ressenties 6 °C).

UN SEUL ÊTRE VOUS MANQUE ET TOUT EST DÉPEUPLÉ

11 VAN DIJKE Mick NED
12 BENOOT Tiesj BEL
13 LAPORTE Christophe FRA
14 AFFINI Edoardo ITA
15 TEUNISSEN Mike NED
16 ROOSEN Timo NED
17 VAN HOOYDONCK Nath BEL

Il est des oppositions qui monopolent l’attention, des coureurs qui cristallisent les tensions et des talents qui répondent à toutes les satisfactions.
La dernière décennie a été marquée par la confrontation entre Fabien Cancellara et Tom Boonen au cours des nombreuses flandriennes. Au crépuscule de cette rivalité, les sous-bois entrevoyaient les premières escarmouches entre Mathieu van der Poel et Wout van Aert aux visages encore juvéniles. Depuis une poignée d’années (qui se comptent sur les doigts d’une seule main), l’antagonisme entre le néerlandais et le belge s’est transposé sur la route pour le plus grand bonheur des suiveurs. Tant et si bien que la mise entre parenthèses de la saison de cyclo-cross par MVDP a désenivré une partie des grandes kermesses hivernales et laissée planer le doute quant à sa reprise printanière. À l’opposé, la domination de son Némésis sur pneus crantés comme lisses n’a fait que porter l’inquiétude de flandriennes dominées grâce à son armada renforcée.
Quelle ne fut pas l’euphorie suscitée d’une bataille au sommet disputée avec le retour d’un duo à son apogée. Hélas, l’enthousiasme n’aura pas duré. Wout van Aert, un temps annoncé malade, est, au grand damne de tous, positif au Covid-19.

Les plans de la Jumbo-Visma élaborés depuis quelques temsp sont totalement chambouillés. La prise en compte des rapports de force rebat totalement les cartes sans la présence de Wout van Aert. Le collectif des Killers Wasps perd sa clé de voute et transforme le visage de la course en une jugstaposition d’individualités en forme. Les stratégies adverses, entièrement construites sur l’éparpillement du collectif néerlandais, libère les Jumbo d’une partie du poids de la course. Attention cependant, l’étreinte d’un collectif surpuissant les enferme dans une stature d’équipe dominatrice.

Christophe Laporte est probablement le nom qui revient à la bouche de la plupart des suiveurs. Rien d’étonnant quand on constate qu’il a été le grand dynamiteur dans la cote de Breuil, à Mantes la Ville (Paris-Nice). Mais c’est surtout en territoire belge que le français a été transcendé. Seul suiveur de Wout van Aert à l’E3 Harelbeke et profitant du surnombre de son équipe dans le final de Gent-Wevelgem. Seulement, le français transfuge de la Cofidis devra nécessairement suivre les meilleurs dans les monts pour espérer les battre dans un sprint où il partira favori. Paradoxalement, la perte de son leader réduit considérablement ses chances. Avec la présence du numéro 3 mondial, le sujet tactique aurait pu lui être bénéfice tandis qu’en son absence, sa marge de manœuvre se restreint, en devenant le Jumbo le plus rapide. Le surnombre de son équipe est primordial pour pouvoir espérer refaire les coups dont il a été auteur jusqu’à présent.

Dans une telle configuration, c’est Tiesj Benoot qui doit tirer les marrons du feu. Transcendé depuis sa reprise, le belge a montré un visage sur-offensif qui a profité à son leader. Mais le poids de la course ne reposait pas sur ses épaules, c’est en second couteau qu’il s’avançait. Un costume qu’il ne pourra enfiler dimanche. La stature de leader lui étant remise contre son gré. Forcément après s’être montré redoutable lors de sa dernière sortie, à Dwars door Vlaanderen (À Travers la Flandre), les yeux seront plus que rivés sur lui. Une ombre qui vient noircir le tableau où d’éventuelles offensives se dessinaient. Condamné à se défaire un à un de ses adversaires, Benoot n’a guère de choix que de tenter de finir en solitaire.

La méfiance étant toujours de mise, Mike Teunissen était dans une équipe à trois têtes sur l’hôtel des sacrifiés. Un rôle qu’il a rempli jusqu’ici à la perfection notamment à l’E3, en luttant corps et âme pour accrocher le groupe de tête et vider tout ce qu’il avait dans le sac avant l’attaque couronnée de succès de ses coéquipiers. Un rôle qu’il pourrait encore revêtir, mais en grimpant un cran dans la hiérarchie. Moins surveillé que son duo de leaders, le néerlandais a une option notamment en cas de sprint en comité réduit. Rapide, on se souviendra de l’année de sa superbe où poisson pilote de Dylan Groenewegen, il avait pris le maillot jaune en 2019 sur l’étape d’ouverture du Tour de France en suppléant son sprinteur. La même année, l’étape finale du Binck Bank Tour, à Geraardsbergen, jugeait trop dure pour lui aura vu une belle performance. Ce qui peut lui laisser une fenêtre dans les monts, à la condition que les jambes soient au rendez-vous.

LE RETOUR DU FILS PRODIGE

WAREGEM, BELGIUM – MARCH 30: Mathieu Van Der Poel of Netherlands and Team Alpecin-Fenix celebrates at finish line as race winner during the 76th Dwars Door Vlaanderen 2022 – Men’s Elite a 183,7km one day race from Roeselare to Waregem / #DDV22 / #DDVmen / #WorldTour / on March 30, 2022 in Waregem, Belgium. (Photo by Tim de Waele/Getty Images)
81 VAN DER POEL Mathieu NED
82 VERMEERSCH Gianni BEL
83 GOGL Michael AUT
84 DILLIER Silvan SUI
85 MEURISSE Xandro BEL
86 PHILIPSEN Jasper BEL
87 VERMOTE Julien BEL

Qui aurait pu penser que Mathieu van der Poel serait à 100 % pour le Ronde van Vlaanderen, ne serait-ce qu’en février. En l’espace de deux mois, la superstar de la Alpecin Fenix a su se reconstruire et surtout guérir son dos meurtri de sa chute aux Jeux Olympiques de VTT. Sa performance à Milan-Sanremo n’était que le début du signal envoyé par la suite à la Coppi e Bartali. « The King is back » pourrait-on dire. L’étape de Montecatini en est le parfait exemple. Attaquant dans la descente du Goraiolo, MVDP a fondu sur l’échappée matinale. S’octroyant un raid à plus de 70 kilomètres de l’arrivée, le groupe de tête avait été revu par l’avant-garde du peloton. Mais bien que ce dernier ne soit réduit à une quarantaine d’unité, ce n’a pas empêché le « petit phénomène » de remporter le sprint depuis des sprinteurs/puncheurs plus frais. Une victoire autoritaire et une façon de courir loin des standards du cyclisme moderne.

Analyse de la performance de Mathieu van der Poel sur Dwars door Vlaanderen

Aucune surprise pour un coureur qui ne fait pas dans la demi-mesure. Mais si MVDP a fait partie des costauds sortis dans le Berg Ten Houte, lors d’À Travers les Flandres. Il est à noter qu’il n’aura pas été à l’initiative. De même que dans les huit derniers kilomètres menant à Waregem, il se sera contenté de suivre et d’annihiler toutes les offensives. Loin de son ordinaire modus operandi. Quoi qu’il en soit, lorsque le vainqueur de 2020 annonce être de retour à 100 %, ses données ne peuvent dire le contraire. Affichant des puissances affichées similaires à sa victoire sur les Strade Bianche 2021. Une édition qu’il aura remporté en déposant littéralement Julian Alaphilippe dans les pentes de Santa Caterina et faisant voler en éclat le groupe de tête dans le Tolfe.
Là où le bât blesse, l’absence de son éternel rival transpose toute l’attention du peloton sur lui. Avec une équipe « faible » autour de lui, rappelons que Gianni Vermeersch de retour de maladie est loin d’être la meilleure version de lui-même. Un ennui de taille tant on sait l’aide qu’il a pu être l’an passé. Michael Golg était en vue jusqu’à présent, mais après sa chute de mercredi, qui de sa résistance à long terme. Une résistance qui sera mise à rude épreuve pour Jasper Philipsen, Silvan Diller ou Xandro Meurisse, qui ne semblent pas avoir l’ombre d’une chance. Globalement, Mathieu van der Poel devra composer seul. C’est d’un bon œil qu’il accueillera une course la plus explosive. Plus elle sera lancée de loin, plus les différents hommes forts se retrouveront esseulés. Et par voie de conséquence, les jeux d’équipe n’auront pas lieu d’être. Ainsi, comme pour l’approche de Waregem, ce seront les adversaires qui devront faire l’effort de bondir sur chaque offensive.

L’INSOLENCE DE LA JEUNESSE

WAREGEM, BELGIUM – MARCH 30: Tadej Pogacar of Slovenia and UAE Team Emirates competes during the 76th Dwars Door Vlaanderen 2022 – Men’s Elite a 183,7km one day race from Roeselare to Waregem / #DDV22 / #DDVmen / #WorldTour / on March 30, 2022 in Waregem, Belgium. (Photo by Tim de Waele/Getty Images)
91 POGAČAR Tadej SLO
92 ALVES OLIVEIRA Rui Fel POR
93 BRUNEL Alexys FRA
94 TROIA Oliviero ITA
95 GROß Felix GER
96 LAENGEN Vegard Stake NOR
97 TRENTIN Matteo ITA

Il n’y a pas à chercher bien loin pour trouver un potentiel dynamiteur, qui serait content que la course soit lancer de loin. Tadej Pogačar est de ceux-là. L’équipe UAE Emirates qui l’accompagne et loin d’être la plus forte. Si l’expérience de Matteo Trentin, notamment dans l’art du placement aux abords des différents monts, devrait être la bienvenue. L’italien ne semble pas remis totalement de sa chute sur Paris-Nice. Ce qui lui a valu des symptômes post-commotionnel.

Cela dit, « Tauma Pogi » aura montré maintes fois savoir se placer en tête du peloton. Mais comme l’exposait Tom Pidcock en interview : être placé trop tôt, c’est dépenser de l’énergie inutilement. Voilà pourquoi, les flandriennes sont une affaire d’hommes d’expérience. Des coureurs comme Philippe Gilbert (9) ou Niki Terpstra (10) ont mis près de dix ans pour remporter le Monument.

Dwars door Vlaanderen ©️ Global Cycling Network 

Le placement, c’est justement ce qui aura coûté au double vainqueur du Tour de France de prendre le bon wagon et pouvoir suivre l’offensive menée dans le Berg Ten Houte. Certes, le slovène aura été obligé de mettre pied à terre par la chute qui a eu lieu aux abords de la difficulté. Une excuse en soi, à moitié pardonnable. Avant d’entrer dans le virage où a eu lieu ladit accident, il était alors mal positionné : en quarantième position, plus à l’extérieur qu’à l’intérieur du virage. À titre de comparaison, Mathieu van der Poel a abordé ce virage dans une position tout aussi reculée, mais la prise par l’intérieur lui a permis :
1) d’éviter la chute
2) de remonter en vingtième position en coupant par le trottoir.

L’intérêt d’une course débridée de loin pour Pogačar est simple : compenser son manque d’expérience et la faiblesse de son équipe pour se retrouver naturellement bien placé grâce à l’écrémage opéré. L’enchaînement Berg Ten Houte – Kanarieberg est probablement trop loin de l’arrivée, mais représente un lieu idéal. D’une part, parce qu’il les aura abordé précédemment mercredi et d’autre part, parce que lancer hors du format traditionnel est presque une norme pour le slovène. N’ayant pas hésité à se lancer dans une opération suicidaire sur les Strade Bianche (49.2 kilomètres de l’arrivée) ou même à près de 30 kilomètres de l’arrivée, sur les pentes du col de Romme lors du dernier Tour de France. Une dangerosité qui fait du nouveau Cannibale un des favoris malgré tout. UN SEUL ÊTRE VOUS MANQUE

UN COLLECTIF XLL

111 PIDCOCK Thomas GBR
112 HEIDUK Kim Alexander GER
113 NARVAEZ PRADO Jhonatan ECU
114 TURNER Ben GBR
115 SHEFFIELD Magnus USA
116 SWIFT Ben GBR
117 VAN BAARLE Dylan NED

S’il est une équipe qui s’est démarquée collectivement, c’est bien les Ineos Grenadiers. Une force collective sur le GP de Denain qui aura mis en évidence des pièces maîtresses sur les pavés. Ben Turner s’est illustré jusqu’à récemment, a-t-elle point que dans les esprits de certains le jeune britannique pourrait se retrouver dans la peau d’un second couteau éventuel. L’E3 Harelbeke a montré son gros moteur pour ramener le peloton avec ses leaders sur le groupe qui s’était extrait dans le Taaienberg. À Dwars door Vlaanderen, le jeune cyclocross man a obtenu un rôle différent en accompagnant les meilleurs. Toute la question maintenant est de savoir comment composer avec Tom Pidcock, Dylan van Baarle et Jhonatan Narváez. Le premier assurément est la tête d’affiche des Britanniques. L’épreuve de mercredi a rassuré sur ses problèmes gastriques, mais l’épreuve était beaucoup plus courte et le temps plus clément, rien ne dit que le champion du monde de cyclo-cross ne subira pas comme cela a été le cas sur Milan-Sanremo. Le deuxième est d’une régularité sans nom lorsque l’on parle de flandriennes mais surtout du Tour des Flandres : quatre Top 10 sur les six dernières éditions. Seulement, le néerlandais est contraint d’anticiper pour espérer décrocher au moins un accessit. Une anticipation qui lui aura réussi l’an passé pour lever les bras à Waregem. Sur les traces de ce qu’il a montré à l’E3, van Baarle ne doit pas être mésestimé. Comme le troisième larron de la bande. En effet, si l’équatorien s’est remis de sa chute à Gent Wevelgem alors il sera nécessairement un client grâce à son aisance sur les pavés et sa pointe de vitesse. Ce qui peut pêcher, c’est son inexpérience du circuit.

Je ne connais pas toutes les pistes. Le directeur sportif a déclaré lors de la reconnaissance : « Faites attention, maintenant vient le Paterberg ». Et je me suis dit : « Oui sympa, mais qu’est-ce que le Paterberg ? » – Jhonatan Narváez, Wielerflits

PRIS DANS LA GUEULE DU LOUP

WEVELGEM, BELGIUM – MARCH 27: Kasper Asgreen of Denmark and Team Quick-Step – Alpha Vinyl competes through Kemmelbergweg cobblestones sector during the 84th Gent-Wevelgem in Flanders Fields 2022 – Men’s Elite a 248,8km one day race from Ypres to Wevelgem / #GWE22 / #WorldTour / on March 27, 2022 in Wevelgem, Belgium. (Photo by Tim de Waele/Getty Images)
1 ASGREEN Kasper DEN
2 LAMPAERT Yves BEL
3 DECLERCQ Tim BEL
4 STEIMLE Jannik GER
5 SENECHAL Florian FRA
6 ŠTYBAR Zdeněk CZE
7 VAN LERBERGHE Bert BEL

À l’opposé un collectif qui a l’habitude de briller par sa surreprésentation est véritablement invisible sur cette campagne de flandriennes. La Quick Step Alpha Vinyl frappé par les arrêts maladies à répétition montre un visage qu’on ne lui connaissait peu. Pour voir pareille contre-performance des Belges sur ses terres, il faut remonter aux triplés Mapei sur Paris-Roubaix de la bouche de Patrick Lefevère. Une façon de rassurer ses troupes, les triplés Mapei étant accompagné de victoires sur les flandriennes préparatoires. En vérité, la saison 2008 est plus proche du naufrage 2022.

Nous ne sommes pas habitués à courir de manière défensive, nous sommes habitués à courir une course offensive – Patrick Lefevère, Velonews

Si des incertitudes planent sur la condition de Florian Sénéchal, le français ayant accumulé les ennuis divers sur les différentes classiques. Cela n’est pas le cas du tenant du titre, Kasper Asgreen. Le danois, habituellement plus entouré, peut d’ordinaire tirer profit de la sur-domination du Wolfpack. Cette année, la position sera plus délicate. Le leadership unique est affirmé et les résultats n’ont guère convaincu. Hormis, les accélérations de Wout van Aert suivi dans le Kemmelberg sur Gent Wevelgem et des Strade Bianche qui ont laissé une bonne note. Le reste est en demi-teinte. La pression est double pour Asgreen qui a la possibilité de faire un doublé rare et doit sauver les meubles d’un Wolfpack aux aboies.

UNE FORME INDUBITABLE

WAREGEM, BELGIUM – MARCH 30: Victor Campenaerts of Belgium and Team Lotto Soudal competes during the 76th Dwars Door Vlaanderen 2022 – Men’s Elite a 183,7km one day race from Roeselare to Waregem / #DDV22 / #DDVmen / #WorldTour / on March 30, 2022 in Waregem, Belgium. (Photo by Tim de Waele/Getty Images)
21 CAMPENAERTS Victor BEL
22 BEULLENS Cedric BEL
23 WELLENS Tim BEL
24 KLUGE Roger GER
25 GRIGNARD Sébastien BEL
26 VAN MOER Brent BEL
27 VERMEERSCH Florian BEL

Qui peut dire que Victor Campanaerts n’est pas loin de la forme de sa vie ? Il est clair que les résultats ne reflètent pas les performances monstrueuses dont il a été auteur. D’abord sur l’Omloop Het Nieuwsblad où victime d’une crevaison, d’un ennui mécanique et d’une chute, il aura glané malgré tout une 5e place au sprint. Des qualités au sprint qu’on a pu revoir à Dwars door Vlaanderen, en rivalisant face au punch de Tom Pidcock. Probablement que le choix d’un 58 comme grand plateau compense son manque d’explosivité. Mais révèle la puissance du recordman de l’heure. Le leader de la Lotto Soudal a un gros problème qu’il devra compenser : sa prévisibilité. Si Mathieu van der Poel a confié à l’arrivée à Waregem ne pas être surpris de la force de Campy, ayant été en stage en sa compagnie. Le néerlandais a relevé le point le plus sensible, le belge attaque toujours et lance la machine en faux plat descendant. Contraint d’anticiper, l’endroit idéal pour voir Campenaerts tenter quelque chose sera sans doute au sommet du Kruisberg. Mais le chemin sera loin surtout avec le vent de face en chemin du Vieux Kwaremont.
Florian Vermeersch sera-t-il remis de sa chute mercredi ? Brent van Moer et Tim Wellens n’ont pas convaincu, mais dans une équipe qui mise sur l’offensive qui sait si l’audace sera payante ?

HARELBEKE, BELGIUM – MARCH 25: (L-R) Kasper Asgreen of Denmark and Team Quick-Step – Alpha Vinyl and Valentin Madouas of France and Team Groupama – FDJ compete through Kwaremont cobblestones sector during the 65th E3 Saxo Bank Classic 2022 a 203,9km one day race from Harelbeke to Harelbeke / #E3SaxobankClassic / #WorldTour / on March 25, 2022 in Harelbeke, Belgium. (Photo by Tim de Waele/Getty Images)
 
171 KÜNG Stefan SUI
172 ASKEY Lewis GBR
173 GENIETS Kévin LUX
174 LE GAC Olivier FRA
175 LIENHARD Fabian SUI
176 LUDVIGSSON Tobias SWE
177 MADOUAS Valentin FRA

Mais quelle mouche a piqué la Groupama FDJ ? Sur les manches de Coupe de France, Lewis Askey ne cesse de montrer un visage offensif, sans pour autant être récompensé. Olivier Le Gac, quant à lui, ne cesse d’impressionner par sa forme. Pas à l’économie pour Arnaud Demare sur Gent Wevelgem, le champion du monde juniors 2010 ne cesse d’être à l’offensive (Paris-Nice ou très récemment lors d’À Travers les Flandres). Mais il est évident que la posture de leader revient à Stefan Küng. King Küng a surpris son monde lors de l’étape de Nice avec des capacités d’escalade qu’on ne lui a jamais connu. Et pourtant le Tour d’Algarve, le jour de la victoire de David Gaudu aurait dû aiguiller le plus grand nombre. Mais voilà, le métronome suisse est une nouvelle fois réduit à faire ce qu’il sait faire le moins bien : surprendre dans une attaque au kilomètre.

Le jeu d’équipe pourrait profiter à Valentin Madouas, qui a été particulièrement impressionnant sur sa campagne de classique, notamment à l’E3. Il n’est pas à dire, le français nourrit de grande ambition pour ce week-end comme il l’a révélé à de nombreux médias

Je vais tout miser sur le Tour des Flandres en essayant d’aller faire une meilleure performance que 3e – Valentin Madouas, DirectVélo

Sans doute, en recherche de son profil idéal, il est vrai que les flandriennes et ardennaises collent parfaitement à son style de coureurs comme de courses.

HARELBEKE, BELGIUM – MARCH 25: Matej Mohoric of Slovenia and Team Bahrain Victorious competes during the 65th E3 Saxo Bank Classic 2022 a 203,9km one day race from Harelbeke to Harelbeke / #E3SaxobankClassic / #WorldTour / on March 25, 2022 in Harelbeke, Belgium. (Photo by Tim de Waele/Getty Images)
141 HAUSSLER Heinrich AUS
142 MACIEJUK Filip POL
143 TRATNIK Jan SLO
144 MOHORIC Matej SLO
145 SÜTTERLIN Jasha GER
146 TEUNS Dylan BEL
147 WRIGHT Fred GBR

La Bahraïn Victorious n’est jamais à exclure quand elle aligne Matej Mohorič. Indubitablement, sa force sera dans l’anticipation. En effet, le slovène aura montré des lacunes dans certains monts. Mais en cas de comité réduit ou en basculant à proximité, le danger n’est jamais loin pour un coureur qui n’a pas froid aux yeux. À côté Jan Tratnik a montré de belles dispositions récemment, mais il ne faut pas éliminer un coureur explosif comme Dylan Teuns qui aura montré un haut niveau dans les rues de Montjuïc à Barcelone. L’an passé, le belge suivait les meilleurs dans les pentes du Taaienberg et les Bahraïn se retrouvaient les mieux représentés. Si le schéma se répète, son caractère offensif peut être l’élément d’une anticipation réussie, surtout si Mohoric reste en embuscade derrière.

UNE MENACE QUI PEUT VENIR DE PARTOUT

Anthony Turgis effacé sur les dernières flandriennes est nécessairement le plus gros outsider. Le leader de la TotalEnergies voudra continuer sa série sur les Monuments où il ne cesse de tourner autour ;

Tiller Rasmus et Tobias Johannessen peuvent surprendre leur monde du côté des Uno-X, un temps difficile que des vikings doivent nécessaire apprécier ;

Mads Pedersen pour la Trek Segafredo voudra mettre son affection pour les temps difficiles à son avantage. Mais il n’est pas coureur qui souffle plus le chaud et le froid sur les flandriennes que le danois. tandis que Jasper Stuyven sera en question d’une rédemption ;

Soren Kragh Andersen aligné de dernière minute pour la DSM est assurément la meilleure carte n’en déplaise aux plans annoncant John Degenkolb comme leader.

Si Johan Jacobs a impressionné pour la Movistar, Ivan Garcia Cortina a plus rassuré qu’Alex Aranburu dont la forme éblouissante sur le Tirreno Adriatico est à l’opposé de ses courses en Belgique ;

Quelle joie de revoir Nils Politt de retour de maladie retrouver un niveau convenable, mais sans doute lui manque-t-il pour porter haut les couleurs de la Bora Hansgrohe ;

Greg van Avermaet visera un nouveau Top 10 pour la AG2R Citroën ;

Il sera intéressant de suivre les coureurs de la Arkea Samsis avec Matis Louvel, Amaury Capiot et dans une moindre mesure Clément Russo ;

Malheureusement, des équipes comme Bike Exchange Jayco, Intermarché Wanty Gobert Matériaux, EF Education EasyPost, B&B Hôtels KTM, Bingoal Pauwels Sauces WB, Sport Vlaanderen Baloise et la Astana Qazaqstan auront tout le mal du monde à bien figurer vu la forme de certains de leur élément et surtout si la course est lancée de loin.

PRÉDICTION

editionsvainqueur RVVplace à OHNPlace à E3place à GWEplace à DDV
2021Kasper Asgreen491/30
2020Mathieu van der Poel//9/
2019Alberto Bettiol/4DNF51
2018Niki Terpstra511399
2017Philippe Gilbert132/2
2016Peter Sagan221/
2015Alexander Kristoff1149/
2014Fabian Cancellara/938/
2013Fabian Cancellara/1DNF/
2012Tom Boonen211/
2011Nick Nuyens/383944
2010Fabian Cancellara/1DNF16
2009Stijn Devolder7365/
2008Stijn Devolder6996361
2007Alessandro Ballan/10//
2006Tom Boonen1311175
2005Tom Boonen21/80

L’absence de Wout van Aert est un crève-cœur pour le spectacle. Si le belge paraissait ultra-dominateur, la course prend en tout autre tournant sans sa présence. Cela dit, la course devait être lancée de loin pour tenter d’éparpiller les Jumbo-Visma et nombreux sont les leaders à vouloir maintenir cette stratégie. Tadej Pogacar sera peut-être (par fougue) celui qui initiera les premiers mouvements. Personne ne peut dire, qui, quand et où ? Mais tentons l’impossible. Une attaque dans le Berg Ten Houte du slovène. Seulement, le chemin est long. Un premier coup d’épée dans l’eau, à l’image de ses attaques vent de face dans le Poggio. Le deuxième passage du Poggio signera comme à l’accoutumé, un premier écrémage. Avant que Mathieu van der Poel ne fasse exploser le peloton dans le Koppenberg. A ce stade, c’est un « sauve qui peut » général. Les Ineos Grenadiers profiteront d’un surnombre pour une offensive réussite de Dylan van Baarle accompagné de Victor Campenaerts dans la transition entre le Kruisberg et l’Hotond. Sans jamais être rejoints malgré le vent de face en chemin du Vieux Kwaremont. Personne n’ayant envie de collaborer avec Mathieu van der Poel. Les groupes se morcellent sur des offensives de seconds couteaux. Et Valentin Madouas vient prendre au sprint la troisième place d’une course éprouvante qui récompensera l’un des meilleurs coureurs de ce printemps.

Favori : Victor Campenaerts

Le second couteau qui anticipe : Dylan van Baarle

La surprise made in E3 : Valentin Madouas

Milan Sanremo 2022

Plan de Milan Sanremo 2022 – ©️ RCS MediaGroup S.p.A

Samedi 19 mars, à 9 h 50, s’élancera le départ de la 113e édition de Milan-Sanremo.

Profil de Milan Sanremo 2022 – ©️ RCS MediaGroup S.p.A

Milan – Sanremo : 293 kilomètres à parcourir de la capitale lombarde à la pointe de la Ligurie, aux portes de la frontière transalpine. La « Classicissima » est la course la plus longue de l’année, devant les 272.5 kilomètres du Tour des Flandres.
Le premier des cinq Monuments de la saison a toujours été situé juste avant le week-end du passage à l’heure d’été, ce qui lui doit le surnom de « Primavera », sonnant le glas de la « belle saison ».

DES CAPI ÉMOUSSÉS PAR LE TEMPS

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De la périphérie Est de Gênes (une fois la descente du Turquino avalée) à l’arrivée jugée à Sanremo, en épousant la côte liguerienne, le caractère pittoresque de la « Strada Statale 1 » (route nationale 1) s’enchevêtre dans le paysage du cyclisme transgénérationnel. Entre Laigueglia et Imperia se dessinent dans le contour de la Via Aurélia, les Capi Mele, (Mimosa) Cervo et Berta. « Difficultées » diluées par les douze décennies écoulées depuis la première édition en 1907, les Capi ont vu et été à l’origine des premières modifications du tracé de la Classique des classiques. Ils ne sont aujourd’hui plus que le point de départ d’une approche de final d’une course barbante, tout en étant les dignes représentants d’une locomotive lancée à toute vapeur dans un final excitant. Où le peloton peut jauger les forces en présence et désigner les élus à la victoire finale sur la Via Roma, essorant un peu plus les coureurs lessivés par les kilomètres défilants inexorablement.

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51.5 kilomètres de l’arrivée : le Capo Mele est roulant (1.9 kilomètre à 3.7 %).

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46.6 kilomètres de l’arrivée : le Capo Mimosa Cervo est tout aussi court que son prédécesseur (2.1 kilomètres à 2.5 %). Boisé, il n’offre que peu de visuel avant d’aborder une descente peu technique puis quatre kilomètres de replat avant le dernier du fameux trio.

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38.8 kilomètres de l’arrivée : le Capo Berta est le plus pentu des trois (1.9 kilomètre à 6.4 %) avec 9.2 % au plus fort de la pente. La descente rapide qui s’ensuit n’offre que peu de visuel en arrivant en périphérie d’Imperia. Impossible de se refaire la cerise en ralliant San Lorenzo al Mare où la montée de la Cipressa attend le peloton écrémé par l’arrière.

Si les Capi ont été les artificiers des premières années, ils n’auront été décisifs qu’une seule fois au cours des quatre dernières décennies.
À l’instar d’Erich Mächler dans son entreprise réussite en 1987, l’audacieux Claudio Chiappucci pris le pari de sortir dans le brumeux Turquino. Ses compagnons de fortune furent, un à un, essorés dans les Capi. D’abord, William Dazzani et Stefano Zanini (tous deux échappés matinaux) dans le Capo Mele, puis Marino Lejarreta, Adrie van der Poel, Thierry Marie et Peter Stevenhaagen dans le Capo Cervo avant de filer vers l’enchainement final avec pour seule compagnie Rolf Sørensen, en se défaisant de Jelle Njidam et Charly Mottet dans le Capo Berta.

LA CIPRESSA INCONTOURNABLE DEPUIS 1982

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21.6 kilomètres de l’arrivée : la montée n’a rien de terrifiante sur le papier. D’ordinaire 4 % sur 5.7 kilomètres à ne cause guère problème. Mais avec plus de six heures de course, les gradients de la Cipressa viennent taper les cuisses et mollets déjà meurtris par la distance et nuisent aux moins robustes sur les très longues distances.

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Seulement, il est un problème de taille : pour rallier le pied du Poggio, le périple n’est pas sans être semé d’embuche. Ce qui explique la rareté de ces entreprises suicidaires d’une douzaine de kilomètres. Pourtant, cela n’a pas empêché des grimpeurs de s’y aventurer, avec en tête de liste Marco Pantani en 1999 et Vincenzo Nibali en 2014.

D’autres tel Niccolò Bonifazio ont entrepris la folle opération de se lancer à corps perdu dans sa descente pour le moins scabreuse par endroit. Cependant, il faut remonter à 1996 et l’attaque de Gabriele Colombo, bien inspiré comme Gianni Bugno six ans plus tôt, pour retrouver une attaque victorieuse dans la Cipressa.

LE POGGIO, JUGE DE PAIX DEPUIS 1960

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5.5 kilomètres de l’arrivée : les 3.6 kilomètres à 3.7 % les plus célèbres du monde.

Que l’arrivée soit jugée à 4.4 kilomètres sur la Corso Cavallotti (1986-1993), à 6 kilomètres sur le Lungomare Italo Calvino (2008-2014) ou à 5.5 kilomètres sur la Via Roma (1949-1985, 1994-2007 et depuis 2015), le sommet du Poggio a désigné par quinze fois (37.5 %) depuis l’introduction de la Cipressa, si ce n’est le vainqueur final, les élus au trophée circulaire ayant réussi à faire la différence sur le peloton de sprinteurs.

Si le Monument est considéré comme la classique des sprinteurs, c’est avant tout parce que de grands noms du sprint comme Rick Zabel (gardien de quatre victoires), Mario Cipollini (2002), Mark Cavendish (2009), et consorts s’y étant imposés. Favorisé par le profil prosaïque du Monument (guère plus de 2 000 mètres de dénivelé positif sur près de 300 kilomètres).

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L’avènement de l’ère Zabel a signé un règne sans partage des sprinteurs durant onze années consécutives. Mais il est toutefois à noter que les groupes à l’arrivée y sont fortement réduits : 17 coureurs en moyenne sur les dix dernières éditions. Probablement, l’émergence des super-puncheurs n’y est sans doute pas pour rien. D’autant plus depuis la première apparition de Julian Alaphilippe en 2017, le peloton n’a eu de cesse de se partage que les miettes. Le pied du Poggio comme toute difficulté finale fait l’objet d’une bataille de tous les instants dans le placement des différentes formations et il n’est pas rare d’y voir des chutes comme celle de Mark Cavendish en 2018.

EditionvainqueurNombre d’attaquants au sommet du PoggioÉcart à la cabineÉcart au piedÉcart auX 700 derniers mètres
2021Jasper Stuyven12Pas d’imagesPas d’images8″
2020Wout van AertAlaphippe4″ 6″5″
2019Julian Alaphilippe913″24″Pas d’images
2018Vincenzo NibaliNibali11″8″5″
2017Michal Kwiatkowski311″17″Pas d’images
2016Arnaud DemareKwiatkowski2″11″
2015John Degenkolb22″5″Regroupement

NE LAISSER QUE DES MIETTES

231  POGAČAR Tadej
232  COVI Alessandro
233  FORMOLO Davide
234  GIBBONS Ryan
235  POLANC Jan
236  TROIA Oliviero
237  ULISSI Diego

En l’espace de deux mois, depuis l’annonce de son programme, Tadej Pogačar est passé de la liste des outsiders (à peine de plus de 1 % de chance estimée par les bookmakers) à celle des favoris de la course (entre 16 et 20 % de probabilité implicite). L’ampleur du phénomène émirati est telle que l’ogre slovène est d’or et déjà décrit comme le nouveau Merckx. Gardien sans partage des courses par étapes, l’enfant de Komenda est, selon toute apparence, intouchable. Certes, la troisième place du Tour du Pays Basque fait tâche dans le palmarès irréprochable du double vainqueur du Tour de France. Mais ce faux pas n’est essentiellement imputable qu’à une mauvaise stratégie basée sur la protection du maillot de leader de son coéquipier Brandon McNulty. Libéré trop tard de l’étreinte de l’américain à la dérive, « Pogi » était le plus fort du groupe de chasse derrière Primož Roglič et David Gaudu. Sans être bridé, rien ne dit qu’il n’aurait pu défendre chez ses chances face à son compatriote en l’accompagnant jusqu’aux pentes de l’Usartza et refaire les 20 secondes de retard qu’il avait au classement général. Mais avec des si, la stratégie Jumbo-Visma avec Jonas Vingegaard en embuscade aurait tout aussi pu être remaniée.

Quoi qu’il en soit, Tauma Pogi (« le petit Pogi ») ne laisse guère d’espoir à ses adversaires quand il est aligné sur une course. Avec pour seul crédo de gagner autant de courses que possible. Son tour de force sur les Strade Bianche, avec un raid solitaire de 49.2 kilomètres n’en est qu’une démonstration. Plus récemment, la concurrence pourtant tout aussi féroce du Tirreno Adriatico a été réduit à peau de chagrin. Le Monte Carpegna a été l’instrument d’une démonstration de la tête d’affiche de l’équipe UAE Emirates, reléguant son dauphin du Tour de France Jonas Vingegaard, l’éternel malchanceux Mikel Landa, le deuxième de la dernière Vuelta a España Enric Mas et le troisième du Tour de France 2020 Richie Porte à 1 minute 27 au sommet.

Si Pogačar arrive en tant que favori, c’est précisément parce que rien ne lui résiste. Vainqueur de Liège-Bastogne-Liège et du Tour de Lombardie, les deux Monuments auquel il a participé l’année passée. Par son profil des plus polyvalents : grimpeurs, rouleurs, puncheurs ; le slovène a toutes les qualités pour briller sur tous les terrains et remporter au cours de sa carrière les cinq Monuments. Sur Milan-Sanremo, son profil lui permet d’aller chercher la victoire sur tous les scénarios vus depuis 1982 : raid en solitaire dès la Cipressa, attaque explosive dans le Poggio, descente kamikaze du Poggio ou coup du kilomètre.

Une longue attaque en solitaire sur Milan-Sanremo, serait quelque chose de spécial, mais je n’y crois pas. Peut-être à partir de la Cipressa, c’est faisable. – Tadej Pogačar, Cyclingnews

Ses raids autoritaires en solitaire initiés de loin nourrissent tous les fantasmes à propos d’une attaque dans la Cipressa. Une offensive que Nibali avait tenté, sans réussite, puisque l’italien avait été repris dans le pied du Poggio. Une édition 2014 marquée par un peloton, plus décimé que les récentes années dès l’ascension de la Cipressa. Une année pour le moins dantesque qui explique l’écrémage plus important.

Pour réussir ce type de mouvement osé, il convient d’avoir un vent favorable afin de ne pas se mettre des bâtons dans les roues. Tout Pogačar qu’il soit, un homme solitaire face au vent est forcément limité contre un peloton en chasse gardée. Plus les prévisions avancent et plus un vent de Nord-Est se consolide. La force du vent n’aura de cesse de se renforcer du départ (6 km/h) à l’arrivée (25 km/h). De quoi, instiguer des craintes d’attaques lointaines. Pourtant afin de contrecarrer les plans des autres équipes, mieux vaut être accompagné pour avoir une chance de réussir une  » opération suicide « . Une audace que certaines équipes verraient d’un bon œil pour laisser mourir devant, le vraisemblable Cannibale du XXIe siècle, avant de le croquer dans le Poggio comme le Requin de Messine le fut. Sous condition d’avoir les armes pour le maintenir en laisse, ce qu’elles n’ont su faire sur les Strade Bianche lorsqu’elles étaient en terrain favorable en chemin pour le secteur de Monteaparti.

Quand on analyse l’équipe émiratie, le collectif semble largement tourné vers son homme le plus fort. Ryan Gibbons, sur le papier, pourrait être une option sprint, mais le scénario suggérant sa présence implique aussi celle d’hommes plus rapides. Cependant, un grimpeur comme Jan Polanc et trois puncheurs comme Diego Ulissi, Davide Formolo et Alessandro Covi orientent vers une course durcie pour son leader et plus probablement une montée asphyxiante du Poggio en vue d’une attaque de Pogi. Tout comme une montée plus neutralisée pourrait permettre à la UAE d’avoir plusieurs cartes à jouer sur la Cavallotti. Un surnombre qui leur avait été profitable sur le Trofeo Laigueglia et qui leur avait permis d’être offensif en ayant toujours un coup d’avance à Murcia. Dans ce cas, le jeune italien Covi pourrait être un second couteau qui tente de faire un coup à la Cancellera. Bien que rapide au sprint, il pourrait profiter du marquage de Pogi pour essayer le coup du kilomètre que beaucoup d’hommes rapides ont tenté par le passé. Jasper Stuyven l’an passé, Matteo Trentin en 2019 ou 2016 ou encore Sonny Colbrelli en 2015, beaucoup de sprinteurs ont tenté de se défaire du groupe de tête dans un final très souvent décousue. Où la collaboration est complexe, si ce n’est impossible quand un coéquipier n’est pas là pour se sacrifier. Du chaos peut naître la lumière pour qui cherchera l’éclaircie dans la victoire.

UN COLOSSE AUX PIEDS D’ARGILE

https://www.strava.com/activities/6832785746
151  VAN AERT Wout
152  AFFINI Edoardo
153  LAPORTE Christophe
154  ROGLIČ Primož
155  VAN DER SANDE Tosh
156  VAN EMDEN Jos
157  VAN HOOYDONCK Nathan

Vainqueur de l’édition 2020, c’est en grand favori que Wout van Aert s’avance. Il faut dire qu’après un printemps 2021 XXL, le champion de Belgique vise toujours les mêmes objectifs ; à savoir pourfendre Paris-Roubaix et le Ronde van Vlaaderen. Mais avec une approche plus raisonnée, si ce n’est plus raisonnable. A courir après tous les lièvres, son palmarès était quasi vierge de jour de course hors du Top 10 mais rares ont été les victoires (souhaitées) à la clé. Cette année pour mettre à bien ses plans, le leader de la Jumbo-Visma sur les classiques printanières n’a pas hésité à sacrifier son hiver dans les sous-bois. Seulement, dix cyclo-cross à son actif contre 26 en moyenne sur les cinq dernières saisons. Pourtant ce n’est pas comme s’il n’était pas ultra dominateur en l’absence de Mathieu van der Poel, et même en peu de présence de son némessis. Neuf victoires et une quatrième place à Hulst à mettre sur le compte d’un ennui mécanique au départ de la course. Mais la véritable marque des ambitions de WVA a été de faire l’impasse sur le Champion du Monde, à Fayetteville, aux Etats-Unis, dont il aurait sans doute pu écraser la concurrence et obtenir un quatrième maillot érisé dans la discipline. Plus récemment, sur route, sa rentrée a été à l’image de son hiver. Avec un démarrage en fanfare à l’Omloop Het Nieuwsblad de retour de stage en altitude. La suite sur Paris-Nice n’a fait que de confirmer à quel point le natif d’Herentals sera un acteur majeur du printemps. Pas moins de six podiums en huit étapes représentant près de la moitié du total de son équipe (treize podiums d’étapes), une victoire sur le contre-la-montre de Montluçon qui ont laissé forte impression.

Cependant, sur les étapes au sprint, Wout dominé par Mads Pedersen à Dun-le-Palestel et à Aubagne a paru en perte de vitesse par rapport à la vitesse redoutable qu’on a pu lui connaître face aux purs sprinteurs. Un constat vu face à Fabio Jakobsen à Orléans. Un élément qui laisse une porte de sortie en cas d’arrivée en sprint réduit. Le triple vainqueur d’étape sur le Tour de France n’est pas si hégémonique que l’an passé. Du moins, pour le moment. Son objectif étant le maillot vert du Tour, assurément le travail du sprint sera fait après la coupure pour entamer la deuxième partie de saison.

Une stature de grand favori que lui doit sa performance sur l’étape de Nice couplé à la profondeur des scénarios dans lequel il peut s’imposer. Sans doute le plus rapide des puncheurs, il figure parmi les hommes les plus rapides au sprint en cas d’arrivée en comité réduit. Sa pointe de vitesse le fait figurer aussi parmi les meilleurs sprinteurs. Ses aptitudes de cross man en font un coureur doué en descente, quant à ses capacités dans l’effort individuel ne permettent pas à ses adversaires de lui laisser dix mètres d’avance en cas de late attack.
Si on parle de Nice, c’est que le belge a été la cheville ouvrière de la victoire au classement de Primož Roglič. Un Slovène en peine face à un Simon Yates plus tranchant dans les fort pourcentage du Col d’Eze. L’heure est à rendre la pareille. Les capacités de Roglič dans les secteurs favorisant les puncheurs devraient permettre de juguler les principales offensives. Mais la force des Killers Wasps repose sur la force du collectif qui peut et se doit d’être surreprésenté dans le final, avec notamment Christophe Laporte qui aura atomisé la Côte de Breuil où la concurrence a volé en éclat permettant à l’équipe néerlandaise de signer un rare triplé sur une course World Tour. Dès lors le français, transfuge de la Cofidis, aura le rôle de poisson pilote. Après une victoire offerte sur un plateau d’argent dans les rues de Mantes-la-Ville et quatre jours en jaune, Laporte est un autre coéquipier qui en doit une au belge. Les bons comptes font les bons amis, dit-on. Sauf que si la meilleure défense est l’attaque ne serait-il pas opportun d’obliger les autres à supporter le poids de la chasse en récupérant l’Aurélia via la Cavallotti en impulsant un coéquipier dans une attaque tardive pour assoir Wout dans un fauteuil ? Si tel est le cas, un second couteau pourrait s’imposer au nez et à la barbe d’un groupe regardant de trop près le belge. Le français et le slovène pointe en tête de liste. Tout comme cette main d’œuvre peut être mise à profit pour juguler toutes les offensives et servir de chair à canon pour permettre à WVA de glaner son second Milan-Sanremo.

UN SEUL ÊTRE VOUS MANQUE

161 EWAN Caleb
162  CONCA Filippo
163  FRISON Frederik
164  GILBERT Philippe
165  KLUGE Roger
166  VAN GILS Maxim
167  VERMEERSCH Florian

Pour sa dernière saison chez les professionnels, d’aucuns ne seraient pas heureux de voir Philippe Gilbert rentrer dans le club très fermé des vainqueurs des cinq Monuments, en remportant le dernier qui manque à sa collection. Seulement, l’honnêteté doit être de reconnaitre que le train est déjà passé, sans pour autant laisser un goût d’inachevé tant la carrière du champion du monde 2012 a été complète. La Lotto Soudal doit revoir ses plans après que Caleb Ewan ait été contraint à ne pas prendre le départ en raison d’une grippe intestinale. Assurément une épine de moins dans le pied pour Wout van Aert ? Soudain malgré son âge avancé, Gilbert remonte dans la hiérarchie des plans de l’équipe belge. A moins que Florian Vermeersch ne réussisse à accrocher le bon wagon. Ce qui ne semble possible que par une anticipation. Une équipe résolument encore une fois tournée vers l’offensive.

DE L’OMBRE A LA LUMIERE

 
1  PEDERSEN Mads
2  BRAMBILLA Gianluca
3  GALLOPIN Tony
4  KIRSCH Alex
5  MOSCA Jacopo
6  PELLAUD Simon
7  SKUJIŅŠ Toms

Couper la tête de l’hydre et il lui en repousse une autre. Si Wout van Aert est débarassé du problème Ewan, Mads Pedersen est une sacrée problématique. Loin d’être insoluble mais difficile à résoudre en ce début de saison 2022. Il est vrai qu’au delà de la forme affichée, le danois n’a jamais autant volé dès que la route s’élève. Ce qui en fait un candidat presque évident pour Milan Sanremo. Tant et si bien que son programme originel sans la Classissima paraîssait incohérent. Le désormais leader de la Trek Segafredo, dépourvu du vainqueur sortant, Jasper Stuyven, a montré sur des arrivées en bosse qu’il était un redoutable adversaire. D’abord sur l’Etoile de Bessèges, à Bellegarde puis à Rousson, avant de confirmer à Dun-le-Palestel dans un sprint lancé de très loin. Ce n’est pas comme si des prémices avaient donner le « la » d’un futur récital du champion du monde 2019. Audrey Cordon Ragot avait bien sûr prévenu que son coéquipier masculin voulait aux différents entrainements.

Mais si, Mads est un favori indiscutable. Le scénario qui le favorise le plus n’est pas celui qui a les préférences. Il est évident que Wout van Aert voudra s’en défaire. Battu à Aubagne dans un sprint plat, et sans doute relégué au troisième rang à Orléans, si Pedersen n’avait pas subi un saut de chaine dans les derniers hectomètres. C’est pourquoi il n’est pas à se demander si les Jumbo-Visma ne voudront pas eux aussi durcir la course de loin, pour faire sauter les purs sprinteurs comme le danois, et surtout ce dernier. Une ascension du Poggio vent de face aurait été une bonne nouvelle pour celui-ci mais le vent de côté, couplé au vent favorable sur le chemin du juge de paix ne sont pas sans dresser des obstacles sur la route du coureur de la Trek

SANS SON MÂLE ALPHA

181  JAKOBSEN Fabio
182  BAGIOLI Andrea
183  CAVAGNA Rémi
184  CATTANEO Mattia
185  HONORÉ Mikkel Frølich
186  SÉNÉCHAL Florian
187  ŠTYBAR Zdeněk

Sans sa tête d’affiche, le Wolfpack a moins de mordant. Et pourtant les hommes de la Quick Step Alpha Vinyl n’en ont pas pour le moins un effectif séduisant sur le papier. malgré sa forme et sa vitesse au sprint, comme pour Pedersen, la direction du vent coupe l’herbe sous le pied de Fabio Jakobsen. Florian Sénéchal pourrait le suppléer mais Andrea Bagioli, Mikkel Frølich Honoré et Zdeněk Štybar ressemblent plus à des vainqueurs probables. Le tchèque dernier suiveur des Jumbo dans la Cote de Breuil a laissé probablement la meilleure impression comparé à Florian Sénéchal lors de Paris-Nice. Il est vrai que les objectifs du français sont dans un mois, ce qui lui laisse le temps de construire son pic de forme. Cependant, le Wolfpack à l’image du début de classique doit s’attendre à être plus effacé.

PASSER AU NIVEAU SUPERIEUR

121  KWIATKOWSKI Michał
122  GANNA Filippo
123  HAYTER Ethan
124  PIDCOCK Thomas
125  ROWE Luke
126  SWIFT Ben
127  VIVIANI Elia

La direction du vent étant une mauvaise nouvelle pour les sprinteurs, Elia Viviani ne devrait pas faire partie des prétendants à la victoire sur la Via Roma et étonnament Michał Kwiatkowski apparaît comme à un coéquipier de luxe pour ses leaders au sein de l’équipe Ineos Grenadiers. La bizarrerie de cette saison, c’est que Tom Pidcock partagera le leadership avec Filippo Ganna. Il est vrai qu’il y a de cela quelques mois, presque personne n’aurait fait de Pippo un des outsiders crédible pour MSR. Mais l’italien, au delà d’avoir annoncé le Monument dans ses objectifs, a montré des capacités d’escalade qui n’ont eu de cesse de s’améliorer. Capable d’accrocher le groupe des leaders jusqu’au sommet du Jebel Jais (18.7 kilomètres à 5.7 %), une montée comparable à l’Alto Colorado à San Juan où il a bien figuré par le passé. Mais le résultat le plus frappant reste sans doute sa troisième place à Manosque derrière Bryan Coquard et Julian Alaphilippe dans une arrivée taillée pour les puncheurs-sprinteurs. Néanmois, si on remonte le temps d’une année précisément, le champion du monde de contre-la-montre a étonné par son relai au pied du Poggio poussant jusqu’aux portes des serres. Le natif de Verbiana est une option de choix s’il bascule avec Tom Pidcock en tête du Poggio. La puissance pure et sauvage pouvant compenser le manque de punch, il n’est absolument pas à écarter des prétendants. Si dès lors, il figure dans un groupe basculant sur la Cavallotti, alors l’option sera clairement sur une late attack à la Cancellara. Cependant, il coche aussi la case d’attaquants entre la Cipressa et le Poggio grâce au vent poussant.

Quant à Tom Pidcock, le récent champion du monde de cyclo-cross est apparu encore en train de faire du fractionné pendant la compétition à Algarve. Une rentrée effacée, vite corrigée sur l’Omloop Het Nieuwsblad où il aura fait partie du groupe de costaud s’étant extrait du peloton, avant d’être repris. Mais c’était sans compter sur la maladie qui frappe bon nombre de coureurs du peloton que le britannique a du stopper sa reprise. Des incertitudes planent donc sur sa condition. Mais s’il est dans les clous, alors il reste un redoutable candidat à la victoire lorsque l’on se souvient qu’il aura presque coup sur coup failli faire la nique par deux fois à Wout van Aert au sprint. D’abord sur la Flèche Brabançonne avant de concéder une victoire polémique du belge à la photofinish sur l’Amstel Gold Race. Rappelons que les meilleurs puncheurs peuvent faire parler de leur explosivité au sprint. Après tout, Julian Alaphilippe a remporté ce Monument en réglant un groupe de dix coureurs.

LE RETOUR DU FILS PRODIGE

21  VAN DER POEL Mathieu
22  DILLIER Silvan
23  GOGL Michael
24  OLDANI Stefano
25  PHILIPSEN Jasper
26  SBARAGLI Kristian
27  STANNARD Robert

A la surprise général, Mathieu van der Poel fait partie des partants de Milan-Sanremo. Une rentrée que personne n’espérait si tôt. Surprenant le monde entier, sa participation quand bien même le Monument ferait près de 300 bornes est une mauvaise nouvelle pour Wout van Aert. Il est vrai que les deux némessis ont tendance à se neutraliser sur les classiques précédentes. Mais sa présence est sans doute, un bon point pour le spectable. Sans doute, parce que le petit phénonème voudra se tester. Et lorsqu’il se teste, Mathieu fait bien souvent du van der Poel. Avec des numéros lancés de loin. Toute la question est de savoir comment s’est-il remis de sa blessure au dos, qui l’a contraint à une saison blanche dans les labourés.

Je ne vais pas me contenter d’arriver à la ligne d’arrivée. Je me sens prêt et j’espère concourir pour une victoire d’un jour – Mathieu van der Poel, Sporza

Bien que l’ayant déclaré pour la Coppi e Bartali dont il devait prendre le départ pour sa rentrée, il est clair que MVDP s’aligne parce que les conditions le lui permettent. Mais peut-il résister d’entrée à autant de kilomètres ?
Sa reprise des entrainements n’a eu lieu que le 29 janvier sur Zwift. Depuis en l’espace d’un mois et demi, le néerlandais de la Alpecin Fenix a cumulé 4 519 kilomètres pour 64 391 mètres de dénivelé positif. Accumulant parfois des sorties de plus de 200 bornes au delà des 4000 mètres de dénivelé positif, sur des secteurs gravels. Du spécifique donc, exigeant physiquement. D’ordinaire, le manque de rythme est un problème pour une majorité de coureurs mais Roglič a bien gagné une Vuelta sans et Wout van Aert l’Omloop à son premier jour de course. L’an passé, Andrii Ponomar découvrait le monde professionnel sur le Monument. La génération dorée est mieux préparée et Milan Sanremo est probablement malgré la distance, la course la plus facile à finir.

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Mais c’est surtout les chiffres qui sont le meilleur indicateur. Et sur sa dernière séance de spécifiques, les chiffres sont excellents. De quoi espérer une attaque thermonucléaire.

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Au sommet du Collao Laguar por Castells, il nous aura même tari d’un sprint qui peut faire espérer une attaque tranchante dans le Poggio. Si tenté que cette année, Mathieu van der Poel ne soit pas mal positionné au pied comme c’était le cas l’an passé. Un effort pour remonter qui lui aura été préjudiable.

QUAND LA FORME EST LA

Nombre d’équipes ont plusieurs cartes à jouer :

  • la AG2R Citroën peut miser sur Benoît Cosnefroy, Greg van Avermaet et Andrea Vendrame,
  • la Bahraïn Victorious sur Matej Mohorič et Damiano Caruso surtout sur ce dernier, le slovène revenant de maladie.
  • la Movistar sur Gonzalo Serrano, Ivan Garcia Cortina et principalement sur Alex Aranburu qui aura montré une forme éblouissante sur le Tirreno Adriatico,
  • la TotalEnergies sur Peter Sagan et Anthony Turgis.

D’autres peuvent compter sur des cartes polyvalentes en forme. Tel est le cas de Michael Matthews pour la Bike Exchange qui peut être suppléé par Luka Mezgec ; Biniam Girmay Hailu, Lorenzo Rota ou Simone Petilli pour les Intermarché Wanty Gobert Matériaux. Là où des éléments comme Alberto Bettiol pour la EF Education EasyPost ont rassuré mais sur probablement un peu seul vu le scénario envisagé, comme c’est le cas pour Quentin Pacher pour la Groupama FDJ.

Malheureusement, la Cofidis Solutions Crédits à des soucis à se faire pour Bryan Coquard qui est loin d’être le maître du placement. Des problèmes similaires pour la Israel Premier Tech, résolument tourné vers un scénario sprint.

Si l’on se concentre sur un outsider probable, c’est à raison que Soren Kragh Andersen doit être mis en tête de liste. Bien sûr, ses probabilités de victoire sont réduites à une offensive tardive réussite. On sait qu’il aura essayé l’an passé, rejoignant Jasper Stuyven mais condamné à une seconde place en l’accompagnant. Réussir là où il a échoué en 2021, en surprenant à nouveau apparaît assez téléphoné. Et pourtant, il ne faut pas remonter loin pour trouver pareille réussite. La victoire de Kwiatko en 2017 a fait suite après son attaque en solitaire en 2016 dans le Poggio. Malheureusement, rattrapé dans le final, le Pole avait mis la balle au fond l’année suivante. Apprendre du passé, c’est bien la leçon que le danois de la DSM devra appliquer. La forme montrée à Paris-Nice signe les meilleurs hospices pour un coureur qui coche tant la case de l’anticipation que du coup au kilomètre. L’équipe est résolument tournée vers l’offensive et se veut l’être avec entre autres Andreas Leknessund.

PRÉDICTION

editionvainqueur de milan SanremoPlace aux strade biancheNombre de victoires avant milan Sanremo
2021Jasper StuyvenDNS0
2020Wout van Aert11
2019Julian Alaphilippe16
2018Vincenzo Nibali
DNF0
2017Michał Kwiatkowski11
2016Arnaud DemareDNS3
2015John DegenkolbDNS1
2014Alexander KristoffDNS1
2013Gerald CiolekDNS1
2012Simon GerransDNS1
2011Matthews GossDNS3
2010Óscar FreireDNS3
2009Mark Cavendish245
2008Fabian Cancellara13
2007Óscar FreireDNS3

Les Strade Bianche ont, ces cinq dernières années, été un révélateur pour Milan-Sanremo. Plus globalement, le vainqueur de la Primavera a déjà levé les bras au cours de la saison entamée. Avec la pancarte d’homme à abattre, Tadej Pogačar pourrait amener à une course durcie à partir du Capo Berta. Afin d’aborder un essorage du peloton dans la Cipressa. La récente présence de Mathieu van der Poel bouleverse la donne et ce que l’on espérait l’an dernier pourrait avoir lieu : une course lancée de loin. De quoi prendre des équipes en défaut et trouver des alliés de circonstances en chemin pour mener à bien l’opération Cipressa. Un résultat barbant pour une édition rarement aussi excitante.

Le choix parmi les favoris : Tadej Pogačar

Le second couteau : Alessandro Covi

Apprendre du passé : Søren Kragh Andersen

Liège Bastogne Liège 2021 Preview

Plan de la Doyenne des Classiques 2021 ©️ A.S.O.

Liège-Bastogne-Liège figure parmi les courses les plus anciennes du peloton professionnel. Créée en 1892, elle est la plus ancienne des courses encore présentes au XXIe siècle. Ce qui lui vaut le surnom de  » la Doyenne « . Le temps aura façonné son visage à plusieurs occasions. Entre 1992 et 2018, l’arrivée était déplacée à Ans, ce qui ajouta quelques surprises au palmarès du traditionnel quatrième Monument de la saison. Avec notamment des difficultés redessinant sans cesse le final de cette classique ardennaise. Depuis 2019, l’arrivée est de nouveau jugée à Liège. Le millésime 2021 offrira un 107e cru que nombre de coureurs souhaite accrocher à leur palmarès.

Profil de la Doyenne des Classiques 2021 ©️ A.S.O.

Le parcours de cette édition 2021 sera un copier-coller de l’édition précédente, à une différence mineure. Le tracé comptera 2,1 kilomètres supplémentaires pour faire un détour par la cote de Desnié portant le kilométrage à 259.1 kilomètres de course pour 4266 m de dénivelé positif.

Avec un sommet à 61.7 kilomètres de l’arrivée, le Col du Rosier est l’endroit où les manœuvres des grandes équipes commencent. Une sélection par l’arrière commence sur la difficulté la plus longue de la journée.

Plus pimentée que feu le col du Maquisard (4 kilomètres à 4.9 %), l’inédite cote de Desnié (1.6 kilomètres à 8.2 %) souhaite ajouter de la nervosité à la course une fois arrivé à SPA. Les organisateurs désireux de ne proposer aucun répit au peloton afin de forcer les mouvements. Mais à seulement dix kilomètres de la Redoute tant redoutée, n’est-ce pas voué à être un coup d’épée dans l’eau ? Sauf à tirer profit d’une sélection avant la « redout(able) ».

Une sélection dure à mettre en place sur une bosse aux allures de faux plat montant à zone découverte.

Cependant, le vent de dos (de 18 km/h à 22 km/h) pourrait pousser à anticiper les manoeuvres. Là où à la fois le Rosier et le Redoute ont une direction nettement moins favorable aux mouvements.

La côte de la Redoute est le visage de Liège-Bastogne-Liège dont la portion la plus compliquée mesure 1.5 kilomètres à 9.8 % et des pentes maximales à 16.5 %. L’endroit idéal pour lancer une offensive avec seulement 35,2 kilomètres à parcourir une fois le sommet franchi. Le problème réside dans les vingt kilomètres séparant son sommet du pied de la Roche aux Faucons. Extrêmement favorable à une chasse, comme nous l’avons vu en 2019 où les leaders ont du mal à faire la différence.
Le rôle d’un coureur comme Mauri Vansevenant peut être clé dans la réussite de la quête de Julian Alaphilippe. Anticiper les mouvements, pourrait alléger le poids de la course sur les épaules de la Deceuninck Quick Step, en permettant au belge de sortir comme il l’a tenté sur la Flèche Wallonne. Que ce soit les Ineos Grenadiers, Jumbo-Visma, UAE émirates, Movistar, Astana Premier Tech, Bora Hansgrohe, etc. Tous ont des cartes pour miser sur un final classique dans un va-tout dans la côte finale. Cela signifie qu’il y a nombre d’équipes qui peuvent fixer le scénario d’une attente de la Roche aux Fauçons. Dans le cas où les Deceuninck Quick Step serait plutôt dans le contrôle de la course et de son cadenassage, ils pourraient trouver aisément des alliés de circonstances ayant louper le coche.

Pourtant, la course d’attente pourrait avoir lieu dans une journée où le vent sera défavorable dans la remontée vers Liège. Avantageant un scénario classique d’une course se jouant dans la Roche aux Fauçons.

Placée entre La Redoute et La Roche aux Fauçons, la Côte des Forges (1.3 kilomètre à 7.2 %) se veut brouiller les pistes d’une chasse depuis son introduction. Mais il n’en est rien, le tronçon est trop régulier et les yeux trop tournés vers la difficulté suivante. Que le secteur n’a été décisif qu’en 2019 où Julian Alaphilippe en fond de groupe a donné son feu vert à Jakob Fuglsang pour attaquer dans la dernière difficulté sans subir de veilléités de sa part.

Comme à l’accoutumé, la cote de la Roche aux Faucons devrait être le théâtre de tous les possibles. Le lieu des derniers va-tout, des tapis peu importe les cartes en main.

Les forts pourcentages à son pied permettent de faire une sélection indiscutable. C’est ici même que Fuglsang parti en solitaire vers sa victoire tout comme Bob Jungels en 2018.
À ceci près que depuis 2019, l’arrivée est de nouveau jugé à Liège. Le final est amputé de la mythique cote de Saint Nicolas, qui été située dans les cinq derniers kilomètres.

Le même final raboté de 1.5 kilomètres dans Liège est conservé par rapport à l’édition 2019. Toujours dans un esprit d’avantager les mouvements victorieux dans La Roche aux Fauçons…

… dont le sommet est situé à 10 kilomètres pour la seconde partie où Alaphilippe s’était extrait avec Marc Hirschi avant d’être rejoint par les deux slovènes (Tadej Pogacar et Primoz Roglic), l’an passé.

Le dernier kilomètre en ligne droite et totalement plat :

  • oblige aux arrivées en solitaire ou aux late attacks pour les moins rapides ;
  • force à négocier un sprint réduit dans une position favorable (c’est-à-dire éviter d’emmener le groupe) ;
  • permet à ce qu’un train puisse lancer parfaitement son sprinteur en cas de comité plus ou moins conséquent.

LA ROCHE AUX FAUCONS, UNE NOUVELLE FOIS DECISIVE ?

Si le vent de face n’est dans l’absolu pas un frein aux offensives, il est indubitablement un obstacle qui devrait favoriser des mouvements plus proches de l’arrivée. Un allier de taille pour la Deceuninck Quick Step. Pour sûr, s’il est un coureur qui est désavantagé par l’abandon de la Côte de Saint-Nicolas. C’est bel et bien Julian Alaphilippe. S’il est un coureur qui souhaiterait tout mettre dans la Côte de la Roche-aux-Fauçons. C’est assurément le champion du monde. Que les autres équipes de leaders soient intéressées par des offensives tardives de leurs hommes forts est du pain béni pour les hommes de Patrick Lefévère qui devraient en conséquence avoir moins de pain sur la planche. Et surtout pour Alafpolak qui n’aura pas à s’épuiser tôt dans une course usante lancée de loin.

J’aime l’ancien format et la combinaison de Saint Nicolas et d’Ans qui probablement correspondent plus à mes caractéristiques, mais c’est toujours une course qui me convient dans son parcours.

https://www.cyclingnews.com/news/julian-alaphilippe-content-to-shoulder-good-kind-of-pressure-ahead-of-liege-bastogne-liege/

Alaphilippe soulignait en interview à l’Equipe que la Roche aux Faucons devrait être une énième fois le juge de paix. Au cours des dernières années, Julian Alaphilippe nous a montré être le meilleur du monde dans ce type d’effort très précis : une difficulté à 10 bornes de l’arrivée suivie d’une descente. Grâce à ses qualités de puncheur, il sait s’extraire en solitaire ou n’emmenant sur son porte-bagage qu’un nombre de coureurs très restreint. Le coureur de la Deceuninck Quick Step a cette faculté inouï à avoir une attaque en double injection. Un second souffle qu’il n’a pas eu au sommet du Cauberg, dimanche dernier. Un élément qui faisait douter de sa forme après un printemps en demi-teinte. Autrement dit, un second punch que personne d’autre n’a. A l’image de son attaque des mondiaux de Bergen et d’Imola où il a, sur ses secondes accélérations, mis la plaque. Grâce à ses qualités de descendeur, Loulou peut maintenir si ce n’est creuser l’écart sur ses adversaires. Grâce à sa résistance au lactique, Juju sait souffrir comme personne pour bien souvent finir en solitaire face à une meute en chasse. Le final de la Roche aux Faucons est très similaire à cette effort « alaphilippesque ». Il y a de cela deux ans sur le Tour de France, le sommet de la cote de Mutigny qui a vu un raid solitaire de Julian Alaphilippe vers son premier maillot jaune était situé à 16 kilomètres de l’arrivée. Le sommet de la cote de la Jallière, qui a vu son attaque pour la reconquête du maillot, suivi seulement de Thibaut Pinot, était à 12.5 kilomètres de l’arrivée. L’an passé, les trois victoires du coureur préféré des français ont eu un goût de déjà vu. D’abord sur le Tour de France avec une attaque dans le Col des Quatre Chemins dont le sommet était situé à 11 kilomètres de l’arrivée. Ensuite lors du mondial d’Imola, Alaphilippe a montré une énième fois être le meilleur coureur du monde dans ce type d’effort puisque le sommet de la Gallisterna était situé à 12 kilomètres de l’arrivée. Enfin, sur la Flèche Branbançonne dans le Mokkesstraat suivi seulement de Mathieu van der Poel avant d’être rejoint par Benoît Cosnefroy. Même si on pourrait citer son effort précisément dans la Roche-aux-Fauçons aved Marc Hirschi avant d’être rejoint par Tadej Pogacar et Primoz Roglic. Le reste appartient désormais à l’Histoire… L’histoire pas toujours glorieuse du meilleur puncheur du monde.

Trois points communs se dégagent de chaque final qu’il a remporté et animé :

  • une cote taillée pour puncheurs
  • suivi d’une descente puis d’une partie plane
  • une distance moyenne de douzaine de kilomètres à parcourir entre le sommet et l’arrivée

Tous les éléments d’une victoire étincelante d’Alaphilippe sont réunis après sa victoire à la Flèche Wallonne. Une victoire qui lui permettrait de rentrer dans le club très fermé des coureurs ayant réussi le doublé :

  • Ferdi Kübler en 1951 et 1952,
  • Stan Ockers en 1955,
  • Eddy Merckx en 1972,
  • Moreno Argentin en 1991,
  • Davide Rebellin en 2004,
  • Alejandro Valverde en 2006, 2015 et 2017
  • Philippe Gilbert en 2011.

Tous les feux sont au vert pour le français qui de retour de stage se sera débloqué à Valkenburg avant de mettre tout le monde d’accord à Huy. Et démontrer que les jambes sont prêtes pour dimanche. Alaphilippe peut faire face à son objectif affirmé du début de saison : Liège-Bastogne-Liège. La chasse gardée autour de Julian est composée de Dries Devenyns et Pieter Serry qui seront mis à l’ouvrage dès l’ouverture de course pour contrôler les échappées matinaux. Pour le final, Mikkel Honoré, James Knox, Joao Almeida et Mauri Vansevenant seront au support du champion du monde dans sa quête. La fougue du premier couplée à sa forme pourrait servir de plan B. Quand le portugais de retour de stage en altitude pourrait faire parler de son expérience de la Doyenne dans les rangs amateurs. L’ayant remporté à la manière avec les U23 en 2018. Des soutiens bienvenus qui lui seront nécessairement profitables.

Mais pour se faire, il faudra se défaire des deux slovéniens. Vainqueur sortant, Primoz Roglic après une anticipation malvenue sur le Mur de Huy arrive en grande forme. Ultra dominant sur Paris-Nice (bien que le Classement Général lui ait échappé le dernier jour) et gardien du Tour du Pays-Basque sans la moindre fausse note, le champion de Slovénie aligne déjà quatre victoires en seize jours de course.

La même garde rapprochée que pour la Flèche Wallonne entourera le vainqueur sortant. La question est dans une course de mouvement, Jonas Vingegaard à l’image de l’Amstel Gold Race sautera-t-il sur tous les coups ou y sera-t-il à l’initiative comme Sam Oomen lors de son attaque avec Richard Carapaz dans le final de dimanche dernier ? C’est toute la question autour du danois qui a ébloui de forme sur la semaine Coppi e Bartali et sur l’Itzulia Basque Country. Les indications de forme semble pourtant tendre, à l’image de la Deceuninck Quick Step, vers une garde très rapprochée de son leader…. A tort ou à raison. Bien qu’ayant remporté le sprint du groupe de cinq coureurs, l’an passé. Il est à noter que Primoz Roglic ne s’impose guère dans les sprints totalement plats. Son explosivité n’a que très peu fait la différence sur un tel final. Il convient tout autant de mesurer sa victoire de l’an passé. Si Alaphilippe n’avait pas levé les bras trop tôt, Roglic n’aurait pas gagné. Évidemment, Alaphilippe se serait fait déclassé pour sa vague. Mais ce n’est que révélateur de plus d’une domination sur ce type de sprint dont il n’est maître. D’autant que si vague il n’y avait pas eu, Roglic aurait été battu au minima par Marc Hirschi qui semblait s’envoler vers un doublé Flèche – Doyenne et probablement par son compatriote.

Tadej Pogacar après avoir été mis à l’écart de la Flèche Wallonne avec son équipe arrive sur LBL avec les crocs. Une mise hors course qu’il aura pallier par une sortie d’un peu plus de 200 bornes sur le parcours de Liège – Bastogne – Liège : https://www.strava.com/activities/5167401379
S’il est un coureur qui s’affiche en grande forme, c’est le vainqueur du Tour de France sortant. Vainqueur du UAE Tour, Pogi aura poursuivi sa domination du cyclisme mondial en s’adjuvant le Tirreno-Adriatico. Avant de tomber face à un os sur le Tour du Pays Basque où son compatriote à repris la main dans un duel qui risque de rythmer l’été prochain sur le prochain Tour. Mais si Pogacar a perdu tout espoir de disputer la gagne à Arrate, il a sans doute paru être le plus costaud ce jour-là. Ce qui laisse planer quelques regrets derrière lui, surtout pour les suiveurs. Comme l’an passé, il serza sans doute compliqué de se défaire du prodige slovène dans la Côte de la Roche-aux-Fauçons. En cas de sprint réduit, s’il était un des deux du duo slovène à choisir, ce serait le plus jeune des deux. Le duel n’est pas si déséquilibré si on se fit à l’arrivée de La Roche-sur-Foron mais le sprint de Laruns aura démontré que Pogacar peut briller tant dans des sprints en bosse par son puncheur que plat par son explosivité. Si Tamau Pogi est entouré par le très explosif Marc Hirschi qui s’alignait sur les ardennaises avec ambition. Le début de saison repoussé a semble-t-il eu raison des desseins du jeune suisse, élève de Fabian Cancellara. Sans doute, faut-il plus compter sur l’expérimenté Davide Formolo pour porter haut son coéquipier. Il est vrai que l’italien est l’architecte de la victoire de Pogacar sur le Tirreno Adriatico notamment sur l’étape de Castelfidardo. 2e en 2019 et 7e en 2018, le tracé de la Doyenne correspond parfaitement aux caractéristiques de Formolo qui pourrait être une option si jamais les UAE émirates veulent une course dynamique.

Cependant, les trois équipes des grands favoris se profilent plutôt vers une course défensive ; en attente de la Roche-aux-Fauçons. Ce qui n’est pas le cas des Ineos Grenadiers qui avec le renoncement de Tom Pidcock s’affiche en véritable trouble-fête. Sans le prodige britannique, le leadership semble s’être placé sur les épaules de Michal Kwiatkowski. Techniquement, Adam Yates aurait été un leader plus naturel dont un sprint en comité réduit peut sourire. Mais ni le Tour du Pays Basque en deça des espérances, ni la Flèche Wallonne n’ont rassuré sur le british. Qui a une facheuse tendance à commencer ses saisons trop fort et le payer à l’approche des Grands Tours. Si les mouvements doivent avoir lieu dans la Redoute, Richard Carapaz s’affiche comme une option crédible dans un mouvement lointain. Convainquant sur l’Amstel Gold Race où sa présence dans le groupe de tête aura donné les nuts à ses coéquipiers mais aussi sur la Flèche en attaquant dans le final (dans le Chemin des Gueuses). Le problème de l’équatorien comme pas mal de coureurs qui doivent anticiper la côte finale repose sur sa faiblesse au sprint. Sa force repose sur son intelligence de course sachant profiter du moindre moment où un groupe se regarde pour s’en extraire. Cependant, le Pole reste la carte maitresse de l’équipe britannique. Son retour de stage en altitude lui permet de profiter de ce travail en altitude pour supporter une journée valonnée et usante. Maître du placement, Kwiatko est rarement hors coup. En cas de sprint réduit, la vitesse parle clairement en sa faveur et en fait nécessairement un prétendant à prendre au sérieux.

A chaque équipe son némesis. La Movistar fera partie de ces équipes qui voudront absolument une décision finale dans la Roche-aux-Fauçons pour Alejandro Valverde. Né un 25 avril, Bala fêtera ses 41 ans dimanche. Gardien de quatre victoires sur la Doyenne, une cinquième victoire le placerait ex-aequo avec le grand Merckx. Depuis sa victoire au GP Miguel Indurain, Papy semble avoir retrouvé une seconde jeunesse après deux saisons décevantes. Le Tour du Pays Basque a montré que le champion du monde 2018 est définitivement de retour.

Sa troisième place à la Flèche Wallonne n’est qu’une énième preuve que Bala est proche de son meilleur niveau malgré son âge avancé. Le punch n’est plus celui d’antan mais l’arrivée de l’Amstel aura exposé aux yeux de tous à quel point il ne faut pas enterrer Valverde si vite. Deuxième du sprint du groupe pour la quatrième place, il n’a été battu que par Michael Matthews. Alors qu’il aura été à l’initiative du sprint en lançant depuis le panneau 300 mètres. Un sacré effort qui aurait du le contraindre à une place moins honorifique.

editionplacejour
2019DNF28 avril
20181322 avril
2017123 avril
20161624 avril
2015126 avril
2014227 avril
2013321 avril
2012DQS22 avril
2010325 avril
20091926 avril
2008127 avril
2007229 avril
2006123 avril
20053324 avril

Liège-Bastogne-Liège est toujours dans le sillage de son anniversaire. Mais ce n’est que par une occasion que Bala a eu l’occasion de courir le fameux jour. Fait intéressant, en quatorze participations il aura fini pas moins de huit fois dans le Top 10… Toute sur le podium de la Doyenne. Peut-on attendre un Valverde intenable dans le final ? Si les résultats ne sont pas toujours là, on se souviendra d’un Valverde remuant derrière Bob Jungels en 2018.

Si la bataille des puncheurs semble tendre vers une extraction du peloton des deux slovènes, d’Alaphilippe et potentiellement Valverde. D’autres coureurs notamment grimpeurs peuvent avoir un mot à dire mais il ne faut pas pour autant effacer le scénario d’un groupe faisant jonction avec les coureurs pré-cités. Le vent de face peut favoriser un regroupement. Si le résultat des années précédentes ne montre pas de groupes réduits d’une quinzaine d’unités, il n’en a jamais été loin. Même les années pourtant moins favorables de la Côte de Saint-Nicolas s’en approchait. Mais il faut remonté à 2015 pour voir pareil scénario. En ordre de marche, les équipes de sprinteurs passant bien les difficultés peuvent répondre présentes pour mener ladite chasse sur le chemin de Liège. Mais il ne faudra pas tarder et se regarde dans le blanc des yeux. En pole position de ces sprinteurs, Michael Matthews est l’homme à nécessairement mentionné. En grande forme, l’australien faisait partie des hommes à accrocher le wagon sur le Cauberg mais ayant subi la cassure causée par Julian Alaphilippe. Sa quatrième place à l’Amstel est le reflet de ce que Bling-Bling est capable du mieux. La forme est présente depuis Paris-Nice où il aura été le seul à relancer au sommet du Mur de Durbize derrière Primoz Roglic. Des capacités dans les pentes raides déjà vu à Imola dans la Gallisterna qui n’était pas loin de lui offrir une nouvelle médaille mondiale. Bien sûr, l’équipe peut compter sur Esteban Chaves qui pourrait faire parler de son retour au sommet mais son sprint est loin d’être un gage en petit comité. Tandis qu’un Lucas Hamilton était en vue cette saison offre plus de garanties de ce point de vue.

A la double casquette, les Astana Premier Tech font partie des équipes qui comme les Ineos Grenadiers peuvent dynamiter la course de partout avec Omar Fraile, Luis Leon Sanchez, Alexey Lutsenko tous rapides au sprint et en grande forme mais aussi Jakob Fuglsang plus en attente de la Roche-aux-Fauçons. Tout comme jouer dans le final non pas du surnombre mais pour Alex Aranburu en cas d’option sprint en comité réduit. L’équipe a montré toute la volonté de sacrifice pour son sprinteur polyvalent. Sa grande forme et sa surprenante 13e place à la Flèche Wallonne montre que le basque a passé un cap. Déjà entre-aperçu sur le Tour du Pays Basque en étant tout le temps à l’offensive que ce soit à Sestao (étape qu’il a gagné), à Ondarrao et à Arrate. La question est-il assez rapide pour battre Matthews en face à face dans un sprint plat ? Un léger doute plane pour un coureur qui n’a pas vraiment la finesse tactique dans les finales d’étape.

Si la durabilité de Daryl Impey dans le final de Liège-Bastogne-Liège pose question. Michael Woods se pose parmi les puncheurs en forme pouvant suivre l’attaque attendue de Julian Alaphilippe. Evidemment, il n’est pas sans rappeler que comme à l’accoutumé Alaphilippe devra répondre en ayant la pancarte… ou plutôt un véritable panneau publicitaire. Cette fois, Rusty Woods se présente dans une difficulté où il peut faire partie des hommes de tête. Si sur le papier le Mur de Huy correspond aux capacités du canadien dans les forts pourcentages. Son placement qui a tendance à pêché n’a pas été la course de son podium raté. Mais plutôt son inaptitude à savoir frotter dans les moments cruciaux, conséquence de ses mauvais placements. Or, dans le final du jour Woods peut aisément pallier à ce défaut. Mais son sprint n’est pas le meilleur et pour échapper et faire la nique au meilleur. Le coureur d’ISN est contraint au même schéma qui l’a fait remporter l’étape de Villanueva de Valdegovia sur la dernière Vuelta : anticiper et arriver en solitaire. Une tâche ardue qui l’enlève sans doute des prétendants du jour.

Evidemment, les coureurs comme David Gaudu, Guillaume Martin, Warren Barguil, Maximilian Schachmann, Ide Schelling, Patrick Konrad, Quinten Hermans, Ben Tulett, Ben O’Connor, et bien d’autres méritent une mention parfois plus qu’honorable.

PRONOSTICS

Coureurstype de classementcotemisebookmaker
🇫🇷Julian Alaphilippe ou 🇸🇮Tadej PogacarVainqueur 🏆31 %L'expresso Sur Winamax : L'avis Des Professionnels, Bloggers et Joueurs -  PokerEnLigne.com
🇪🇸Alejandro ValverdePodium 🏅3.50.35 %https://www.topmercato.com/paris-sportifs/wp-content/uploads/2020/09/Unibet-Logo-white.png
🇫🇷Julian AlaphilippeVainqueur 🏆6.50.5 % L'expresso Sur Winamax : L'avis Des Professionnels, Bloggers et Joueurs -  PokerEnLigne.com
🇦🇺Michael Matthews Vainqueur 🏆 400.15 %https://www.topmercato.com/paris-sportifs/wp-content/uploads/2020/08/logo-zebet.png

Pour les petites BK, le boost Winamax sur le podium d’Alaphilippe est plus qu’intéressant et à prendre impérativement.

Valverde déjà pris à 4.8 sera comptabilisé à la cote article et non Discord.

Tour des Flandres 2021 Preview

De Ronde van Vlaanderen version 2021 ressemblera à s’y méprendre au parcours 2020. Avec ses 254.3 kilomètres qui seront à parcourir, la 105e édition évite cependant l’amputation d’une quizaine de kilomètres de l’an passé. Mais cette année encore l’abandon du Mur de Grammont se poursuit. Plus symbolique que décisif, le Mur de Grammont n’était guère l’endroit clé du parcours étant situé beaucoup trop loin de l’arrivée depuis le changement de parcourir opéré en 2012.
Par rapport à l’édition 2019/2020, le final reste le même avec l’enchainement mythique (Kruisberg, Vieux Quaremont et Paterberg) suivi des treize derniers kilomètres sans difficultés menant à Audenarde.

LE VIEUX QUAREMONT, NOUVEAU JUGE DE PAIX DEPUIS LE FINAL A AUDENARDE ?

editionssecteur clé pour la victoiredistance de l’arrivéenombre de coureurs s’y degageant
2020Descente Steenbeekdries393
2019Oude Kwaremont171
2018Oude Kwaremont191
2017Oude Kwaremont551
2016Paterberg131
2015Sommet du Kruisberg en facteur282
2014Descente vers Ronce312
2013Oude Kwaremont182
2012Oude Kwaremont183

Depuis le remplacement en 2012 du final Mur de Grammont – Bosberg par le Vieux Quaremont – Paterberg, la course s’est jouée par cinq fois sur les neufs éditions qui ont eu lieu dans le Vieux Quaremont (par quatre fois dans son dernier passage). Du moins par cinq fois, les vainqueurs s’y sont isolés définitivement et s’y sont maintenus hors portée de fusil d’un groupe de chasse désireux d’accrocher le précieux Monument à leur palmarès.

MontNomDistance de l’arrivéelongueurpente moyennepente maximalerevetement
1Kattenberg152.1 km800 m6 %11 %asphalte
2Oude Kwarement133.1 km2200 m4 %11.6 %1500 m pavé
3Kortekeer122.6 km1000 m6.7 %17.1 %asphalte
4Eikenberg114.9 km1200 m5.2 %10 %pavé
5Wolvenberg111.8 km645 m7.9 %17.9 %asphalte
6Molenberg101.9 km463 m7 %14.2 %300 m pavé
7Marlboroughstraat97.9 km2040 m3 %7 %asphalte
8Berendries93.9 km940 m7 %12.3 %asphalte
9Valkenberg88.5 km540 m8.1 %12.8 %asphalte
10Berg Ten Houte76.1 km1100 m6 %21 %400 m pavé
11Kanarieberg70.6 km1000 m7.7 %14 %asphalte
12Oude Kwarement 54.6 km2200 m4 %11.6 %1500 m pavé
13Paterberg51.2 km360 m12.9 %20.3 %pavé
14Koppenberg44.6 km600 m11.6 %22 %pavé
15Steenbeekdries39.2 km700 m5.3 %6.7 %asphalte
16Taaienberg36.7 km530 m6.6 %15.8 %500 m pavé
17Kruisberg/Hotond26.5 km2500 m5 %9 %450 m pavé
18Oude Kwarement 16.7 km2200 m4 %11.6 %1500 m pavé
19Paterberg 13.2 km360 m 12.9 % 20.3 %pavé

A franchir par trois fois, le deuxième passage du Vieux Quaremont est souvent un passage charnier dans la course. Mais c’est évidemment sa longueur notamment ses 1.5 kilomètres pavés qui en font un secteur clé et privilégié pour s’isoler.

editionsvainqueur RVVplace à OHNPlace à E3place à GWEplace à DDV
2020Mathieu van der Poel//9 dans le groupe pour la victoire/
2019Alberto Bettiol/4 dans le groupe pour la victoireDNF51
2018Niki Terpstra51Victoire en solitaire399
2017Philippe Gilbert132 dans le groupe pour la gagne/2
2016Peter Sagan2 dans le groupe pour la gagne2 dans le groupe pour la victoire1/
2015Alexander Kristoff114 dans le groupe pour la troisième place9/
2014Fabian Cancellara/9 dans le deuxième groupe38/
2013Fabian Cancellara/Victoire en solitaireDNF/
2012Tom Boonen2 dans le trio pour la gagneVainqueur du sprint du pelotonVainqueur groupe des leaders/
2011Nick Nuyens/38 dans le cinquième groupe39Vainqueur du sprint du peloton
2010Fabian Cancellara/Vainqueur d’un trioDNF16 dans le peloton pour la deuxième place
2009Stijn Devolder736 dans le deuxième groupe pour la quatrième place5 dans le troisième groupe/
2008Stijn Devolder699 dans le troisième groupe pour la septième place6361
2007Alessandro Ballan/10 dans le deuxième groupe pour la sixième place//
2006Tom Boonen13 dans le cinquième groupeVainqueur d’un duo1175 dans le peloton pour la deuxième place
2005Tom Boonen2 dans le peloton pour la deuxième placeVainqueur d’un duo/80

Placé plus tôt dans la saison, briller à l’Omloop Het Nieuwsblad n’a guère bien réussi pour qui désire gagner le Tour des Flandres. Cependant, nombre de vainqueur ce sont illustrés au cours de leur saison de sacre. A l’image d’Alexander Kristoff qui n’aura certes pas accroché une autre flandrienne mais aura au départ du Ronde affiché un compteur de dix victoires en 2015.

Mais s’ils l’on compare les différentes flandriennes du calendrier qui ont eu lieu, c’est très nettement le Grand Prix E3 Saxo Bank Classic qui est le plus révélateur. Depuis 2005, hormis Nick Nuyens en 2011, tous les vainqueurs du Tour of Flanders ont figuré dans le Top 10. Une statistique qui en dit long mais Wout van Aert, 11e de la course et grand favori pour dimanche dira que « si les hommes mentent, pas les chiffres ; cependant les hommes peuvent faire mentir les chiffres« .

Le Berg Ten Houte est certes situé à 76 kilomètres de l’arrivée, ce qui le place loin de l’arrivée. Mais sa complexité avec 21 % en font un secteur où la course peut clairement imploser. C’est le secteur qu’a choisi Dylan van Baarle pour s’isoler et s’envoler vers une victoire en solitaire sur Dwars Door Vlaanderen (A travers la Flandre).

Moins pentu que le Berg Ten Houte, attention au Kanarieberg qui pourrait permettre d’accentuer l’avance prise dans le mont précédent. La course ne s’y gagne certainement pas, mais elle s’y perd assurément.

A 50 bornes de l’arrivée, les choses sérieuses commencent bel et bien réellement. La course ne débranche plus. Rare y sont les répits.

Le Koppenberg, un temps jugé trop dangereux, est un incontournable depuis 2008. 500 mètres à 13,3 % pour une pente maximale à 21.6% sur des pavés qui ont marqué sa légende en l’interdisant pour sa dangerosité. Le sommet étant à 45 kilomètres de l’arrivée, le raidar mythique invite aux mouvements.

Pas un secteur où la course se joue. Quoi que, c’est en facteur en faisant un trou dans la descente qui s’en suit que Julian Alaphilippe suivi de Mathieu van der Poel se sont extirpés l’an passé. Avant d’être rejoint par Wout van Aert et de filer vers une victoire certaine.

Le Taaienberg est une ascension de 600 mètres à 6.8% pour une pente maximale à 14,8%. Renommé en Belgique, Boonenberg le raidar est la rampe préférée de Tommeke. Tout le monde aura en souvenir l’ironie du destin qui a frappé le champion belge avec son double incident mécanique au pied de « SON » ascension. Peu décisive mais génératrice d’un écrémage constant, le Taaienberg n’échappe jamais à la règle avec un sommet situé à 37 kilomètres de l’arrivée.

Le Kruisberg ou le premier du tryptique final. 500 mètres à 8.2 % et une pente max à 10.5 %. Situé à 27 kilomètres, les attaques y sont monnaie courante pour anticiper le final. Une anticipation qui peut s’avérer payante comme celle de Niki Terpstra en 2018 qui y avait assis son sacre avant de déposer de manière décisive les derniers survivants de l’échappée dans Oude Kwaremont.

Mais c’est en général et à l’instar des grandes classiques dans le final que tout se joue.

Le vieux Kwaremont est l’ascension iconique du Flandre. Parcouru trois fois au cours de la journée, il aura marqué l’année 2017 avec la chute de Sagan et de Greg van Avermaet. 2.5 kilomètres à 3.7%, la pente maximale est tout de même à 12.3%. L’ascension du vieux Kwaremont est faite à bloc. C’est ici même qu’Alberto Bettiol à l’instar d’un Fabian Cancellara y a construit sa victoire finale grâce à une attaque tranchante.

Le Paterberg ou le mur de la dernière chance. Son sommet n’est qu’à un petit 13 kilomètres de la ligne d’arrivée à Oudenaard. 400 mètres à 13.1% et une pente vertigineuse à 21.3%, l’ascension est parfaitement pour les puncheurs. Sagan en 2016 n’hésita pas à attaquer Sep Vanmarcke pour se diriger vers une victoire en solitaire.

Reste les 13.5 kilomètres de plat menant à Audenarde…

… avec une dernière ligne droite finale pour un sprint impérial en comité réduit ou pour savourer une victoire en solitaire comme il se doit.

Un triumvirat si friable

A l’entrée des classiques, après un Strade Bianche autoritaire et un Tirreno-Adriatico tyrannique, le trio Mathieu van der Poel, Wout van Aert et Julian Alaphilippe était attendu pour écraser les flandriennes et ne laisser que des miettes à leur adversaire. Mais seulement Gent-Wevelgem s’est offerte au belge de la Jumbo-Visma. Même Milan san Remo a échappé aux trois champions. Une aubaine pour les opposants qui peuvent se réjouir d’un duel fratricide qui a fini harakiri.

Pour certains, la victoire de Wout van Aert à Wevelgem est teinté d’une baisse de forme, n’ayant réussi à faire la différence dans les monts. Mais avec un coéquipier dans le final et surtout 35 kilomètres à parcourir en solitaire, deux jours après un E3 éprouvant. Marqué par des bourraques et une course dynamitée très tôt. En avait-il l’intérêt ? Des trois, Wout van Aert semble être le plus fort du moment. Lâché dans les derniers kilomètres menant à Harelbeke, le double vice-champion du monde 2020 avait subi une crevaison au pire moment et avait dû payer les efforts consentis pour rentrer sur le groupe de tête après un contre dont il ne pu répondre. C’est à A travers la Flandre que Mathieu van der Poel a déçu en lâchant dans le Knokteberg. Là où Julian Alaphilippe l’a rejoint alors que le champion du monde était distancé de long date.

Pourtant, si MVDP et WVA n’ont pas autant brillé que prévu, c’est le Wolfpack qui s’est mis en avant. D’abord, en gagnant l’Omloop Het Nieuwsblad avec Davide Ballerini mais surtout en s’adjuvant à la manière l’E3 Saxo Bank Classic avec Kasper Asgreen. Une véritable masterclass dont seule l’équipe de Patrick Lefévère est capable. Mais les récents indicateurs obcurcissent l’horizon de la Deceuninck Quick Step. D’abord, le Wolfpack a subi la bordure initiée par les Ineos Grenadiers sur Gent Wevelgem. Ne pouvant appliquer la tactique : isoler, être en surnombre, esseuler. Une invisibilité du collectif sur Dwars Door Vlaanderen. Qui n’est jamais de bon ton à cinq jours du Ronde.

L’effectif du Wolfpack aligne l’armada : Julian Alaphilippe, Florian Sénéchal, Kasper Asgreen, Yves Lampaert, Zdenek Stybar, Bert van Lerberghe, Tim Declercq. Evidemment, les deux derniers sont au service du collectif tandis que les cinq autres sont des cartes diverses pour la gagne. Un grand Davide Ballerini serait sans doute cité parmi les leaders mais les récentes courses l’ont mis sur la touche. Sa présence est justifiée par l’absence de dernière minute de Zdenek Stybar. Dans une course mouvementée, Julian Alaphilippe est le leader naturel. A l’image d’un Tommeke champion du monde, la superstar français a une aura au sein du collectif où il est attendu pour faire la différence soit dans le Vieux Quaremont, soit dans le Paterberg. Comme il l’a déjà fait dans des finaux au profil similaire où Loulou s’est imposé au cours des trois dernières années :

  • Poggio -MSR 2019 (3.3 km à 3.7 % – max : 8 %) : 5.4 kilomètres de l’arrivée
  • Cote de Mutigny – TDF 2019 (900 m à 12.2 %) : 16 kilomètres de l’arrivée
  • Cote de la Jallière – TDF 2019 (1.9 km à 7.9 %) : 12.5 kilomètres de l’arrivée
  • Col des Quatre chemins – TDF 2020 (3.6 km à 7.6 %) : 11 kilomètres de l’arrivée
  • Gallisterna – Mondiale 2020 (2.7 km à 6.4 %) : 12 kilomètres de l’arrivée

Toutes les interrogations demeurent sur sa forme. Le français est sorti d’un Tirreno-Adriatico exténuant où il a réussi à remporter une étape. Ayant observé une période de repos d’une semaine, sa course de mercredi n’a pas donné de vrais bons indicateurs. Mais ne s’est-il pas réserver pour dimanche alors qu’il a une revanche à prendre avec le Tour des Flandres après sa chute de l’an dernier ?

L’effectif aligne en co-leader Florian Sénéchal, très en vue depuis le début de saison. Poisson pilote de Davide Ballerini dans le final de l’Het Nieuwsblad. Le vainqueur de Paris-Roubaix chez les juniors il y a 10 ans s’est montré tout autant à son avantage sur Bredene Koksijde (3e), l’E3 (2e) et A travers les Flandres (9e). Sa pointe de vitesse en fait un coureur redoutable en cas d’arrivée en petit comité. Ayant battu au sprint Mathieu van der Poel à Harelbeke.

Je suis bien évidemment très déçu du report de Paris-Roubaix 2021, même si je comprends les contraintes sanitaires. C’est une situation frustrante pour moi comme pour tous les nombreux fans de cette course. À titre personnel, je comptais me mettre en évidence sur ces routes mythiques, montrer tout mon potentiel. En général, les contrats professionnels se négocient à partir de mai jusqu’en juillet. Un report en octobre pénalise un coureur comme moi. Néanmoins, je serai sur La Vuelta pour préparer les Mondiaux. Si Paris-Roubaix a lieu la semaine après les Mondiaux, je serai prêt à 100%, vous pouvez me faire confiance.

florian senechal – 1er avril 2021 sur Twitter (tweet supprimé)

La période est charnière pour Séné, qui joue gros sur le Tour des Flandres avec le report de Paris-Roubaix. Si le talent du français est indubitable et que beaucoup aimerait signé un tel coureur. C’est surtout le poids d’un Monument dans le palmarès qui pèserait sur l’aspect financier de la négociation. Une envie de briller qui transcenderait le frenchy mais qui a aussi un poids négatif : l’aspect mental. De mauvaises décisions peuvent en découler, s’il considère qu’il joue son va-tout sur le Monument pavé des Flandres. Une potentielle épine dans le pied de la DQS, qui peut en subir les conséquences tactiques. Evidemment, rien n’est réellement perdu d’avance. Paris-Roubaix sera reporté juste après le Mondial dans les Flandres où il place son second pic de forme. Le français y sera tout autant en condition qu’actuellement.

A l’instar de l’E3, Kasper Asgreen tout comme Yves Lampaert ont un coup à jouer sur une attaque lointaine comme d’une late attack (attaque au kilomètre). Si le danois peut être mis à contribution plus facilement que le rouleur belge tôt dans la course. La forme de Lampaert malgré ses résultats est édifiante sur les récentes courses. Nul doute que si Lampy n’avait pas creuvé dans le final de l’E3, avec le raid solitaire d’Asgreen, il aurait probablement été la première carte late attack dans le final. Cette dernière a été exécutée avec brio par la danish dynamite. Que ce soit Paris-Roubaix 2019 où Lampaert aura joué le rôle d’équipier de luxe et pris la troisième place ou du Ronde l’an passé en accrochant une cinquième place. Le champion de belge 2018 est dans sa maturité, jamais bien loin de décrocher la plus belle victoire de sa carrière.

Evidemment face au Wolfpack, les deux grands favoris sont les éternels rivals dans les sous-bois. Mathieu van der Poel pourrait être à la fin de son pic de forme qu’il avait prévu de maintenir jusqu’à dimanche. Mercredi n’a pas été pour rassurer. Mais le champion du monde de cyclo-cross 2021 a-t-il subi un jour sans ? Les premières chaleurs lui ont-elles couper les pattes ? L’équipe pour emmener le tenant du titre n’est pas la plus forte sur le papier mais compétitive. Mais c’est véritablement, Gianni Vermeersch qui sous les radars fournis un travail qualitatif. 14e des Strade Bianche, 9e de l’E3 et 10e de Gent Wevelgem sont des placettes plus qu’honorifique. Si la Alpecin Fenix est inspirée, l’équipe aurait tout intérêt à avoir un plan B à MVDP. Mais si le néerlandais est en forme, il ne serait pas inopportun de placer un pion devant. Voire tout au moins d’envoyer un coureur dynamiter la course soit dès le Berg Ten Houte ou dans le deuxième passage du Vieux Quaremont. C’est ici que Vermeersch peut tirer son épingle du jeu et profiter éventuellement du marquage à l’arrière pour être dans le haut du panier. Sa pointe de vitesse au sprint comme nombre de cyclo-crossmen est rapide, ce qui lui confère une certaine confiance en arrivée en petit comité.

Mais avant cela, il faut se défaire de Wout van Aert qui apparait comme le grand favori. Dans une forme qui ne semble que se bonifier malgré un Tirreno-Adriatico toujours sur les devants de la scène. Le belge arrive en confiance après sa victoire à Gent-Wevelgem. L’équipe est forte pour mener la chasse. Toute la question est de savoir si l’équipe pourra l’accompagner le plus loin possible pour contrer le surnombre de la DQS avec un Nathan van Hooydonck qui aura annihiler toutes les tentatives dans le final de la dernière flandrienne disputée et remportée par son leader. La stratégie du belge se résumera sans doute à durcir de loin. Dès le Berg Ten Houte dont les rampes sont difficiles pour esseuler au mieux les équipes les plus sur-représenter et tenter un écrémage plus conséquent tôt dans la course. En arrivée groupée, le coureur polyvalent de la Jumbo-Visma a montré être l’un des plus rapide du peloton. Allant jusqu’à faire la nique à Caleb Ewan. Les erreurs de son sprint à l’arrêt, lancé aux 200 mètres sont retenus. Avec Paris-Roubaix de décaler, son calendrier est revenu mais l’objectif Tour des Flandres demeure.

Derrière ces pourfendeurs de classiques, l’équipe AG2R Citroën La Mondiale aligne son duo d’amis inséparables : Greg van Avermaet et Oliver Naesen. Les deux belges de l’équipe français ont tout d’un duo de choc mais n’ont pas réussi à trouver la clé jusqu’à présent.

Exit, la mise en quarantaine la semaine dernière pour cas de Covid-19. La Trek-Segafredo aligne son trio de sprinteurs : Jasper Stuyven, récent vainqueur de Milan San Remo, Edward Theuns et Mads Pedersen dont l’énorme potentiel n’est plus à démontré. Quinn Simmons découvrira le Monument, comme beaucoup de grandes courses World Tour. 19 ans mais un véritable phénomène qui n’a pas hésité récemment à mettre le feu au poudre dans le peloton. Potentiellement, la distance sur une course si compliquée peut poser un problème quand à sa durabilité. Mais l’américain aura sans doute, le rôle de dynamiteur au sein du peloton afin d’agiter le final.

Si l’on parle de mise à l’écart à cause du coronavirus, on peut tout autant mentionner la Bora Hansgrohe qui emmenera son triple champion du monde, Peter Sagan et Nils Politt en fer de lance sur le Ronde. Le slovaque en préparation jusqu’à présent arrive dans la partie de son calendrier avec des objectifs en tête et annoncé. L’allemand lui transfuge de la Israel Start Up Nation est un coleader qui a tout autant son mot à dire au vue de la forme affichée sans doute plus convaincante que Peto. Un candidat assurément redoutable si les jambes de 2019 sont présentes.

Une équipe agichante sur le papier mais terriblement décevante dans les faits. La EF Education First aligne le vainqueur 2019, Alberto Bettiol qui n’est pour l’heure que l’ombre de lui-même… Abonné aux abandons.

Que penser de Sep Vanmarcke ? Si les résultats sont en mi-teintes, le belge est à ne pas s’y méprendre en forme. Et le leader de la Israel Start-Up Nation a toujours bien figuré dans le final du Ronde.

Mais si l’on regarde les éditions précédentes, Dylan van Baarle est un coureur toujours présent. Le vainqueur de mercredi a obtenu une victoire à la manière après un raid solitaire de 50 bornes. Problème pour le néerlandais des Ineos Grenadiers, il est réduit à reproduire le même schéma et d’arriver en solitaire. S’il faisait partie des coureurs à marquer par Wout van Aert. Sa victoire l’a mis dans une position un peu plus délicate pour le Ronde. Mais les Ineos ont le prodige Thomas Pidcock pour y remédier. Le britannique est la star montante depuis les rangs amateurs où sa progression bien que spectaculaire est linéaire. Dans le final de Milan San Remo, il aura montré qu’il n’était pas avare d’efforts. Prenant en main la descente du podium, avant d’immédiatement tenter de faire le jump sur l’attaque de Stuyven et ne pas compter sur les autres. Le défaut majeur actuellement du british est son placement qui lui coûte de l’énergie en replacement. Mais les monts flandriens imposent une vigilance de tous les instants.

Un problème de placement dont Stefan Küng ne souffre pas. La bête à rouler de la Groupama-FDJ est en démonstration sur les classiques, en étant très souvent en vue dans les groupes de tête. L’épine dans le pied du suisse : son sprint. A l’image de nombre de coureurs, King Küng est réduit à une late attack mais sait-il surprendre dans un exercice où il est attendu ? Gent-Wevelgem a montré que non.

Wout van Aert en interview ciblait deux coureurs sous les radars dont il faut se méfier par leur régularité. Anthony Turgis était le second. Toujours présent dans les Top 10 (15 en vérité) des flandriennes actuellement, le français de la Total Direct Energie est en vue en ce moment. 15e de l’Het Nieuwsblad dans un sprint assez décousue ; 2e de Kuurne-Bruxelles-Kuurne derrière le très rapide Mads Pedersen ; 12e de l’E3 ; 9e de Gent-Wevelgem en ayant loupé le coup par erreur, le français aura animé le final en s’extirpant du groupe de contre (qui avait course perdu) pour aller chercher une placette et 8e d’A Travers les Flandres. Le français est un coureur offensif, malin et rapide. Ce n’est pas étonnant de l’avoir vu prendre la quatrième place l’an passé.

Mais il faudra pour ça se défaire de coureurs rapides, tout autant en vue dernièrement : Tiesj Benoot pour la Team DSM avec une option attaque lointain ou late attack de Soren Kragh Andersen, Michael Matthews pour la Bike Exchange, Matteo Trentin pour la UAE Emirates, Michael Gogl en dynamiteur pour la Qhubeka Assos, Christophe Laporte pour la Cofidis Solutions Crédits, Sonny Colbrelli pour la Bahrain Victorious qui pourra compter sur un Heinrich Haussler vieillissant mais toujours aux avants-postes, Arjen Livyns toujours présents dans les groupes de tête et même un surprenant Warren Barguil plus qu’alaise sur les pavés.

Pronostics

Wout van Aert vainqueur : 4 – 1 % (Winamax)

Florian Sénéchal vainqueur : 20 – 0.15 % (Betclic)

Florian Sénéchal podium : 6.25 – 0.3 % (NetBet)

Yves Lampaert vainqueur : 25 – 0.15 % (Betclic)

Yves Lampaert podium : 7.25 – 0.3 % (NetBet)

Gianni Vermeersch podium : 45 – 0.1 %(NetBet)

Milan San Remo 2021 Preview

 

Plan Milan Sanremo 2021 – ©️ RCS MediaGroup S.p.A
 
Premier des cinq Monuments de la saison, situé juste avant le week-end du passage à l’heure d’été, la « Primavera » sonne le glas de la « belle saison ». Traduisible par « Printemps », la classique printanière se déroule traditionnellement au début de la deuxième quinzaine de mars.

Profil Milan Sanremo 2021 – ©️ RCS MediaGroup S.p.A

 
Avec ses 299 kilomètres à parcourir de la capitale lombarde à la pointe de la Ligurie au porte de la frontière transalpine, la Classicissima est la course la plus longue de l’année, avec un dénivelé positif de 2020 mètres.

Si l’édition 2020 avait été marquée par un final remodelé avec le Colle di Nava en difficulté usante à 70 bornes de l’arrivée. Les Capi Mele, Cervo et Berta signeront leur retour pour cette 112e édition au 2020 mètres de dénivelé positif.

Le mythique final avec l’enchaînement Cipressa – Poggio reste une nouvelle fois inéluctable. Que le Covid-19 n’aura pas réussi à déboulonner, le Conseil de sécurité de la Préfecture de San Remo ayant pris les mesures adéquates (interdiction du public, fermeture des commerces sur la Via Roma, et cetera) afin de ne pas excentrer le final du centre ville comme la municipalité le désirait lors des négociations avec les organisateurs.

La Cipressa, un incontournable depuis 1982

Située à 21.5 kilomètres de l’arrivée, la montée n’a rien de terrifiant sur le papier. D’ordinaire 5.7 kilomètres à 4 % ne cause guère problème mais avec plus de 6 heures de course, les jambes lourdes et les gradients de la Cipressa nuissent aux hommes les moins frais sur les très longues distances. Seulement, il est un problème de taille : les 12.4 kilomètres de vallée qui séparent son sommet du Poggio. C’est pourquoi les attaques y sont devenues rares. Des grimpeurs se sont aventurés à y lancer des offensives comme Marco Pantani en 99 ou Vincenzo Nibali en 2014. Mais il faut néanmoins remonter à 1996 et l’attaque de Gabriele Colombo, bien inspiré comme Gianni Bugno six ans plus tôt, pour retrouver une attaque victorieuse dans celle-ci.

Le Poggio, un juge de paix depuis 1960

Le Monument est considéré comme la classique des sprinteurs, des grands noms du sprints comme Rick Zabel (gardien de quatre victoires), Mario Cipollini (2002), Mark Cavendish (2009), et consorts s’y étant imposés. Mais il est toutefois à noter que les groupes à l’arrivée y sont fortement réduits : 21 coureurs en moyenne sur les 20 dernières éditions. Là où dans les années 80 et 90, les échappées au long court et les attaques dans le Poggio avaient tendance à être victorieuses devant le retour d’un peloton ne se partageant que les miettes. Le pied est une bataille de tous les instants dans le placement des différentes formations et il n’est pas rare d’y voir des chutes comme celle de Mark Cavendish en 2018.

Technique et rapide, la descente du Poggio est le dernier endroit où les plus téméraires peuvent tenter de creuser un écart suffisant…

… pour entamer les 2.29 kilomètres de Boulevard menant à la via Roma. Cependant, très peu ose ce pari risqué comme Sean Kelly le fît en 1992 ou plus récemment Nibali en 2018.

La tendance des 10 dernières années semble à une rarefaction des sprinteurs purs se disputant la victoire sur la Via Roma.

UNE MODIFICATION DU FINAL QUI A CHANGÉ LA DONNE

Le raccourcissement de la distance à parcourir entre le pied de la descente du Poggio et la ligne d’arrivée depuis 2015 n’y est sans doute pas étranger. Bien que ce ne soit que 480 mètres plus courts, l’avance prise au sommet du Poggio au tournant de la cabine téléphonique n’est que très rarement conséquent et ne reste pas pour autant irrémédiable.

année vainqueur de milan san remo place aux Strade bianche Nombre de victoires avant MSR
2015 John Degenkolb DNS 1
2016 Arnaud Demare DNS 3
2017 Michał Kwiatkowski 1er 1
2018 Vincenzo Nibali DNF 0
2019 Julian Alaphilippe 1er 6
2020 Wout van Aert 1er 1

Les puncheurs ont donc une belle carte à jouer contre l’organisation d’une chasse sur cette partie finale. Milan San Remo sacre souvent un homme en forme, un coureur déjà en vue au cours de la reprise de la saison cyclisme.

Année coureur(s) devant ecart sur le peloton au sommet du Poggio Ecart sur le peloton au pied du poggio Coureur(s) devant Ecart dans les 700 derniers metres
2015 G.Thomas, van Avermaet 2″ / / /
2016 Kwiatkowski 2″ 5″ Boassen Hagen, Van Avermaet 1″
2017 Sagan, Alaphilippe, Kwiatkowski 11″ 17″ Sagan, Alaphilippe, Kwiatkowski Pas d’images
2018 Nibali 11″ 8″ Nibali 5″
2019 Naesen, Sagan, Alaphilippe, Valverde, van Aert, Trentin, Kwiatkowski, Dumoulin 13″ 24″ Oss, Clarke, Mohoric, Naesen, Sagan, Alaphilippe, van Aert, Valverde, Trentin, Kwiatkowski, Dumoulin, Matthews, Nibali Pas d’images
2020 Alaphilippe 4″ 6″ Van Aert, Alaphilippe 5″

ALAPHILIPPE, L’ÉLÉMENT PERTUBATEUR

Si les sprinteurs peuvent voir avec réjouissance le retour aux équipes (25) de sept coureurs, abandonné l’an passé pour un format de six aux fins d’inviter deux équipes supplémentaires (27). La majorité des équipes ont une composition résolue tournée vers des sprinteurs au profil puncheur et des puncheurs confirmés. Par élimination des années 2015 et 2016 où ni John Degenkolb, ni même Arnaud Demare n’ont participé aux Strade Bianche, le vainqueur de ladite course en Toscane s’est imposé par trois occasions sur les quatre dernières éditions. Trois éditions qui auront eu pour point commun : un Poggio dynamité par les attaques de Julian Alaphilippe. Seule l’édition de 2018 où le vent de face soufflait dans l’ascension et sur la Via Roma n’a vu aucune tentative d’attaques du français de la Deceuninck Quick Step ; que l’on aura vu uniquement sur la ligne droite finale pour emmener le sprint d’Elia Viviani.

POINT METEOROLOGIQUE

Si la chaleur estivale laisse place au redoux printanier pour cette nouvelle édition de Milan San Remo. La Primavera va connaître des conditions qu’elle ne connaît que peu. De mémoire, il faut remonter à l’édition 2014 pour connaître des prévisions aussi venteuse. Le départ de Milan se fera sous des vents de 10 km/h qui ne feront que s’amplifier au fur et à mesure de la journée en descendant vers San Remo. Une fois au Port de Savona (110 kilomètres de l’arrivée) en atteignant la côte, le vent est estimé entre 15 et 22 km/h pour atteindre les 30 km/h dans les Capi alternant vent de trois quarts dos et vent de dos.

 

Direction du vent dans le final de Milan San Remo, le samedi 20 mars 2021 ©️ 2021 Ben Norbury

La montée du Poggio dans sa première partie avec un vent de face pour atteindre des vent trois quarts face dans les parties les plus pentues où le champion du monde aime à y placer ses démarrages. Pour finir par un vent favorable dans la descente et les deux derniers kilomètres de boulevards.

UN TRIUMVIRAT INATTAQUABLE ?

Si l’on parle de victoire de Milan San Remo, il est presque impossible de voir au-delà du trio : Mathieu van der Poel, Wout van Aert et Julian Alaphilippe.
Bien que Milan San Remo souffre d’une réputation d’une « loterie » en s’offrant à un sprint parfois hasardeux avec les victoires pas toujours attendus (bien que prévisibles dans une moindre mesure) de John Degenkolb, Arnaud Demare récemment mais surtout de Gerald Ciolek ou Matthews Goss.

Non et non, Milan-San Remo n’est pas une loterie.  Je pense qu’il est impossible de gagner sept fois le gros lot avec le même ticket gagnant.

Eddie Merckx – sept fois laurÉat de milan san remo

Le « Big Three », ce « Rainbow Gang » à qui rien ne résiste arrive en grand favori. Représentant une probabilité de victoire implicite de 63 % (Mathieu van der Poel [3.75] à 26,66 % / Wout van Aert [4.5] à 22,22 % / Julian Alaphilippe [7.5] à 13,33) si on se fit aux cotes des bookmakers. Gardien à eux trois de cinq des sept étapes du Tirreno Adriatico, le trio infernal rythme le début de saison. Attendus sur les Strade Bianche, les inséparables ont répondu présents et Mathieu van der Poel est sorti vainqueur de ce combat sur les chemins blancs de Sienne. En vue depuis la première étape du Tour de la Provence, Julian Alaphilippe ne cesse de monter en pression. Quant à Wout van Aert, le belge s’affirme de plus en plus comme un futur leader au sein de la Jumbo Visma sur les courses par étape après une deuxième place plus que convaincante derrière Tadej Pogacar.

Mathieu van der Poel est de cette triade tyrannique le nom qui se dégage presque naturellement. Sa victoire autoritaire sur la montée finale de Santa Caterina est une véritable démonstration de force.

1362 watts au maximum qui ont littéralement collé au bitume Julian Alaphilippe sur « le territoire » du frenchy pour qui les finaux pentus n’ont aucun secret. Mathieu van der Poel a cette grande force de pouvoir régler un groupe au sprint comme de partir dans le Poggio par son punch que seul le champion du monde peut égaler. Mais en réalité, tout le monde attend MVDP dans une « attaque suicide » dans la Cipressa. S’il est un coureur dans le peloton qui peut tenter ce pari risqué, c’est bien le champion des Pays-Bas, qui est reconnu pour sa fougue et sa façon de dynamiter les courses de loin. Obligeant les équipes à s’adapter tactiquement par sa seule présence. Le vent favorable dans la Cipressa pourrait être une aubaine, faisant le jeu d’une élimination d’une partie des sprinteurs.

Ses interviews récentes ne sont pas sans préparer le terrain à l’ « Opération Cipressa« . Mais les attaques ne peuvent-elles pas avoir lieu dans les Capi ?

Le Capo Mele est dans doute à éliminer. Bien que le sommet ne soit qu’à 51.5 kilomètres de la ligne d’arrivée, le Capo est trop roulant.

Le Capi Mimosa Cervo est tout aussi court que le Mele. Bien que peu de visuel s’offre dès la petite dizaine de secondes de prise, la descente peu technique et les quatre kilomètres de replat offre une possibilité de regroupement.

Le Capi Berta est très probablement le plus intéressant des trois. 1.8 kilomètres à 6.9 % peuvent faire suffisamment de dégâts au plus fort de la pente (9.9 %). La descente qui s’en suit et rapide et n’offre que peu de visuel en arrivant en périphérie d’Imperia. Un endroit idéal pour commencer à durcir la course et faire sauter au moins une première fois les sprinteurs. Dès lors, il y aura urgence pour les hommes les plus rapides de récupérer sur les 10 kilomètres séparant Imperia de San Lorenzo al Mare où la montée de la Cipressa aura lieu.

La fougue de Mathieu van der Poel est à la fois sa force mais aussi sa grande faiblesse où le néerlandais pourrait se retrouver vite isolé dans une course durcie par lui-même dans la Cipressa. Une faille qui pourrait être exploitée par les différentes équipes pour le fatiguer. Si Mathieu van der Poel est emmené jusqu’au Poggio, il devrait être compliqué de se débarasser de lui. Certes, son placement a laissé à désirer à Chiusdino, lui coûtant la victoire. Mais il convient de se remémorer le travail des Alpecin-Fénix en 2020 au pied du Poggio. Placant parfaitement Mathieu van der Poel en tête du peloton. Après ses victoires à Gualdo Tadino et Castelfidardo à la manière, MVDP est l’homme à abattre.

Qui d’autres que Julian Alaphilippe pour tuer les ambitions affichée du petit-fils de Poulidor ? Le français en cas d’attaque dans le Poggio est le plus à même de suivre le fils d’Adrie. Le grand problème d’Alaf réside dans le fait que sa pointe de vitesse au sprint est inférieure. Bien que ce dernier est rivalisé avec Kwiatkowski et Sagan en 2017, réglé un groupe de dix coureurs en 2019 avec Oliver Naesen, Matteo Trentin, Simon Clarke, Wout van Aert tous réputés pour leur pointe de vitesse. L’an passé, le champion du monde n’était pas loin de rivaliser avec Wout van Aert. Il est vrai qu’après 6 heures et demi de course, chaque sprint est spécial et se joue à la fraîcheur. Mais sa victoire à Chiusdino est à relativiser. Puisque MVDP était bel et bien le plus rapide mais par une erreur grossière de placement, ce dernier avait loupé la victoire de peu. La Flèche Brabançonne pourrait être un signal supplémentaire en direction d’une opposition pas tant déséquilibrée au sprint. Mais encore une fois, l’erreur vient essentiellement de Mathieu van der Poel qui non content de déboiter trop tard, se voyait fermer la porte entre Alaphilippe et Benoit Cosnefroy. La montée de Santa Caterina aura démontré que MVDP est non moins aussi explosif voire plus explosif que le champion en la matière. Peut-être que le français de la Deceuninck Quick Step pourrait exploiter la descente pour distancer le vainqueur des Strade Bianche. Mais si peu de référence en matière de descente du néerlandais, il n’est pas sans rappel que le champion de cyclo-cross est le coureur le plus technique des sous-bois. Ce qui devrait techniquement en faire un coureur difficile à lâcher dans une descente. Le scénario vu l’an passé avec Wout van Aert comblant l’écart sur Alaphilippe dans la descente pourrait se reproduire. Quid de la coopération ? Rarement, les deux coureurs ne se sont regardés dans le blanc des yeux pour passer des relais. Dans un final où il ne faut pas se regarder, il est plus probable de voir le français s’assoier dans la roue du leader de la Alpecin-Fénix en vue du sprint dans les derniers mètres de la Via Roma.

Un problème de coopération qui est à écarter si Wout van Aert est présent lui aussi. Certes, le leader de la Jumbo-Visma est le moins puncheur des trois mais sa puissance compense largement. Véritablement en forme en étant présent sur tous les étapes du Tirreno Adriatico, le belge aura réglé un sprint massif dès l’ouverture de la course par étape d’une semaine. Avant de conclure par une victoire sur le contre-la-montre de fermeture à San Benedetto del Tronto devant Stefan Küng et Filippo Ganna. Deux spécialistes qui s’était « reposé » en vue du contre-la-montre contrairement à WVA qui n’a jamais été à l’économie. Un indicateur d’une forme déjà au top à la sortie de la saison de cyclo-cross. Vainqueur en titre de Milan San Remo, le champion de belge de contre-la-montre aime à exacerber sa rivalité avec Mathieu van der Poel. Ce qui a conduit le duo à dominer le Tour des Flandres 2020 et conclure l’opposition éternelle par un sprint remporté par ce dernier. Techniquement dans les sous-bois, les arrivées au sprint entre les deux ont été à la faveur du belge plus puissant que son rival néerlandais. Un sprint du Tour des Flandres probablement tronqué par une sorte de départ-arreté façon pistard à 200 mètres de la ligne d’arrivée. Un sprint lancé sans surprendre le néerlandais qui avait pourtant le désavantage de la position. Si sprint il doit y avoir entre les deux bêtes à rouler, WVA a sûrement l’avantage.

DES SPRINTEURS QUI ATTENDENT LEUR HEURE

Si le collectif des Alpecin-Fénix et de la Jumbo-Visma est construit autour d’un leadership unique. La Deceuninck Quick Step arrive comme chaque année avec plusieurs cordes à son arc. Et si Alaphilippe n’a pas réussi à s’extirper dans le Poggio, en cas de présence de Sam Bennett. Le français devrait emmener le sprint de l’irlandais. Le problème du détenteur de quatre victoires cette saison réside dans sa durabilité parfois mise à mal. L’an passé sur les pentes du Poggio, SammyBe a souvent été décroché et à la lutte pour rester au sein du peloton avant de totalement imploser. Une course rythmée vers la Cipressa pourrait l’éliminer. Certes, son échappée lors de l’étape de la Colmiane était encourageant mais son élimination du groupe de tête dans le sprint de Levens tend à faire douter sur sa capacité à être dans le groupe de sprinteurs survivants.
Davide Ballerini devait tout naturellement un Plan C que la DQS a su exploiter parfaitement lors de l’Omloop Het Nieuwsblad. Double vainqueur au Tour de la Provence notamment à l’étape de Manosque sur une arrivée pour puncheurs, l’italien se replace comme une arme essentielle de l’équipe de Patrick Lefevere sur les classiques. Devenir le 52e italien a remporter le Monument national de mars, sûrement dans un coin de la tête de Ballero. Le vent défavorable dans le Poggio pourrait permettre le premier sprint réduit depuis 2016. Dès lors, Davide est en pôle position si Sam n’est pas présent. Quoi qu’il en advienne, ce sera un coureur protégé dans le Poggio, Kasper Asgreen, Zdenek Stybar et Yves Lampaert ayant pour rôle de placer Julian Alaphilippe en tête et d’imprimer le tempo dans le Poggio.

Face à l’armada des bleus et blancs, Caleb Ewan est, sans doute après sa deuxième place derrière Nibali en 2018, le grand favori. Un Poggio avant un vent défavorable n’est pas sans le favoriser. Mais son Tirreno Adriatico a été en deça des attentes. Sans doute remis de ses problèmes de ventre rencontrés dans sa semaine sur le bord de l’Adriatique, une course rythmée à 20 kilomètres de l’arrivée n’est pas à son avantage. D’autant que l’équipe ne le protègera pas coûte que coûte ayant John Degenkolb en plan B, Tim Wellens et Philippe Gilbert.

Le plus grand danger parmi les sprinteurs semblent venir de deux hommes très en vue la semaine dernière. D’abord, Christophe Laporte mais le français souffre de la présence d’Elia Viviani. Si sprint, il doit y avoir avec les deux coureurs. Alors le français se mura en poisson pilote. Cependant, tout porte à croire que le coureur de la Cofidis Solutions Crédits est plus durable que son coéquipier italien dans une course dynamitée. Le seul problème de Laporte est sa pointe de vitesse. Rapide mais pas assez pour aller chercher la gagne dans un groupe réduit où on peut envisager que des hommes plus rapides seront présents. Ensuite, Michal Matthews qui n’aura jamais été loin de remporter le Monument. En premier lieu en 2015 mais principalement en second lieu, l’an passé réglant un peloton en chasse des deux fuyards. Alors que l’autralien de la BikeExchange avait frotté le mur dans la descente du Poggio. Ne s’épargnant pas une blessure à la main. Son placement est sa force, après avoir montré une forme éblouissante dès la rentrée sur les routes de Paris-Nice notamment dans les pentes de Chiroubles en attaquant derrière Primoz Roglic.

DES ÉLÉMENTS PERTUBATEURS EN PAGAILLE

Nombre sont les coureurs à mettre à l’honneur. Simon Clarke en forme qui aime ce Monument. Michal Gogl en vue depuis le début de saison. Greg van Avermaet qui a toujours suivi les mouvements dans le Poggio. Celui de Geraint Thomas en 2015, celui d’Alaphilipe, Kwiato et Sagan en 2017, et cetera mais le belge a toujours manqué d’explosivité pour accrocher les roues des premiers sortants et s’extirpant. Matej Mohoric qui pourrait profiter de ses qualités de descendeur pour recoller comme en 2019 ou sur Liège-Bastogne-Liège de l’an passé. Mais le slovène est réduit à tenter le kilomètre à la Cancellara en échouant très… Trop souvent. Maximilian Schachmann qui pourrait naviguer sous les radars malgré sa victoire au classement général de Paris-Nice. Kevin Geniets qui aura été le coureur a accompagné Julian Alaphilippe et Wout van Aert dans le secteur de Sante Marie au moment où le peloton implosé. Le luxembourgeois manquera de vitesse au sprint. Les Ineos Grenadiers viennent avec une armada solide encore une fois. Tom Pidcock decouvrira son premier Monument. Sa pointe de vitesse n’est pas mauvais mais est-elle suffisant ? Son jeune âge est-il un handicap ? Certainement que non, la nouvelle génération étant préparée de façon optimale pour briller très tôt au plus haut niveau.

L’équipe qui pourrait dynamiter les choses pourrait être l’équipe Trek-Segafredo. Vincenzo Nibali a toujours su se réinventer sur cette course. Attaquant tant dans la descente du Poggio que dans la Cipressa. L’an passé, c’est Giulo Ciccone qui avait porté en premier l’estocade dans le pied du Poggio. Déjà en vue sur le début de saison, Quinn Simmons a été malheureux sur les Strade Bianche. Victime d’abord d’une crevaison avant de chuter sans conséquence. Agé de seulement 19 ans, l’américain n’est qu’à sa deuxième année espoirs. Sa deuxième année chez les pros. Un véritable talent brute qui pourrait profiter du vent défavorable pour une attaque à la façon du Requin de Messine, en profitant d’une sous-estimation. Un passé glorieux du leader de la Trek qui inspire le jeunot.

Enfin comment ne pas conclure par le rêve probablement impossible de Philippe Gilbert. Un fantasme avoué de décrocher le dernier Monument qui manque à son palmarès. Un #Strive4Five du coeur que je m’éverturais à tenter personnellement à 40. Sans grande conviction, que par pur sportisme. Parce qu’une course à l’usure peut lui convenir. Mais ni le plus rapide, ni aussi explosif qu’antant, l’ancien champion du monde est contraint à la victoire en solitaire. Beaucoup aimerait le voir réaliser son rêve mais peu lui offriront sur un plateau d’argent. La légende est à ses portes mais la légende n’est-elle pas déjà battu même sans une Primavera à son palmarès déjà fortement garni ?

PRONOSTICS

Wout van Aert ou Mathieu van der Poel : 2.05 – 1.5% (Unibet)

Mathieu van der Poel vainqueur : 3,75 – 0.5 % (Unibet)

Davide Ballerini podium : 5.6 – 0.25 % (Winamax)

Quinn Simmons podium : 50 – 0.25 % (Winamax)

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Tour des Flandres 2020 Preview

Qui dit année exceptionnelle, dit De Ronde van Vlaanderen exceptionnel. Parfois au grand dam des fans. Le parcours 2020 pourrait décevoir certains fans. Seulement 241 kilomètres seront parcourus c’est donc une amputation entre 20 et 25 kilomètres sur la distance traditionnelle qui sera à l’ordre du jour pour cette édition 2020 marquée par la pandémie de Covid-19. Un raccourcissement qui s’explique par l’abandon du désormais célèbre Mur de Grammont (comme le Tenbosse). Plus symbolique que décisif le Mur de Grammont n’était guère l’endroit clé du parcours étant situé beaucoup trop loin de l’arrivée.
Par rapport à l’édition 2019, le final reste le même avec l’enchainement mythique (Paterberg, Kruisberg et Vieux Kwaremont), avec les treize derniers kilomètres sans difficultés menant à Audenarde.

Si les conditions climatiques de l’automne devrait se rapprocher des conditions climatiques printanières. Le temps de dimanche sera clément, peu de vent et pas de pluie.

Le Koppenberg, un temps jugé trop dangereux, est un incontournable depuis 2008. 500 mètres à 13,3 % pour une pente maximale à 21.6% sur des pavés qui ont marqué sa légende en l’interdisant pour sa dangerosité. Le sommet étant à 45 kilomètres de l’arrivée, le raidar mythique invite aux mouvements.

Le Taaienberg est une ascension de 600 mètres à 6.8% pour une pente maximale à 14,8%. Renommé en Belgique, Boonenberg le raidar est la rampe préférée de Tommeke. Tout le monde aura en souvenir son double incident mécanique au pied de « SON » ascension. Peu décisive mais génératrice d’un écrémage constant, le Taaienberg n’échappe jamais à la règle avec un sommet situé à 37 kilomètres de l’arrivée.

Le Kruisberg ou le premier du tryptique final. 500 mètres à 8.2% et une pente max à 10.5%. Situé à 27 kilomètres, les attaques y sont monnaie courante pour anticiper le final. Une anticipation qui peut s’avérer payante comme celle de Niki Terpstra en 2018 qui y avait assis son sacre.

Mais c’est en général et à l’instar des grandes classiques dans le final que tout se joue.

Le vieux Kwaremont est l’ascension iconique du Flandre. Parcouru trois fois au cours de la journée, il aura marqué l’année 2017 avec la chute de Sagan et de Greg van Avermaet. 2.5 kilomètres à 3.7%, la pente maximale est tout de même à 12.3%. L’ascension du vieux Kwaremont est faite à bloc. C’est ici même qu’Alberto Bettiol à l’instar d’un Fabian Cancellara y a construit sa victoire finale grâce à une attaque tranchante.

Le Paterberg ou le mur de la dernière chance. Son sommet n’est qu’à un petit 14.5 kilomètres de la ligne d’arrivée à Oudenaard. 400 mètres à 13.1% et une pente vertigineuse à 21.3%, l’ascension est parfaitement pour les puncheurs. Sagan en 2016 n’hésita pas à attaquer Sep Vanmarcke pour se diriger vers une victoire en solitaire.

Reste les 13.5 kilomètres de plat menant à Audenarde soit dans une arrivée en solitaire où le plus fort y lève les bras soit dans une arrivée en comité réduit où le plus rapide y impose à logique comme Alexander Kristoff.

Vers un duel fratricide ?

Gend Wevelgem aura donné deux grosses indications sur le Tour des Flandres.

La première, à l’image de toute la saison depuis la reprise post-confinement : Wout van Aert est le meilleur coureur du monde. Ultra-dominateur lors de la montée du Kemmelberg, il aura été l’épouvantail du final. Allant chercher avec autorité toutes les offensives.

La seconde est que Mathieu van der Poel, à l’image des cyclo-cross, est son plus grand favori. Mais aussi et sans doute sa plus grosse épine dans le pied. Car si WVA ne s’est pas imposé dimanche dernier, c’est essentiellement dû au faite que MVDP l’a tellement marqué à la culotte. Que les deux vieux frères ont fini par s’enterrer eux-mêmes. Laissant une opportunité royale pour leurs adversaires de se défaire des deux monstres.

Tous deux sont véritablement les plus rapides au sprint et parmi les hommes les plus forts du monde. Capables de partir de loin comme d’attendre un sprint réduit. Seulement, en véritables crossmen, ils seraient bien inspirés de passer une heure au seuil en attaquant de loin. Les autres équipes n’auront pour objectif que de les esseuler le plus vite possible pour forcer le belge et le néerlandais à rouler après les coups et contres. La perte de Mike Teunissen pour le final qui se remet d’un rhum est une mauvaise nouvelle pour WVA. En véritable chien fou, comme à l’accoutumé, MVDP devrait par son caractère offensif tenter de loin. Le problème n’est donc pas tant de savoir s’il le fera mais plutôt de savoir d’où.

La deuxième ascension du Vieux Kwaremont semble un peu loin même pour van der Poel. Seulement, elle aurait pour avantage de faire imploser la Elegant Quick Step qui sera à ce moment sur-représentée. L’objectif du leader de la Alpecin Fenix est simple : partir de loin et de préférence avec le leader de la Jumbo-Visma. Au grand maximum, opéré une attaque dans le Taaienberg. Après l’opération semble vouer à l’échec.

Déjà parce que la EQS pourrait disposer encore de Julian Alaphilippe, Yves Lampaert, Zdenek Stybar, Kasper Asgreen et Florian Sénéchal. Ce dernier pourrait profiter du marquage des deux ultra-favoris et du surnombre de la EQS dans le groupe de tête. Un schéma que l’équipe belge connaît par cœur où elle a su glaner un nombre titanesque de classiques par des masterclass tactique et des jeux d’équipes où ce n’est pas forcément le leader désigné qui gagne. Julian Alaphilippe vient sur ce De Ronde pour découvrir les flandriennes et se faire une main sur les pavés et laisse un feu vert complet à ses coéquipier pour éclabousser de tous leurs talents.

Au porte de la victoire sur Gend Wevelgem, le nordiste était en grande forme sur le Binck Bank Tour. Dernier coureur à pouvoir suivre MVDP lors de son attaque dans le Mur de Grammont avant d’exploser à la pédale, il a prouvé être l’un des coureurs les plus en vogue du moment. Avec pour objectif Paris-Roubaix dont il est le vainqueur de l’édition 2011 chez les juniors, Sénéchal est à son pic de forme. Écarté de l’effectif les années passées pour se reprendre en main (le staff le trouvait trop gros pour jouer les premiers plans sur les courses pavées), le français a su se prendre en main et répondre aux attentes de l’équipe. Avec son punch et sa pointe de vitesse, la sortie dans le dernier passage du Vieux Kwaremont serait parfaite pour lui. Profitant alors du jeu d’équipe à la Terpstra, les écarts pourraient vite tourner à son avantage. Si Mads Pedersen semble le seul à pouvoir rivaliser avec WVA et MVDP en terme de point de vitesse, Sénéchal s’inscrit assurément en 4e homme. Ce qui en fait un candidat naturel à un podium et mieux encore.

Cependant, à l’image de son mondial à Imola, Wout van Aert est sans nul doute le favori ultime du Tour des Flandres. Contrairement à Gend Wevelgem, s’il venait à s’extraire du groupe comme il l’a fait ; le terrain est moins propice à une retour d’un groupe chassant. Véritable homme fort des chronos, l’effort solitaire dont il est le médaillé d’argent derrière l’incroyable Filippo Ganna ne le dérange nullement que ce soit sur une courte comme longue distance. Adepte des efforts violents prolongés lors des cyclo-cross, WVA à cette possibilité d’attaquer partout. Mais dans une course où la EQS est sur-représentée, où les niveaux sont nivelés entre tous les leaders comme on a pu le constater sur Gend Wevelgem et où le Tour des Flandres signent la fermeture de la saison de beaucoup. Il ne serait pas impossible que la main d’œuvre soit importante et un sprint réduit envisageable. Dès lors, WVA est le plus rapide de la startlist présente. Les cartes cochées semblent nombreuses pour un seul homme. Les monts pavés pourraient retranscrire une vérité bien connue : sur De Ronde, le plus fort s’impose toujours. Gageons que Cancellara et Boonen en sont les preuves vivantes. Impossible à lâcher lors du mondial d’Imola, le final lui est cette fois extrêmement favorable pour un retour si une attaque alaphilippesque est tentée dans le Paterberg. Dès lors comment ne pas revoir le schéma de Milan San Remo se reproduire. Dans une saison exceptionnelle, le doublé MSR – De Ronde datant de Merckx semble enfin pouvoir se reproduire.

Pronostics

Wout van Aert vainqueur : 3.6 – 0.5% (Unibet)

Florian Sénéchal vainqueur / Top3 : 41 / 12 – 0.25% (Unibet/Winamax)

Liège Bastogne Liège 2020 Preview

Plan de la Doyenne des Classiques 2020 ©️ A.S.O.

Surnommée la Doyenne, Liège-Bastogne-Liège est la deuxième course la plus ancienne qui existe. Créée en 1892, la course a connu quelques modifications. Entre 1992 et 2018 l’arrivée était déplacée à Ans, ce qui ajouta quelques surprises au palmarès du traditionnel 4e Monument de la saison avec des difficultés redessinant sans cesse le final de cette classique. Mais depuis l’an passé, l’arrivée est de nouveau jugée à Liège. Qu’attendre de cette 106e édition ? C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre.

Profil de la Doyenne des Classiques 2020 ©️ A.S.O.

257 kilomètres de course avec 4283 m de dénivelé positif implique d’avoir une grande résistance puisque 6h30 de course attendent les coureurs de la Doyenne.

Avec un sommet à 59.5 kilomètres de l’arrivée le Col du Rosier est l’endroit où les manœuvres des grandes équipes vont commencées avec les premières attaques. Mais comme au mondial d’Imola, ce n’est traditionnellement qu’une sélection par l’arrière que l’on observe.

S’il est une côte mythique, c’est bel et bien la côte de la Redoute. C’est l’endroit idéal pour un homme comme Mathieu van der Poel pour lancer son offensive avec seulement 35 kilomètres à parcourir. Le problème réside dans les 20 kilomètres séparant son sommet du pied de la Roche aux Faucons. Extrêmement favorable à une chasse, comme nous l’avons vu l’an passé où les leaders ont du mal à faire la différence. Une chasse gardée par la Deceuninck qui aura assurément le poids de la course avec Alaphilippe en champion du monde à la chasse annoncée du Monument. Cependant, que ce soit la Sunweb, les Ineos, la Bora ou même la EF. Toutes ont des cartes qui n’ont qu’un endroit à attendre : la cote de la Roche aux Faucons. Les DQS pourraient trouvés des alliés de circonstances dans une course de mouvement afin de les contrôler plus facilement.

Comme à l’accoutumé, la cote de la Roche aux Faucons pourrait être le théâtre de tous les possibles. Le lieu des derniers va-tout. Les forts pourcentages à son pied permettent de faire une sélection indiscutable. C’est ici même que Fuglsang parti en solitaire vers sa victoire tout comme Bob Jungels en 2018. À ceci près que pour les éditions 2019 et 2020, l’arrivée étant jugé à Liège, le final est amputé de la cote de Saint Nicolas.

Le final de cette année est raboté de 1.5 kilomètres de plat dans Liège. Ce qui n’est pas sans être à l’avantage des attaquants dans la Roche aux Faucons.

Si des pluies étaient prévues en début de semaine, le temps semble cette fois plus clément avec des pluies en début d’épreuve et en ciel couvert tout au long d’une grande majorité restantes du parcours.

Avec un sommet à 10 kilomètres, suivi d’une descente. Dans une course où comme Alaphilippe le soulignait en interview l’explication devrait avoir lieu dans la Roche aux Faucons. Comment ne pas faire du champion du monde le favori de la Doyenne ? Les bookmakers ne s’y trompe pas et à raison.

Au cours des dernières années, Julian Alaphilippe nous a montré être le meilleur du monde dans ce type d’effort très précis. Grâce à ses qualités de puncheur, il sait s’extraire en solitaire ou n’emmenant sur son porte-bagage qu’un nombre de coureurs très restreint. Le coureur de la Deceuninck Quick Step a cette faculté inouï à avoir une attaque en double injection. Un second punch que personne d’autre n’a. A l’image de son attaque au mondial où il a sur sa deuxième accélération mis la plaque (gros plateau). Grâce à ses qualités de descendeur, Loulou peut maintenir si ce n’est creuser l’écart sur ses adversaires. Grâce à sa résistance au lactique, Juju sait souffrir comme personne pour bien souvent finir en solitaire face à une meute en chasse.

Le final de la Roche aux Faucons est très similaire à cette effort « alaphilippesque ». Pour rappel, le sommet du Poggio est à 5.4 kilomètres de l’arrivée. Une exception par sa courte distance. L’an dernier sur le Tour de France, le sommet de la cote de Mutigny qui a vu un raid solitaire de Julian Alaphilippe vers son premier maillot jaune était situé à 16 kilomètres de l’arrivée. Le sommet de la cote de la Jallière, qui a vu son attaque pour la reconquête du maillot, suivi seulement de Thibaut Pinot, était à 12.5 kilomètres de l’arrivée. Cette année, les deux victoires du coureur préféré des français ont un goût de déjà vu. D’abord sur le Tour de France avec une attaque dans le Col des Quatre Chemins dont le sommet était situé à 11 kilomètres de l’arrivée. Enfin la semaine passée, Alaphilippe a montré une énième fois être le meilleur coureur du monde dans ce type d’effort puisque le sommet de la Gallisterna était situé à 12 kilomètres de l’arrivée.

Trois points communs se dégagent de chaque final qu’il a remporté et animé :

  • une cote taillée pour puncheurs
  • suivi d’une descente puis d’une partie plane
  • une distance moyenne de douzaine de kilomètres à parcourir entre le sommet et l’arrivée

Tous les éléments d’une victoire étincelante d’Alaphilippe sont réunis. Évidemment, rares sont les Champions du monde au cours du XXIe siècle à triompher l’année de leur sacre. Seul Thor Hushovd au Trofeo Città di Borgomanero en 2010 et Paolo Bettini au Lombardie en 2006 ont réussi pareil exploit. Cependant, la statistique est légèrement biaisée puisque la saison se terminait pour des coureurs comme Sagan juste après leur sacre.

Tous les feux sont aussi au vert pour le français. Alaphilippe n’est pas connu pour être un coureur qui apprécie le mauvais temps. Or les cieux semblent être de son côté. Des signes positifs aussi quand on sait que pré-Covid, le coureur de la DQS avait deux objectifs annoncés. Liège-Bastogne-Liège au printemps et le champion du monde à l’automne. Chance du calendrier, les deux événements sont coup sur coup à une semaine d’intervalle. Ce qui lui permet d’être à son pic de forme pour ce court lapse de temps. Une bien belle bénédiction en somme, tant les astres sont réunis avec le nouveau calendrier, la météo annoncée et le final raboté.

L’annonce de Mathieu van der Poel en dernière minute n’est pas sans rassuré cependant le français. Malgré son raid solitaire lors de la dernière étape du Binck Bank Tour, le néerlandais reste un client à ne pas éliminer de suite. Véritable dynamiteur, il pourrait être le premier à attaquer dans la Redoute. Forçant la Deceuninck à rouler tant le coureur des Alpecin Fenix est passé maitre dans l’effort solitaire. Au jeu du mouvement, des coureurs plutôt taillés grimpeurs pourraient avoir leur mot à dire et anticiper les mouvements des puncheurs dans la dernière difficulté. Avec de grandes jambes post-Tour et un mondial réussi, Guillaume Martin est de ceux-là. Monstrueux lors du mondial, il convient de souligner l’ampleur de son travail. Au cours de la derniere montée de la Mazzolano, il y a eu quatre attaques :

  • Dumoulin rejoignant Pogacar
  • Caruso, Carapaz et Wout van Aert
  • Carapaz
  • Nibali, Landa, Uran et Wout van Aert

Toutes les attaques annihiler par un seul homme, membre de l’équipe de France, en la personne de Guillaume Martin. A l’attaque ensuite au pied de la Gallisterna pour obliger les belges à rouler et fatiguer les coéquipiers de WVA, le coureur de la Cofidis n’a pas été avare d’effort et acquis une 13e place plus qu’honorable en finissant dans le groupe Matthews. Alors qu’avec son travail, on aurait pu l’attendre dans le groupe Geschke qui a fini à 1’34 » d’Alaphilippe soit 41″ de plus que le groupe Matthews.

PRONOSTICS

Julian Alaphilippe vainqueur : 4 – 1% (PasinoBet)

Guillaume Martin podium : 9 – 0.5% (Winamax)

Milan San Remo 2020 Preview

Plan Milan Sanremo 2020 – ©️ RCS MediaGroup S.p.A

Premier des cinq Monuments de la saison, la « Primavera » n’aura jamais aucun mal porté son nom. Traduisible par « Printemps », il est vrai que la Classique printanière se déroule traditionnellement au début de la deuxième quinzaine de mars. Avec un remplacement en août, la « Classicissima » aurait pû se surnommer exceptionnellement l’ « Estate » pour cette édition 2020.

Profil Milan Sanremo 2020 – ©️ RCS MediaGroup S.p.A

Rarement un tracé n’aura subi autant de modification. En raison du contexte de Covid-19 en Italie, de nombreux maires ont fait front pour ne pas voir le peloton passer par leurs communes. C’est sur un tracé remanié que les coureurs s’élanceront. Et si la Classicissima est la course la plus longue de l’année, elle va franchir la barre des 300 kilomètres pour cette édition 2020.

Le dénivelé positif va ainsi passer de 2059 mètres à 2728 mètres. Le mythique final avec l’enchaînement Cipressa – Poggio restera inchangé. Mais cependant, les Capi (Mele, Cervo et Berta) seront cette fois remplacé par le Colle di Nava (3.9 kilomètres à 3.9%). Avec un sommet situé à 70 kilomètres de l’arrivée, les mouvements y sont peu probables pour tenter de dynamiter la course. D’autant que la plaine menant à la Cipressa ne sera pas favorable aux attaques.

https://veloviewer.com/segments/626918

La Cipresse est un incontournable. Situé à 21.5 kilomètres de l’arrivée, la montée n’est pas terrible. D’ordinaire 5.7 kilomètres à 4% ne cause aucune problème mais avec plus de 6 heures de course, les gens sont bien lourdes et les gradients de la Cipressa nuissent aux hommes les moins frais sur les très longues distances. Seulement, il est un problème de taille : les 12.4 kilomètres de vallée qui séparent le sommet de la Cipressa et le Poggio. C’est pourquoi les attaques sont devenues rares dans la Cipressa. Des grimpeurs s’y sont risqués à des attaques de loin comme Pantani 99 en ou Nibali en 2014 mais il faut néanmoins remonté à 1996 et l’attaque de Colombo, bien inspiré comme Bugno six ans plus tôt, pour retrouver une attaque victorieuse dans celle-ci.

https://veloviewer.com/segments/626919

Le Poggio est depuis des années, le juge de paix de Milan San Remo. Il est vrai que le Monument est considéré comme la Classique des sprinteurs, des grands noms du sprints comme Zabel (gardien de quatre victoires), Cipollini (2002), Cavendish (2009), et consorts s’y étant imposés. Mais il est toutefois à noter que les groupes à l’arrivée y sont fortement réduits : 23 coureurs en moyenne sur les 20 dernières éditions. Là où dans les années 80 et 90, les échappées au long court et les attaques dans le Poggio avaient tendance à être victorieuse devant le retour d’un peloton ne se partageant que les miettes.

https://veloviewer.com/segment/1638354

Technique et rapide, la descente du Poggio est le dernier endroit où les plus téméraires peuvent tenter de creuser un écart suffisant pour entamer les 2.5 kilomètres de Boulevard menant à la via Roma. Cependant, très peu ose ce pari risqué comme Sean Kelly le fît en 1992 ou plus récemment Nibali en 2018.

La tendance des 10 dernières années semble à une rarefaction des sprinteurs purs se disputant la victoire sur la Via Roma. Le raccourcissement de la distance à parcourir entre le pied de la descente du Poggio et la ligne d’arrivée depuis 2015 n’y est sans doute pas étranger. Les puncheurs ont donc une belle carte à jouer contre l’organisation d’une chasse sur cette partie finale. D’autant qu’avoir un train à sa disposition dans de telle condition semble d’autant plus complexe.

Plan kilomètres finauxq Milan Sanremo 2020 – ©️ RCS MediaGroup S.p.A

Pour autant, le nouveau tracé n’est-il pas favorable aux sprinteurs ?

Si le dénivelé positif est plus important, l’approche de l’enchainement Cipressa – Poggio est moins exigeant que les Capi ne le sont. Avec un Colle di Nava escamoté, les sprinteurs pourrait être rassurés. D’autant que le trop-plein de kilomètres de plaine n’est pas incitateur de mouvement loin de l’arrivée. Rajoutons qu’une course si long à l’ouverture de la saison pourrait rester dans les jambes de pas mal de coureurs. Seulement, nombre sont ceux à avoir profité du confinement pour faire des sorties monstrueuses de plus de 300 bornes. La question de la distance n’est dès lors que la même à chaque édition. Ce sont les coureurs qui encaissent le mieux les nombreuses heures de courses qui ont un avantage. Il est pourtant deux éléments qui penchent en la défaveur d’un scénario pour les sprinteurs. D’une part, la réduction à 6 coureurs qui obligent à la coopération des équipes de sprinteurs entre elles dans la chasse et l’économie de leur train respectif. Tout en les obligeant à avoir plusieurs cordes à leur arc, en ayant une ou plusieurs cartes puncheurs.

Météo du samedi 8 août 2020 à San Remo ©️ meteociel.fr
Rafales de vent maxim du samedi 8 août 2020 dans le Nord italien ©️ meteociel.fr

D’autre part, le vent en bord de riviera ligure devrait souffler de manière faible (25km/h) au grand maximum et de côté dans le Poggio. Ce qui implique une montée rapide et donc défavorable aux sprinteurs les plus moins aguéris dès que la pente s’élève.

Si Wout Van Aert est le favori des bookmakers, c’est à raison. Il est à l’heure actuelle, le coureur le plus en forme du peloton professionnel. Impressionnant lors de sa victoire sur les Strade Bianche, il n’a eu de cesse d’attaquer lors des secteurs de graviers faisant l’écrémage dans le groupe de tête avant de partir en solitaire vers une victoire méritée. Véritable bête à rouler, il est un cyclocrossman de talent (multiples champion du monde). Troisième de Milan-Turin alors que son placement semblait le promettre à une place hors du podium, il a fait preuve d’une puissance sans conteste. Il était d’ailleurs sûrement au vue de sa remontée, le coureur le plus puissant ce jour-là. Ce qui montre ses qualités et sa vitesse lors des arrivées groupées. Mais est-ce une surprise pour un coureur qui a remporté le sprint du peloton lors de l’étape d’Albi du Tour de France 2019 marqué par la bordure qu’aura piégé Thibaut Pinot. Sixième l’an passé, il était présent dans l’emballage final pour son premier Milan San Remo. Ce qui démontre qu’il sera là dans une arrivée sélective où les puncheurs ont la main. Encore une fois, est-ce une surprise avec le sprint de Voiron du dernier Dauphiné ? Évidemment que non, un gros client assurément.

Quand on parle de WVA, on doit nécessairement mentionner son plus grand rival : Mathieu Van der Poel. Le vainqueur de l’Autel Gold Race 2019 est toujours à la recherche d’une grande Classique qu’il gagnerait à la manière, de façon indiscutable afin d’accrocher son premier Monument à son palmarès. Ultra favori lors des Strade Bianche, il y a été invisible. Présent sur le sprint de Milan-Turin, il finit à une place anecdotique. Lui qui a pourtant une très bonne pointe de vitesse et à déjà supplanté quelques sprinteurs au cours de sa carrière sur route qui ne fait que débuter. Est-il en forme ? Si son record de montée sur Strava du Col Petit Saint-Bernard est à relativiser puisqu’il est roulant : 23 kilomètres à 4%. Il correspond en terme d’effort à un cyclocrossman à bloc pendant une heure de course (temps d’ascension : 51’19 »). MVDP est en forme à ne pas douter et c’est de malchance qu’il a joué en creuvant au pire moment lors des Strade. Sur Milan-Turin, il n’a pas semblé disputé le sprint étant placé du mauvais côté et n’ayant un train adéquat. D’autant qu’il venait pour emmener Modolo, le mood n’était pas à la gagne. L’esprit est tout autre samedi. Pour gagner Milan San Remo, il faut être placé dans le Poggio afin de ne pas subir les cassures et surtout pouvoir répondre aux attaques tranchantes des puncheurs. Sans problème pour le néerlandais qui sait toujours bien se positionner. C’est un client à ne pas négliger, sa grande rivalité avec le belge devrait le pousser à s’imposer très rapidement. La machine à watts est lancée.

Comment ne pas mentionner Philippe Gilbert quand on parle de Milan San Remo ? Dernier Monument à accrocher à son palmarès, le belge joue son va-tout sur cette course. Assurément, le leader de la Soudal Lotto est en grande forme. C’EST L’OBJECTIF DE SA SAISON, l’objectif d’une vie. Alors oui, l’ancien champion du monde 2012 n’a plus le punch d’antan. Mais ne jamais sous-estimer son intelligence de course. Où a-t-il le plus de chance de remporter la Classicissima ? Très certainement dans la descente du Poggio ou en surprenant son monde en tentant le kilomètre. Si ses chances sont réduites par rapport aux années précédentes. Le coureur de 38 ans est nécessairement un homme à mentionner et un coureur qui jouera la gagne dans un coûte que coûte que cependant tout le monde attend. Saura-t-il nous surprendre ? L’occasion de rentrer dans le club très fermé des vainqueurs des cinq Monuments (Merckx, de Vlaeminck, Van Looy) est énorme et serait l’achèvement d’une carrière bien remplie. Gilbert pour l’Histoire, que ce serait beau.

Simon Clarke – Milan San Remo 2019 ©️ Twitter @SimoClarke

Un mot spécial pour conclure sur les prétendants. Si la Deceuninck Quick Step est à mentionner obligatoirement quand on parle de classiques et que l’équipe est sur le papier la meilleure. Leur meilleur chance semble reposer sur Zdenek Stybar qui a contre-temps à louper le coche lors de Strade Bianche mais a été impressionnant dans la chasse aux fuyards ne leur concédant de terrain. Ce qui indique que la forme est présente. La motivation de briller pour Jakobsen doit être un facteur supplémentaire pour le Wolfpack à ne surtout pas mésestimer. Cependant, mon œil se tourne vers un des deux favoris de la EF Pro Cycling. Comme la saison dernière, Simon Clarke est dans mon viseur. Co-leader avec Bettiol, ce dernier a annoncé suivre les coups dans le Poggio et ne pas attaquer pour attendre le sprint final.

I had a good result last year with the top 10 and I am definitely aiming to try to better that result this year

https://www.efprocycling.com/the-beautiful-song-of-milano-sanremo/

Victime d’une chute le contraignant à l’abandon en 2018, l’australien était de retour l’an passé et présent pour la gagne en revenant sur le groupe de tête dans la descente du Poggio. Coureur avec une bonne pointe de vitesse, attention de ne pas arriver avec lui en petit comité.

PRONOSTICS

Philippe Gilbert vainqueur : 21 – 0.25% (Unibet)

Mathieu Van der Poel vainqueur : 9 – 0.25% (Unibet)

Simon Clarke vainqueur : 60 – 0.125% (Betclic)

Simon Clarke podium : 15 – 0.125% (Betclic)

Wout Van Aert podium : 2.5 – 0.5% (Winamax)