Une étape dantesque d’un week-end probablement décisif sur la Vuelta 2020.

Pas moins de 4 cols de première catégorie offrant un cumul de plus de 5100 mètres de dénivelé positif. Une journée somme toute exigeante où les premiers écarts entre leaders devraient se creuser. A moins que les leaders n’attendent le sommet de l’Angliru dimanche pour s’expliquer.
Pourquoi les échappées ont de grandes chances d’aller au bout ?

Tout simplement parce que le départ est impossible à contrôler. Il faudra être chaud d’entrée. Avec un départ en cote, l’alto de la Campa offre une rampe de lancement parfaite pour les grimpeurs désireux de s’échapper. 6.8 kilomètres à 4.4%, la difficulté de 3e catégorie est trop dure pour que les rouleurs aient une chance de prendre le bon wagon. Les attaques devraient fuser de toute part. Les Ineos Grenadier auront du mal à filtrer et sans doute, le rideau ne sera fait que plus tard lorsque la composition d’échappée sera connue et que des hommes hors du Top 13 du Classement Général seront présents à l’avant. En dessous, l’échappée risque d’avoir que de peu de marge pour espérer aller au bout et ne pas être chassée.
La Ineos Grenadier a-t-elle intérêt à chasser pour le gain de l’étape ?
Pas vraiment. Le problème est que l’étape offre des bonifications à l’arrivée. Primoz Roglic apparaît comme le plus fort de cette Vuelta avec un appétit d’ogre. Nettement supérieur dans l’arrivée à Suances, il a écrasé Richard Carapaz lors de l’arrivée à l’Alto de Moncalvillo. Aller chercher une victoire non bonifiée semble la meilleure option, en préservant la main d’œuvre pour l’ascension finale. D’autant que le point d’orgue de ce week-end est à l’Angliru, col mythique et non moins exigeant des Pyrénées.
Les Jumbo-Visma ont-ils intérêt à glaner une nouvelle victoire d’étape ?
C’est un fait : Primoz Roglic devrait assommer la concurrence sur le contre-la-montre de mardi. L’heure n’est pas à l’offensive, mais à la défense. Les Yellow Warps auraient tout intérêt à adopter la même tactique que lors du Tour de France, en imprimant un train dans la dernière ascension afin d’esseuler au maximum la concurrence. Jusqu’à présent, l’équipe a misé sur un Sepp Kuss offensif mais notamment parce que Primoz Roglic n’était pas le leader de la Vuelta ou du moins été un leader un temps déchu de son trône. La position devrait être plus conservatrice cette fois. Hors de question de placer un relai en tête de course, ayant le maillot de leader. De crainte de se priver d’un main d’œuvre nécessaire dans le final.
Les Movistar ont-ils les clés en main du succès de l’étape ?
Sur les pentes du Moncalvillo, la Movistar a tenté le coup de force. Une opération qui s’est avérée pire qu’un coup d’épée dans l’eau. Une manœuvre totalement improductive. Alejandro Valverde s’est fait péter le caisson et Marc Soler a explosé en cours de route à la suite de l’accélération de sa propre équipe. Dans une étape où les échappées ont de grandes chances d’aller au bout, l’objectif du classement par équipe devrait priver. Ce qui privera nécessairement de la main d’œuvre pour le final. Sans doute, la meilleure option reste de placer les deux leaders pré-cités dans la bonne du jour. Problème, auront-ils le bon de sortie comme cela avait été le cas à Villanueva de Valdegovia ? Sûrement pas.
Nombre sont les raisons d’espérer que les échappées se disputent la victoire. D’autant que lors des étapes de montagne, plus l’échappée est fournie, plus les équipes représentées à l’avant sont nombreuses, plus les chances des fuyards sont grandes. Au delà de 15 coureurs, les chances passent de 45% à environ 75%.

La montée finale est longue : 16.5 kilomètres à 6.5%. Les 5.5 kilomètres sont les plus durs, ce qui implique que c’est ici que tout devrait se jouer pour l’échappée comme pour le groupe des leaders. Avant, cela relèverait de l’anticipation.
Que ce soit en échappée ou dans le groupe des leaders, Guillaume Martin est un candidat. Avec 27 points au classement de la montagne, 43 points distribués aujourd’hui, 41 demain mais sans doute amputés des 15 points de l’Angliru l’étape du jour menant au sommet de Farrapona s’avère plus décisive que demain. La présence du français de la Cofidis est un impératif. Sur-actif en ce début de Grand Tour, Martin a été vu de nombreuses fois à l’avant : 2e à Sabiñanigo et 6e le lendemain sur les pentes du Aramon Formigal. Il n’a pu faire guère mieux qu’une 5e place sur les 5 plus forts dans la montée d’Orduña. Contraint à la late attack sur ce type de final, à l’image du championnat de France à La Haye Fouassière. Porteur d’une attaque tranchante sur les 400 derniers mètres du final de Suances, hier. Il a été mangé par l’ogre vert désormais rouge. 19e du GC à 8’25 », sa marge de manœuvre est grande. Dans une arrivée au sommet, il fait partie du gratin mondial des meilleurs grimpeurs et est donc un candidat redoutable.
Journée cocorico ? Pourquoi pas. Coté AG2R la mondiale, le pitbull Nans Peters pourrait être le coureur dont il faut se méfier. Le français a pour l’habitude de ne jamais rien lâcher. Vainqueur a Antholz sur le Giro 2019 faisant la nique à Estelle Chavez. Peters aura décrocher une victoire de prestige à Loudenvielle sur le dernier Tour de France en se débarrassant astucieusement de Ilnur Zakarin. Pas le meilleur styliste sur un vélo, le coureur ordinaire de Grenoble a l’habitude de ne rien lâcher à l’image de sa montée de Orduña où il aura souffert sans concéder le moindre mètre de retard au sommet.
Véritable coureur diesel, sans doute dû à une cinétique de VO2max lente, Jan Hirt a un terrain parfait pour s’exprimer et faire chauffer le moteur avant une longue montée finale qui peut lui permettre de mettre en route. 2e à Ponte di Legno dans une journée similaire sur le Giro de l’année dernière, le Tchèque apprécie ce type de profil où il peut faire parler ses qualités de purs grimpeurs. Toujours en recherche de contrat pour l’an prochain l’heure se fait présente pour le coureur de 29 ans. Et il convient de se mettre en avant rapidement.
PRONOSTICS
Guillaume Martin vainqueur : 13 – 0.25% (Betclic) / podium : 4 – 0.5% (Unibet)
Nans Peters vainqueur : 40 – 0.125% / podium : 12 – 0.125% (Winamax)
HORS BILAN : je place des freebets sur Jan Hirt coté à 90 en vainqueur et 25 en podium sur Winamax