
212 kilomètres reliant Sacile à Cortina d’Ampezzo, pour ce que est l’étape reine du Giro d’Italia 2021. Quatre cols à franchir dont un enchainement infernal de trois à plus de 2000 mètres d’altitude où le déficit en oxygène se fait sentir. Une Cima Copi qui devrait se voir couronner le prochain détenteur et probable vainqueur du maillot Azzurro de meilleur grimpeur. Mais surtout un dénivelé positif totalement fou de 5682 mètres. Une étape assurément où Egan Bernal peut assoir définitivement sa domination sur le Giro, où les membres du Top 10 peuvent tout perdre comme renverser le Giro et rentrer dans l’histoire.
Après 8.9 kilomètres, la route commencera son inéxorable ascension vers le sommet de la Crosetta. pas moins de 11.6 kilomètres à 7.1 % de répertoriés. L’échappée s’y formera avec seulement en son sien des purs grimpeurs contrairement aux échappées présentes où les profils étaient mixtes. Ici, avec un départ si dur, il faudra nécessairement avoir des aptitudes en tant que grimpeurs pour s’immiscer dans le coup.
Difficile de filtrer les fuyards dans des portions si compliquées à négocier sans faire imploser le peloton dès le départ. C’est pourquoi des hommes comme Dan Martin entre autres pourraient condamner les chances des fuyards en s’y immissant. Forçant les Ineos Grenadiers à contrôler et ne pas laisser filer l’écart. Mais quand bien même des équipes de leaders pourraient très bien avoir mis des pions à l’avant afin de servir de relais. Ces coureurs dits satellites pourraient venir d’équipes comme la Astana Premier Tech d’Aleksandr Vlasov, actuel quatrième du Général ou même de la Bike Exchange de Simon Yates, actuel dauphin d’Egan Bernal et à seulement 1’33 de ce dernier.
Le Passo Fedaia sera le premier des trois monstres du tryptique final. Un titan de 14 kilomètres à près de 7.1 % mais surtout 5.2 derniers kilomètres à 10.8 %. Bien que le sommet soit à 90 kilomètres de l’arrivée. Y tenter une manoeuvre fera littérallement exploser le groupe de leaders dont une majorité se retrouveront esseuler. Il est suivi d’une descente vraiment peu technique et rapide, menant au pied de la Cima Copi de cette 104 édition.
Le Passo Pordoi, culminant à 2239 mètres. Une hauteur vertigineuse qui les sud-américains ne sont pas sans tolérés et où les européens ont tendance à souffrir, du fait de la rarefaction de l’oxygène à de telle hauteur. 11.8 kilomètres à 6.8 %, moins brutal que son prédécesseur mais rendu tout aussi compliqué par les conditions climatiques qui seront dantesques et l’altitude qui sera un frein au sein des organismes.
Mais si des mouvements doivent être insufflés, c’est surtout pour profiter de la descente scabreuse qui s’en suit.
Un sommet à 17.5 kilomètres de l’arrivée, jugée au bas de la descente qui suivra. C’est le col de la dernière chance et des va-tout d’une majorité qui aura un regard tourné vers cette difficulté. Le Passo Giau long de 9.9 kilomètres à 9.3 %. Un colosse indomptable où la Bike Exchange tentera probablement de faire pression sur les Ineos Grenadiers et d’esseuler au maximum Egan Bernal. Daniel Martinez sera sans doute le coureur clé des britanniques pour parer au jeu défensif dans lequel le colombien s’est mué. Une position qui le contraint dans une journée rendue compliquée par les conditions climatiques à ne pas prendre le moindre risque.
Surtout dans une descente tout aussi technique que la précédente…
… menant directement au bas de l’arrivée.

Une arrivée dont les 900 derniers mètres sont en faux plats montants et sera jugée sur une place pavée. Impossible donc d’y espérer un regroupement qui ne sera possible que dans la descente. Ce qui oblige naturellement à passer Giau en tête.
vers une étape disputée par les leaders
S’il est une étape qui peut voir le Giro se renverser à l’image de Christopher Froome à Bardonecchia, sur le Giro 2018. Une journée où le quadruple vainqueur du Tour de France n’aura pas hésiter à attaquer dans le Colle delle Finestre, à 80 kilomètres de l’arrivée. Dans une étape dont le dénivelé positif total était de 4500 mètres. Dans un équilibre précaire, des coureurs comme Dan Martin sont contraint à chercher à se replacer au CG, défendre une position au sein du 15 et rentrer dans le Top 10 tout en cherchant les assessits. Mais en ayant pas un bon de sortie systématique de ses 7 minutes au GC. Un écart suffisant pour ne pas être craint par le porteur du Maglia Rosa mais insuffisant sur une telle étape pour permettre de laisser filer une échappée avec un crédit suffisant. L’irlandais est dans une position de « rien à perdre, tout à gagner ». A l’image d’un Romain Bardet qui pourrait profiter des descentes escarpées pour opérer une sacrée remontée au classement général.
La logique Martin peut tout autant s’appliquer aux coureurs qui le précèdent, on pense de suite à Davide Formolo mais aussi à Joao Almeida qui a désormais carte blanche donnée par son leader. C’est d’ailleurs sur les épaules de Remco Evenepoel que le costume de Chris Froome 2018 pourrait être endossé. Le belge au tempérament bien trempé pourrait tout à fait tenter le baroude, qu’il nous a fourni plusieurs fois par le passé comme sur le Tour de Pologne 2020 avec un raid solitaire de 52 kilomètres. Si tenté que les jambes répondent. Tant d’éléments perturbateurs qui pourraient vouer définitivement à l’échec toute tentative d’échappée.

L’importance des pions à l’avant peut être clé pour certains coureurs. On pense naturellement à la Trek Segafredo de Giulio Ciccone. L’italien devrait profiter de ce rôle pivot que Bauke Mollema aura à l’avant. Dans la lutte du maillot azzuro, le néerlandais devrait entamer son troisième jour devant.
Un rôle rendu déterminant par la situation de Vincenzo Nibali, qui aura été pris la veille dans la grosse chute au départ de l’étape de Gorizia. Auteur d’un début de Giro tonitruant, Ciccone n’est pas sans être connu pour son caractère. Coureur offensif, il aura marqué la première semaine par ses nombreuses attaques. Assagis depuis son bon classement au général, l’italien est en bonne passe pour prétendre à une pace honorable au GC. Seulement 1’30 le sépare du podium. Ce qui est beaucoup et peu à la fois quand on regarde le profil du jour. Ses trois minutes au GC sur Bernal, lui permettent une liberté d’action que Simon Yates et Damiano Caruso n’ont pas.
La question de son endurance sur une telle étape pourrait se poser mais il n’est pas sans rappeler l’étape de Monte Avena où Ciccone aura été un artificié et pris la troisième place. Une étape similaire à un peu plus de 5 300 mètres de dénivelé positif total. Sa quatrième place parmi les leaders (si on exclut Daniel Felipe Martinez) au Monte Zoncolan n’est pas sans montré sa force.
Véritable renaissance attendue, Simon Yates n’a guère déçu sur les pentes du Monte Zoncolan. Dominateur sur le Tour des Alpes, il était parmi les déceptions de la première semaine. Bloqué par des problèmes dont il n’a pas voulu révelé les détails, Yates est de retour au top de sa forme. Au tempérament offensif, le britannique est un des meilleurs grimpeurs du plateau. Sans doute le seul à pouvoir tenir la dragée haute à Egan Bernal. On se souviendra aisément qu’il était le seul à suivre le colombien sur le sommet du col de l’Iseran lors du Tour de France 2019. Un col culminant à des hauteurs vertigineuses de 2751 mètres et où le leader de la Ineos avait montré toutes ses qualités de meilleurs grimpeurs du monde. Le britannique est contraint au mouvement mais surtout à retrouver sa nature dominatrice du Giro 2018 qu’il avait dompté avant de totalement exploser. Si tel est le cas, Yates prendra sans doute des risques que Bernal ne prendra pas. Il n’est pas sans rappeler les qualités respectives des deux leaders dans les descentes.
L’étape du jour est taillée pour un coureur de la Bahrain Victorious à savoir Pello Bilbao. Mais l’espagnol déçoit sur ce Giro malgré une forme étincellante sur le Tour des Alpes. Pourtant s’il est un coureur qui performe sur de tel dénivelé, c’est bien le basque. Bilbao pourrait avoir ce rôle clé d’hommes mis à l’avant en relai pour Damiano Caruso. L’italien actuel troisième du CG fait son bonhomme de chemin sans remou. Et pourtant solide leader, Caruso est un coureur qu’il faudra aller détrôner. Rarement à l’attaque, ce n’est que lorsqu’il passe à l’offensive qu’il nous éclabousse de toute sa classe. A l’offensive sur la fameuse étape du Giro 2019 mentionnée pour Ciccone, Caruso s’était montré aux avants-postes. Le troisième du GC possède toutes les qualités requises pour faire parler de lui aujourd’hui : bon descendeur, bon sous les intempéries et excellent grimpeur. De quoi lui faire entrevoir le podium final.
Les infos sont actuellement entremelées. Le CPA militerait pour une étape raccourcit avec seulement le Passo Giau et l’éviction des deux premiers cols du tryptique. Ce qui influencerait encore plus un GC day où les équipes de leaders auraient tout intérêt à prendre le contrôle de l’étape. La pluie et la neige au sommet des cols contrainte le CPA à batailler avec RCS pour modifier l’étape. RESTEZ EN ALERTE DES NOUVELLES.
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