249.1 kilomètres pour rellier Vierzon au Creusot dans une étape que l’on pourrait dénommé de Liège-Bastogne-Liège à la française. 3120 mètres de dénivelé positif avec une centaine de kilomètres de plat à avaler avant de commencer un enchainement de bosse pour dynamiter le final. Une classique, que dis-je, un Monument au sein même de la première semaine du Tour pour basculer le classement général avant les étapes alpestres du week-end au Grand Bornand et à Tignes.
unE première échapée victorieuse sur le tour de france ?
Si l’on parle de « classique » sur un Grand Tour, la façon de courir l’étape est outrement plus atypique que les courses d’un jour qui rythme le printemps dans les flandres et les ardennes. Avant deux étapes de montagne, il serait bienvenue pour les équipes de leaders de préserver leurs éléments en vue des journées plus escarpées. Ce qui augmente considérablement les chances des échappées. Les UEA émirates, Ineos Grenadiers et la Jumbo-Visma se verraient bien passer une journée tranquille avant de se déclarer la guerre dans les cols du massif alpestre. La première équipe est dans une situation idéale, Tadej Pogacar possède désormais plus d’ 1:30 sur le premier des Grenadiers et sur son compatriote slovène. Du côté des Grenadiers et Killer Wasps, les choses se sont compliquées en cours de route. D’abord, les britanniques ont fait face aux chutes de Tao Geoghegan Hart et de Richie Porte sur la première étape avant que Geraint Thomas aussi ne goûte le bitûme. Le trident de la dynastie « Sky-Ineos » compte 1:36 pour Richard Carapaz, 1:46 pour Geraint Thomas et 3:50 pour Richie Porte. Mais les comptes ne sont pas mieux chez l’héritière des Rabobank puisque Primoz Roglic affiche 1:40 de retard sur celui qui l’aura privé d’un sacre à la Planche des Belles Filles sur le dernier Tour de France. Ce n’est probablement pas sur les équipes de leaders qu’il faudra compter pour ramener les fuyards dans les rangs. Puisque si l’on ajoute la Movistar à l’équation, Enric Mas est un leader affiché à 1:50 après que Miguel Angel Lopez ait perdu plus de cinq minutes pour le prodige slovène. A seulement 8:41 au classement général par équipe, les espagnols ont un coup à jouer en cas de victoire de l’échappée. C’est tout naturellement que les hommes de José Luis Arrietta devraient se glisser à l’avant et ainsi ne contribuer à l’effort collectif qu’au sein de l’échappée. Attention, nombre sont les leaders desdites équipes et des équipes adversaires à avoir perdu du temps qu’il pourrait refaire. Il n’est pas impossible de voire un membre du Top 25 tenter de se replacer. Des écarts sont faits au GC mais les nombreuses chutes ainsi que le potentiel affaiblissement de Primoz Roglic ouvre des portes sur le podium à Paris.
Qui dit chance des échappées, dit bataille pour prendre le large. Sur un départ si plat, la guerre pourrait faire rage longtemps. La Alpecin Fénix a presque trois options qui s’offrent à elle et qui dépendra principalement de Mathieu van der Poel, actuel leader du classement général. D’abord, le caractère fougueux de MVDP pourrait l’amener à réitérer ce qu’on l’a vu faire sur l’étape de Leukerbad sur le Tour de Suisse. C’est-à-dire « faire une Greg van Avermaet » en s’échappant avec le maillot de leader du classement général sur les épaules. Dans ce cas, le poids de la chasse reposerait sur les équipes adversaires et combien de crédits sont-elles prêtes à accorder à l’homme qui sait tout faire. Ensuite, l’équipe belge pourrait très bien chasser pour le gain de l’étape avec MVDP. Il est certain que la Alpecin sera très rapidement libérée du poids qu’incombe un maillot de leader. L’équipe ne sera plus qu’en chasse sur les étapes promises pour ses sprinteurs. Si l’on parle de classique, on pense évidemment aux coureurs qui ont rythmé le printemps. MVDP est de cela. Nul doute que tout le monde se souviendra de son Tour des Flandres survolté. Enfin si l’on parle du Ronde, il est à noter que Kasper Asgreen est un des membres du classement général qui pourrait prendre l’échappée du jour. Si tel est le cas, alors les chances des plus téméraires seront drastiquement réduites. Situé à 1:41 du maillot jaune, le danois n’est pas sans ambitionné une victoire d’étape mais aussi le maillot de leader. Seulement, peu probable que la Alpecin laisse du champ au champion du Danemark de contre-la-montre. Dès lors, l’échappée serait trop à portée de fusil pour prendre du champ. Mais si Asgreen ne peut être devant ? Alors Julian Alaphilippe peut encore rêver de jaune. Près de 50 secondes, c’est un sacré retard à combler pour Van der Poel. Cependant, l’étape est cousue-main pour le champion du monde. Si aucun pion n’est mis à l’avant, la Deceuninck Quick Step mettra en route pour le meilleur puncheur du monde.
En vérité, les belges pourraient être accompagnés dans cette manoeuvre par les équipes des sprinteurs les plus polyvalents. Avec 30 points crédités au vainqueur de l’étape dans le classement par points, les sprinteurs comme Michael Matthews (4e avec 52 points de retard sur Mark Cavendish), Peter Sagan (7e avec 76 points de retard sur le Manx Missile) et Sonny Colbrelli (8e avec un débours de 82 points) pourrait combler une partie de leur retard sur le sprinteur de la DQS. La meilleure option semble être de prendre l’échappée. Sauf que si l’un des trois n’est pas parmi les hommes de tête, alors son équipe roulera pour ne pas lui permettre de prendre de l’avance sur les autres au classement par points. La Bahraïn Victorious, Bike Exchange et Bora Hansgrohe pourraient être les équipes qui se mettent au service de leurs sprinteurs pour aller glaner la victoire au Creusot.
Enfin, il n’est pas sans rappeler que le rythme pourrait être intense pendant plus d’une heure même si l’échappée venait à se former vite. Puisqu’un gros groupe serait en position favorable pour se disputer la gagne. Mais cela veut aussi dire que des équipes peuvent se faire piéger. Lorsque l’on sait que la consigne sera de ne pas louper le bon coup, il n’est pas impossible de voir une équipe de rang moindre voire une équipe invitée à se mettre à la planche. Comme une punition pour avoir loupé la bonne.

Le scénario échappée est donc probable mais loin d’être encré dans le marbre. Mieux vaut une échappée conséquente pour faire face à une journée vent de face.
Le final commencera avec la côte de Château-Chinon (3.2 kilomètres à 5.2 %).
Suivi de la côte de Glux en Glenne (2.6 kilomètres à 4.2 %), mais en réalité c’est plutôt 13.3 kilomètres à 2.5 % avec le Col de la Belle Place. Ce qui rajoute de l’exigence au parcours lorsque l’on se fit juste aux cotes répertoriées.
Entre … et la côte de Beauregard par exemple, nombre sont les petits repechos qui jalonnent le parcours.
Dans la côte de la Croix de la Libération (4.6 kilomètres à 5.3 %), certains voudront sans doute anticiper la prochaine difficulté où tous les yeux seront rivés vers les puncheurs du plateau.
Il faudra nécessairement être placé pour aborder la descente qui suivra.

Puisqu’elle se fera sur des routes nécessairement peu large.
Le Signal d’Uchon s’annonce comme le juge de paix de la course du jour. Une course qui devrait s’y décanter. 5.7 kilomètres à 5.7 %, rien de bien méchant au demeurant.
Mais ce sont les pentes à 18 % de répertoriées qui feront l’objet d’une véritable sélection.

Une descente favorable aux mouvements dans le Signal d’Uchon puisque le visuel sera rendu compliqué par les obstacles que sont la forêt environnante.
Pour finir par la côte de la Gourloye (2.5 kilomètres à 5.1 %)…

… sur les véritables routes de campagne de la Saône et Loire.

Et redescendre vers la ligne d’arrivée.

Le dernier kilomètre est un sprint en faux plat montant à 2.7 % (ne pas se fier au 10.7 % du précédent screen qui doit être pris sur une très courte distance).
DES PUNCHEURS QUI ONT TOUT à GAGNER

S’il est un leader qui a perdu du temps dès la première étape, c’est bel et bien Michael Woods. Dans la forme de sa vie, Rusty Woods est désormais à 14:53 de Mathieu van der Poel. Ce qui lui offre la lattitude plus que nécessaire pour aller sans crainte dans l’échappée matinale. Quand bien même l’arme fatale des Israel Start Up Nation dans les forts pourcentages peut tout autant cocher un scénario où les leaders s’entredisputent les bonifications au sommet du Signal d’Uchon. Puisqu’il faut rappeler que la difficulté offre 8, 5 et 2 secondes aux trois premiers au sommet du Mont Julien.
Evidemment, ce ne sont pas les points bonus qui intéressent le canadien mais bien la victoire d’étape. Et le puncheur à toutes les qualités requises et la forme adéquate pour briller comme il l’a déjà fait sur la Vuelta a Espana 2020 à Villanueva de Valdegovia. Cette année, Miki a franchi un cap très net. Il est vrai que Balcón de Bizkaia en 2018 a marqué un tournant dans sa carrière. Souvent autour, jamais bien loin de la vérité, c’est désormais une figure incontestée lorsque l’on parle de pourcentage à deux chiffres. Mais quelle saison 2021, une victoire annoncée au sommet du Mur de Fayence pour ouvrir la saison à l’Etoile de Bessèges. Avant de montrer des capacités de grimpeur qu’on lui connaissait peu sur des longs cols comme Vallter 2000 et Port Ainé. Favori de l’étape d’Ermualde, Woods n’aura pu montré de quoi il était capable face aux slovènes. Chutant aux abords de la difficulté qui a vu les deux premiers du dernier Tour de France se disputer le gain d’étape. La campagne ardennaise dans ces conditions a été plus qu’honorable avec une quatrième place au Mur de Huy et une cinquième place à Liège-Bastogne-Liège. Où il ne pouvait faire guère mieux que la dernière place du groupe face à quatre coureurs plus rapides que lui. Mais ce n’était que les prémices de sa victoire à Thyon 2000 au Tour de Romandie, dans une escarmouche remportée face à un Geraint Thomas malheureux (une fois de plus). Surprenant troisième, vainqueur du groupe de leaders derrière Richard Carapaz et Jakob Fuglsang au sommet de Leukerbad. C’est sur les pentes du Gotthardpass qu’il aura éclaboussé de toute la classe qu’on lui connait. Mais c’est encore une énième fois au sprint qu’il aura pêché face à Gino Mäder.
Si Michael Woods veut gagner, ce sera de préférence en solitaire. Ou alors, il faudra être intelligent en attaquant dans les kilomètres finaux intelligemment. Comme il l’avait fait à la Vuelta, profitant du marquage des hommes les plus rapides.
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On dit que la meilleure défense, c’est l’attaque. Tadej Pogacar dans un scénario leader est sans doute la meilleure des assurances. Son intérêt n’est pas nécessairement de prendre le maillot jaune si tôt dans la course. Avoir un maillot de leaders oblige à participer à tout le protocole médiatique et logistique autour à la fin de chaque étape. Mais Pogi pourrait tenter d’achever certains concurrents direct en augmentant sa marge. Nul n’est à l’abri d’un jour sans, le maillot blanc l’aura appris non pas à ses dépens mais à son profit à la Planche des Belles Filles, l’an passé. A-t-on besoin de présenter son palmarès ? Gardien de 26 victoires professionnelles en seulement trois ans, le coureur des UAE émirates a un avenir radieux devant lui. Son chrono de Laval a démontré sa forme mais qui pouvait en douter après sa performance bridée au sommet de l’observatoire de Nova Gorica au Tour de Slovénie. Véritable phénomène, sa pointe de vitesse est parmi l’un des plus rapides des leaders surtout dans un sprint en léger faux plat montant.
Une équipe qui mise sur un scénario échappée mais dont l’effectif sur une telle étape faite rêver : Benoit Cosnefroy, Dorian Godon, Oliver Naesen, Greg van Avermaet. Tous peuvent plus ou moins selon les profils rêver de lever les bras.
Qui de Matej Mohoric lorsque l’on parle d’étape-classique.
Si toutes les bouches ont Sagan pour premier noms, gare à Patrick Konrad.
QUELLE EQUIPE : Alex Aranburu, Omar Fraile, Jakonb Fuglsang, Alexey Lutsenko et Ion Izagirre tant de noms pour une seule étape.
Jesus Herrada et Anthony Perez sont de bien belles cartes.
Une équipe qui sait y faire sur ce type de profil.
Michal Valgren et Magnus Cort Nielsen ont la permission.
David Gaudu pour nous faire rêver ?
Une Ineos offensive ? Tao Geoghegan Hart pourrait être mis aux avant-postes.
Ma préférence à Loïc Vliegen et Lorenzo Rota.
Dan Martin en plan B ?
Wout van Aert pour une dernière occasion de vivre la vie en jaune.
Thomas de Gendt l’infatigable ? Brent van Moer l’inusable ? La Lotto se veut désormais offensive.
Carlos Verona et Ivan Garcia Cortina pour faire parler leur vitesse en échappée.
Et si Lucas Hamilton tentait de remonter au GC ? Simon Yates pourrait tenter d’aller chercher la victoire d’étape qu’il se veut décrocher.
Une nouvelle équipe à l’offensive avec Mark Donovan, Soren Kragh Andersen ou même Tiesj Benoot.
Michael Gogl de 2020 plairait, peut être moins celui de 2021
Qui n’aime pas Toms Skujins ?
Autour de Pogacar ou Rui Costa, Davide Formolo ou Marc Hirschi auront la permission ?
En forme avec MVDP
Cyril Barthe 👀 comme dirait Quentin Pacher sur Instagram
Elie Gesbert y va si Warren Barguil attend la Montagne ?
Anthony Turgis a un terrain et la marge pour s’exprimer.
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