
Une courte étape de 158 kilomètres mais non des moindres. De Castel di Sangro à Campo Felice, les coureurs devront parcourir pas moins de 3501 mètres de dénivelé positif. Première grosse explication attendue entre les hommes du classement général mais les échappées sont-elles condamnées pour autant ?
Un départ qui débute par 12 kilomètres à 2.7 %. Un départ rapide où la bataille pour prendre le large devrait être rude. La première difficulté non repertoriée commencera à la sortie d’Alfedena.

Un vent plutôt favorable dans la partie descendante vers le Lac de Barrea.
C’est sur des pentes avec un vent favorable que l’échappée devrait se former.
La question qu’il faut se poser pour estimer leur chance de réussite : qui a intérêt à rouler ? Définitivement pas la Groupama-FDJ qui a juste à imprimer un faux tempo, une fois que l’échappée aura pris du champ. Mais elle devra d’abord s’assurer qu’aucun membre qui ne l’a compose ne soit dangereux au classement général. Pour lui permettre de prendre le plus de champ possible.
Sur le papier, ce sont la Deceuninck Quick Step et les Ineos Grenadiers qui sont en tête de liste pour prétendre prendre l’étape à leur compte. Remco Evenepoel ne compte que onze secondes de retard sur Attila Valter. Un débours qui peut aisément se refaire sans sacrifier une équipe entière dans une journée de chasse. Egan Bernal lui ne compte que seize secondes, le débours est tout autant risible. Il faut se demander si ces équipes ont intérêt à aller chercher à tout prix l’échappée et donc le gain d’étape bonifiée pour porter le maglia rosa. Avec les difficultés qui s’annoncent en troisième semaine. La réponse est évidemment négative. Il faut plutôt s’attendre à une prise en main tardive du peloton pour ces deux équipes notamment des britanniques. Tout l’art étant de savoir si ce sera pour une course dans la course ou pour condamner les échappées.

Est-il possible de revoir un forcing des Astana Premier Tech ? Les descentes sont peu techniques, il sera compliqué de pousser un leader (comme Remco Evenepoel) à la faute.
Est-il possible de revoir un forcing des Ineos Grenadiers ? La majorité de la journée jusqu’au pied de l’avant-dernière montée se fait avec un vent guère favorable.
Roulante, la difficulté ne peut être utilisée que pour durcir la course et non la faire exploser.

D’autant que ses pentes ne sont pas exposées au vent comme les pentes du Forca di Presta l’était.
Les 22 derniers kilomètres commencent sur une route exposée avec un vent d’une quinzaine de kilomètres par heure, trois quarts dos. Une direction idéale mais une puissance insuffisante pour réussir la moindre bordure si proche de l’arrivée. Une aubaine pour les échappées qui pourrait profiter d’un temps mort au sein du « groupo grosso »… Si Ineos ne fait pas des siennes.
Dernière ligne droite plate avant un final haletant…

Où la route ne fera presque que s’élever pendant 10 kilomètres. Le final est composé en quatre partie.

A 8.8 kilomètres de l’arrivée, les coureurs vireront en direction de Rocca di Campio.

Au bout d’un secteur boisé, le second sprint intermédiaire de la journée qui offrira des secondes de bonifications aux trois premiers. Un sprint disputé si les échappées ont été repris.

Juste après le sprint, un court moment de récupération avec une partie descendante, marquant le commencement de la deuxième partie de la difficulté finale.

Aucune difficulté technique, si ce n’est le premier virage.

A 7 kilomètres de l’arrivée, le coureur vireront sur un petit raidard.
400 mètres punchy

Avant que la pente ne se radoucissent…

… pour retomber sur une courte descente étroite.

La troisième partie de l’ascension finale peut commencer.

Vent de face, les attaques ne devraient pas y être nombreuses. Surtout qu’elles seront toujours en ligne de mire si tel est le cas.

4.3 kilomètres : on vire sur une route qui est goudronnée depuis (photo Maps de 2011).
Une route menant à un passage sous un tunnel. Une traversée sous terre durant un kilomètre.

Sortie du tunnel Serralunga à deux kilomètres de l’arrivée.

1.8 kilomètres : à la sortie du tunnel sur une route refaite depuis (photo Maps de 2008)…

… les coureurs chercheront la jonction à un second rond-point…

… qui mènera au secteur tant redouté : les 1.6 kilomètres à plus de 8 %.
Une distance trop courte pour créer de réelles écarts mais une surface génératrice d’aléas où l’on peut tout perdre.

Une rampe qui assurément fera le plaisir de certains leaders.
LA INEOS ASSUMERA-T-ELLE SON RÔLE DES MAINTENANT ?
Si les leaders s’accordent à dire que dimanche sera un jour de bataille au sommet entre eux, les échappées ont tout de même de bonnes chances d’aller au bout. Seul l’appétit de certains et la dangerosité des membres qui l’a compose peuvent être à un frein au nouveau succès des fuyards. Avant l’étape de Guardia Sanframondi, Louis Vervaeke avait un shot possible pour aller chercher le maillot rose. Seulement le belge de la Alpecin Fenix compte désormais le double de retard à savoir 50 secondes. A-t-il laisser ses rêves de revêtir ne serait-ce qu’une journée le maillot de leader ? Victime d’un crash lors de l’étape, Vervaeke souffre de nombreuses douleurs. Espérer qu’il soit celui qui condamne les échappées n’est pas à l’ordre du jour. Des seconds couteaux comme Pello Bilbao pourrait tenter un replacement au GC en s’immissant dans les hommes de tête. Forçant en conséquence le peloton à maintenir un écart trop faible pour espérer aller au bout.

Le peloton a profité de la journée de samedi pour se reposer, c’est dire le poids que la journée de dimanche représente. La bataille est attendue et devrait faire rage. Si les favoris doivent se disputer la victoire, il est nécessaire d’être un bon grimpeur qui aime les pourcentages abruptes. Au rendez-vous à Sestola et à Ascoli Picena, le colombien Egan Bernal n’a pas déçu et s’affiche comme le grand favori de cette 104e édition. Le secteur gravillonneux ne devrait pas être un handicap. 3e des Strade Bianche cette année. Il ne faut pas oublier d’avant la route, c’est en VTT que le leader unique des Ineos Grenadiers s’est fait repéré par Gianni Savio. Vice-champion du monde juniors en 2014, il a pris la médaille de bronze l’année suivante après avoir été médaillé aux jeux panaméricains. Une chose est certaine, si l’échappée doit être condamnée, ce sera à cause de son équipe.
Mon idée est de continuer jour après jour, étape par étape. Je sais que ma condition est vraiment bonne. Mais je préfère rester calme et voir jour après jour.
giulio ciccone a propos du titre de la gazzetta
S’il est un coureur en forme, c’est bel et bien Giulio Ciccone. A l’offensive beaucoup de fois, si ce n’est trop. Le rôle à changer au sein de l’équipe et l’italien a bougé du rôle d’électron libre à celui de leader. Un costume qui devrait lui faire compter un peu plus ses coups de pédale avec malice. A Manosque, il aura montré qu’il était un excellent puncheur. A deux doigts de basculer Davide Ballerini alors au top de sa condition. Au Trofeo Laigueglia, il aura été à l’offensive et aura montré ce qu’il sait faire de mieux. Sa deuxième place dans l’échappée du Tour 2019 au sommet de la Planche des Belles Filles démontre ses aptitudes à se faire violence dans les pourcentages à deux chiffres. Avec un peu plus de retenu qu’au sommet du San Giacomo, le coureur de la Trek Segafredo peut aller chercher le premier objectif de l’équpe à savoir un gain d’étape.
Le fait qu’une échappée ait suffisamment d’avance pour aller chercher la victoire d’étape dépend de plusieurs facteurs, mais nous essayerons d’être à l’avant.
ADDY ENGELS – Directeur sportif de la jumbo visma
On prend les mêmes et on recommence ? Koen Bouwman était l’option échappée du jour mais n’a réussi à prendre le large. Dans son apprentissage, Tobias Foss est désormais l’option GC et bien que pointant à 1’53. Le norvégien est un coureur protégé chez les Killer Wasps. Cependant, les opportunités ne sont pas verrouillées pour autant du côté de ses coéquipiers. C’est pourquoi Koen Bouwman peut retenter le coup demain.
Rattrapé à la flamme rouge sur une attaque fulgurante de Richard Carapaz, le néerlandais n’est pas passé loin d’inscrire la plus belle victoire de sa carrière après celle du critérium du Dauphiné. Disposant d’un sacré punch, la montée finale devrait convenir à ses caractéristiques.
Une échappée de grimpeurs forts, au sein de la Qhubeka Assos, Kilian Frankiny doit être devant. Sur un profil similaire à Roccarosso, le canadien était dans le groupe pour la gagne. Probablement battu par manque de punch, la gagne n’est sans doute pas loin en cas d’échappée victorieuse où il est l’un des meilleurs grimpeurs. Tout comme un coureur comme Einer Rubio, qui se sera mis tout autant à son avantage sur le Giro de l’an passé et qui pourrait être une des nombreuses cartes utilisées par la Movistar.
PRONOSTICS
