Etape 13 Giro d’Italia 2020 Preview

Après une journée exigeante et la victoire sans doute « obvious » de Jhonatan Narvaez, le peloton se dirige vers une journée plus calme.

Profil Etape 13 du Giro d’Italia 2020

825m de dénivelé positif ne laisse en général que peu de place au doute, l’étape est tournée vers un sprint. Seulement, la fin de parcours laisse planer quelques interrogations sur cette éventualité.

Un vent léger trois quarts face de Consandolo (KM 64.7) jusque Battaglia Terme (KM 150). Puis un vent de dos dans la première difficulté, avant de frapper de côté dans la dernière avec une puissance tout aussi mesurée.

Les 158 premiers kilomètres n’ont rien à offrir au peloton hormis le plat le plus absolu. Mais à partir de Torreglia les choses se corsent avec un enchaînement de deux véritables murs. Le premier d’entre eux : Il Roccolo. 4.1 kilomètres à 8.3%. Les premiers 400m sont relativement plats (1.6%) avant 1km à 10.2% et une pente maximale à 20%. Le sommet est encore plus indigeste. Le kilomètre final est à pas moins de 13.4% pour un maximum de 17%. Un monstre de cruauté.

Sa montée se fait sur des routes vraiment peu larges. Ce qui aura pour conséquence intrinsèque d’étirer le peloton, avec un vent propice aux attaques puisque de dos et la tension qui y règnera pour que chaque équipe place son leader aux avants-postes. Le rythme de la montée pourrait naturellement être élevé. D’autant que son sommet se situe à seulement 29.5 bornes de l’arrivée.

S’en suit une descente rapide et technique vers la seconde difficulté du jour. Un cauchemar pour Ilnur Zakarin.

Le peloton encore une fois devrait s’y étirer d’autant plus. Ce qui favorise une lutte dès le premier mur pour basculer en tête. D’autant qu’au bas de la descente, seulement cinq kilomètres permettent un repositionnement des leaders avant d’aborder les derniers gros pourcentages de la journée.

Le Calaone n’est pas un mafieux mais un mur de 2.1 kilomètres à pas moins de 9.8%. Un mastodonte dont la première grosse partie est à 10.7%. La deuxième partie se radoucit mais reste tout aussi indigeste avec ses 7.8%.

Sur une route encore moins large que le Roccolo, le Calaone est une véritable invitation aux mouvements de course : soit pour se débarrasser des sprinteurs, soit pour tenter d’y faire le break et survivre dans les 15.9 derniers kilomètres au retour du peloton. Une étape où Alaphilippe se frotterait les mains.

Les 16 derniers kilomètres sont divisibles en partie.

La première avec une descente courte (seulement quatre kilomètres) mais extrêmement technique (neuf lacets et deux courbes à bien négocier).

La seconde avec presque 12 kilomètres de plat, qui laisse à penser qu’un regroupement est possible si des sprinteurs sont lâchés et que leur train les ramène vitesse grand V.

En cas de sprint réduit, le final est peu technique avec un dernier virage à 600 mètres de la ligne d’arrivée sur un véritable boulevard.

Avec des équipes si faibles, les échappées ont-ils une chance ?

La chasse de la Groupama-FDJ et de la UAE-Team Emirates ayant du mal à combler l’écart sur Sander Armée peut amener à se poser la question. Seulement, il ne faut pas oublier que si le coureur de la Lotto Soudal est un très bon coureur dans l’effort individuel. Le belge bénéficiait d’un vent de dos, favorable en somme à un coureur de tête. Pour l’étape de Monselice, le vent sera opposé. C’est-à-dire en défaveur des hommes de tête.

Dans un final à la défaveur d’Arnaud Demare (mais je m’en expliquerai), Peter Sagan a une nouvelle occasion de grapiller 25 points à l’arrivée. Ce qui lui permettait de revenir à seulement 11 points du maillot cyclamen. En vérité 12 puisque le champion de France devrait une nouvelle fois prendre un point supplémentaire sur le slovaque au sprint intermédiaire de Rovigo. La Bora Hansgrohe est attendue en tête de peloton. Avec un départ simple sans aucune difficulté et un vent de face prévu sur une majorité du parcours, le filtrage et le rideau immédiat peut être instantané. L’échappée prévisible étant : Marco Frapporti, Mattia Bais accompagné de Kamil Gradek ou d’une Bardiani. Dans une échappée dont les chances sont proches de 0%, le seul intérêt est de grapiller des points au classement du Breakaway Prize qui offre 9500€ au vainqueur final. Ledit classement étant déterminé sur les échappées de moins de dix coureurs et de plus de cinq kilomètres. A ce jeu, Marco Frapporti est actuel leader du classement avec 44 points contre 38 pour Simon Pellaud et 34 pour Mattia Bais. L’intérêt de rouler pour la Bora sur cette étape est double stratégiquement. En prenant la course à son compte, l’équipe allemande annonce qu’elle jouera l’étape pour Peter Sagan qui aura montré passer les murs lors de l’étape victorieuse de Tortoreto. Cependant, le final offre des possibilités pour les leaders de s’attaquer. Un final favorable à ses deux leaders : Patrick Konrad 6e à 1’15 » et Rafa Majka 8e à 1’21 ». Rouler en tête de peloton a dès lors un double intérêt. D’autant que rouler pour ses leaders avec le prétexte Peter Sagan peut dissimuler les vraies intentions de l’équipe à savoir rouler pour ses leaders.

Mais si l’on parle de bataille pour le maillot cyclamen pourquoi éliminer Arnaud Demare qui a montré passer très bien les murs ? Le coureur de la G-FDJ a en effet prouvé que sur des pentes courtes et parfois raides qu’il pouvait tenir comme rappeler lors de l’étape de Vieste. Ses exploits en Wallonie dans les cotes de Cheratte (1km à 8.6%, max à 13%) et de Beffe (1.6km à 8.7%, max à 15.6%) le démontre aisément. Vainqueur de l’étape de Matera dans un final punchy nous l’a encore prouvé. Mais la pédagogie étant l’art de la répétition, il ne faut pas s’y fier. Les conditions étant totalement différentes. Les murs étant d’une part plus courts que le Roccolo, les routes beaucoup plus larges et le vent défavorable aux attaques. Des conditions totalement opposées se rapprochant de celle du raidar de la Chiesola. Bien que dans le peloton, le rival du slovaque a été à la fois rétrogradé et largué. Ce qui montre ses limites malgré sa forme. Dans un final mené tambours battants, les espoirs d’ascensions escamotées pour voir un sprint massif sont vains. Tout comme les espoirs de retour dans les parties planes. Les descentes n’étant nullement à la faveur d’un retour de coureurs largués rapidement.

L’étape a aussi un intérêt même double pour les UAE-TEAM Emirates. Le final scie parfaitement à Diego Ulissi. Il serait donc bête de ne pas profiter de l’occasion pour aller chercher une victoire d’étape. D’autant que le final fait penser à celui des Tortoreto où Brandon McNulty a réussi à reprendre du temps.

Après son show sur l’étape de la veille, la NTT Pro Cycling n’est pas à éliminer des équipes qui profiteront du final. Mais on devrait la voir en action que dans les 30 derniers kilomètres. Tout comme la Trek Segafredo qui pourrait profiter des descentes pour semer la zizanie dans le groupe des leaders.

La veille d’un contre-la-montre difficile et d’un dimanche avec une arrivée au sommet, on pourrait raisonnablement penser que la journée et le final ne sont pas propices à des mouvements de leaders et augmente considérablement les chances des échappées. Mais l’ombre d’une future annulation à cause du Covid-19 change toute la donne.

La première ascension pourrait et devrait même par le jeu de placement être mené bon train. Les conditions y sont propices pour des attaques. Quand bien même ces tentatives seraient opérées par des coureurs inoffensifs au classement général, Matteo Fabbro pourrait aisément les ramener dans les rangs. La sélection se ferait naturellement par un écrémage par l’arrière avec un peloton qui se tend dans le Roccolo avant de casser. La descente étroite qui s’en suit n’est pas en la faveur d’un espoir de retour. D’autant que les cinq kilomètres de plaine menant au Calaone devraient être effectués de manière tout aussi rapide naturellement par le jeu de placement des leaders. La seconde ascension est plus courte et encore plus étroite que la première, ce qui induit indubitablement un rythme élevé dès le pied et une certaine tension dans le peloton. Avec une descente vraiment technique et seulement 16 kilomètres à parcourir pour relier l’arrivée, le mur final inspire nécessairement à l’attaque. Les 30 derniers kilomètres du parcours invite dès lors à éliminer bon nombre de sprinteurs/puncheurs et se pencher vers une journée ouverte aux coureurs du GC.

Quel leader choisir et pourquoi ?

Le meilleur profil doit être :

  • un leader avec un certain punch, comme Jakob Fuglsang
  • un leader avec de bonnes qualités de descendeur, comme Vincenzo Nibali
  • un leader avec de bonnes qualités dans l’effort individuel pour résister sur les 12 kilomètres finaux totalement plats, comme Pello Bilbao
  • un leader avec un bon sprint en cas d’arrivée en comité réduit, comme Joao Almeida.

Le final devrait inspirer la NTT qui a roulé dans le final de Tortoreto et sur toute la journée de Cesenatico. Dominico Pozzovivo fait preuve d’une forme fabuleuse. Les forts pourcentages ne sont pas un problème pour ce poids plume. Artificier d’une descente du Valico di Montescuro, le seul talon d’Achille de l’italien est l’effort individuel. Un mouvement aujourd’hui est naturellement envisageable en vue de grapiller du temps avant de le reperdre demain sur le contre-la-montre. La meilleure option pour Pozzovivo est donc d’être accompagné dans une de ses attaques par un autre leader mais être battu au sprint ou de placer un relai à l’avant qui aura attaqué dans le Roccolo et réussi à prendre de la marge.

Les descentes sont nécessairement une source d’inspiration pour Vincenzo Nibali. Le problème de l’italien réside dans le fait qu’il est nettement dominé en terme de punch. Les deux murs ne plaident pas en sa faveur. Mais s’il venait à basculer en tête pour une raison ou pour une autre, l’italien pourrait faire des dégâts seulement sur 4 kilomètres, à l’image du Milan-San Remo 2018 qu’il avait remporté. Ses aptitudes en effort individuel ne sont pas mauvaises et à l’instar d’un sprint entre leaders à Andorre la Vieille sur la Vuelta 2018, il n’est pas en reste concernant son sprint.

En terme de punch, le final est à l’avantage de Jakob Fuglsang. Mais le danois semble être au bord du burn out chez Astana. Dézinguant littéralement son équipe (staff comme coéquipiers) dans les médias notamment danois.

Pointant à 2’20 », le danois n’a plus le choix. Il doit passer à l’attaque. Mais son attitude lors de sa crevaison n’a pas rassuré. Totalement désintéressé, Fuglsang semblait ailleurs. Un changement de vélo effectué de manière catastrophique derrière la voiture de son directeur sportif et non devant… Beaucoup d’éléments qui laissent à penser que le divorce semble consommé entre lui et sa future ex-équipe. Lui qui sera transféré à la fin de la saison. Comme quoi les histoires d’amour finisse mal en général.

Sans doute, faut-il privilégier un profil comme Pello Bilbao qui coche toutes les cases. Situé à 43 » de Joao Almeida, l’espagnol peut rêver de rose. A l’attaque sur le final de Tortoreto, il aura été véritablement tranchant. Vainqueur de l’étape de l’Aquila sur le Giro de l’an dernier n’est pas sans démontrer son explosivité. Son sacre sur le championnat d’Espagne de contre-la-montre cette année confirme évidemment ses qualités connues dans l’effort individuel. Et ses nombreux podiums lors de sprint réduit comme au Tour de Burgos 2018 derrière des sprinteurs/puncheurs comme Fransceco Gavazzi et Alex Aranburu, sa pointe de vitesse est indéniable.

Si la Bora ne joue pas la carte Sagan, le joker Patrick Konrad est sans doute une bien belle main. Véritable puncheur en démontre ses résultats dans le mur de Huy sur la Flèche Wallone où il faut faire preuve d’explosivité, l’autrichien a un coup à jouer dans le final. Pas ridicule dans l’effort individuel, son explosivité peut lui servir en comité réduit. Gageons qu’il a tout de même pris une bien belle place à la Klasikao derrière Greg van Avermaet, Marc Hirschi, Gorki Izaguire et Baume Mollema qui ne sont pas les coureurs les plus lents du peloton.

Joao Almeida est sans nul doute un des leaders les plus rapides si ce n’est le plus rapide mais gare à ne pas se faire piéger. La securité pourrait être de se couvrir avec un sprinteur comme Ben Swift qui passe bien les murs et pourrait s’il était largué revenir à la faveur d’un groupe se regardant. Le terrain se prête à une explication entre leaders mais on ne peut écarter des sprinteurs/puncheurs s’accrochant au fond du wagon.

PRONOSTICS

Pello Bilbao gagnant / Top 3 : 65 / 20 – 0.25% (Winamax)

Patrick Konrad podium : 15 – 0.15% (Winamax)

Vincenzo Nibali vainqueur / Top 3 : 100 / 40 – 0.1% (Winamax)

Ben Swift podium : 4 – 0.25% (Unibet ou Betclic)

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