Rares sont ceux qui croyaient à Arnaud Demare sur le final de Matera. Quel joie de réouvrir les compteurs dans ces conditions. Le Giro n’est pas finie et l’étape du jour est sur le papier simple à lire… sur le papier.

Avec seulement 450 mètres de dénivelé positif, les sprinteurs se frottent en les mains. Il se murmure que Fernando Gaviria aurait crié « Que Dieu soit en location » à l’arrivée à Matera hier. Quand Peter Sagan aurait balancé un « Fuck, here we go again ».

Seulement, la fête pourrait être troublée par le vent. Fort venant de NNO, ce qui implique qu’une majeure partie du parcours se fera avec un vent trois quarts dos. Un vent synonyme de bordures. Deux endroits semblent propices à une tentative.

Aux abords de Castellaneta sur une route bien dégagée. Problème, une équipe tentera-t-elle le coup à près de 114 kilomètres de l’arrivée ? Cela semble osé de revoir un scénario à la Guadalajara sur la Vuelta 2019. Non, en vérité le plus probable est de voir un peloton se tendre en sortie des villes où les zones sont fortement exposées. La journée pourrait être plus nerveuse que rythmée.

L’endroit le plus propice est sans doute à la sortie de Grottaglie. Le vent y sera trois quart dos et il restera moins de 50 kilomètres à parcourir.
Un secteur d’autant plus propice que le peloton sera déjà en phase de recomposition. Étiré par le train des sprints qui auront fait le sprint intermédiaire, il ne serait pas étonnant que la Bora poursuive l’effort immédiatement après y avoir disputé les points.
C’est ici que j’attends beaucoup de la Ineos. Véritable équipe trouble-fête, sans leader, elle a un coup à faire pour se débarrasser d’hommes rapides et permettre à Ben Swift d’avoir moins de concurrence à l’arrivée à Brindisi. Joint par la Deceuninck Quick Step, qui verrait d’un bon œil le fait de grapiller du temps au classement général. Et de permettre à Joao Almeida de consolider son maillot de leader.

Le final est technique avec une série de virages et un rond-point à parcourir dans les deux derniers kilomètres juste avant la flamme rouge. Y être mal placé ou rétrograder n’est en soit pas un problème.

Le dernier kilomètre étant totalement rectiligne. Un boulevard où les trains pourront se mettre en place.
Dans une éventuelle bordure après le seconde sprint intermédiaire, il apparaît trois sprinteurs que je ne vois pas piégé par leur positionnement du fait d’un SI disputé :
- Arnaud Demare
- Peter Sagan
- Davide Ballerini
Le français de la Groupama-FDJ est l’homme à abattre. Gardien de deux victoires, il a fait monstre de puissance et arrive en confiance. Son point faible reste son positionnement. Mais avec Jacopo Guarnieri, Miles Scotson et Ramon Sinkeldam pour remonter dans la ligne droite finale, le train est l’un des meilleurs du peloton. Dans la lignée d’un sprint à la Milan-Turin, le champion de France est sûrement le meilleur. Le plein de confiance est là. On le sait un sprinteur en confiance est un sprinteur qui gagne. L’objectif est maintenant de consolider le maillot cyclamen de meilleur sprinteur.
Aussi loin que remonte mes souvenirs, je n’ai pas souvenir d’avoir vu le slovaque piégé dans une bordure. Toujours bien placé dans le peloton, Sagan est toujours présent dans les emballages finaux. Une sélection parmi les meilleurs sprinteurs lui offre une meilleure chance dans un final où il est nécessairement battu à la pédale. Mais attention, les jambes semblent être là et sa deuxième place à Agrigento battu d’un demi-boyau prouve qu’il peut encore rivaliser avec les meilleurs. Coureur le plus régulier des Grands Tour, il ne serait pas surprenant dans un Giro déserté par les meilleurs sprinteurs du monde de voir le triple champion du monde sur le podium.
Enfin l’italien a évidemment ma préférence dans un final où la DQS ferait tout pour gagner des secondes précieuses. Alvaro Hodeg devrait être préféré dans un sprint si plat. Mais le colombien n’est que l’ombre de lui même. Incapable de gagner en 2020 tandis que Ballerini a fait preuve de plus de résultats au cours de l’année. Le problème étant pour les deux, la défense du GC. Des forces pourraient être perdues en route, ce qui n’est pas sans les handicaper.
Emmener par un Filippo Ganna de luxe, on ne peut se contraindre à éliminer Ben Swift, le sprinteur des Ineos. Si l’équipe britannique doit dynamiter la course, c’est pour ouvrir un boulevard à son sprinteur. Le final technique ne devrait pas le désavantager au contraire et cette fois les rôles devraient s’inverser entre lui et Jhonatan Narvaez. L’anglais gagne peu, mais une place sur le podium est envisageable tant les trains apparaissent faibles hormis ceux la G-FDJ, UAE et des ISN.
PRONOSTICS
Arnaud Demare vainqueur : 2.25 – 1% (Betclic)
Arnaud Demare et Peter Sagan dans le Top 3 : 2.97 – 0.35% (Unibet)
Ben Swift podium : 13 – 0.15% (Unibet)