
Un contre-la-montre de clôture du Tour de Romandie pour façonner de manière définitive le classement général final. Avec 9 coureurs en 1 minute 04 et un podium en 21 secondes, les positions vont assurément bouger à l’issue de l’effort individuel.
16.19 kilomètres au programme pour un dénivelé positif total de 338 mètres, un TT somme toute vallonné où les spécialistes devront se confronter aux coureurs du classement général pour le gain de l’étape. Un ITT dont les segments sont consultables via : https://www.strava.com/activities/5195595681

Un départ somme toute technique avec une descente et déjà des petites différences qui devraient se créer sur un espace de 1.68 kilomètres. En effet, sur des routes mouillées chaque trajectoire peut vite devenir un véritable supplice.

A la fin de ce premier point débutera une place pavée où l’ascension de la Grimpette de la Lorette peut débuter.
Une montée du chemin de la Lorette que certains auront déjà empruntés par le passé, au cours de la troisième étape du Tour de Suisse 2019 ou même en 2013 encore une fois sur la troisième étape.

800 mètres pavés à pas moins de 13 % et une pente maximale de 16.5 % seront au menu de cette difficulté qui frappera l’entrée du CLM.

Les pourcentages les plus raides se terminent en passant la Tour-Porte de Bourguillon 1367 avec un pavé un peu plus rugeux en son arche.

Son passage signe surtout la fin de la zone pavée pour retrouver l’asphalt.

Mais la montée n’est pas terminée pour autant avec 300 mètres à 7.8 % à parcourir dans le chemin de Breitfeld. Ce qui porte la Lorette à un total de 1.14 kilomètres à 11.2 %.

C’est au bout du chemin que les plus spécialites trouveront un terrain à leur mesure. 3.2 kilomètres auront alors été parcourus.
Sur un plateau de 2 kilomètres menant à Marly, toute la puissance peut être développée.

Des virages se prenant sur les prolongateurs, il n’y a juste qu’à pousser.
Avant l’entame d’un long faux plat montant vers Tentlingen poussé par le vent.

1.5 kilomètres à 5 %

Suivi de 1.3 kilomètres à 2 % sur des bons bouts de ligne droite.
Le retour vers Fribourg n’offrira guère de répit. La moitié du CLM a été parcouru qu’il faut entamer la seconde.

Avec un vent d’abord de côté dans une portion en faux plat descendant.

Puis un vent de face sur les 5 derniers kilomètres, une zone pas mal découverte donc exposée au vent.
Le contre-la-montre se clôt par un petit kick autour de la cathédrale Saint Nicolas et dans la rue des Alpes.

Un dernier lève-cul au sprint…

… pour clôturer les 200 derniers mètres.

Météo pour les premiers partants : 5 km/h avec des rafales jusque 18 km/h

Météo pour les derniers partants : vent léger presque constant de 4 km/h

Il convient cependant de tempérer. Beaucoup sont adeptes de Windy et auront remarqué que les modèles tendent à s’accorder sur un vent léger. Mais des rafales s’intensifiant que légèrement.
Si mon modèle montre une différence nette de rafales pour les premiers partants, c’est un net désavantage pour ces derniers par rapport aux départs plus tardifs puisque la portion vent de face représente près d’un tiers du TT. Cependant, le vent reste que léger pour la majorité selon la globalité des modèles et près de deux tiers du chrono est favorable aux spécialistes dans la mesure où les routes sont propices à rester en position.
LES SPECIALISTES POURTANT FAVORIS ?
La Lorette pourrait laisser penser que les spécialites se voient éliminer des prétendants. Mais si le parcours demande une certaine polyvalence, nombre sont les kilomètres où les grosses machines peuvent mettre en route.

Cependant, peut être certains comme Stefan Bissegger seront un peu plus désavantager par rapport à d’autres. Il est vrai que le suisse de la EF Education Nippo a montré que ce soit lors du prologue comme lors de l’étape d’Estavayer qu’il bûchait lorsque la route s’élève. La grimpette de la Lorette, le faux plat de Marly et les abords de l’arrivée plutôt punchy pourrait lui faire accumuler un petit débours qu’il sera compliqué de rattraper.
Le tracé demande une certaine polyvalence :
- technicité et prise de risques : une route humide avec un départ en descente scabreuse, des secondes précieuses précieuses peuvent être prises pour ceux qui sont à l’aise sous les conditions climatiques difficiles ;
- flandrien et puissant : les pavés et notamment les montées pavées demandent une certaine puissance. Le fait que le pavé soit humide oblige à passer la montée de la Lorette le plus sur la selle possible. Les nombreuses portions de routes entre le kilomètre 3 et l’entrée dans Fribourg doivent permettre de dégager toute la puissance d’un rouleur.
Battre le pavé ne devrait gêner Filippo Ganna qui est détenteur du Paris-Roubaix 2016. Pippo aura montré que les montées ne l’encombre guère même si c’est un gabarit lourd comme Bissegger. La question se pose tout de même sur son état de forme. Battu au contre-la-montre de San Benedetto del Tronto au Tirreno-Adriatico, le quatruple champion du monde sur piste de la poursuite individuelle n’a pas fourni un prologue à la mesure de son titre de champion du monde. Du moins à la mesure des chronos qu’il a archi dominé l’année passée. Des signes pouvaient être vu lors du CLM d’Alès où Benjamin Thomas lui a fait la nique au premier intermédiaire. Pas mal mis à contribution au service de l’équipe cette semaine, Pippo atomisera-t-il le TT avant l’ouverture du Giro dans 6 jours ? Histoire de remettre les pendules à l’heure. Les conditions climatiques pourraient pousser à la prudence.
Bien qu’ayant chuté à Estavayer, Rohan Dennis a semblé rassuré sur l’étape d’hier en fournissant le travail qu’on lui demandait sur les pentes de Thyon 2000. Vainqueur du prologue, remporté à la manière, l’autralien des Ineos Grenadiers est sans doute le grand favori du jour. Mais si Dynamite Dennis a rassuré, il n’a pour autant pas annihiler toutes les attaques comme il a pu le faire sur les pentes de la Vue des Alpes lors de l’étape de Saint Ymier. Il est coutume de dire que ce n’est pas le lendemain d’une chute qui pose le plus de problème mais le surlendemain. Payera-t-il les conséquences de sa chute dans la descente de Châbles ?
Ou la chute ne sera-t-elle que anodine comme Stefan Küng semble le suggérer ? Il est vrai que le suisse aura fait un sacré aquaplaning à cause d’une ligne blanche où sa route avant aura chassé. Une chute plus impressionnante qu’elle n’en a l’air selon les dire du coureur de la Groupama-FDJ. La route extrêmement humide et grasse et le lopin de terre percuté auront sans doute aidé à rendre la chute moins violente qu’elle n’y paraît. Dans ces conditions, si le champion de suisse du CLM n’est pas marqué. Il est un candidat tout à fait crédible à la victoire tant ses derniers chronos sont à la hauteur d’une victoire aujourd’hui.
Comment parler de chutes sans aborder Geraint Thomas ? En position de remporter l’étape de Thyon 2000, le gallois n’a pu disputer totalement ses chances au sprint au sommet du col face à Michael Woods. Et pourtant il semblait bien partir vers un coup double : victoire d’étape et maillot de leader. Le leader n’est qu’à 11 secondes de Rusty Woods, ce qui le place en balotage très favorable en vue de la victoire finale. Ici encore, la chute semble plus violente qu’elle n’en a l’air. Le gallois ne s’est pas plaint à l’arrivée de quelconque douleur, si ce n’est exprimé une certaine frustration.
Une situation cocasse qu’il aura excerbé par un humour anglosaxon qu’on lui connait. Le parcours somme toute semble être du cousue-main pour le gallois. La question semble pointer essentiellement vers la prise de risque. Le GC semble à première vue acquis avec 11 secondes de retard sur Woods et une vingtaine sur ses principaux rivaux. Mais ne voudra-t-il pas conclure en beauté ? Rien n’est vraiment figé dans le marbre. Sa quatrième place lors des mondiaux en la matière à montrer un retour en grâce de G. Si le CLM est couru avec cette objectif alors Thomas est en position de battre Rohan Dennis.

Loin de toute considération chauvine, Rémi Cavagna apparaît dans la liste des favoris pour plusieurs facteurs. C’est un rouleur hors norme. La distance lui convient. Il est polyvalent et surtout il aime la pluie. Jamais bien loin depuis le début de saison, le coureur de la Deceuninck Quick Step peut se targuer d’être parmi les meilleurs du monde actuellement.
Partant à contre-courant des opinions majoritaires, le pari risqué d’un terrain valonné peut jouer un rôle. C’est pourquoi le choix des leaders peut s’avérer un pari profitable si les rafales faiblissent en milieu de journée. Certains leaders ont un spot clair à jouer pour le podium. Marc Soler n’est qu’à 12 secondes du podium et peut aisément combler les 33 secondes sur Rusty Woods. Il est vrai que deux places semblent se libérer sur le podium avec à la fois les places de Michael Woods et de Ben O’Connor qui ne sont pas réputés être les meilleurs dans le domaine. Richie Porte est tout autant dans la même situation favorable. Son prologue et son chrono de Catalogne ont montré un retourau plus haut niveau de l’australien. Seulement, le mauvais temps n’est pas sans effet sur Tasmanian Devil Fish. On le sait l’aussie n’est pas à l’aise sur son vélo lorsque la route est humide. Au travail sur l’étape d’Estavayer pour Thomas, le co-leadership a alors bougé vers un leadership unique affirmé. L’étape de Thyon 2000 a montré un Porte parfois en difficulté. Pas vraiment un indicateur positif en vue du CLM.

Celui qui pourrait faire la bonne opération du jour est Ion Izagirre. L’espagnol est réputé pour être bon sur les efforts individuels où la polyvalence est de mise. 27 secondes à rattraper sur O’Connor n’a rien d’insurmontable. Les 48 secondes sur Woods par contre pourrait être un peu plus ardue mais loin d’être impossible. Le basque de la Astana Premier Tech a un coût à jouer au GCX sur ce TT et il n’est pas plus à l’aise qu’un Izagirre sous la pluie. La forme est exaltante sur ce Tour de Romandie, si les jambes d’y il a 3/4 ans en chrono sont au rendez-vous. Ion peut s’immiscer sur le podium final.

Meilleur que le basque sur plat, peut être que Damiano Caruso est une tout aussi bonne option en vue d’un GC fait à fond. En fond de Top 10, l’italien des Bahreïn Victorious est aux portes de faire un Top 5 à l’issue du CLM. Il n’y a qu’à se remémorer l’époque du triplé BMC sur le Tour de Suisse pour se rappeler des qualités de rouleurs de Caruso qui s’affiche en forme avant le Giro d’Italia où il épaulera Mikkel Landa et Pello Bilbao. Ses derniers CLM de Grands Tours ne sont pas sans montrer ses capacités lorsqu’il est appliqué dans l’exercice. Un autre coureur qui aime à l’évidence la pluie.
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