
162 kilomètres entre Perugia et Montalcino pour 2364 mètres de dénivelé positif total. Un cumul de 35.2 kilomètres de strade bianche sur les 69.2 derniers kilomètres, à travers les quatre secteurs de chemins blancs de toscane.
Un secteur numéro 2 qui correspond au final de l’étape dantesque de 2010 remporté par Cadel Evans. Avec la moitié de routes asphaltées et l’autre moitié de chemins gravillonneux, la dramaturgie de la scène repose sur l’impondérable qu’elle génère. Comme il y a onze ans, où Vincenzo Nibali sur chute dans une des descentes du parcours y a perdu le maillot rose pour ne jamais le récupérer. Là où David Arroyo y a sans doute construit les fondations de son podium final sur la 93e édition du Giro d’Italia.
Quelles sont les chances des échappées sur ce type d’étape ?
Au lendemain d’une journée de repos, tout peut arriver. Certains digèrent mieux que d’autres cette journée où l’organisme fait de la rétention d’eau, le lendemain. Une journée difficile attendront les leaders qui n’y gagneront pas le Giro mais pourront assurément le perdre.
Le départ plat offre un terrain adéquate aux Ineos Grenadiers pour leur permettre de filtrer l’échappée et éviter que des hommes dangereux ne s’y immiscent. Le crédit accordé aux fuyards peut donc filer très vite vers 7/8 minutes. Un écart qui ne seraient pas irrémédiables.
L’inconvénient majeur dans la réussite de l’échappée matinale repose dans la composition du final. Avec la moitié de chemins de terre, les risques de cassures et un écrémage par l’arrière se fait naturellement au fil des kilomètres et secteurs, à l’instar des étapes et classiques pavées. Le rythme s’y accélère intrinsècquement par le biais des trains de leaders désireux d’être placés à l’avant. Et d’éviter tout soucis.
Le terrain inclut des impondérables que sont les crevaisons. Qui sont accrues du fait du revêtement jonché de petites pierres. Une variable déjà vue encore une fois dans le Nord de la France où chaque leader a cette épée d’Amoclès sur la tête. Chaque équipe a pour intérêt d’accélérer en cas de soucis d’un autre leader. Ainsi en 2010, lorsque Nibali a chuté la Milram et la Acqua & Sapone ont profité de la confusion que cela a créé.
Ce sont deux facteurs qui accélèrent la course dans le peloton et condamne un peu plus les chances des échappées. Ajoutons le prestige d’une étape mythique au palmarès. Mais surtout la possibilité de s’inscrire dans le temps sur les trois semaines de Grand Tour. Soit en gagnant du temps précieux sur des adversaires ou soit en perdant qu’une poignée de secondes voire aucune dans une position légèrement plus défensive.
qui pour composer l’échappée ?
Encore une fois la comparaison avec les étapes pavées, des étapes où l’aléa sportif est renforcée est de mise. Lors desdites étapes, les équipes de leaders ont une stratégie plus défensive avec une chasse gardée autour de leur leader pour parer à tout risque. Les gregarii n’ont que peu de marge de manoeuvres pour jouer leur carte personnelle. A l’image de l’étape de Roubaix sur le Tour 2018, où seulement les équipes sans prétention au classement général ne sont risquées à aller de l’avant. Dans une course à l’écrémage, mieux vaut tenter sa chance plus loin que de loin. La majorité verra sans doute une journée pour les hommes du classement général. La bataille pour prendre l’échappée devrait être moins féroce qu’à l’accoutumé. Cela laisse-t-il une chance pour ces gregarii de s’exprimer dans le final ? Encore une fois, la position plus défensive d’une telle étape ne le permet guère. Sauf à être dans la peau de la Lotto Soudal et d’être contraint à l’attaque.
Reconnaissance du parcours
69.2 kilomètres de l’arrivée : le premier secteur est un secteur roulant, principalement descendant. Un secteur où la course va devoir s’intensifier juste avant son entrée.

Les Ineos Grenadiers y imprimeront sans doute un tempo élevé pour débuter un écrémage par l’arrière et comment le travail de sape en vue d’esseuler le maximum de leaders avant l’abord du secteur décisif.
56.3 kilomètres de l’arrivée : le repecho de Bibbiano. Seulement un petit kilomètres mais 8.6 % de moyenne.

Un repecho qui montre l’ardeur du terrain où le peloton est toujours au prise des difficultés dans le final même sur les parties asphaltées.
53.2 kilomètres de l’arrivée : le plus long secteur menant à proximité de Montalcino. Véritable copier-coller du dernier secteur de Montalcino version 2010, le secteur numéro 2 est un véritable coupoir pour le peloton où les offensives doivent pleuvoir. Sans doute de seconds couteaux pour user le train des Grenadiers.

Fort de pentes maximales à 16 %, il est impossible de se cacher dans ce secteur. La course devrait s’y emballer définivement. Le groupe de leaders qui en ressortira sera selon toute vraisemblance bien amaigrit.

La seconde partie alternant « up and down » n’offre guère de visuel sur une bonne partie du trajet. Ce qui n’est jamais une bonne nouvelle pour un groupe de coureurs essayant de faire la jonction avec le groupe de devant.
37.4 kilomètres de l’arrivée : l’importance du placement dans ce type de course est vitale tant le parcours n’offre que peu d’endroits où remonter entre les secteurs. Et la descente entre Montalcino et Castelnuevo menée tambours battants ne le permettra pas. A son pied commencera le troisième secteur. Au bas de ladite descente, des bonifications qui devraient forcer certaines équipes à prendre tous les risques pour bonifier au mieux leur leader.
25.9 kilomètres de l’arrivée : Bernal le soulignait en interview, il faudra profiter de chaque secteur roulant pour faire un écrémage dans le peloton. Ce sera à nouveau une occasion parfaite dans le secteur numéro 3.

La technicité de Castelnuevo est qu’il est extrêmement compliqué de trouver son rythme. L’irrégularité de la route change constamment le tempo et il faut pouvoir encaisser les changements de rythme.
13.6 kilomètres de l’arrivée : Dernière occasion pour profiter des chemins enpierrés pour dynamiter le groupe.

Un joli secteur où il faut profiter des 1.25 premiers kilomètres à 8.1 % avant tout un secteur roulant en quasi ligne droite de 3.2 kilomètres.
8.7 kilomètres de l’arrivée : seulement après le secteur, c’est sur une route asphaltée en montée qu’il faudra se confronter dans les 10 derniers kilomètres.

Au cours d’une journée érintante, cette dernière partie pourrait voir les écarts enfler. Une partie où il ne vaut mieux pas être seul, à moi d’être au dessus de la meute.

Une descente rapide où il faut éviter de virer trop large dans le dernier virage comme Evans en 2010.

Avant 800 mètres dans les ruelles de Montalcino et 200 derniers mètres à près de 10 % dont un maximum à 12 %. Un vrai sprint pour pur puncheur.
bernal doit gagner du temps
Bien que porteur du maglia rosa, Egan Bernal a toujours Remco Evenepoel qui est une menace au GC. Si le belge est dans l’inconnu sur ses capacités à tenir trois semaines. Le prodige de la Deceuninck Quick Step représente un danger pour le sacre final du colombien, sans une marge nécessaire en vue de contre-la-montre de clôture. De ses mots, le leader des Ineos Grenadiers estime qu’une marge d’au moins 1 minute 30 est nécessaire à la sortie de l’étape 20.
Fort de son expérience en VTT dans sa jeune carrière, Bernal a montré toute sa classe sur les chemins blancs de toscane, au printemps. Vainqueur au sommet de Campo Felice sur des routes gravillonneuse, le vainqueur du Tour de France 2019 a démontré qu’il était le client pour ce genre de journée.
La stratégie des Ineos à Montalcino est simple : profiter du parcours pour mettre en difficulté certains leaders plus fragiles sur les chemins enpierrés… Ou du moins censé l’être, notamment Remco Evenepoel. Mais en chemins, il devra trouver des alliers de circonstance pour creuser l’écart. Si Bernal se trouve à l’avant, en ayant fait un trou sur Evenepoel principalement. Le colombien aura le poids de la course sur ses épaules où il sera à la fois marqué et attendu pour fournir le plus gros du travail. Une situation bien différente du col de l’Iseran où il n’avait juste qu’à forcer son talent pour emmener Simon Yates et un temps Warren Barguil et Vincenzo Nibali à plus de 2700 mètres d’altitude. A la fois rapide au sprint et alaise sur les forts pourcentages comme le montre son explosivité lundi au plus fort de la pente (14 %), ne sera-t-il pas entamer par ce travail défensif. Mais ne faut-il mieux pas se demander s’il se retrouve avec quelques coureurs à l’avant ? Ne doit-il pas rouler pour éviter un retour de l’arrière en compromettant ses chances de victoires et d’obtention des 10 secondes de bonification ? La réponse est sans doute mieux vaut-il perdre quelques secondes de bonifications qu’une avance sur un groupe en ne collaborant pas. Egan Bernal pour le gain d’étape est probablement contraint à la victoire d’étape.
Remco Evenepoel après sa remontée du fond de groupe à Campo Felice et sa soif pour les secondes de bonification à une posture presque idéale. Mais probablement est-il le leader qui a le plus à perdre sur une étape test. Son objectif est de limiter la casse. Joao Almeida sera son lieutenant sur les chemins blancs. 37e des Strade Bianche, l’objectif était de se faire une expérience sur ce type de terrain afin de mieux l’apprivoiser pour l’étape du jour. La Deceuninck Quick Step devra faire parler de son expérimence sur les classiques pour entourer au mieux son leader.
L’expérience sur les Strade Bianche est un atout. Alberto Bettiol aurait coché toutes les cases en tant que coureur local, s’il n’avait pas été le coéquipier de Hugh Carthy qui a tout à perdre sur une telle journée. Compliqué de voir le toscan de sortie vers une victoire d’étape sur un relief qui n’est pas nécessairement à son avantage. L’étape de Montalcino est presque incomparable avec les Strade Bianche. Beaucoup plus dur, son directeur sportif, Matti Breschel le concédant. La place de Bettiol est au côté de son leader. La place à l’offensive est permise mais ne reposera-t-elle pas sur les épaules de Simon Carr. S’il doit y avoir un EF Education Nippo à l’avant c’est bien le britannique, français de naturalisation.
A vrai dire, plusieurs leaders se sont mis à leur avantage sur la dernière arrivée au sommet. C’est le cas de Giulio Ciccone qui pourra profiter de l’expérience souvent malheureuse de Vincenzo Nibali pour gérer cette journée cruciale.
Mais surtout d’Aleksandr Vlasov qui monte en puissance de jour en jour. Les conseils de son manager, Alexandre Vinokourov, véritable artificié de l’étape de 2010, ne seront pas de trop. Le leader de la Astana Premier Tech, a montré être un sacré coureur lorsque les pourcentages sont les plus raides. Et un sprint qui n’a rien à envier au meilleur, loin d’être ridicule. Lui permettant d’atteindre des places d’honneur à plusieurs occasions. Légitimement se pose la question de son expérience dans les chemins blancs. Mais chez les amateurs, le russe les aura harpenté.
Perdant l’occasion de ravir le classement général de la Toscana Terra di Ciclismo Eroica 2018 lors de la dernière étape après une crevaison dans le dernier secteur. Perdant la tête du groupe et l’occasion de combler les 3 secondes de retard au GC face à Andrea Bagioli.
Expérience, vitesse au sprint, qualité de puncheurs, leaders au GC bien entouré, Davide Formolo est sans doute le leader sous les radars demain. Le leader des UAE émirates est sans doute un membre du Top 10 qui n’est pas autant redouter que les autres en haute montagne. Deuxième des Strade Bianche 2020, Formolo pointe 1’02. Une marge qui lui laisse plus de libertés en cas d’offensive dans le final que tous les autres coureurs précités. L’aide de Diego Ulissi qui a montré une belle forme au cours de l’étape de dimanche. Sur un terrain qui scie tout autant son compatriote, Formolo peut véritable éclabousser de toute sa classe lorsqu’il est au paroxysme de la douleur comme sur les pentes de Saint Martin de Belleville l’an passé. Rares sont les coureurs a poussé aussi loin la douleur, le caractère exigeant du terrain est une très bonne nouvelle pour l’italien.
PRONOSTICS
coureurs | type de classement | cote | mise | bookmakers |
---|---|---|---|---|
Davide Formolo | Vainqueur 🏆 | 28 | 0.25 % | ![]() |
Davide Formolo | Podium 🏅 | 9 | 0.25 | ![]() |
Aleksandr Vlasov | Podium 🏅 | 8 | 0.5 % | ![]() |
