
190 kilomètres entre Biella et Canale pour un dénivelé positif total de 1869 mètres. Une étape où le profil suggère un final dynamique pouvant brouiller les cartes d’un sprint massif au profit d’un sprint réduit. Mais le final ne peut-il pas être encore plus explosif ?
Le final commence avec la difficulté de Piancanelli. Longue de 5 kilomètres à 5.9 %, la montée pourrait permettre de commencer à durcir la course pour faire sauter quelques sprinteurs. Mais avec un sommet à 67.8 kilomètres de l’arrivée n’est pas trop tôt sur un début de Grand Tour ? L’opération paraît plus probable lors d’une classique. Et pourtant, la tentation pour certaines équipes de leaders de distancer des concurrents à la victoire finale pourraient être grande.

Si les routes n’y sont pas des plus larges, ce qui favorise un peloton étiré. La majorité de la montée se fait sur des zones découvertes.

Si la majeure partie des lacets au pied se font dans une zone boisée où le vent ici défavorable n’a pas d’impact. C’est dans le vignoble que la partie devient intéressante. Avec un vent favorable, ce qui pourrait inciter aux mouvements tôt dans la course. Une course rendue encore plus nerveuse par le mauvais temps puisqu’il est annoncé des averses toute la journée.
La descente se fera avec un vent défavorable.

Mais le placement y est important puisque les routes n’y sont pas larges et par endroit techniques. De quoi morceler encore plus un peloton qui pourrait être en pièces détâchées si une équipe se destine à profiter de cette étape pour dynamiter la course.
Il faudra pourtant envisager un retour de l’arrière sur les 10 kilomètres menant à Castino. Ce qui devrait normalement favoriser une course d’attente avant l’enchaînement des difficultés finales.
Près de 5 kilomètres à environ 5 %, une nouvelle occasion pour certaines équipes de durcir la course et faire passer par la fenêtre quelques sprinteurs les plus purs. A ce stade, il restera 45,5 kilomètres à parcourir.

Une courte descente sans difficulté technique qui permettra d’enchaîner avec la prochaine difficulté.
Manera : 5.3 kilomètres à 5.4 %

Une nouvelle occasion de durcir avec un sommet à 36.2 kilomètres de l’arrivée.
Mais les 18 kilomètres menant au pied de Guarene seront sans doute un frein à toute action et surtout un terrain de chasse où à la fois les équipes de sprinteurs et les Ineos Grenadiers peuvent faire rentrer les plus remuants dans les rangs. Cette dernière difficulté répertoriée (2.8 kilomètres à 7.1 %) se doit être le secteur clé de la course.

Des tentatives inévitables par plusieurs aspects :
- sa difficulté : 7.1 % de moyenne et une pente maximale avoisinant les 17 % ;
- un visuel limité dans les rues Plata et Garibaldi ;
- un second sprint intermédiaire placé au sommet offrant 3, 2 et 1 secondes de bonification aux trois premiers au sommet ;
- un sommet situé à 14.9 kilomètres de l’arrivée.
Mais les 10 derniers kilomètres offrent où il sera compliqué d’aller chercher un sprint massif.

Une dernière occasion pour une late attack dans le repecho d’Occhetti de 500 mètres à 6.3 %.

Suivi d’une courte descente à 5.5 kilomètres de l’arrivée sur des routes étroites qui ne facilitent pas l’organisation d’une chasse.

Jusqu’à virer à 4.7 kilomètres du but où le visuel s’étend et la route retrouve de sa largeur.

800 mètres à l’arrivée : un premier virage qui oblige à être placé en tête en cas d’arrivée en groupe plus ou moins conséquent.

Un semblant de « rond-point »… En vérité, un virage à négocier dans la foulée à 700 mètres.

Un dernier passage technique où le placement est primordiale à 500 mètres mais qui encore une fois se passe plus vite que ce que le plan peut laisser suggérer.

Pour débouler à 400 mètres sur la ligne droite finale.

Avec un final vent de dos d’une vitesse de 18 km/h, un temps pluvieux, des routes étroites et un enchainement de difficulté, le final s’annonce explosif.
UN SPRINT REDUIT INEVITABLE ?
Certaines équipes de sprinteurs auront tout intérêt à durcir la course en vue de se débarasser des sprinteurs les plus purs du peloton à savoir Dylan Groenewegen, Tim Merlier, Caleb Ewan, Fernando Gaviria et Elia Viviani.
Filippo Ganna ne s’y trompe pas lorsqu’il constate que l’étape est cousue-main pour Peter Sagan. Mais d’aucuns ne le conteste. La Bora Hansgrohe est attendue pour mener la chasse en vue du gain d’étape pour son sprinteur maison en quête du maillot cyclamen. Peto a montré toute sa forme récemment. Mataro sur le Tour de Catalogne n’était que le prémisce de ce que nous avons vu en Romandie. Sous une étape rendue nerveuse par la pluie et plus sélective par le vent et les difficultés, le triple champion du monde a dompté un peloton réduit avec autorité en enfermant astucieusement Patrick Bevin pour remporter l’étape de Martigny. Il en est de même lors de la dantesque étape d’Estavayer. Où malgré les difficultés jugées trop dures pour le slovaque, ce dernier est allé chercher la deuxième place derrière Marc Soler, vainqueur en solitaire.
L’équipe allemande devrait miser sur son sprinteur vedette, objet de toutes les attentions pour le mercato à venir. Pour l’aider dans la chasse, la Qhubeka Assos de Giacomo Nizzolo pointe en tête de liste pour être un allier de circonstance. L’équipe sud-africaine peut rêver du gain d’étape avec son sprinteur polyvalent qui aime les journées difficiles. En vue depuis la reprise à Besssèges, sa deuxième place la veille dans un sprint ne lui convenant pas totalement montre l’étendue de son talent. Sa durabilité sur un terrain vallonnée comme celui-ci n’est plus à démontré après sa compagne de classiques belges. Deuxième notamment lors de Gent-Wevelgem derrière Wout van Aert. Rien de bien étonnant tant on sait que l’italien s’est déjà montré sur des courses comme Le Samyn, Kuurne-Bruxelles-Kuurne, A travers la Flandres, etc.
Toute la question de leur équipe sera de trouver la balance parfaite pour durcir les difficultés sans mettre en difficulté tant leur sprinteur que leurs éléments en vue de garder de la main d’oeuvre pour le final et de rester prudent dans les parties un peu plus techniques des différentes descentes. La difficulté de Guarene pourrait être un obstacle de taille avec des leaders se mêlant à la zizanie et désorganisant le groupe. Notamment une Deceuninck Quick Step en recherche des bonifications avec Remco Evenepoel déjà remuant au second sprint intermédiaire de Novara. Et éventuellement Joao Almeida à l’arrivée qui dans une course d’usure, où peu de sprinteurs sont présents, peut faire parler de sa pointe de vitesse étant le plus rapide au sprint. L’aide précieuse de Rémi Cavagna et de Mikkel Honoré en parfait leadout pourrait le mener à bien dans sa quête et un gain d’étape à la clé. Sa 8e place à Mataro (maillot blanc de meilleur jeune) sans forcer son talent et sans être dans la roue de son coéquipier n’est pas sans montrer que le portugais est rapide. Une vitesse déjà vue à Chiusdino en portant le leadout de Julian Alaphilippe et surtout dans les sprints réduits de Monselice et Tortoreto du dernier Giro.
Mais sur ces attaques attendues que les Ineos Grenadiers pourraient mettre la main à la patte pour défendre le maillot de Filippo Ganna et garder le sésame quelques jours de plus. Difficile avec tant de main d’oeuvre d’échapper à un sprint réduit.
D’autres équipes cependant pourrait être tenter d’aller chercher les bonifications tant au sommet de la Guarene qu’à l’arrivée avec une potentielle sélection. L’étape de mardi à Sestola devrait convenir soit à un puncheur ou soit un leader. Si les intérêts de la DQS avec son duo de leader à 20 secondes chacun de Pippo ne sont plus à démontrer, d’autres restent en embuscade. Gianni Moscon du côté des britanniques peut assurer l’intérim en ne pointant qu’à 26 secondes. L’italien de la Ineos s’est montré véritablement renaissant sur le Tour des Alpes. A l’époque pré-Covid, évoquer une telle situation pourrait paraître improbable. Mais l’ADN de l’équipe s’est réécrite, les britanniques n’hésitent plus à passer à l’attaque.
On peut tout autant penser à Alberto Bettiol qui n’est qu’à 29 secondes. Sa 12e place lors du contre-la-montre d’ouverture n’est pas sans montré que l’italien est en forme notamment en signant un excellent premier intermédiaire (7e place). De retour au top après un printemps mitigé, gêné par une blessure. Dans une configuration à la façon du Tour des Flandres, l’italien pourrait profiter d’être sous les radars des Grenadiers tant le coureur de la EF Education Nippo n’est pas un danger pour le classement général. Offensif et aimant la pluie, Bettiol a une deux opportunités pour gagner du temps et ravir un temps le maillot rose.
Les UAE émirates sont très certainement l’équipe qui avec la DQS peut véritablement jouer sur l’offensive dans le final. L’équipe a plusieurs cordes à son arc. D’abord, en misant sur la double casquette de Diego Ulissi dont les capacités de puncheurs ne sont plus à démontrer et qui ne pointe qu’à 32 secondes de Top Ganna. L’italien rapide au sprint peut tout autant tenter d’aller chercher un accessit sur l’arrivée à Canale. Mais dans ce cas, la vitesse n’est pas suffisante pour faire la nique à des sprinteurs de la trempe de Sagan ou Nizzolo qui apparaissent comme les deux grands favoris de la journée. Ce que peut tenter Alessandro Covi qui a déjà montré au Giro dell’Appennino l’an passé qu’il avait la vitesse nécessaire pour faire partie des tout meilleurs. Sa 5e place à Martigny ne pose pas de doute sur sa durabilité sur ce type d’étape. Ce qui jete le doute, c’est la capacité des émiraties à faire bloque dans un tel sprint. Trop désorganisés lors du Tour de Romandie, les coureurs du golfe persique n’ont jamais réussi à faire front commun ensemble. D’abord à Martigny où Covi et Marc Hirschi ont été autorisés à faire leurs propres sprints. Le lendemain à Saint Imier où Ulissi, Hirschi et Rui Costa ont fait une nouvelle fois jouer la carte personnelle au détriment d’un sacrifice pour le collectif. Une situation similaire le surlendemain à Estavayer où les trois n’ont pu faire front commun.
Mais attention à ne éliminer trop vite les Ineos pour un sprint réduit. Jhonatan Narvaez est sur le papier, leur homme le plus rapide. L’équatorien aura montré une belle pointe de vitesse la veille sur le deuxième sprint intermédiaire. Gêné par une blessure plus tôt dans la saison, la petite balle de fusil des britanniques ne devait pas être présent sur le Giro. Le remplacement d’Ivan Sosa lui a laissé une place jusqu’ici inespéré. Si la forme de la semaine Coppi e Bartali de l’an passé est présent et qu’il est autorisé à faire le sprint, Narvaez peut aller chercher une nouvelle étape sur le Tour d’Italie après sa victoire l’an passé sous la pluie à Cesenatico.
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