
Samedi 19 mars, à 9 h 50, s’élancera le départ de la 113e édition de Milan-Sanremo.

Milan – Sanremo : 293 kilomètres à parcourir de la capitale lombarde à la pointe de la Ligurie, aux portes de la frontière transalpine. La « Classicissima » est la course la plus longue de l’année, devant les 272.5 kilomètres du Tour des Flandres.
Le premier des cinq Monuments de la saison a toujours été situé juste avant le week-end du passage à l’heure d’été, ce qui lui doit le surnom de « Primavera », sonnant le glas de la « belle saison ».
DES CAPI ÉMOUSSÉS PAR LE TEMPS

De la périphérie Est de Gênes (une fois la descente du Turquino avalée) à l’arrivée jugée à Sanremo, en épousant la côte liguerienne, le caractère pittoresque de la « Strada Statale 1 » (route nationale 1) s’enchevêtre dans le paysage du cyclisme transgénérationnel. Entre Laigueglia et Imperia se dessinent dans le contour de la Via Aurélia, les Capi Mele, (Mimosa) Cervo et Berta. « Difficultées » diluées par les douze décennies écoulées depuis la première édition en 1907, les Capi ont vu et été à l’origine des premières modifications du tracé de la Classique des classiques. Ils ne sont aujourd’hui plus que le point de départ d’une approche de final d’une course barbante, tout en étant les dignes représentants d’une locomotive lancée à toute vapeur dans un final excitant. Où le peloton peut jauger les forces en présence et désigner les élus à la victoire finale sur la Via Roma, essorant un peu plus les coureurs lessivés par les kilomètres défilants inexorablement.

51.5 kilomètres de l’arrivée : le Capo Mele est roulant (1.9 kilomètre à 3.7 %).

46.6 kilomètres de l’arrivée : le Capo Mimosa Cervo est tout aussi court que son prédécesseur (2.1 kilomètres à 2.5 %). Boisé, il n’offre que peu de visuel avant d’aborder une descente peu technique puis quatre kilomètres de replat avant le dernier du fameux trio.

38.8 kilomètres de l’arrivée : le Capo Berta est le plus pentu des trois (1.9 kilomètre à 6.4 %) avec 9.2 % au plus fort de la pente. La descente rapide qui s’ensuit n’offre que peu de visuel en arrivant en périphérie d’Imperia. Impossible de se refaire la cerise en ralliant San Lorenzo al Mare où la montée de la Cipressa attend le peloton écrémé par l’arrière.
Si les Capi ont été les artificiers des premières années, ils n’auront été décisifs qu’une seule fois au cours des quatre dernières décennies.
À l’instar d’Erich Mächler dans son entreprise réussite en 1987, l’audacieux Claudio Chiappucci pris le pari de sortir dans le brumeux Turquino. Ses compagnons de fortune furent, un à un, essorés dans les Capi. D’abord, William Dazzani et Stefano Zanini (tous deux échappés matinaux) dans le Capo Mele, puis Marino Lejarreta, Adrie van der Poel, Thierry Marie et Peter Stevenhaagen dans le Capo Cervo avant de filer vers l’enchainement final avec pour seule compagnie Rolf Sørensen, en se défaisant de Jelle Njidam et Charly Mottet dans le Capo Berta.
LA CIPRESSA INCONTOURNABLE DEPUIS 1982

21.6 kilomètres de l’arrivée : la montée n’a rien de terrifiante sur le papier. D’ordinaire 4 % sur 5.7 kilomètres à ne cause guère problème. Mais avec plus de six heures de course, les gradients de la Cipressa viennent taper les cuisses et mollets déjà meurtris par la distance et nuisent aux moins robustes sur les très longues distances.

Seulement, il est un problème de taille : pour rallier le pied du Poggio, le périple n’est pas sans être semé d’embuche. Ce qui explique la rareté de ces entreprises suicidaires d’une douzaine de kilomètres. Pourtant, cela n’a pas empêché des grimpeurs de s’y aventurer, avec en tête de liste Marco Pantani en 1999 et Vincenzo Nibali en 2014.
D’autres tel Niccolò Bonifazio ont entrepris la folle opération de se lancer à corps perdu dans sa descente pour le moins scabreuse par endroit. Cependant, il faut remonter à 1996 et l’attaque de Gabriele Colombo, bien inspiré comme Gianni Bugno six ans plus tôt, pour retrouver une attaque victorieuse dans la Cipressa.
LE POGGIO, JUGE DE PAIX DEPUIS 1960

5.5 kilomètres de l’arrivée : les 3.6 kilomètres à 3.7 % les plus célèbres du monde.

Que l’arrivée soit jugée à 4.4 kilomètres sur la Corso Cavallotti (1986-1993), à 6 kilomètres sur le Lungomare Italo Calvino (2008-2014) ou à 5.5 kilomètres sur la Via Roma (1949-1985, 1994-2007 et depuis 2015), le sommet du Poggio a désigné par quinze fois (37.5 %) depuis l’introduction de la Cipressa, si ce n’est le vainqueur final, les élus au trophée circulaire ayant réussi à faire la différence sur le peloton de sprinteurs.

Si le Monument est considéré comme la classique des sprinteurs, c’est avant tout parce que de grands noms du sprint comme Rick Zabel (gardien de quatre victoires), Mario Cipollini (2002), Mark Cavendish (2009), et consorts s’y étant imposés. Favorisé par le profil prosaïque du Monument (guère plus de 2 000 mètres de dénivelé positif sur près de 300 kilomètres).

L’avènement de l’ère Zabel a signé un règne sans partage des sprinteurs durant onze années consécutives. Mais il est toutefois à noter que les groupes à l’arrivée y sont fortement réduits : 17 coureurs en moyenne sur les dix dernières éditions. Probablement, l’émergence des super-puncheurs n’y est sans doute pas pour rien. D’autant plus depuis la première apparition de Julian Alaphilippe en 2017, le peloton n’a eu de cesse de se partage que les miettes. Le pied du Poggio comme toute difficulté finale fait l’objet d’une bataille de tous les instants dans le placement des différentes formations et il n’est pas rare d’y voir des chutes comme celle de Mark Cavendish en 2018.
Edition | vainqueur | Nombre d’attaquants au sommet du Poggio | Écart à la cabine | Écart au pied | Écart auX 700 derniers mètres |
---|---|---|---|---|---|
2021 | Jasper Stuyven | 12 | Pas d’images | Pas d’images | 8″ |
2020 | Wout van Aert | Alaphippe | 4″ | 6″ | 5″ |
2019 | Julian Alaphilippe | 9 | 13″ | 24″ | Pas d’images |
2018 | Vincenzo Nibali | Nibali | 11″ | 8″ | 5″ |
2017 | Michal Kwiatkowski | 3 | 11″ | 17″ | Pas d’images |
2016 | Arnaud Demare | Kwiatkowski | 2″ | 1 | 1″ |
2015 | John Degenkolb | 2 | 2″ | 5″ | Regroupement |
NE LAISSER QUE DES MIETTES

232 COVI Alessandro
233 FORMOLO Davide
234 GIBBONS Ryan
235 POLANC Jan
236 TROIA Oliviero
237 ULISSI Diego
En l’espace de deux mois, depuis l’annonce de son programme, Tadej Pogačar est passé de la liste des outsiders (à peine de plus de 1 % de chance estimée par les bookmakers) à celle des favoris de la course (entre 16 et 20 % de probabilité implicite). L’ampleur du phénomène émirati est telle que l’ogre slovène est d’or et déjà décrit comme le nouveau Merckx. Gardien sans partage des courses par étapes, l’enfant de Komenda est, selon toute apparence, intouchable. Certes, la troisième place du Tour du Pays Basque fait tâche dans le palmarès irréprochable du double vainqueur du Tour de France. Mais ce faux pas n’est essentiellement imputable qu’à une mauvaise stratégie basée sur la protection du maillot de leader de son coéquipier Brandon McNulty. Libéré trop tard de l’étreinte de l’américain à la dérive, « Pogi » était le plus fort du groupe de chasse derrière Primož Roglič et David Gaudu. Sans être bridé, rien ne dit qu’il n’aurait pu défendre chez ses chances face à son compatriote en l’accompagnant jusqu’aux pentes de l’Usartza et refaire les 20 secondes de retard qu’il avait au classement général. Mais avec des si, la stratégie Jumbo-Visma avec Jonas Vingegaard en embuscade aurait tout aussi pu être remaniée.
Quoi qu’il en soit, Tauma Pogi (« le petit Pogi ») ne laisse guère d’espoir à ses adversaires quand il est aligné sur une course. Avec pour seul crédo de gagner autant de courses que possible. Son tour de force sur les Strade Bianche, avec un raid solitaire de 49.2 kilomètres n’en est qu’une démonstration. Plus récemment, la concurrence pourtant tout aussi féroce du Tirreno Adriatico a été réduit à peau de chagrin. Le Monte Carpegna a été l’instrument d’une démonstration de la tête d’affiche de l’équipe UAE Emirates, reléguant son dauphin du Tour de France Jonas Vingegaard, l’éternel malchanceux Mikel Landa, le deuxième de la dernière Vuelta a España Enric Mas et le troisième du Tour de France 2020 Richie Porte à 1 minute 27 au sommet.
Si Pogačar arrive en tant que favori, c’est précisément parce que rien ne lui résiste. Vainqueur de Liège-Bastogne-Liège et du Tour de Lombardie, les deux Monuments auquel il a participé l’année passée. Par son profil des plus polyvalents : grimpeurs, rouleurs, puncheurs ; le slovène a toutes les qualités pour briller sur tous les terrains et remporter au cours de sa carrière les cinq Monuments. Sur Milan-Sanremo, son profil lui permet d’aller chercher la victoire sur tous les scénarios vus depuis 1982 : raid en solitaire dès la Cipressa, attaque explosive dans le Poggio, descente kamikaze du Poggio ou coup du kilomètre.
Une longue attaque en solitaire sur Milan-Sanremo, serait quelque chose de spécial, mais je n’y crois pas. Peut-être à partir de la Cipressa, c’est faisable. – Tadej Pogačar, Cyclingnews
Ses raids autoritaires en solitaire initiés de loin nourrissent tous les fantasmes à propos d’une attaque dans la Cipressa. Une offensive que Nibali avait tenté, sans réussite, puisque l’italien avait été repris dans le pied du Poggio. Une édition 2014 marquée par un peloton, plus décimé que les récentes années dès l’ascension de la Cipressa. Une année pour le moins dantesque qui explique l’écrémage plus important.

Pour réussir ce type de mouvement osé, il convient d’avoir un vent favorable afin de ne pas se mettre des bâtons dans les roues. Tout Pogačar qu’il soit, un homme solitaire face au vent est forcément limité contre un peloton en chasse gardée. Plus les prévisions avancent et plus un vent de Nord-Est se consolide. La force du vent n’aura de cesse de se renforcer du départ (6 km/h) à l’arrivée (25 km/h). De quoi, instiguer des craintes d’attaques lointaines. Pourtant afin de contrecarrer les plans des autres équipes, mieux vaut être accompagné pour avoir une chance de réussir une » opération suicide « . Une audace que certaines équipes verraient d’un bon œil pour laisser mourir devant, le vraisemblable Cannibale du XXIe siècle, avant de le croquer dans le Poggio comme le Requin de Messine le fut. Sous condition d’avoir les armes pour le maintenir en laisse, ce qu’elles n’ont su faire sur les Strade Bianche lorsqu’elles étaient en terrain favorable en chemin pour le secteur de Monteaparti.
Quand on analyse l’équipe émiratie, le collectif semble largement tourné vers son homme le plus fort. Ryan Gibbons, sur le papier, pourrait être une option sprint, mais le scénario suggérant sa présence implique aussi celle d’hommes plus rapides. Cependant, un grimpeur comme Jan Polanc et trois puncheurs comme Diego Ulissi, Davide Formolo et Alessandro Covi orientent vers une course durcie pour son leader et plus probablement une montée asphyxiante du Poggio en vue d’une attaque de Pogi. Tout comme une montée plus neutralisée pourrait permettre à la UAE d’avoir plusieurs cartes à jouer sur la Cavallotti. Un surnombre qui leur avait été profitable sur le Trofeo Laigueglia et qui leur avait permis d’être offensif en ayant toujours un coup d’avance à Murcia. Dans ce cas, le jeune italien Covi pourrait être un second couteau qui tente de faire un coup à la Cancellera. Bien que rapide au sprint, il pourrait profiter du marquage de Pogi pour essayer le coup du kilomètre que beaucoup d’hommes rapides ont tenté par le passé. Jasper Stuyven l’an passé, Matteo Trentin en 2019 ou 2016 ou encore Sonny Colbrelli en 2015, beaucoup de sprinteurs ont tenté de se défaire du groupe de tête dans un final très souvent décousue. Où la collaboration est complexe, si ce n’est impossible quand un coéquipier n’est pas là pour se sacrifier. Du chaos peut naître la lumière pour qui cherchera l’éclaircie dans la victoire.
UN COLOSSE AUX PIEDS D’ARGILE


152 AFFINI Edoardo
153 LAPORTE Christophe
154 ROGLIČ Primož
155 VAN DER SANDE Tosh
156 VAN EMDEN Jos
157 VAN HOOYDONCK Nathan
Vainqueur de l’édition 2020, c’est en grand favori que Wout van Aert s’avance. Il faut dire qu’après un printemps 2021 XXL, le champion de Belgique vise toujours les mêmes objectifs ; à savoir pourfendre Paris-Roubaix et le Ronde van Vlaaderen. Mais avec une approche plus raisonnée, si ce n’est plus raisonnable. A courir après tous les lièvres, son palmarès était quasi vierge de jour de course hors du Top 10 mais rares ont été les victoires (souhaitées) à la clé. Cette année pour mettre à bien ses plans, le leader de la Jumbo-Visma sur les classiques printanières n’a pas hésité à sacrifier son hiver dans les sous-bois. Seulement, dix cyclo-cross à son actif contre 26 en moyenne sur les cinq dernières saisons. Pourtant ce n’est pas comme s’il n’était pas ultra dominateur en l’absence de Mathieu van der Poel, et même en peu de présence de son némessis. Neuf victoires et une quatrième place à Hulst à mettre sur le compte d’un ennui mécanique au départ de la course. Mais la véritable marque des ambitions de WVA a été de faire l’impasse sur le Champion du Monde, à Fayetteville, aux Etats-Unis, dont il aurait sans doute pu écraser la concurrence et obtenir un quatrième maillot érisé dans la discipline. Plus récemment, sur route, sa rentrée a été à l’image de son hiver. Avec un démarrage en fanfare à l’Omloop Het Nieuwsblad de retour de stage en altitude. La suite sur Paris-Nice n’a fait que de confirmer à quel point le natif d’Herentals sera un acteur majeur du printemps. Pas moins de six podiums en huit étapes représentant près de la moitié du total de son équipe (treize podiums d’étapes), une victoire sur le contre-la-montre de Montluçon qui ont laissé forte impression.
Cependant, sur les étapes au sprint, Wout dominé par Mads Pedersen à Dun-le-Palestel et à Aubagne a paru en perte de vitesse par rapport à la vitesse redoutable qu’on a pu lui connaître face aux purs sprinteurs. Un constat vu face à Fabio Jakobsen à Orléans. Un élément qui laisse une porte de sortie en cas d’arrivée en sprint réduit. Le triple vainqueur d’étape sur le Tour de France n’est pas si hégémonique que l’an passé. Du moins, pour le moment. Son objectif étant le maillot vert du Tour, assurément le travail du sprint sera fait après la coupure pour entamer la deuxième partie de saison.
Une stature de grand favori que lui doit sa performance sur l’étape de Nice couplé à la profondeur des scénarios dans lequel il peut s’imposer. Sans doute le plus rapide des puncheurs, il figure parmi les hommes les plus rapides au sprint en cas d’arrivée en comité réduit. Sa pointe de vitesse le fait figurer aussi parmi les meilleurs sprinteurs. Ses aptitudes de cross man en font un coureur doué en descente, quant à ses capacités dans l’effort individuel ne permettent pas à ses adversaires de lui laisser dix mètres d’avance en cas de late attack.
Si on parle de Nice, c’est que le belge a été la cheville ouvrière de la victoire au classement de Primož Roglič. Un Slovène en peine face à un Simon Yates plus tranchant dans les fort pourcentage du Col d’Eze. L’heure est à rendre la pareille. Les capacités de Roglič dans les secteurs favorisant les puncheurs devraient permettre de juguler les principales offensives. Mais la force des Killers Wasps repose sur la force du collectif qui peut et se doit d’être surreprésenté dans le final, avec notamment Christophe Laporte qui aura atomisé la Côte de Breuil où la concurrence a volé en éclat permettant à l’équipe néerlandaise de signer un rare triplé sur une course World Tour. Dès lors le français, transfuge de la Cofidis, aura le rôle de poisson pilote. Après une victoire offerte sur un plateau d’argent dans les rues de Mantes-la-Ville et quatre jours en jaune, Laporte est un autre coéquipier qui en doit une au belge. Les bons comptes font les bons amis, dit-on. Sauf que si la meilleure défense est l’attaque ne serait-il pas opportun d’obliger les autres à supporter le poids de la chasse en récupérant l’Aurélia via la Cavallotti en impulsant un coéquipier dans une attaque tardive pour assoir Wout dans un fauteuil ? Si tel est le cas, un second couteau pourrait s’imposer au nez et à la barbe d’un groupe regardant de trop près le belge. Le français et le slovène pointe en tête de liste. Tout comme cette main d’œuvre peut être mise à profit pour juguler toutes les offensives et servir de chair à canon pour permettre à WVA de glaner son second Milan-Sanremo.
UN SEUL ÊTRE VOUS MANQUE

162 CONCA Filippo
163 FRISON Frederik
164 GILBERT Philippe
165 KLUGE Roger
166 VAN GILS Maxim
167 VERMEERSCH Florian
Pour sa dernière saison chez les professionnels, d’aucuns ne seraient pas heureux de voir Philippe Gilbert rentrer dans le club très fermé des vainqueurs des cinq Monuments, en remportant le dernier qui manque à sa collection. Seulement, l’honnêteté doit être de reconnaitre que le train est déjà passé, sans pour autant laisser un goût d’inachevé tant la carrière du champion du monde 2012 a été complète. La Lotto Soudal doit revoir ses plans après que Caleb Ewan ait été contraint à ne pas prendre le départ en raison d’une grippe intestinale. Assurément une épine de moins dans le pied pour Wout van Aert ? Soudain malgré son âge avancé, Gilbert remonte dans la hiérarchie des plans de l’équipe belge. A moins que Florian Vermeersch ne réussisse à accrocher le bon wagon. Ce qui ne semble possible que par une anticipation. Une équipe résolument encore une fois tournée vers l’offensive.
DE L’OMBRE A LA LUMIERE

1 PEDERSEN Mads
2 BRAMBILLA Gianluca
3 GALLOPIN Tony
4 KIRSCH Alex
5 MOSCA Jacopo
6 PELLAUD Simon
7 SKUJIŅŠ Toms
Couper la tête de l’hydre et il lui en repousse une autre. Si Wout van Aert est débarassé du problème Ewan, Mads Pedersen est une sacrée problématique. Loin d’être insoluble mais difficile à résoudre en ce début de saison 2022. Il est vrai qu’au delà de la forme affichée, le danois n’a jamais autant volé dès que la route s’élève. Ce qui en fait un candidat presque évident pour Milan Sanremo. Tant et si bien que son programme originel sans la Classissima paraîssait incohérent. Le désormais leader de la Trek Segafredo, dépourvu du vainqueur sortant, Jasper Stuyven, a montré sur des arrivées en bosse qu’il était un redoutable adversaire. D’abord sur l’Etoile de Bessèges, à Bellegarde puis à Rousson, avant de confirmer à Dun-le-Palestel dans un sprint lancé de très loin. Ce n’est pas comme si des prémices avaient donner le « la » d’un futur récital du champion du monde 2019. Audrey Cordon Ragot avait bien sûr prévenu que son coéquipier masculin voulait aux différents entrainements.
Mais si, Mads est un favori indiscutable. Le scénario qui le favorise le plus n’est pas celui qui a les préférences. Il est évident que Wout van Aert voudra s’en défaire. Battu à Aubagne dans un sprint plat, et sans doute relégué au troisième rang à Orléans, si Pedersen n’avait pas subi un saut de chaine dans les derniers hectomètres. C’est pourquoi il n’est pas à se demander si les Jumbo-Visma ne voudront pas eux aussi durcir la course de loin, pour faire sauter les purs sprinteurs comme le danois, et surtout ce dernier. Une ascension du Poggio vent de face aurait été une bonne nouvelle pour celui-ci mais le vent de côté, couplé au vent favorable sur le chemin du juge de paix ne sont pas sans dresser des obstacles sur la route du coureur de la Trek
SANS SON MÂLE ALPHA

182 BAGIOLI Andrea
183 CAVAGNA Rémi
184 CATTANEO Mattia
185 HONORÉ Mikkel Frølich
186 SÉNÉCHAL Florian
187 ŠTYBAR Zdeněk
Sans sa tête d’affiche, le Wolfpack a moins de mordant. Et pourtant les hommes de la Quick Step Alpha Vinyl n’en ont pas pour le moins un effectif séduisant sur le papier. malgré sa forme et sa vitesse au sprint, comme pour Pedersen, la direction du vent coupe l’herbe sous le pied de Fabio Jakobsen. Florian Sénéchal pourrait le suppléer mais Andrea Bagioli, Mikkel Frølich Honoré et Zdeněk Štybar ressemblent plus à des vainqueurs probables. Le tchèque dernier suiveur des Jumbo dans la Cote de Breuil a laissé probablement la meilleure impression comparé à Florian Sénéchal lors de Paris-Nice. Il est vrai que les objectifs du français sont dans un mois, ce qui lui laisse le temps de construire son pic de forme. Cependant, le Wolfpack à l’image du début de classique doit s’attendre à être plus effacé.
PASSER AU NIVEAU SUPERIEUR

122 GANNA Filippo
123 HAYTER Ethan
124 PIDCOCK Thomas
125 ROWE Luke
126 SWIFT Ben
127 VIVIANI Elia
La direction du vent étant une mauvaise nouvelle pour les sprinteurs, Elia Viviani ne devrait pas faire partie des prétendants à la victoire sur la Via Roma et étonnament Michał Kwiatkowski apparaît comme à un coéquipier de luxe pour ses leaders au sein de l’équipe Ineos Grenadiers. La bizarrerie de cette saison, c’est que Tom Pidcock partagera le leadership avec Filippo Ganna. Il est vrai qu’il y a de cela quelques mois, presque personne n’aurait fait de Pippo un des outsiders crédible pour MSR. Mais l’italien, au delà d’avoir annoncé le Monument dans ses objectifs, a montré des capacités d’escalade qui n’ont eu de cesse de s’améliorer. Capable d’accrocher le groupe des leaders jusqu’au sommet du Jebel Jais (18.7 kilomètres à 5.7 %), une montée comparable à l’Alto Colorado à San Juan où il a bien figuré par le passé. Mais le résultat le plus frappant reste sans doute sa troisième place à Manosque derrière Bryan Coquard et Julian Alaphilippe dans une arrivée taillée pour les puncheurs-sprinteurs. Néanmois, si on remonte le temps d’une année précisément, le champion du monde de contre-la-montre a étonné par son relai au pied du Poggio poussant jusqu’aux portes des serres. Le natif de Verbiana est une option de choix s’il bascule avec Tom Pidcock en tête du Poggio. La puissance pure et sauvage pouvant compenser le manque de punch, il n’est absolument pas à écarter des prétendants. Si dès lors, il figure dans un groupe basculant sur la Cavallotti, alors l’option sera clairement sur une late attack à la Cancellara. Cependant, il coche aussi la case d’attaquants entre la Cipressa et le Poggio grâce au vent poussant.
Quant à Tom Pidcock, le récent champion du monde de cyclo-cross est apparu encore en train de faire du fractionné pendant la compétition à Algarve. Une rentrée effacée, vite corrigée sur l’Omloop Het Nieuwsblad où il aura fait partie du groupe de costaud s’étant extrait du peloton, avant d’être repris. Mais c’était sans compter sur la maladie qui frappe bon nombre de coureurs du peloton que le britannique a du stopper sa reprise. Des incertitudes planent donc sur sa condition. Mais s’il est dans les clous, alors il reste un redoutable candidat à la victoire lorsque l’on se souvient qu’il aura presque coup sur coup failli faire la nique par deux fois à Wout van Aert au sprint. D’abord sur la Flèche Brabançonne avant de concéder une victoire polémique du belge à la photofinish sur l’Amstel Gold Race. Rappelons que les meilleurs puncheurs peuvent faire parler de leur explosivité au sprint. Après tout, Julian Alaphilippe a remporté ce Monument en réglant un groupe de dix coureurs.
LE RETOUR DU FILS PRODIGE

22 DILLIER Silvan
23 GOGL Michael
24 OLDANI Stefano
25 PHILIPSEN Jasper
26 SBARAGLI Kristian
27 STANNARD Robert
A la surprise général, Mathieu van der Poel fait partie des partants de Milan-Sanremo. Une rentrée que personne n’espérait si tôt. Surprenant le monde entier, sa participation quand bien même le Monument ferait près de 300 bornes est une mauvaise nouvelle pour Wout van Aert. Il est vrai que les deux némessis ont tendance à se neutraliser sur les classiques précédentes. Mais sa présence est sans doute, un bon point pour le spectable. Sans doute, parce que le petit phénonème voudra se tester. Et lorsqu’il se teste, Mathieu fait bien souvent du van der Poel. Avec des numéros lancés de loin. Toute la question est de savoir comment s’est-il remis de sa blessure au dos, qui l’a contraint à une saison blanche dans les labourés.
Je ne vais pas me contenter d’arriver à la ligne d’arrivée. Je me sens prêt et j’espère concourir pour une victoire d’un jour – Mathieu van der Poel, Sporza
Bien que l’ayant déclaré pour la Coppi e Bartali dont il devait prendre le départ pour sa rentrée, il est clair que MVDP s’aligne parce que les conditions le lui permettent. Mais peut-il résister d’entrée à autant de kilomètres ?
Sa reprise des entrainements n’a eu lieu que le 29 janvier sur Zwift. Depuis en l’espace d’un mois et demi, le néerlandais de la Alpecin Fenix a cumulé 4 519 kilomètres pour 64 391 mètres de dénivelé positif. Accumulant parfois des sorties de plus de 200 bornes au delà des 4000 mètres de dénivelé positif, sur des secteurs gravels. Du spécifique donc, exigeant physiquement. D’ordinaire, le manque de rythme est un problème pour une majorité de coureurs mais Roglič a bien gagné une Vuelta sans et Wout van Aert l’Omloop à son premier jour de course. L’an passé, Andrii Ponomar découvrait le monde professionnel sur le Monument. La génération dorée est mieux préparée et Milan Sanremo est probablement malgré la distance, la course la plus facile à finir.

Mais c’est surtout les chiffres qui sont le meilleur indicateur. Et sur sa dernière séance de spécifiques, les chiffres sont excellents. De quoi espérer une attaque thermonucléaire.

Au sommet du Collao Laguar por Castells, il nous aura même tari d’un sprint qui peut faire espérer une attaque tranchante dans le Poggio. Si tenté que cette année, Mathieu van der Poel ne soit pas mal positionné au pied comme c’était le cas l’an passé. Un effort pour remonter qui lui aura été préjudiable.
QUAND LA FORME EST LA
Nombre d’équipes ont plusieurs cartes à jouer :
- la AG2R Citroën peut miser sur Benoît Cosnefroy, Greg van Avermaet et Andrea Vendrame,
- la Bahraïn Victorious sur Matej Mohorič et Damiano Caruso surtout sur ce dernier, le slovène revenant de maladie.
- la Movistar sur Gonzalo Serrano, Ivan Garcia Cortina et principalement sur Alex Aranburu qui aura montré une forme éblouissante sur le Tirreno Adriatico,
- la TotalEnergies sur Peter Sagan et Anthony Turgis.
D’autres peuvent compter sur des cartes polyvalentes en forme. Tel est le cas de Michael Matthews pour la Bike Exchange qui peut être suppléé par Luka Mezgec ; Biniam Girmay Hailu, Lorenzo Rota ou Simone Petilli pour les Intermarché Wanty Gobert Matériaux. Là où des éléments comme Alberto Bettiol pour la EF Education EasyPost ont rassuré mais sur probablement un peu seul vu le scénario envisagé, comme c’est le cas pour Quentin Pacher pour la Groupama FDJ.
Malheureusement, la Cofidis Solutions Crédits à des soucis à se faire pour Bryan Coquard qui est loin d’être le maître du placement. Des problèmes similaires pour la Israel Premier Tech, résolument tourné vers un scénario sprint.
Si l’on se concentre sur un outsider probable, c’est à raison que Soren Kragh Andersen doit être mis en tête de liste. Bien sûr, ses probabilités de victoire sont réduites à une offensive tardive réussite. On sait qu’il aura essayé l’an passé, rejoignant Jasper Stuyven mais condamné à une seconde place en l’accompagnant. Réussir là où il a échoué en 2021, en surprenant à nouveau apparaît assez téléphoné. Et pourtant, il ne faut pas remonter loin pour trouver pareille réussite. La victoire de Kwiatko en 2017 a fait suite après son attaque en solitaire en 2016 dans le Poggio. Malheureusement, rattrapé dans le final, le Pole avait mis la balle au fond l’année suivante. Apprendre du passé, c’est bien la leçon que le danois de la DSM devra appliquer. La forme montrée à Paris-Nice signe les meilleurs hospices pour un coureur qui coche tant la case de l’anticipation que du coup au kilomètre. L’équipe est résolument tournée vers l’offensive et se veut l’être avec entre autres Andreas Leknessund.
PRÉDICTION
edition | vainqueur de milan Sanremo | Place aux strade bianche | Nombre de victoires avant milan Sanremo |
---|---|---|---|
2021 | Jasper Stuyven | DNS | 0 |
2020 | Wout van Aert | 1 | 1 |
2019 | Julian Alaphilippe | 1 | 6 |
2018 | Vincenzo Nibali | DNF | 0 |
2017 | Michał Kwiatkowski | 1 | 1 |
2016 | Arnaud Demare | DNS | 3 |
2015 | John Degenkolb | DNS | 1 |
2014 | Alexander Kristoff | DNS | 1 |
2013 | Gerald Ciolek | DNS | 1 |
2012 | Simon Gerrans | DNS | 1 |
2011 | Matthews Goss | DNS | 3 |
2010 | Óscar Freire | DNS | 3 |
2009 | Mark Cavendish | 24 | 5 |
2008 | Fabian Cancellara | 1 | 3 |
2007 | Óscar Freire | DNS | 3 |
Les Strade Bianche ont, ces cinq dernières années, été un révélateur pour Milan-Sanremo. Plus globalement, le vainqueur de la Primavera a déjà levé les bras au cours de la saison entamée. Avec la pancarte d’homme à abattre, Tadej Pogačar pourrait amener à une course durcie à partir du Capo Berta. Afin d’aborder un essorage du peloton dans la Cipressa. La récente présence de Mathieu van der Poel bouleverse la donne et ce que l’on espérait l’an dernier pourrait avoir lieu : une course lancée de loin. De quoi prendre des équipes en défaut et trouver des alliés de circonstances en chemin pour mener à bien l’opération Cipressa. Un résultat barbant pour une édition rarement aussi excitante.
Le choix parmi les favoris : Tadej Pogačar
Le second couteau : Alessandro Covi
Apprendre du passé : Søren Kragh Andersen