
Une dernière étape qui a subi un petit lifting. En effet, la difficulté de Saint Gotthard sera abordée par son ancien versant. Celui de Tremola, qui a été grimpé en 2019 et où Egan Bernal s’était imposé. Une modification qui porte l’étape à 157 kilomètres (contre 160 originellement) et un dénivelé positif total de 3486 mètres.
Un départ en cote qui devrait favoriser la sortie d’un groupe de grimpeurs. Une ascension pas totalement inconnue puisque c’est exactement la descente du contre-la-montre de la veille mais dans le sens inverse.
La principale interrogation demeure dans le fait de savoir qui pour prendre en compte la chasse de l’échappée matinale ?
Les Ineos Grenadiers ne sont guère les candidats à cette manoeuvre des plus risquées. Richard Carapaz est le leader de la course mais ne compte que 17 secondes sur Rigoberto Uran. Le colombien est nettement plus rapide au sprint que l’équatorien. Avec 10 secondes de bonifications à l’arrivée, l’appât de la carotte pourrait amener à un Uran ultra offensif. Plus qu’à l’accoutumé, où le coureur de la EF est plutôt réputé pour être un suiveur de roue. Mais Rigo n’est pas le seul à être une menace.
L’abandon de Julian Alaphilippe, pour rejoindre sa femme accouchant, libère une place sur le podium. Cela étant dit, le troisième homme du Général, Maximilian Schachmann, pointe à 1:07. Une bataille pour le spot restant sur le podium qui semble s’ouvrir entre deux hommes avec Jakob Fuglsang à 1:15. Le cinquième homme au GC est pointé à plus de trois minutes, ce qui réduit les prétendants tant à la victoire finale qu’au podium à des mano-à-mano.
La main d’oeuvre pour chasser l’échappée matinale ne repose donc que sur une équipe britannique non typique mais toujours forte. Seulement, l’opération délicate n’emporte que si un des trois hommes cités est présent dans l’échappée, à l’instar d’un Julian Alaphilippe offensif sur l’étape de Disentis Sedrun (étape 6). Même si Michael Woods, Domenico Pozzovivo, Sam Oomen, Rui Costa, Esteban Chaves ou Mattia Catteneo étaient recensés à l’avant, les britanniques ne seraient dans l’obligation de rouler que pour maintenir l’écart et non pour tuer les chances des fuyards.
Les plus grandes chances de voir les chances des échappées reposent les équipes EF Education Nippo, Bora Hansgrohe et Astana Premier Tech qui n’ont visiblement les armes pour chasser l’échappée fortement composée. Beaucoup plus rouleurs que grimpeurs, nombre sont les éléments qui pourraient souffrir d’un départ rapide et sélectif. Les équipes des hommes précités précédemment sont dans une situation tout aussi délicate. Seule la Bike Exchange sur le papier étaient suffisamment fortes mais avec tant d’abandon, l’opération n’amènerait qu’à esseuler son leader. Les Deceunick Quick Step sont plus en recherche d’une victoire d’étape avec l’abandon de Julian Alaphilippe. Un caractère offensif similaire à la UAE émirates déjà vu précédemment. Tout comme les Jumbo Visma qui ont misé jusqu’ici sur Antwan Tolhoek à l’avant. Ce sont donc plutôt sur les Israel Start up Nation et sur la Qhubeka Assos qu’il convient de se tourner. Mais rien n’oblige ces deux équipes à chasser un gain d’étape pour leurs leaders au GC puisque des pions peuvent être mis à l’avant et le caractère offensif de leurs hommes placés au GC peut les inciter à prendre le large.
Descente dans laquelle s’est fait rattrapée David de la Cruz il y a deux jours, le versant de la Lukmanier est tout aussi long mais roulant. Ce qui doit nécessairement faciliter le contrôle du peloton sur un groupe d’hommes forts partit à l’aventure.
La descente qui s’en suit dans la vallée est tout autant roulante.
Quand toute la partie menant à la dernière difficulté de la journée est tout autant à l’avantage du peloton.

Puisque c’est un vent tout aussi prononcé (10 km/h) que les jours précédents qui soufflera de manière défavorable dans les 63 derniers kilomètres, à partir de Biasca. Un vent léger qui a été quand même vu la veille et jugé handicapant par tous ceux qui auront couru le contre-la-montre.
Le Saint Gotthard par son ancien versant, des routes connues et reconnues. Un mythe du Tour de Suisse, gravit près de quarante fois en 84 éditions. La dernière fois, c’était en 2019 en milieu d’étape de la dernière étape où Hugh Carthy s’était isolé en tête pour remporter une victoire en solitaire. Mais aussi en tant qu’arrivée au sommet deux jours auparavant. Une victoire remportée par Egan Bernal. Sinon, il faut remonter à l’ouverture de la troisième étape de 2015 et à la première difficulté de la deuxième étape de 2014 pour revoir la célèbre ascension.
Une ascension spécifique : 13 kilomètres à près de 7 %. Mais ce sont ses 5.2 kilomètres à 7.4 % totalement pavés qui lui ont valu son surnom de Roubaix des Alpes. L’enfer de Suisse qui rend la montée outrement plus compliqué. Pas moins de 24 lacets à négocier et une pente maximale de 12 %.

19.5 kilomètres de l’arrivée : début de l’ascencion pavée

Un décor d’exception qui doit nécessairement inviter aux offensives parmi les leaders mais probablement que le vent de face devrait retarder au maximum les estocades.

14.1 kilomètres de l’arrivée : fin de la section pavée.
Une descente vers Andermatt rapide et sans aucune technique…

…pour déboucher sur les 3.5 derniers kilomètres plus

1.5 kilomètres : un virage à négocier, suivant l’avance mieux vaut en profiter pour se replacer dans une position idéale pour ne pas se faire piéger dans le final en vue d’un sprint réduit.

700 mètres : entrée dans les mètres finaux de la veille où les plus rapides auront des repères en cas de sprint réduit.
https://www.nieuwsblad.be/cnt/dmf20210612_96642668
J’ai continué le contre-la-montre, mais je ne me suis pas mis dans le rouge et je n’ai pris aucun risque. Je voulais surtout économiser des forces pour viser la victoire d’étape dimanche en me glissant dans l’échappée. Je l’ai déjà essayé deux fois. Dans l’étape de jeudi, j’étais trop enthousiaste au début et j’ai dû payer rapidement. Dans l’étape de vendredi, je n’ai jamais dépassé les bornes en début de course et je me suis senti grandir tout au long de l’étape, seulement ce n’était pas suffisant pour participer à la victoire. Dimanche peut-être. La première chose à faire est de rejoindre l’échappée. C’est souvent une réussite en soi
Mauri Vansevenant
Avec l’abandon de Julian Alaphilippe, la Deceuninck Quick Step est attendue pour être offensive comme elle l’a été au départ de la sixième étape. Mais cette fois-ci, Mattia Cattaneo devrait être accompagné de Mauri Vansevenant d’entrée. Le belge a annoncé viser l’étape. Fort bien, grand bien lui fasse. Mais à lire de plus près, l’interview n’est guère des plus rassurantes. S’estimant à guère plus de 80 % de ses capacités, la forme printanière qu’il a montré n’est pas encore à son paraxysme. Trop généreux jeudi, il aura payé de ses efforts. Mais rappelons que c’était l’étape de l’échappée de Mathieu van der Poel. Vansevenant a donc été trop entreprenant dans le départ du col du Pillon et n’aura su suffisamment récupérer sur les plus de 100 kilomètres de plaine. Le lendemain, dans l’échappée, il n’aura pu accrocher le wagon des meilleurs dans le final en étant court. Ce qui pose nécessairement la question de la pertinence d’aller vers l’homme pendule (surnom donné par le suiveur à cause de son style sur le vélo). Quand on est lâché dans des cols roulants comment peut-on espérer briller dans des cols plus durs ? Sans doute devra-t-il être réduit aux rôles de coureurs sacrifiés pour le collectif et notamment son leader en échappée.
Mattia Cattaneo coche tout autant les mêmes cases que Vansevenant disposant d’une bonne pointe de vitesse en cas de comité réduit. Mais encore plus celle de la forme qu’il aura montré la veille en prenant 6e place du CLM à seulement 4 secondes du podium. L’italien est un grimpeur de classe au sein du Wolfpack et un candidat redoutable si sa présence est observée dans l’échappée matinale. Il n’y a juste qu’à se reférer à ses années Androni et se remémorer son Giro d’Italia pour en attester. Avec notamment une belle seconde place au sprint face à Cataldo à Como mais aussi son Tour des Alpes réussi.
Gonzalo Serrano était de ceux de l’échappée de Disentis Sedrun et aura pris la quatrième place du sprint derrière les trois hommes qui auront réussi à s’être dans un final tactique et vent de dos. Parmi les plus rapides des hommes en forme passant bien les difficultés, le vent de face dans le final pourrait être une aide et favoriser un sprint réduit où il doit être l’un des plus rapides. Si tenté qu’il réussisse à passer la difficulté du Gotthard qui est une autre paire manche que les difficultés plus roulantes de vendredi.
Parmi les équipes en forme, il est évident que la Bahraïn Victorious fait parler d’elle. Après un Giro au sommet avec une victoire de Gino Mäder et un podium final de Damiano Caruso, l’équipe s’est montré plus qu’à son aise sur le Critérium du Dauphiné avec les double victoire coup sur coup de Mark Padun. Un cercle vertueux dont une partie des membres en sortiee de stage en altitude doivent profiter. Un extra boost rajouter autour de deux membres de l’équipe du Tour de Suisse à savoir Eros Capecchi et Fred Wright.
Surfant sur cette vague, le nom que tout le monde a à la bouche et évidemment celui de Gino Mäder après un contre-la-montre où il aura pris une surprenante troisième place. Ce qui montre que le suisse est capable de réitérer la forme du Giro et d’aller chercher une victoire à domicile. Mais le grimpeur de classe avec une bonne pointe de vitesse au sprint est sans doute son leader Wout Poels. Le néerlandais troisième à Lachen aura perdu étonnament du temps à Leukerbad. Cependant il est à noter qu’il aura inscrit, hier, le meilleur temps dans la portion descente. Lui permettant de remonter un petit débour au sommet de l’intermédiaire où il pointait à la 16e place pour finir à la 11e place de l’étape.
L’énorme avant de Poels, c’est que le coureur peut cocher les cases d’un grimpeur fort résistant malgré le vent de face dans le final grâce à ses capacités de rouleur. Peut potentiellement viser un bon résultat au sprint au sein d’un sprint réduit et peut tout autant avoir son mot à dire en échappée qu’avec les favoris. Un candidat assurément redoutable.
Et vous sur qui est votre loterie et pourquoi ?
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