Après une étape désappointante d’un point de vue du prévisible mais passionnant à voir ; l’étape de Rimini, nous promet un sprint royal. Mais peut-on éviter un sprint manifeste ? Il est vrai que les étapes en bord de mer offre des possibilités de scission, bien souvent… Mais pas tout le temps.

Force est de constater qu’avec un vent faible toute la journée, les risques de bordures sont drastiquement réduits. Leur chance de succès étant quasi-nulle.

Avec 1191 mètres de dénivelé positif, la journée sera tranquille. Un peloton qui ne dirait pas non à une journée reposante après une folle étape menant à Tortoreto.
Mais pour qu’il y ait sprint, il faut qu’il y ait chasse. D’ordinaire, la Bora Hansgrohe semble une candidate tout indiquée. Mais avec Patrick Konrad 6e du classement général et Rafa Majka 7e, l’équipe peut arguer du CG pour ne pas à avoir à subir le poids de la course.
Gardienne de trois victoires d’équipe avec Arnaud Demare, la Groupama-FDJ est attendue pour mener cette tâche. Elle y est d’ailleurs obligée. En confessant chasser les étapes et viser la victoire avec l’actuel homme le plus rapide du peloton, la G-FDJ doit assumer son rôle avec force et conviction. D’autant que sa partie de manivelle avec la Bora se fait sur le terrain et en dehors. Jens Zemke, le directeur sportif de l’équipe allemande déclarait au micro de l’équipe :
Quand on voit la FDJ courir, je pense que leur plan est que Peter ne gagne pas. Pas qu’eux-mêmes gagnent l’étape.
AMBIANCE entre les leaders du classement par points et son dauphin. Seulement 20 points séparent les deux hommes. Avec 50/35/25/18/14/12/10/8/7/6/5/4/3/2/1 points distribués aux quinze premiers de l’étape, la bataille psychologique menée par la Bora n’est pas finie.
La Deceuninck Quick Step pourrait en temps normal être une candidate crédible dans une chasse aux échappées. Mais avec une étape qui les désintéresse et un GC à défendre, l’équipe belge est plutôt attendue en fin d’étape pour replacer son leader et éviter des cassures dans le dernier kilomètre qu’à mener une chasse pour son sprinteur.
Ne reste que deux équipes capables d’aider la G-FDJ. D’abord et en premier lieu, les UAE emirates qui n’ont pas de GC à défendre et ont en leur rang Fernando Gaviria qui sur le papier est le coureur le plus rapide, capable de concurrencer allègrement Demare. Mais aussi les Israël Start-up Nation, qui malgré la perte de Rudy Barbier possède toujours le sprinteur maison Davide Cimolai emmené par Rick Zabel et une armée de gros rouleurs.
Les G-FDJ étant attendus à l’ouvrage avec les UEA, les chances des échappées sont bien trop maigres pour qu’un sprint massif n’ait pas lieu.

Les 5 derniers kilomètres ne comptent pas moins de cinq ronds-points, onze virages et un rétrécissement.

Ledit rétrécissement étant du à une voie coupée par une piste cyclable, juste après le virage les coureurs retrouveront de larges boulevards.

Le dernier kilomètre offre un dernier virage à 600 m qui implique de virer dans les 10/15 premiers pour espérer jouer la gagne.

Que ce soit Arnaud Demare, Marc Madiot ou Sebastien Joly, directeur sportif de la G-FDJ, tous ont fait des victoires d’étape la priorité sur le maillot cyclamen. Il est vrai qu’en terme de prize pool, le jeu en vaut la chandelle. Avec 11 010€ pour une gagne d’étape, le prix semble plus emballant que les 10 000€ de la victoire finale au classement par points. Pas de raison donc de ne pas voir la Groupama-FDJ en ordre de marche.
Vainqueur à Villafranca Tirrena, Matera et Brindisi, Arnaud Demare est l’homme à abattre. L’équipe est 100% derrière le champion de France. Actuel meilleur coureur de l’année avec treize victoires, ce qui le place largement en tête (Pogacar n’en ayant que neuf). Hormis Frankini la veuille du jour de repos, aucun des coéquipiers n’a eu de bons de sortie. Dans le but affiché de se préserver pour son sprinteur. Une recette somme toute gagnante. Dans un final technique où le placement reste primordial et où les trains ont leur importance, la G-FDJ est clairement au dessus du lot. Simon Gugliemi, Ignatas Konovalovas, Miles Scotson et Jacopo Guarnieri pour l’emmener dans la ligne droite finale. Le train a montré son efficacité. On peut d’or et déjà regretter la perte de Ramon Sinkeldam qui manquera à son train dans le final.
Dans ce type de final, ce n’est pas tant de trouver les points qui pourraient faire gagner Demare mais ceux qui pourraient le faire perdre. Son positionnement est sans doute la clé. On a pu le voir à maintes occasions, Arnaud Demare a tendance à se laisser déborder et perdre la roue de son poisson pilote. Malgré la faiblesse du nombre de concurrents, ce n’est pas tant les trains des autres sprinteurs que les trains des leaders qui peuvent devenir une épine dans le pied du frenchy. La perte du néerlandais à son train peut aussi lui porter préjudice dans un final où il faudra jouer des coudes et où son poisson pilote italien peut être amené à lancer Demare trop tôt.
Si Peter Sagan semble le concurrent le plus redoutable en terme de vitesse. Il convient de se demander si les efforts consentis la veille ne lui seront pas préjudiciables. Quoi qu’il arrive, les jambes lourdes ou non, l’avantage d’une journée tranquille est nécessairement une bonne nouvelle pour le slovaque. Dans le final, sa stratégie devrait être assez traditionnelle. Sans train, le triple champion du monde devrait une nouvelle fois truster la roue du maillot cyclamen. Du côté des Ineos Grenadier, la même problématique se pose avec Ben Swift qui aura lâché énormément de jus dans le final de Tortoreto en suivant à la fois les attaques de Dario Cataldo que de Peter Sagan. Avant d’être décroché à la pédale par ce dernier.
Le deuxième train le plus rapide semble être celui de Fernando Gaviria. L’équipe aura abattu un sacré travail hier pour abaisser l’écart avec les sept fuyards ayant pris jusqu’aux alentours des 4’50 » d’avance. Que ce soit Mikkel Bjerg, Maximiliano Richeze et Juan Sebastian Molano, le train est composé d’hommes rapides et puissants. Sur le papier, le train est supérieur à celui des G-FDJ. Mais n’a pour l’heure, absolument rien prouvé. Véritablement dépassé lors de l’étape de Brindisi, les poissons pilotes de Gaviria n’ont pas cherché à emmener ce dernier mais à faire perdre Demare. Un signe de faiblesse ou un acte de soumission, on peut dire. Pourtant, l’étape de Vieste a pu rassurer le colombien qui a pris la deuxième place du peloton juste derrière Michael Matthews. Qui avait lui-même pris la 7e place derrière les échappées. Le grand problème du colombien n’est pas tant ses résultats sur ce Giro, que sa chute hier.
J’ai un peu mal au coude. La chute était dans la première descente, mon vélo a glissé un peu et je n’ai rien pu faire… Je n’ai pas pu l’éviter. Je suis tombé, mais je ne pense pas que cela ait des conséquences délicates. Voyons ce que disent les examens des médecins […] J’avais retrouvé son niveau. Je me sentais bien, mais maintenant je dois savoir ce qui est arrivé à la chute […] J’espère aller bien pour l’étape de demain.
https://www.infobae.com/america/colombia/2020/10/13/fernando-gaviria-se-refirio-a-su-caida-en-la-etapa-10-del-giro-de-italia/
En cas de défaillance, l’autre colombien de l’équipe pourrait aisément suppléer Gaviria. Juan Sebastian Molano peut être le joker par excellence. 4e à Matera, il a déjà montré qu’il pouvait être redoutable. Notamment pré-Covid où il a dominé de la tête et des épaules les sprints en Colombie.
Si on parle de Colombie, on ne peut non plus écarter Alvaro Hodeg. Le sprinteur de la Deceuninck ne peut être éliminé. En bénéficiant du travail de positionnement pour Joao Almeida, le colombien de la DQS devrait être positionné de manière idéale dans le final. D’autant que Davide Ballerini avait réussi à dompter le train des G-FDJ lors de l’étape de Brindisi. En suivant la roue de l’italien, Hodeg peut espérer mieux que sa cinquième place lors de l’étape de la bordure. Sans victoire depuis la fin d’année dernière, il est cependant adepte des podiums cette année (8) que ce soit pré comme post-Covid. Ce qui en fait nécessairement en gros client pour le Top 3.
PRONOSTICS
Alvaro Hodeg podium : 2.75 – 0.5% (Unibet)
Fernando Gaviria ou Juan Sebastián Molano vainqueur : 4.306 – 0.25% (prendre les cotes 5 et 31 sur Betstars)