
Le maillot à pois du Tour de France désigne le meilleur grimpeur au classement de la montagne. Classement le plus impronostiquable, le maillot est tantôt remporté par :
- le vainqueur du Tour de France : Tadej Pogacar en 2020 ou Christopher Froome en 2015 ;
- plus rarement par un dauphin du vainqueur mais cela implique une avantage en terme de temps au GC assez importante pour que le maillot jaune laisse la marge de manoeuvre aux coureurs qui le suivent au GC : Nairo Quintana en 2013 ou Richard Virenque en 1997 ;
- par un coureur qui aura fait de la chasse d’étape son objectif avant de porter le maillot et finir par le défendre : Rafal Majka en 2014 ou Julian Alaphilippe en 2018 ;
- par un leader du GC largué au Général et à la recherche d’un accessit : Warren Barguil en 2017 ou Samuel Sanchez en 2011 ;
- et même (à regret) par désintérêt des grimpeurs patentés en se trouvant sur les épaules d’un de ces derniers par pur hasard : Romain Bardet en 2019.
L’article 24 c du règlement de la 108e édition dispose que « le classement général individuel du meilleur grimpeur s’établit par l’addition des points obtenus sur l’ensemble des cols ou côtes ou arrivées en altitude, selon les barèmes suivants :
- cols ou côtes ou arrivée en altitude hors catégorie : 20-15-12-10-8-6-4-2 points respectivement du 1er au 8e coureur classé ;
- cols ou côtes ou arrivée en altitude de 1re catégorie : 10-8-6-4-2-1 points respectivement du 1er au 6ecoureur classé ;
- cols ou côtes de 2e catégorie : 5-3-2-1 points respectivement du 1er au 4e coureur classé ;
- cols ou côtes ou arrivée en altitude de 3e catégorie : 2-1 points, respectivement aux 2 premiers coureurs classés ;
- cols ou côtes de 4e catégorie : 1 point au 1er coureur classé.
Les points attribués seront doublés lors de la 11e étape et du 2e passage au sommet du mont Ventoux et aux arrivées des 17e et 18e étapes ».

De prime abord, le tracé du Tour de France avec très peu d’arrivées est, une fois de plus, favorable aux échappées. Cependant les points doublés, au sommet du deuxième passage du Ventoux et des deux dernières étapes de montagne, augmentent les chances du classement général de contester les points aux plus combatifs du Tour.
Guillaume Martin, un candidat plébiscité à raison

Depuis sa création en 1933, le Grand Prix de la Montagne a été remporté à vingt-trois reprises par un français dont sept fois par le recordman absolu : Richard Virenque entre 1994 et 2004. Avec la retraite de Richard Coeur de Lion, le maillot était délaissé des français jusqu’à la bataille Charteau – Moreau où le premier avait une belle avance sur le second qui ne voulait rien lâcher jusqu’au dernier jour à partir des Alpes. Mais il est vrai que les années n’étaient pas toujours propice aux coups d’éclats face aux leaders. On pensera à l’année 2013 en exemple pour Pierre Rolland qui aura bûché face à Christopher Froome et Nairo Quintana. Les cinq dernières années ont montré une réminescence de l’attrait des coureurs locaux pour le maillot historique qui aura fait vibrer le pays pendant les années Armstrong. Faisant de son porteur le chouchou du public avec à tour de rôle : Warren Barguil, Julian Alaphilippe et Romain Bardet.
S’il est un leader qui a annoncé faire des victoires d’étape et du maillot de meilleur grimpeur un objectif, ce n’est autre que Guillaume Martin. Le français de la Cofidis Solutions Crédits l’aura répété à maintes occasions. Un objectif qu’il commence à affirmer de plus en plus fermement après son passage dans Mon Peloton dont le podcast est disponible en lien. Il faut dire qu’attaquant dans l’âme, le maillot lui scie à merveille. Ce n’est sans doute pas pour rien qu’il aura réussi à le glaner en le défendant par la suite bec et ongles sur la dernière Vuelta a Espana.
Le philosophe du peloton aura commencé la saison sous les meilleurs hospices à Paris-Nice. Remportant récemment le Mercan Tour à la manière, les championnats de France n’ont pu que le rassurer sur la condition. Avec un contre-la-montre totalement défavorable si tôt dans le Tour, le débours pourrait lui procurer une perte de temps suffisante pour l’étape du Grand-Bornand. Et ainsi le propulser en tête du classement ou tout du moins proche de la tête du classement pour entrevoir le port du maillot à pois. Fort de ses qualités en haute montagne, Martin peut aller chasser les points tant à l’avant qu’avec les leaders lorsque le scénario est moins favorable pour les fuyards. Ce qui lui procure un avantage certain sur des coureurs au profil comme Benoit Cosnefroy ou Tim Wellens qui s’étaient retrouvé avec le maillot mais qui ont des difficultés à défendre dans les plus gros cols du Tour.
Pourtant le chemin n’est pas sans embûche. D’abord, les abandons consécutifs de Thibaut Pinot, Julian Alaphilippe et Romain Bardet pour les Jeux Olympiques ont libéré la voie pour le leadership de l’équipe de France à Tokyo. Ensuite, parce que nombre sont ceux à avoir pour objectif le titre olympique et sont désireux de laisser filer le classement général. Le placement de l’épreuve sur route, le 24 juillet, soit seulement six jours après la fin du Tour force une majorité à la prudence. C’est le cas de Simon Yates, Fakob Fuglsang entre autre. Enfin, d’autres coureurs ont annoncé avoir les mêmes objectifs, à l’instar de Nairo Quintana en début de saison.
Les dangers sont multiples dans la quête d’un maillot distinctif. Trois coureurs s’élanceront de la Grande Boucle avec la ferme intention de gagner une étape pour rentre dans le club fermé de ceux qui ont lever les bras au moins une fois sur les trois Grands Tours. D’abord, Nacer Bouhanni sur les étapes au sprint pour parfaire sa collection après ses trois victoires sur la Vuelta (deux en 2014 et une en 2018) et sur le Giro (trois en 2014). Ensuite, Matej Mohoric avec une victoire en Espagne (2017) et une en Italie (2018). Enfin, Esteban Chaves gardien de deux victoires en 2015 sur la Vuelta a Espana et de trois victoires sur le Giro d’Italia en 2016, 2018 et 2019.
Esteban Chaves qui a gagné des étapes à la fois sur le Giro d’Italia et la Vuelta a España ambitionne d’ajouter des victoires sur le TDF à son palmarès.
Matt White – directeur sportif
Ce dernier est selon toute vraisemblance un véritable gage dans la quête d’une victoire d’étape. En quatre participations au Giro, le colombien de la Bike Exchange aura ramené presque autant de succès. Ces jeunes années au sein du peloton professionnel ont sans doute été ce qu’on peut désormais appelé les années de sa superbe. Il est vrai que 2015 et 2016 qu’en ramenant deux podiums sur les Grands Tours, les espoirs mis sur le vainqueur du Tour de l’Avenir 2011 semblait fondé. Mais voilà seulement seize victoires professionnelles viennent vernir le tableau de Chavito. Peu de victoires sur les étapes (11) mais quelles victoires :
- Volta Ciclista a Catalunya 2021 – étape 4 : victoire en solitaire au sommet de Port Ainé après une attaque à 7.1 kilomètres du sommet ;
- Giro d’Italia 2019 – étape 19 : victoire en solitaire au sommet de San Martino di Castrozza après une échappée victorieuse ;
- Giro d’Italia 2018 – étape 6 : victoire au sommet de l’Etna après une masterclass de la Mitchelton Scott (arrivée « offerte » par Simon Yates) ;
- Herald Sun Tour 2018 – étape 3 : victoire en solitaire au sommet de Lake Mountain ;
- Giro d’Italia 2016 – étape 14 : victoire dans un sprint slowmotion avec Steven Kruisjwijk et Goerg Preidler dans une étape au dénivelé positif total de 6126 mètres ;
- Abu Dhabi Tour 2015- étape 3 : victoire en solitaire au sommet de Jebel Hafeet ;
- Vuelta a España 2015 – étape 6 : victoire en solitaire au sommet de la Sierra de Cazorla après une attaque à 2 kilomètres de l’arrivée ;
- Vuelta a España 2015 – étape 2 : victoire au sprint face à Tom Dumoulin au sommet de Caminito del Rey après une attaque nucléaire à 2.1 kilomètres du sommet ;
- Tour de Suisse 2014 – étape 8 : victoire en solitaire au sommet de Verbier après une attaque tranchante à 2 kilomètres de l’arrivée ;
- Amgen Tour of California 2014 – étape 6 : victoire en solitaire au sommet de Mountain High ;
- Vuelta a Burgos 2012 – étape 5 : première victoire professionnelle négociée avec Sergio Henao au sommet de Lagunas de Neila
Après quelques saisons mitigées mais toujours au sein de l’équipe originelle Orica Green Edge, El Chavito semble avoir retrouvé les jambes d’antan. Très en vue en Catalogne que ce soit lors de sa victoire à Port Ainé ou la veille lors de sa montée de Vallter 2000. Il n’a cessé de convaincre de sa bonne forme. Comme au Pays Basque où le colombien n’a pas hésité à se porter à l’offensive. J’en veu pour preuve son étape à Hondarribia. Fort mais pas suffisant rapide pour contester le sprint à Ide Schelling et Rui Costa au Grand Prix du canton d’Argovie, c’est sur le Tour de Suisse qu’il s’est une nouvelle fois fait remarqué. Très récemment donc le colombien s’est une nouvelle fois mis en avant. A l’attaque sur les pentes de l’Erschmatt. Vent de face, Chaves n’a de cesse creusé l’écart sur les pentes escarpées de la difficulté (8 kilomètres à 8.4 %). Avant de se faire reprendre dans la descente par Jakob Fuglsang, en ayant pris trop large un virage.
C’est tout naturellement qu’il faudra compter sur le colombien pour aller chercher une victoire en échappée. Et ainsi collecter des points en montagne qui pourrait le laisser entrevoir un maillot de meilleur grimpeur, que peu peuvent lui contester.
PRONOSTICS
coureurs | type de classement | cote | mise | bookmakers |
---|---|---|---|---|
Esteban Chaves | Gagne au moins une étape | 4.5 | 0.5 % | ![]() |
Esteban Chaves | Vainqueur du classement de la montagne | 28 | 0.25 % | ![]() |
