
Un contre-la-montre d’ouverture du Giro d’Italia plat comme la main.
8.6 kilomètres : un format court et intense où rares sont les virages à négocier. Ce qui favorise un maintien quasi-constant de la position de CLM, c’est-à-dire les mains sur les prolongateurs, la tête baissée et le visage longeant les avants-bras. Un parcours somme toute pour pures spécialistes où il faut à la fois être puissant et le plus aérodynamique possible.

Un départ de la Piazza Castello

400 mètres : un rétrécissement en passant sous une arche où il faudra négocier vitesse et précision en naviguant entre les rails de tram.

Pour prendre de la vitesse sur 200 mètres dans une légère portion en faux plat descendant.

800 mètres : le premier virage à régocier à fond les ballons.

Un véritable billard Corso S. Maurizio pendant 960 mètres où il n’y a qu’un seul mot ordre : PUSH, PUSH HARDER THAN YOU CAN !

1.8 kilomètres : un nouveau virage à négocier sans l’ombre d’une difficulté tant la voie est large.

2.9 kilomètres : ne pas se fier aux virages suggérer par le plan, encore une fois aucune difficulté pour entrer dans le Parc del Valentino.

3.1 kilomètres : même problématique, full gas period !

4.7 kilomètres : la première relance du circuit. Plus de la moitié du parcours aura alors été parcouru (54.65%)

200 mètres plus loin, un rond-point à prendre sans poser les mains sur les freins pour passer sur la rive Est du Pô.

5.1 kilomètres : à l’image du parcours, pas vraiment de technicité. Un bon nombre du peu de virages à négocier se prennent pleine balle.

Même démonstration 100 mètres plus loin où aucune raison valable d’être sur les freins.

Un rond-point pris par la gauche sans forcer.

5.8 kilomètres : dernière potentielle relance

50 mètres plus loin, l’accès au Corso Moncalieri pouvant se passer sans encombre pour négocier les 2.76 kilomètres restants.

6.4 kilomètres : 300 mètres de faux plat montant à négocier, juste sur la puissance pure avant 200 mètres de faux plat descendant.

Près de 2.8 kilomètres à l’image du CLM : APPUYER COMME UNE BRUTE.




Le premier départ aura lieu à 14h, tous les coureurs s’élanceront de minute en minute jusqu’au dernier partant à 17h03. Les premiers partants auront un vent de 11-12 km/h contre 9 km/h pour les derniers. Une différence risible somme toute avec un vent léger mais qui peut avoir son importance dans un contre-la-montre si court où chaque gain marginal peut jouer pour la gagne.
A ce jeu, l’impact du temps joue pour 1.4 % à 14 h, 0.9 % à 15 h, 0.1 % à 16 h et -0.5 % à 17 h. C’est donc une différence à watts égales de 3 secondes qui peut être mesurée entre les premiers et derniers partants. Qui s’explique aussi par un vent pour 49.3 % de face pour les premiers partants de 14 et 15 h, de 48.5 % pour les partants de 16 h et 46.1 % pour ceux aux alentours de 17 h.
UN TRIUMVIRAT INDEBOULONNABLE ?
Filippo Ganna (départ 16h53) en champion du monde de la discipline s’aligne comme le favori de l’effort individuel chez lui. En délicatesse après une série de 8 victoires d’affilée depuis le 21 août 2020. 3e du chrono de San Benedetto del Tronto où il est détenteur du record du parcours depuis l’an passé, Pippo a enchainé les méperformances. Seulement 9e du prologue du Romandie en n’inscrivant que le 13e temps à l’intermédiaire. Le chrono de clôture a été tout autant une déception pour Top Ganna. Une vulgaire 10e place à 37 secondes de Rémi Cavagna. Pourtant tout n’est pas à jeter pour le quatruple champion du monde de la poursuite individuelle sur piste. Sur ledit chrono, le pointage entre l’intermédiaire et l’arrivée dont le profil lui était plus favorable que la première section, Ganna a signé le 4e temps. A 18 secondes cependant du TGV de Clermont. Une preuve néanmoins que la mécanique reste huilée pour l’italien des Ineos Grenadiers puisqu’il pointait au 17e temps à l’intermédiaire.
J’espère ne décevoir personne si je ne remporte pas le prologue, samedi à Turin. Les jambes n’étaient pas à 100% lors de la dernière épreuve mais j’ai pu récupérer avant le Giro et je me sens bien. Je souhaite donner de la joie aux Italiens
filippo ganna
Après un Tour de Romandie érintant au service de ses leaders, Pippo a coupé une semaine en vue de refaire du jus pour le Giro. Mais ce repos forcé lui sera-t-il profitable ? Les performances des derniers temps n’ont-elles pas des raisons rationnelles ? Il est vrai que la préparation n’est pas la même cette année. D’abord, avec une coupure/reprise sur piste contrariée par le Covid-19 qui l’a forcé à la mise à l’arrêt trois semaines. Puis des stages en altitude aux Canaries sur les pentes du Volcan de Teide. Un moteur refaçonné pour les épreuves montagneuses. L’objectif annoncé est plutôt clair : les Jeux Olympiques avec la poursuite par équipe et le contre-la-montre sur route (sans la poursuite individuelle dont il est le maître incontesté et incontestable puisque l’épreuve a disparu de la liste en 2008). Le natif de Verbania (150 kilomètres de Turin), lui donnera-t-il ce boost pour vaincre dans son Piémont natal et remettre les pendules à l’heure italienne ?
Rémi Cavagna (départ 15h43) s’aligne comme son concurrent principal. Vainqueur du chrono de fermeture du romandie, le TGV de Clermont a enfin mis la balle au fond des filets. Lors du prologue de ladite preuve, le champion de France de la discipline n’a fait qu’une bouchée de Pippo signant le meilleur temps à l’intermédiaire (7 secondes de mieux) mais s’inclinant sur la seconde partie de 3 secondes sur l’italien et de 14 secondes sur Richie Porte et Rohan Dennis qui se seront donnés corps et âme dans l’arrivée punchy.
Le contre-la-montre de Turin correspond parfaitement aux caractérisques de Cavagna qui peut s’y exprimer à merveille. 2e malheureux à Gien pour 8 dizièmes puis 2e à Banyoles en Catalogne, le TGV est désormais dans la cour des grands. Mais est-ce étonnant pour celui qui sur une partie totalement plate du chrono de la planche des Belles-Filles avait inscrit le premier temps à l’inter 1 (14.4 km), 14 secondes de mieux que Tom Dumoulin. Un TGV de Clermont qui se doit de pointer désormais à l’heure.
Remco Evenepoel (départ 16h52) serait sans doute devant son coéquipier dans la liste des favoris sans sa chute au Tour de Lombardie, l’an passé. Malheureusement, la période de convalescence a eu des effets sur son physique. Si le phénomène a perdu « sa graisse de bébé », c’est 4 kilogrammes de moins sur la balance avec un poids affirmé et annoncé de 59 kilos. Un désavantage lorsque l’on parle d’effort individuel où le rapport poids/puissance est de mise.
Mais attention à ne pas se fourvoyer, R.EV est l’un des coureurs les plus aérodynamique sur un vélo de chrono. Dès la sortie des juniors, Remco s’est illustré chez les professionnels. Terminant 3e du CLM de Pocino à San Juan (12 kilomètres). Le résultat le plus désapointant restant le ITT de Romandie (15e) mais le jeune belge n’a guère loupé les podiums depuis qu’il est néopro. 4e à une seconde du podium dans un effort similaire au Tour de Belgique, Remco n’a en confrontation directe avec Pippo jamais perdu de duel :
- Champion d’Europe à Alkmaar
- 2e des mondiaux d’Harrogates derrière Rohan Dennis
- Vainqueur à San Juan
- Vainqueur à Algarve
« A l’impossible, Remco Evenepoel n’est tenu« . Gagner le contre-la-montre du jour sera compliqué pour un retour en grâce. Mais le coureur vedette de la Deceuninck Quick Step s’est longement préparé. Asurrément, le lionceau est prêt. S’il est un poids plume qui peut réussir cet exploit, c’est le jeune prodige. L’avantage du contre-la-montre d’ouverture, c’est que l’effort est solitaire. Nul besoin de rythme de course, la forme est juste nécessaire. Si le petit Cannibale est aligné, c’est au moins que celle-ci est présente. Paradoxe des ambitions au GC, Remco Evenepoel peut très bien signer un départ tonitruant sans pour autant aller que le manque de rythme ne lui pèse plus tard dans la course.
UN PODIUM OUVERT
Ce sont sans doute, les incertitudes autour de la forme de Filippo Ganna et de la gestion du retour de Remco Evenepoel qui ouvre la voie aux outsiders.
Joao Almeida (départ 16h29) est probablement la tête de liste de cette foule qui frappe à la porte. 6e à Al Hudayri, 7e à San Benedetto del Tronto et 3e à Banyoles, ses récents résultats lui offre une place de choix parmi les leaders du GC. Sans doute la première au regard de ses résultats sur les trois chronos de l’an passé :
- 2e à Palerme
- 6e à Valdobbiadene
- 4e à Milan
Le problème majeur réside dans ses résultats dans des efforts solitaires courts et plats comme au Tirreno-Adriatico et aux Emirats Arabes Unis où Almeida n’a fait que des fonds de Top 10. Est-ce l’intensité de l’effort où Almeida doit réhausser le niveau aujourd’hui ou un manque de watts ?

Victor Campanearts (départ 14h02) aurait été, au moins l’an passé, un nom maintes fois ressorti. Pourtant il n’en est rien. Ses récentes déclarations sur un recentrement de sa spécification pour les classiques. Lui ont fait délaisser l’effort individuel. Sa 30e place sur Paris-Nice n’en est que la démonstration. Sa 8e place aux mondiaux d’Imola a été une véritable déception alors qu’il n’avait guère loupé de podiums en 2020 qui s’est pourtant cloturé par une deuxième place à Milan. Mais si Campy semble avoir tourné la page des contre-la-montre avec sa non-sélection pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Un regard attentif pour les suiveurs Zwift sera porté pendant son échauffement où il sera communautaire : https://teamqhubeka.com/victor-campenaerts-to-warm-up-for-giro-ditalia-time-trial-on-zwift
Un triplé Deceuninck Quick Step envisageable sur le contre-la-montre du jour ? Alberto Bettiol (départ 14h02) aurait y jouer les trouble-fêtes. Auteur d’un retour en forme après un hiver compliqué, l’italien s’est illustré sur le contre-la-montre de San Benedetto del Tronto où il a pris la 6e place. Dauphin dans la même seconde, en 2019, de Pippo sur les champions nationaux. L’italien s’est illustré par le passé sur des efforts courts et plats comme à San Benedetto del Tronto. Mais pour rêver de rose, le coureur de la EF Education Nippo doit retrouvé le niveau de 2019.

Tobias Foss (départ 15h33) fait forcément parler de lui quand on parle de TT d’ouverture du Giro. 3e l’an passé, le norvégien est attendu de tous depuis qu’il est sorti vainqueur du Tour de l’Avenir 2019. Sur le chrono similaire du Tirreno-Adriatico, il aura pourtant été en déça des espérances. Cependant, le chrono de Bilbao est venu rectifier le tir avec une belle 4e place. Le jeune espoir des Killer Wasps peut profiter d’un matériel à la pointe, ce qui confère un avantage sur des efforts individuels. Si la forme est là, le podium ne sera pas loin.

Mais chez la Jumbo, il n’est pas en reste. Edoardo Affini (départ 15h56) peut tout autant prétendre à une belle place. Bien que tout autant décevant lors du contre-la-montre de San Benedetto del Tronto, l’italien champion sur piste apprécie ce genre d’effort court et intense. C’est sur les traces de 2018/2019 qu’il doit surfer pour briller sur le tracé du jour. A la pointe chez la Jumbo-Visma, Affini doit profiter de l’axe développe et performance de l’équipe en vue des Grands Tours.

Ce Giro d’Italia pourrait être le retour au sommet de plusieurs coureurs ayant connu des déboires l’an passé. Patrick Bevin (départ 16h55) fait partie de ceux-ci. Mais tout indique que la forme est présente après des Tour du Pays Basque et de Romandie en vue au sommet de son art. Paddy pourrait frapper fort après sa 7e place dans le même temps que Tadej Pogacar (5e) sur le chrono de Bilbao.
L’option du départ tardif se révèle être la meilleure. C’est pourquoi le duel Evenepoel/Ganna à 16h52 sera le centre de l’attention. Avantage pour le belge au vue des performances de Pippo qui semble à court de forme sur l’effort individuel. La cote boostée de par l’aspect value est un inconditionnel, notamment parce que le différentiel du weather impact n’est que d’une seconde.
PRONOSTICS
coureurs | type de classement | cote | mise | bookmaker |
---|---|---|---|---|
Remco Evenepoel | Vainqueur 🏆 | 3.75 | 0.5 % | ![]() |
Remi Cavagna | Vainqueur 🏆 | 5 | 0.5 % | ![]() (cote boostée) |
Tobias Foss | Podium 🏅 | 24 | 0.25 % | ![]() |
Edoardo Affini | Podium 🏅 | 18 | 0.25 % | ![]() |
