
Deuxième course du tryptique ardennais, la Flèche Wallonne est réduit depuis 2003 à une course de cote où le Mur de Huy en est le juge de paix. Une montée finale qui donne tout le prestige de la classique hutoise, qui rythme avril depuis son introduction en 1983.
Sur un parcours de 193,6 kilomètres avec une boucle de 31,8 kilomètres à parcourir deux fois.
Introduite dans le circuit final en 2014, il a fallu attendre l’année suivante pour que son couple indémodable avec la cote de Cherave remplace le duo côte d’Amay (1.6 kilomètres à 6 %) – côte de Villers-le-Bouillet (1.3 kilomètres à 6.5 %).
Situé à 9.7 kilomètres de l’arrivée, le chemin des gueuses offre une opportunité pour ceux désirant anticiper l’arrivée finale.

La boucle introduite en 2020 fait part au chemin des gueuses remplaçant la désormais regrettée côte de Cherave. Une modification qui « simplifie » somme toute le final. Les Gueuses étant situées à près de 10 kilomètres de l’arrivée en son sommet contre les seulement 6 kilomètres au sommet de son prédécesseur. Et dont le graphique montre des pentes plus « abordables ». Si le but en 2015 était d’offrir un final plus dynamique en plaçant Cherave en pénultième difficulté. La modification apportée l’an passé tant à éliminer les attaques qui ont des chances d’aller au bout. A l’image de Maximilian Schachmann en 2018. Pour favoriser un final explosif à Huy comme il est coutume.
Est-il nécessaire de présenter le monstre belge ? 1.3 kilomètres à 9.7 % selon les organisateurs, vous place parmi les géants du cyclisme moderne. Une seule obligation, aborder le Mur dans les premiers de cordée.
Plusieurs manières d’aborder le Mur de Huy :
- anticiper la montée : un action de bravour comme Rigoberto Uran l’an passé ;
- attaquer avant les 500 mètres : un aveu de faiblesse comme Igor Astarloa en 2006 ;
- attaquer à 400 mètres : un excès de confiance dès les plus forts pourcentages comme Matthias Kessler en 2007 ;
- attaquer à 300 mètres : porté par l’adrénaline juste après le virage Claude Criquielion comme Philippe Gilbert en 2011 ;
- attaquer à 200 mètres : le moment idéal vers la petite chapelle face à Notre-Dame de la Sarte Calvaire où la majorité s’écrase quand il faut remettre une dent comme Alejandro Valverde et Julian Alaphilippe ont eu l’habitude d’y placer leurs accélérations décisives.

Anticiper le Mur de Huy est souvent résumé à une attaque suicide. Quand bien même Maximilian Schachmann était à quelques 250 mètres de faire la nique aux favoris. La montée du chemin des Gueuses se fera avec un vent plutôt de côté. Mais au sommet en virant sur Bellegrade, c’est un vent défavorable qui attendra le suicide squad. Avec des Deceuninck Quick Step misant sur Julian Alaphilippe, des Movistar emmenant un Alejandro Valverde dans une forme presque juvénile, des Jumbo-Visma avec en tête d’affiche Primoz Roglic, des UAE émirates avec le tenant du titre Marc Hirschi et le prodige slovène Tadej Pogacar mais aussi une armada Ineos Grenadiers pouvant gagner avec moulte cartes, des Israel Start-up Nation engageant l’homme des pourcentages à deux chiffres Michael Woods et même les AG2R Citroën La Mondiale avec le puncheur de poche Benoit Cosnefroy ou les Groupama-FDJ avec l’explosif David Gaudu. Nombre sont les équipes fortes qui peuvent miser sur un comité de puncheurs/grimpeurs pour ravir Huy. Dès lors, la chasse ne devrait pas être parasitée et l’explication se faire une énième fois entre hommes forts.
Avec le champion du monde dans ses rangs, gardien de deux victoires à Huy et deux places de dauphin du Bala en quatre participations, la Deceuninck Quick Step vient avec une équipe solide autour de Julian Alaphilippe. Si le leadership semble désigné. Il est vrai que Mauri Vansevenant après son show en échappée l’an passé et son phénomènal Amstel Gold Race, dimanche dernier malgré l’accumulation des pépins, peut être remis en question. D’autant que Julian Alaphilippe sur le sommet du dernier passage du Cauberg n’a pas paru si bien.
Il est des raisons d’espérer d’abord parce que l’AGR est l’ardennaise qui correspond le moins au frenchy. Avec un Cauberg placé si loin de l’arrivée, plusieurs angles peuvent être vu pour la méperformance d’Alaphilippe. Contrairement à une arrivée sèche comme Huy, le Cauberg oblige à faire une sélection mais prolongé l’effort. Le champion du monde en titre était donc d’abord obligé de jouer son va-tout dans la montée. Quitte à être au rupteur et exploser au sommet. Ensuite, il avait la possibilité de se tester, observer le niveau de sélection et ne pas prolonger un effort qu’il aurait juger inutile en vue du gain de course. Enfin, parfaire sa condition en vue de son objectif de la semaine ardennaise : Liège-Bastogne-Liège. Ne pas trop en faire et éviter la pancarte qu’a eu Wout van Aert durant tout le printemps et qui lui a fait peser tout le poids de la course sur ses épaules. Une manière aussi de naviguer sous les radars. Puisque si le français sort d’un stage en Espagne après le Tour des Flandres qui lui a fait « manquer de fraîcheur » selon ses propres mots. Il n’est pas meilleur gestionnaire que Julian en vue d’un objectif où il sait être à 100 % le Jour-J. En témoigne, sa supposée méforme à Villard de Lans, sur une fin de Tour 2020 où il semblait à courir. Alors qu’un peu plus d’une semaine après, le français de l’équipe belge était au rendez-vous aux mondiaux d’Imola. Un objectif qu’il a su concrétisé comme les Strade Bianche et le maillot jaune l’était en 2019. Un type d’effort que le français maîtrise sur le bout des doigts.

La place de Mauri Vansevenant pose question. Sera-t-il coleader pouvant pallier à une méforme manifeste d’Alaphilippe ? Sera-t-il un relai de taille à l’image d’un Dan Martin en 2018 ? Ou pourra-t-il dynamiter de loin à l’image de son raid passé ? Un statut de dynamiteur que pourrait tout autant endosser Michael Honoré ou James Knox ?
Une équipe solide sur le papier dont on ne peut dégager un leader clair. Même si l’évidence pointe vers l’homme en forme du moment : Tom Pidcock, vainqueur de la Flèche Brabançonne et deuxième pour 6 millimètres de l’Amstel Gold Race. Sur les traces du printemps extraordinaire de Philippe Gilbert en 2011, le britannique n’est pas loin de se rapprocher sur fameux triplé du grand Phil. Hélas, la victoire de l’Amstel lui manquera tout autant que Liège-Bastogne-Liège. Puisqu’au sommet de Huy, il sonnera l’heure de couper pour le jeune prodige signé par les Ineos Grenadiers. Bien que ne mesurant qu’1m70 pour 58 kilos, Pidcock est un véritable touche à tout… Un coureur capable tant de grimper que de sprinter. Malheureusement du fait de son jeune âge, peu de référence dans les murs (si ce n’est sa victoire par exemple à la Philippe Gilbert chez les juniors) mais son gabarit léger et son explosivité acquise au cyclo-cross lui permettront à coup sûr de briller au sommet du Mur. Pour se faire, il sera entouré d’hommes expérimentés comme Michal Kwiatkowski, Adam Yates et Richard Carapaz qui peuvent tous bien figurer sur ce type d’arrivée.
Le premier gardien de quatre Top 10 dans le double de participations sera probablement un allier de choix. Le Mur impose de l’aborder dans les premiers du peloton. Le placement est une des clés de la victoire. Le Pole est un maître dans le placement.
Bien qu’Adam Yates apprécie les forts pourcentages. Il n’y a qu’à avoir en mémoire le Tirreno Adriatico 2019 pour s’en convaincre. S’il devait une avoir un coleadership avec Pidcock, Yates serait en tête de liste au vue de son printemps. Mais un grand point d’interrogation demeure après un UAE Tour et un Tour de Catalogne réussit. Le britannique n’est-il pas sur la descendante comme semble le montrer le Tour du Pays Basque ? C’est possible, tant il a souvent eu l’habitude d’être en forme trop tôt. Son rôle pourrait être d’attaquer le Mur dès le pied pour forcer les autres leaders à se découvrir plus tôt et essayer de les mettre dans le rouge trop vite.
Quant à l’équatorien, son tempérament parfois fougueux pourrait être une aubaine pour les Grenadiers qui n’aurait qu’à le laisser être un électron libre comme Vansevenant pourrait l’être pour les Deceuninck.
Quoi qu’il en soit, l’équipe a sur le papier un train possible dans le Mur rarement vu et une occasion de placer le plus explosif de leur coureur en tête à 200 mètres de l’arrivée. Jouer tactique et/ou assurer un train d’enfer dans les 10 derniers kilomètres pour ne pas perdre la tête du peloton est tout à fait dans leur corde.
Désireux de découvrir les ardennaises, les Jumbo-Visma emmène Primoz Roglic en fer de lance des Killer Wasps. Le slovène arrive en grande forme après un Itzulia Basque Country plus que réussi. Le champion de Slovénie s’est montré sous son meilleur jour dimanche, avant de ne subir un ennui mécanique dans la dernière montée du Cauberg. Alors qu’il aura au tour précédent, véritablement fait un travail de titan. Bouchant la vingtaine de secondes d’écart sur le groupe de tête.
Seulement le Cauberg n’est pas Huy. Rogla a montré maintes fois sur les arrivées punchy qu’il était l’un des meilleurs du monde. Mais Biot ou Suances sont outrement plus simple que Huy.

Un point qui n’empêche pas Roglic de voler dans les gros pourcentages. Mais il s’est illustré dans des arrivées pentues plus longues donc avec un effort moins violent puisque plus prolongé et gestionné. Evidemment l’arrivée de San Luca à la fois du chrono du Giro d’Italia que du Giro dell Emilia pourrait être mis en avant. Tout comme sa montée du mur final au chrono du Pays Basque :
Mais n’y a-t-il pas plus explosif que Roglic sur ce type d’arrivée ? La question demeure en suspens.
Quid de Jonas Vingegaard chez la Jumbo-Visma ? C’est la question que l’on peut se poser tant le jeune danois impressionne depuis deux ans sur les pentes escarpées. D’abord en Pologne il y a deux ans, avant Pologne en 2019 avant d’imprimer un sacré tempo sur les pentes de l’Angliru l’an passé. La forme est bonne après un Itzulia en tant que coéquipier mais aussi dauphin de Primoz et surtout un campagne Coppi e Bartali plus que réussi. Encore une fois, les néerlandais peuvent jouer sur deux tableaux et il sera intéressant comment ils jouent avec Vingegaard qui peut être au service de son leader, avoir sa carte dans le Mur ou lui aussi jouer de loin comme on l’a vu sur l’Amstel Gold Race ou il sautait sur tous les coups dès que le final s’est emballé à 50 kilomètres de l’arrivée.
Avec le champion sortant dans ceds rangs, les émiratis arrivent en quête du doublé. Seulement, Marc Hirschi mué en coéquipier de luxe pour Tadej Pogacar à sa reprise ne s’est guère montré lorsqu’il en a eu l’occasion dimanche. Ce qui laisse planer un doute sur ses capacités à pouvoir faire le doublé. Qu’à cela ne tienne, Jan Polanc, Davide Formolo, Diego Ulissi et Rui Costa pourrait placer sur orbite la pépite slovène. Tadej Pogacar, vainqueur du dernier Tour de France aura montré toute sa classe dans les pentes à deux chiffres. Marie Blanque, Cullera, Jebel Hafeet, Grand Colombier, et autant de podiums à son tableau de chasse. Problème, sa montée de Huy l’an passé n’a guère était convaincante manquant de tranchant. Avantage cependant, désormais il connaît la montée de quoi savoir un peu mieux la dompter.
Quintuple vainqueur de la Flèche Wallonne, Alejandro Valverde s’aligne en quarantenaire renaissant. Vainqueur du GP Miguel Indurain, Bala n’a eu de cesse de confirme son retour au sommet après ses podiums à Arrate et Ermualde. Son Amstel a été tout aussi rassurant. A quelques jours de ses 41 ans qu’il fêtera dimanche, à Liège-Bastogne-Liège. Le vétéran espagnol n’a jamais paru aussi jeune. Neuf Top 10 en quatorze participations, place Valverde sur le trône des puncheurs. Une couronne cependant, qu’il apparaît avoir perdu depuis deux ans et son sacre mondial.
Avec trio de leaders, la Groupama-FDJ misera sur Valentin Madouas, Rudy Molard mais surtout sur David Gaudu qui apprécie le Mur de Huy et les gros pourcentages. Le breton qui aura porté les premières estaucades en 2017 à sa première participation. Vainqueur au Pays Basque, le frenchy est en condition. Accroché un podium semble compliqué au vue de la concurrence mais un Top 10 est plus qu’abordable.
Un Jakob Fuglsang dont les grands objectifs de début de saison se présente à lui. Seulement pour le leader d’Astana Premier Tech, le début de saison n’a guère été convainquant et ne pas accroché le bon wagon à l’Amstel Gold Race n’a guère rassuré pour un danois qui arrive dans les vieux âge du peloton.
Les Israel Start-Up Nation viennent avec le maître des pourcentages à deux chiffres. Troisième l’an passé, Michael Woods aura fait trop d’efforts de replacement qui lui auront coûté la victoire. En sera-t-il de même cette année ? Avec autant d’équipes si fortes, la tâche semble ardue pour Rusty Woods, qui semble partout bien avoir récupéré de sa chute au Pays Basque.
Avec Patrick Konrad et ses multiples Top 10, la Bora Hansgrohe a une occasion de briller. Mais il faudra compter aussi sur Maximilian Schachmann et le remuant Ide Schelling. Tous semblent battu d’avance et devraient plutôt anticiper.
La AG2R Citroën La Mondiale a un énorme coup à jouer avec Benoit Cosnefroy, dauphin d’Hirschi. Seulement, des problèmes au genou ont retardé le puncheur français. Son objectif de la saison voire d’une carrière repose sur la Flèche Wallonne. Mais le français n’a guère rassuré. Absent de l’Amstel Gold, le français semblait de retour sur la Flèche Brabançonne… Semblait. Suivant Teuns dans le Moskesstraat, ce n’est que dans le Holsthelde que Benoit s’est mis à la planche pour revenir à 5 secondes du trio de tête. Seulement si l’effort pouvait apparaitre rassurant, le fait est que le groupe derrière fasse la jonction avec Dylan Teuns et Benoit Cosnefroy. Que dire de son interview à l’Equipe qui ne laisse qu’un goût amer.
PRONOSTICS
Coureurs | type de classement | cote | mise | bookmaker |
---|---|---|---|---|
🇫🇷Julian Alaphilippe ou 🇬🇧Tom Pidcock | Vainqueur 🏆 | 2.65 | 0.25 % | ![]() |
🇫🇷 Julian Alaphilippe | Podium 🏅 | 2.2 | 1 % | ![]() |
🇫🇷 Julian Alaphilippe | Vainqueur 🏆 | 5 | 0.25 % | ![]() |
