
Qui dit année exceptionnelle, dit De Ronde van Vlaanderen exceptionnel. Parfois au grand dam des fans. Le parcours 2020 pourrait décevoir certains fans. Seulement 241 kilomètres seront parcourus c’est donc une amputation entre 20 et 25 kilomètres sur la distance traditionnelle qui sera à l’ordre du jour pour cette édition 2020 marquée par la pandémie de Covid-19. Un raccourcissement qui s’explique par l’abandon du désormais célèbre Mur de Grammont (comme le Tenbosse). Plus symbolique que décisif le Mur de Grammont n’était guère l’endroit clé du parcours étant situé beaucoup trop loin de l’arrivée.
Par rapport à l’édition 2019, le final reste le même avec l’enchainement mythique (Paterberg, Kruisberg et Vieux Kwaremont), avec les treize derniers kilomètres sans difficultés menant à Audenarde.

Si les conditions climatiques de l’automne devrait se rapprocher des conditions climatiques printanières. Le temps de dimanche sera clément, peu de vent et pas de pluie.

Le Koppenberg, un temps jugé trop dangereux, est un incontournable depuis 2008. 500 mètres à 13,3 % pour une pente maximale à 21.6% sur des pavés qui ont marqué sa légende en l’interdisant pour sa dangerosité. Le sommet étant à 45 kilomètres de l’arrivée, le raidar mythique invite aux mouvements.

Le Taaienberg est une ascension de 600 mètres à 6.8% pour une pente maximale à 14,8%. Renommé en Belgique, Boonenberg le raidar est la rampe préférée de Tommeke. Tout le monde aura en souvenir son double incident mécanique au pied de « SON » ascension. Peu décisive mais génératrice d’un écrémage constant, le Taaienberg n’échappe jamais à la règle avec un sommet situé à 37 kilomètres de l’arrivée.

Le Kruisberg ou le premier du tryptique final. 500 mètres à 8.2% et une pente max à 10.5%. Situé à 27 kilomètres, les attaques y sont monnaie courante pour anticiper le final. Une anticipation qui peut s’avérer payante comme celle de Niki Terpstra en 2018 qui y avait assis son sacre.

Mais c’est en général et à l’instar des grandes classiques dans le final que tout se joue.

Le vieux Kwaremont est l’ascension iconique du Flandre. Parcouru trois fois au cours de la journée, il aura marqué l’année 2017 avec la chute de Sagan et de Greg van Avermaet. 2.5 kilomètres à 3.7%, la pente maximale est tout de même à 12.3%. L’ascension du vieux Kwaremont est faite à bloc. C’est ici même qu’Alberto Bettiol à l’instar d’un Fabian Cancellara y a construit sa victoire finale grâce à une attaque tranchante.

Le Paterberg ou le mur de la dernière chance. Son sommet n’est qu’à un petit 14.5 kilomètres de la ligne d’arrivée à Oudenaard. 400 mètres à 13.1% et une pente vertigineuse à 21.3%, l’ascension est parfaitement pour les puncheurs. Sagan en 2016 n’hésita pas à attaquer Sep Vanmarcke pour se diriger vers une victoire en solitaire.

Reste les 13.5 kilomètres de plat menant à Audenarde soit dans une arrivée en solitaire où le plus fort y lève les bras soit dans une arrivée en comité réduit où le plus rapide y impose à logique comme Alexander Kristoff.
Vers un duel fratricide ?
Gend Wevelgem aura donné deux grosses indications sur le Tour des Flandres.
La première, à l’image de toute la saison depuis la reprise post-confinement : Wout van Aert est le meilleur coureur du monde. Ultra-dominateur lors de la montée du Kemmelberg, il aura été l’épouvantail du final. Allant chercher avec autorité toutes les offensives.
La seconde est que Mathieu van der Poel, à l’image des cyclo-cross, est son plus grand favori. Mais aussi et sans doute sa plus grosse épine dans le pied. Car si WVA ne s’est pas imposé dimanche dernier, c’est essentiellement dû au faite que MVDP l’a tellement marqué à la culotte. Que les deux vieux frères ont fini par s’enterrer eux-mêmes. Laissant une opportunité royale pour leurs adversaires de se défaire des deux monstres.
Tous deux sont véritablement les plus rapides au sprint et parmi les hommes les plus forts du monde. Capables de partir de loin comme d’attendre un sprint réduit. Seulement, en véritables crossmen, ils seraient bien inspirés de passer une heure au seuil en attaquant de loin. Les autres équipes n’auront pour objectif que de les esseuler le plus vite possible pour forcer le belge et le néerlandais à rouler après les coups et contres. La perte de Mike Teunissen pour le final qui se remet d’un rhum est une mauvaise nouvelle pour WVA. En véritable chien fou, comme à l’accoutumé, MVDP devrait par son caractère offensif tenter de loin. Le problème n’est donc pas tant de savoir s’il le fera mais plutôt de savoir d’où.
La deuxième ascension du Vieux Kwaremont semble un peu loin même pour van der Poel. Seulement, elle aurait pour avantage de faire imploser la Elegant Quick Step qui sera à ce moment sur-représentée. L’objectif du leader de la Alpecin Fenix est simple : partir de loin et de préférence avec le leader de la Jumbo-Visma. Au grand maximum, opéré une attaque dans le Taaienberg. Après l’opération semble vouer à l’échec.
Déjà parce que la EQS pourrait disposer encore de Julian Alaphilippe, Yves Lampaert, Zdenek Stybar, Kasper Asgreen et Florian Sénéchal. Ce dernier pourrait profiter du marquage des deux ultra-favoris et du surnombre de la EQS dans le groupe de tête. Un schéma que l’équipe belge connaît par cœur où elle a su glaner un nombre titanesque de classiques par des masterclass tactique et des jeux d’équipes où ce n’est pas forcément le leader désigné qui gagne. Julian Alaphilippe vient sur ce De Ronde pour découvrir les flandriennes et se faire une main sur les pavés et laisse un feu vert complet à ses coéquipier pour éclabousser de tous leurs talents.
Au porte de la victoire sur Gend Wevelgem, le nordiste était en grande forme sur le Binck Bank Tour. Dernier coureur à pouvoir suivre MVDP lors de son attaque dans le Mur de Grammont avant d’exploser à la pédale, il a prouvé être l’un des coureurs les plus en vogue du moment. Avec pour objectif Paris-Roubaix dont il est le vainqueur de l’édition 2011 chez les juniors, Sénéchal est à son pic de forme. Écarté de l’effectif les années passées pour se reprendre en main (le staff le trouvait trop gros pour jouer les premiers plans sur les courses pavées), le français a su se prendre en main et répondre aux attentes de l’équipe. Avec son punch et sa pointe de vitesse, la sortie dans le dernier passage du Vieux Kwaremont serait parfaite pour lui. Profitant alors du jeu d’équipe à la Terpstra, les écarts pourraient vite tourner à son avantage. Si Mads Pedersen semble le seul à pouvoir rivaliser avec WVA et MVDP en terme de point de vitesse, Sénéchal s’inscrit assurément en 4e homme. Ce qui en fait un candidat naturel à un podium et mieux encore.
Cependant, à l’image de son mondial à Imola, Wout van Aert est sans nul doute le favori ultime du Tour des Flandres. Contrairement à Gend Wevelgem, s’il venait à s’extraire du groupe comme il l’a fait ; le terrain est moins propice à une retour d’un groupe chassant. Véritable homme fort des chronos, l’effort solitaire dont il est le médaillé d’argent derrière l’incroyable Filippo Ganna ne le dérange nullement que ce soit sur une courte comme longue distance. Adepte des efforts violents prolongés lors des cyclo-cross, WVA à cette possibilité d’attaquer partout. Mais dans une course où la EQS est sur-représentée, où les niveaux sont nivelés entre tous les leaders comme on a pu le constater sur Gend Wevelgem et où le Tour des Flandres signent la fermeture de la saison de beaucoup. Il ne serait pas impossible que la main d’œuvre soit importante et un sprint réduit envisageable. Dès lors, WVA est le plus rapide de la startlist présente. Les cartes cochées semblent nombreuses pour un seul homme. Les monts pavés pourraient retranscrire une vérité bien connue : sur De Ronde, le plus fort s’impose toujours. Gageons que Cancellara et Boonen en sont les preuves vivantes. Impossible à lâcher lors du mondial d’Imola, le final lui est cette fois extrêmement favorable pour un retour si une attaque alaphilippesque est tentée dans le Paterberg. Dès lors comment ne pas revoir le schéma de Milan San Remo se reproduire. Dans une saison exceptionnelle, le doublé MSR – De Ronde datant de Merckx semble enfin pouvoir se reproduire.
Pronostics
Wout van Aert vainqueur : 3.6 – 0.5% (Unibet)
Florian Sénéchal vainqueur / Top3 : 41 / 12 – 0.25% (Unibet/Winamax)