144.9 kilomètres pour rellier Cluses à Tignes pour la première arrivée au sommet. Avec 4628 mètres de dénivelé positif total, nul doute qu’un grimpeur patenté du peloton s’imposera. Toute la question est de savoir si celui-ci sera issue de l’échappée ou du groupe des leaders.
Un sauve qui peut général ?
Tadej Pogacar a frappé un grand coup sur les routes du Tour de France. Les UEA émirates sont en position de force. Avec 5:01 sur Richard Carapaz qui fait office d’adversaire le plus coriace en montagne, le slovène, vainqueur sortant du TDF, peut dormir sur ses deux oreilles. La stratégie de course est donc probablement sceller pour Pogi qui doit éviter les pièges, passer entre les gouttes. Bref, la jouer fine… Jouer sur la défensive. Le coup de massue est grand pour les Ineos Grenadiers et la Jumbo-Visma qui avaient les deux armadas pour contrecarrer les desseins du maillot blanc. Seulement, les chutes successives de Tao Geoghegan Hart, Richie Porte, Geraint Thomas et Primoz Roglic ont ouvert un boulevard pour le vainqueur du Tour de l’Avenir 2018.
La vraie bataille semble se résumer à une bataille pour le podium. Sauf incident, Pogacar peut naviguer tranquille vers un second sacre. Si les émiratis se frottent les mains, les autres équipes doivent revoir toute leur stratégie. Si la question pour les Grenadiers se veut toujours de savoir comment renverser Pogacar, les autres équipes doivent être résigné au fait qu’une deuxième place serait une victoire. Après tout, exclusion fait de Wout van Aert à 1:48, Alexey Lutsenko, Rigoberto Uran, Jonas Vingegaard, Richard Carapaz, Wilco Kelderman, Enric Mas et David Gaudu se tient en seulement 1:14. Ce qui ouvre le champ des possibles pour ses hommes, qui se rêvent sans doute de figurer sur le podium sur les Champs Elysées.
L’étape du jour ressemble désormais à une transition avant la première journée de repos. Les échappées ont de grande chance d’aller au bout tout simplement car personne ne voudra rouler pour se faire écrasser une nouvelle fois par Tadej Pogacar. Qui dit grande chance des échappées dit bataille ardue pour prendre le large. Avec 15:34 d’avance au classement par équipe, deux victoires d’étape au compteur et un maillot de meilleur grimpeur à défendre, les Bahraïn Victorious sont les premiers noms qui viennent à l’esprit lorsque l’on pense à une victoire des fuyards. L’équipe se veut résolument offensive. Son leader Jack Haig ayant abandonné sur chute, Pello Bilbao se retrouve une nouvelle fois dans la peau du leader de rechange. Avec 6:41 de retard sur Tadej Pogacar, le retard offre une marge de manoeuvre sur l’équipe du Moyen-Orient. Le problème majeur du basque est de pouvoir se défaire du joug des équipes candidats au podium final dont il est une menace en naviguant sous les deux minutes.
En vérité, le départ n’a d’intérêt que de voir se former une échappée de grimpeurs emmenant avec eux des coéquipiers pour travailler au cours de la journée au succès de l’échappée. Mais encore et surtout la bataille lancée entre les Bahraïn et la Bike Exchange dans la chasse aux points du sprint bonification de Praz sur Arly où forcément Michael Matthews et Sonny Colbrelli auront un oeil sur les 20 points attribués à celui qui y passera en tête. Situé à 32.7 kilomètres, le SI est une opportunité mais rien de garantie. Puisqu’il faut basculer à Megève parmi les hommes de tête.
Avec une quinzaine de kilomètres de plat (16.7 pour être exact, le peloton devrait être compacte au pied de la côte de Domancy.

2.5 kilomètres à 9.4 % sont résolument suffisamment sélectif pour qu’un groupe de grimpeurs se dégage dans les pentes les plus escarpées de la côte de Domancy.
Avant de s’accorder un bon de sortie ou non par l’équipe du maillot jaune sur les routes ascendantes, vers Megève. Mais cette partie plus favorable peut aussi être l’occasion pour la Bahraïn Victorious, la Bike Exchange voire même pour la Bora Hansgrohe de tirer un peloton déjà morcelé vers le sprint intermédiaire.
Sans doute, faudra-t-il attendre le col des Saisies pour voir enfin le bon coup partir définitivement sur les 9.4 kilomètres à 6.2 %.
Suivi d’une descente technique, humide et rapide, les plus mauvais technicien pourrait être mis en difficulté afin notamment de s’assurer que les points attribués au sommet du Col du Pré ne viennent troubler l’équilibre de l’échappée.
Avec 20 points attribués à celui qui passera en tête du Col du Pré, la bataille pour le maillot à pois pourrait faire un sacré écrémage à l’avant. En effet, Wout Poels au classement du Grand Prix de la Montagne ne dispose que de 23 points. Un passage en tête replace nécessaire dans le jeu du maillot de meilleur grimpeur. Toute proportion gardée des cols passés précédemment et des points pris par les coureurs ayant déjà pris des points les jours passés.
Le Col de près par le Cormet de Roselend. Rien de bien exigeant après tout ce qui aura été traversé et ce qu’il reste encore à parcourir.
La Montée de Tignes sera le juge de paix de l’étape de clôture alpestre après une journée érintante et une première semaine à bloc. Comparable en certains points à Val Thorens, Tignes est une longue montée (plus de 20 kilomètres), roulante (5.6 %) au dessus des 2 000 mètres d’altitude (une hauteur où le déficit en oxygène se fait sentir).
UNE VéRITABLE LOTERIE
Qui dit échappée, dit loterie. Le relief ne fait guère de doute sur les qualités de grimpeurs du vainqueur mais la sur-représentation de certaines équipes peut influencer le cours de la scène. Le plus fort ne gagne pas nécessairement et le plus malin peut tirer son épingle du jeu.

D’autant que le mauvais temps favorise les coups du sort. La Montée de Tignes ne se fera pas sans attaques avec un vent plutôt de côté. Ce qui n’est pas un frein aux offensives.

Dans la lignée de sa nouvelle ADN, l’équipe Ineos Grenadiers doit revoir ses plans. Traditionnellement très conservatrice et sur la défensive, c’est sur le Giro d’Italia 2020 et même sur le Tour de France de la même année que l’équipe s’est réinventée. Surprenamment sur l’offensive, l’équipe pallie désormais son manque de leader transcend le classement général par des coups d’éclats en échappée. C’était le cas à la Roche sur Foron avec la victoire main dans la main de Michal Kwiatkowski et Richard Carapaz ou d’à la fois Filippo Ganna à Camigliatello Silano, Jhonatan Narvaez à Cesanatico ou de Tao Geoghegan Hart à Piancavallo.
C’est d’ailleurs ce dernier qui a été vu maintes fois à l’offensive la veille. Comme un signe que les Ineos Grenadiers veulent jouer double jeu désormais. La perte de temps de Geraint Thomas est une obène pour le vainqueur du Giro d’Italia 2020 qui a su se replacer dans le jeu du GC après sa victoire sur les pentes de Piancavallo et doubler la mise à Sestrière. Pour remporter l’étape, il faut avoir des qualités certaines de grimpeurs mais encore et surtout des qualités indéniables en terme de vitesse. L’hypothèse d’un sprint en petit comité n’est pas à exclure. Le Sappey-en-Chartreuse (2e derrière Alejandro Valverde) a montré tout le bien qu’on peut penser du britannique dans le domaine.
L’abandon de Primoz Roglic ne change rien quant aux ambitions de l’équipe néerlandaise sur le Tour de France. Désormais Jonas Vingegaard a tout loisir de se tester dans la lutte au classement général. La principale interrogation demeure sur le cas Wout van Aert qui possède tout de même près de 4 minutes sur les principaux candidats au podium et malgré tout peu entrevoir des espoirs de maillot jaune, en cas d’incident (ce qu’évidemment personne ne souhaite) ou de piège dans une bordure possible en deuxième semaine. Pour le reste, l’équipe est portée à l’offensive. Sepp Kuss a essayé mais à l’image du Critérium du Dauphiné a failli dans sa tâche. Steven Kruisjwijk devrait donc être porté à essayer. En 2019, l’étape de Tignes (dont la montée était plus courte) semblait se tourner vers une victoire disputée entre Simon Yates et Egan Bernal. Mais le néerlandais, frustré comme jamais, semblait avoir une idée derrière la tête. La montée de Tignes est un col qu’il connait par coeur. L’ayant gravit en entraînement par exemple en 2019, près d’une vingtaine de fois. La Jumbo Visma y a pour habitude d’établir sa base pour ses camps d’entrainement en altitude aux fins de finaliser la préparation pour le Tour de France. C’est une montée que l’équipe maîtrise sur le bout des doigts. L’arrivée de l’hégémonie Roglic au sein de l’équipe a un temps soit peu bousculer la hiérarchie au sein de l’équipe. Kruisjwijk est pour rappel un grand espoir de victoire sur un Grand Tour pour le Pays Bas (et l’on se souviendra de sa chute qui lui aura coûté le Giro 2016). 3e du Tour 2019 n’est pas sans montré toutes les qualités de grimpette du co-leader de la Jumbo-Visma. Désormais à 22:09 au GC, la marge de manoeuvre est permise pour s’envoler vers une victoire d’étape plus que mérité après tant de galère.

Parmi les hommes en forme du peloton en 2021, Ben o’Connor s’est mis en avant à maintes reprises. Le leader de la AG2R Citröen La Mondiale a en effet été plus qu’à son avantage sur les pentes de Thyon 2000 sur le Tour de Romandie. Dans une étape au cumul de dénivelé similaire, il était le plus fort du groupe des leaders en s’expirtant lors du final aux Gets. L’australien ne cesse de monter en puissance. Ce n’est sans doute pas pour rien qu’après un Giro d’Italia 2020 offensif, marqué par la victoire à Madonna di Campiglio, qu’il s’est montré comme le coureur le plus fort derrière Miguel Angel Lopez sur les pentes du Mont Ventoux au début du mois dernier. Semble-t-il remis de sa chute, o’Connor doit obtenir la permission des Terminator du peloton pour naviguer au sein de l’échappée n’étant à guère plus de 8 minutes de Tadej Pogacar et donc 3-4 minutes du podium.
Aurélien Paret Peintre pour la deuxième journée d’affilée dans sa région ?
Matej Mohoric et Wout Poels pour aller défendre le maillot de meilleur gripeur. Dylan Teuns pour la passe de deux à la Mark Padun ? Ou Pello Bilbao pour des conditions qu’il apprécie ?
Patrick Konrad pourrait retenter ce qu’il a initié aux Gets ? A moins qu’Emmanuel Buchmann soit de la partie ?.
Omar Fraile n’a jamais paru aussi solide lorsque l’on voit sa montée du col de Romme. Jakob Fuglsang trouve un terrain à sa mesure. Tout comme Ion Izagirre peut retenter le coup
Jesus Herrada l’infatigable. Mais dans sa quête du mailllot à pois et d’une victoire d’étape Guillaume Martin sera revu aux avants postes. Pas sûr que le peloton lui laisse la latitude nécessaire pour se replacer au GC.
Dries Devenyns est sans doute sous les radars. Mais c’est Julian Alaphilippe qui a les faveurs après sa perte de temps au classement général. A l’instar de Val Thorens, Tignes est sans doute une montée trop longue pour le champion du monde.
Michal Valgren a impressionné sur le Dauphiné alors pourquoi pas ? Neilson Powless remis de sa chute ?
Dans un scénario leader David Gaudu pourra t il nous faire rêver ?
Full offensive
Louis Meintjes, point barre.
Michael Woods pour le rebelotte ? Ou Dan Martin sera-t-il suffisamment en forme ?
La guèpe doit piquer !
Une Lotto encore et toujours offensive.
Idem pour la Movistar où Carlos Verona peut faire partler sa vitesse en comité réduit. Alejandro Valverde était trop frigorifié hier, aujourd’huui ne sera guère mieux pour Papy.
Et si Lucas Hamilton tentait enfin de remonter au GC ? Sa pointe de vitesse est vraiment un danger en cas de comité réduit.
Une autre équipe résolument offensive avec Mark Donovan, Soren Kragh Andersen ou même Tiesj Benoot. Mais les deux derniers ont payé un lourd tribu hier.
Quel dommage que Michael Gol ait chuté
Toms Skujins, Vincenzo Nibali, Bauke Mollema, Julien Bernard, Kenny Elissonde tant de noms…
Les grégarios pourront-ils sortir ou l’équipe jouera-t-elle la prudence ?
On attend le grand Xandro Meurisse d’y il a deux ans…
Attaque de Pierre Rolland
Warren Barguil enfin devant ? Nairo Quintana en quête du pois ? Elie Gesbert sur un terrain qui lui scie bien ?
Si Pierre Latour paye les contrecoups, n’est-ce pas l’heure de Cristian Rodriguez ?
PRONOSTICS
