
Du samedi 8 au 30 mai, le Tour d’Italie, premier Grand Tour de la saison 2021, va s’élancer pour sa 104e édition. Un total de 3 479 kilomètres à parcourir sur les 21 étapes, dont deux contre-la-montre individuel (pour 38.9 kilomètres au total).
Description du Giro d’Italia 2021
SEMAINE 1

Une étape d’ouverture avec un court contre-la-montre entièrement plat qui offrira le premier maillot rose à un spécialiste ou déjà à un leader ayant des aptitudes prononcées dans l’effort individuel. Bien que l’essentiel soit l’établissement d’une première hiérarchie entre les leaders en forme et ceux dont la condition devrait être optimale plus tard dans la course.

Première occasion que les équipes des hommes les plus rapides ne devraient pas laisser filer. Un premier sprint massif à n’en pas douter.

Un sprint mais sera-t-il massif ou réduit avec une élimination des sprinteurs purs dans l’enchainement des quatre difficultés qui composent les 80 derniers kilomètres ? Dont le sommet de la dernière n’est située qu’à 15 kilomètres de l’arrivée.

Un profil digne d’une étape pour une échappée. Mais avec un enchainement de difficulté dans sa seconde partie, la montée finale du Colle Passerino (4.3 kilomètres à 9.9 %) promet un final explosif entre les leaders au CG et les puncheurs du peloton.

Une nouvelle occasion royale pour les sprinteurs mais aussi et surtout pour les échappées publicitaires.

Une énième étape profilée pour une échappée victorieuse. Une occasion d’avoir une course dans la course. Mais surtout l’opportunité pour une équipe sans réelle ambition pour le classement général final d’endosser le maillot rose comme le fit Valerio Conti en 2019 dans une étape similaire. Une manière pour les favoris de se libérer du poids de la course et préserver leur effectif en vue de la troisième semaine.

A chaque sprint sa particularité : cette fois-ci une arrivée en faux plat montant tortueux où le placement sera plus que toutes les autres fois la clé.

Un équilibre difficile à trouver mais les échappées matinaux auront des occasions franches de mettre la balle dans le fond des filets. Une arrivée profilée puncheur où encore une fois les différences entre leaders seront minimes.

Une arrivée gravilloneuse qui n’est pas sans rappeler le Colle del Finestre. Une étape assurément où le Giro ne s’y gagne pas mais où il peut s’y perdre.

Un sprint très probable dans une étape courte à la veille d’une journée de repos. Vu le nombre d’offrandes faites aux sprinteurs, certaines équipes ne devraient pas laisser filer pareille opportunité.
SEMAINE 2

La fameuse étape des Strade Bianche au lendemain d’une journée de repos. Une étape qui en 2010 était dantesque et a vu des écarts importants entre les hommes du GC. Vincenzo Nibali y avait perdu plus de deux minutes sur Cadel Evans. Une étape charnière en vue de la victoire finale.

Les Apennins ne laisseront que peu de répits au peloton avec une étape où la montagne peut accoucher d’une souris comme être un arbre qui cache la forêt.

Sprint, point barre.

Le mythique Monte Zoncolan… Bien que par son versant le plus facile. Les 14.1 kilomètres à 8.5 % dont les trois derniers à 13 % et des pentes maximales à 27 % établiront une hiérarchie très claire entre les leaders pour le GC et ceux qui devront malheureusement revoir leurs objectifs. Christopher Froome y ressussita en 2018, en sera-t-il de même pour un leader paraissant à la ramasse ?

Une étape aux portes de la Slovénie promise à une échappée. Les slovènes de la Barhaïn Victorious seront-ils de sortie sur leur terre ?

A la veille d’une journée de repos, les leaders auront un terrain parfait pour s’expliquer entre hommes forts avec un enchainement quasi ininterrompu entre trois cols à plus de 2 000 mètres d’altitude. Un dénivelé positif faramineux de 5710 mètres, un véritable cauchemar.
SEMAINE 3

Les journées de repos sont pour certains difficiles à digérer et pourtant il faudra avoir le coeur bien accroché pour entamer la dernière semaine. Avec une arrivée au sommet dès son entame. Une situation qui voit pour la majorité des cas, beaucoup de coups d’épée dans l’eau quand le programme qui suit est jugé trop corsé (aka 2017).

Dernière occasion pour les sprinteurs de s’exprimer dans un final pour le moins des plus compliqués à gérer. D’autant que la fatigue accumulée peut offrir de véritables chances aux échappées.

Première étape du duo final avec un final de 9,7 kilomètres à 9 %.

Un dénivelé positif total condensé dans la seconde partie d’étape qui ne voit aucune vallée. Une étape de tous les possibles où les renversements peuvent et devront avoir lieu. Une étape tracée pour la dramaturgie.

Presque un inconditionnel, le contre-la-montre de clotûre à Milan peut bouleverser une dernière fois la hiérarchie établie. On aura en mémoire Tom Dumoulin reprenant le maillot rose à Nairo Quintana en 2018.
Que penser de cette 104e édition ?
Un Giro comprenant très peu de contre-la-montre. L’effort individuel ne devrait jouer dans la finalité qu’une influence mineure. Le chrono d’ouverture est trop court pour établir une hiérarchie avec des certitudes.
La troisième semaine est titanesque, ce qui promet techniquement une stratégie assez conservatrice avec une première et deuxième semaine sur la défensive. Quid des enchainements des étapes de la troisième semaine ? La dernière étape montagneuse peut à elle seule résumer le Giro 2021 et être le lieu de tous les va-tout. Au détriment d’étapes précédentes plus dynamitées.
UN TRIO DE TÊTE FEBRILE
Egan Bernal, vainqueur du Tour de France 2019, s’aligne avec la ferme intension de découvrir le Giro d’Italia et de tout faire pour le gagner. Mais si les données Strava et le début de saison du colombien des Ineos Grenadiers montre que le coureur de 24 ans est en forme. Ses problèmes de dos le poursuit et il doit désormais composer avec la douleur qui en résulte.
Tout va dépendre de la façon dont mon dos répond. Si tout va bien alors je me concentrerai sur le classement général et la bataille pour le maillot rose. On prendra les jours les uns après les autres car je n’ai pas couru depuis deux mois. C’est inutile de faire des fausses promesses.
Egan bernal – La Gazzetta dello Sport
C’est pourquoi l’équipe britannique mise aussi sur Pavel Sivakov pour s’aligner en leader de rechange. Un « as in the hole » qui devrait pallier à toute défaillance de son leader. Sans sa chute sur le Tour des Alpes, le franco-russe s’affichait comme le coureur le plus en forme avec Simon Yates.
Le britannique de la Bike Exchange justement est l’un des hommes en grande forme en vue du Giro. En démonstration sur le Tour des Alpes, Yates n’a jamais paru si aérien que sur les pentes du Prati di Tivo lors du Tirreno Adriatico. Où il semblait en mesure d’égaler Tadej Pogacar sur les pentes escarpées du col des Abruzzes. Seulement si Simon Yates a l’habitude des coups d’éclat, c’est aussi pour son inconstance qu’il est réputé. Archi dominateur du Giro 2018, il aura alors implosé en chassant sur tous les tableaux. La Vuelta a Espana aura montré que la leçon a été retenue. Gare d’être en forme trop tôt dans un Tour d’Italie qui impose une gestion milimettrée.
C’est pourtant du côté de la Deceuninck Quick Step que les yeux seront rivés. Remco Evenepoel, véritable phénomène découvre les courses de trois semaines dans des conditions peu ordinaires. Victime d’une chute spectaculaire par dessus le parapet d’un pont lors du Tour de Lombardie, l’an passé. Le belge décrit comme le digne successeur d’Eddy Merckx n’a depuis pas repris part à une compétition. Le pari semble osé de remporter son premier Grand Tour à sa première participation. Un exploit remontant à Bernard Hinault en 1978. Le manque de rythme pêchera-t-il ? Pour sûr, rien ne remplace le rythme des compétitions accumulées. Aucun jour de course ressemble à un coup de poker avec 2/7 dépareillés. Le manque d’expérience se fera-t-il ressentir ? Il est vrai que R.EV est réputé pour être un coureur fougueux. Capable de partir dans des raids solitaires de l’impossible. Les risques de rechute liée à sa fracture du bassin sont-ils totalement éradiquer ? Seul le poids de trois semaines nous le dira.
Le bilan physique est désormais dressé, le jeune belge ne pèse plus que 59 kilogrammes soit 4 kilos de moins qu’avant son incident. Le coureur est plus svelte, moins gras. Un avantage indéniable dans la haute montagne. Mais au détriment de ses performances dans l’effort individuel ? Les questions sont pour l’heure sans réponses.
Ce sont avec beaucoup d’inconnus avec lesquels la DQS doit composer. Cela étant dit, l’équipe belge n’a rarement affiché une équipe si compétitive sur un Grand Tour. Les hommes de Patrick Lefévère sont réputés pour écraser les classiques printanières mais rarement les classement généraux des GT. Les récentes déclarations de l’équipe et de Remco Evenepoel vont dans le sens d’un leadership affirmé sur les épaules de Joao Almeida, 4e du Giro 2020. Le portugais épaulé par James Knox, Mikkel Honoré et Fausto Masnada comptera faire tout aussi bien. Si ce n’est mieux. Cependant, que ce soit l’an passé que cette année sur les pentes de Vallter 2000, Port Ainé ou du Prati di Tivo, Almeida n’a jamais figuré parmi ceux capables de figurer sur le podium et encore moins de remporter le classement général du Giro.
DES OUTSIDERS EN EMBUSCADE
A n’en pas douter la Barhaïn Victorious a une équipe redoutable sur le papier. Mikel Landa sera entouré d’une armada pour aller décrocher son premier Grand Tour.
Je suis satisfait de ma forme actuelle. Après le Tour du Pays Basque, j’ai eu quelques jours de repos. Avant mon sixième Giro d’Italie, j’ai passé quelques semaines dans un camp d’entraînement en altitude au Teide. J’ai eu de bonnes conditions et j’ai travaillé dur et très bien. Je me sens très bien maintenant, et je crois que je suis en parfaite forme pour mon objectif principal de la saison 2021. J’ai toujours réalisé de très bonnes performances sur le Giro d’Italia. Mon record du général était 3ème en 2015 et 4ème en 2019. J’ai également remporté deux étapes au Giro 2015. Le Giro est une course que je connais assez bien et je me sens très en confiance avec mes coéquipiers. Je pense que nous avons une équipe exceptionnelle autour de moi, donc je pense que ce sera un très, très bon mois
Mikel Landa
Sa reprise au Trofeo Laigueglia puis son convainquant GP Industria & Artigianato ont été le prémice de ce que Landa peut faire de mieux lorsque le basque est en grande forme. Rassurant sur les pentes du Prati di Tivo sans être dominateur. Le leader affiché de la Barhaïn Victorious aura montré sur les pentes d’Ermualde qu’il était un prétendant pour le Giro à venir.
En vue du maillot rose, l’équipe aligne à ses côtés ses deux moteurs slovènes : Jan Tratnik et Matej Mohoric. Mais c’est véritablement sur Rafael Valls, Damiano Caruso et Pello Bilbao qu’il faudra compter en haute montagne. Ce dernier d’ailleurs n’est pas totalement réduit au rôle de coéquipier. Puisqu’il est un co-leader ou du moins un plan B en cas de défaillance de Landa. On le sait celui-ci à la fâcheuse habitude de trainer sa misère en attirant la malchance. Bilbao a l’avantage d’être un grégario qui figure toujours parmi les meilleurs au CG : 16e lors du Tour de France 2020 en appui de Landa ou même 6e lors du Giro d’Italia 2018 en appui de Miguel Angel Lopez. Ses aptitudes dans l’effort individuel et sur les efforts pour puncheurs lui donne un ascendant sur Landa en première semaine. Mais c’est sans doute l’étape reine à près de 6 000 mètres de dénivelé qui pourrait rebattre les cartes du côté de la Barhaïn. Profitant du relief et d’une journée érintante, il pourrait retourner la situation en sa faveur à la façon d’un Richard Carapaz en 2019. Il est vrai que Bilbao est l’un des meilleurs coureurs sur les courses à plus de 4 500 mètres de dénivelé positif. Dans une étape où le classement général doit se jouer au sortir de la deuxième semaine, rien ne figer dans le marbre pou
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