
Surnommée la Doyenne, Liège-Bastogne-Liège est la deuxième course la plus ancienne qui existe. Créée en 1892, la course a connu quelques modifications. Entre 1992 et 2018 l’arrivée était déplacée à Ans, ce qui ajouta quelques surprises au palmarès du traditionnel 4e Monument de la saison avec des difficultés redessinant sans cesse le final de cette classique. Mais depuis l’an passé, l’arrivée est de nouveau jugée à Liège. Qu’attendre de cette 106e édition ? C’est ce à quoi nous allons tenter de répondre.

257 kilomètres de course avec 4283 m de dénivelé positif implique d’avoir une grande résistance puisque 6h30 de course attendent les coureurs de la Doyenne.

Avec un sommet à 59.5 kilomètres de l’arrivée le Col du Rosier est l’endroit où les manœuvres des grandes équipes vont commencées avec les premières attaques. Mais comme au mondial d’Imola, ce n’est traditionnellement qu’une sélection par l’arrière que l’on observe.

S’il est une côte mythique, c’est bel et bien la côte de la Redoute. C’est l’endroit idéal pour un homme comme Mathieu van der Poel pour lancer son offensive avec seulement 35 kilomètres à parcourir. Le problème réside dans les 20 kilomètres séparant son sommet du pied de la Roche aux Faucons. Extrêmement favorable à une chasse, comme nous l’avons vu l’an passé où les leaders ont du mal à faire la différence. Une chasse gardée par la Deceuninck qui aura assurément le poids de la course avec Alaphilippe en champion du monde à la chasse annoncée du Monument. Cependant, que ce soit la Sunweb, les Ineos, la Bora ou même la EF. Toutes ont des cartes qui n’ont qu’un endroit à attendre : la cote de la Roche aux Faucons. Les DQS pourraient trouvés des alliés de circonstances dans une course de mouvement afin de les contrôler plus facilement.

Comme à l’accoutumé, la cote de la Roche aux Faucons pourrait être le théâtre de tous les possibles. Le lieu des derniers va-tout. Les forts pourcentages à son pied permettent de faire une sélection indiscutable. C’est ici même que Fuglsang parti en solitaire vers sa victoire tout comme Bob Jungels en 2018. À ceci près que pour les éditions 2019 et 2020, l’arrivée étant jugé à Liège, le final est amputé de la cote de Saint Nicolas.

Le final de cette année est raboté de 1.5 kilomètres de plat dans Liège. Ce qui n’est pas sans être à l’avantage des attaquants dans la Roche aux Faucons.

Si des pluies étaient prévues en début de semaine, le temps semble cette fois plus clément avec des pluies en début d’épreuve et en ciel couvert tout au long d’une grande majorité restantes du parcours.

Avec un sommet à 10 kilomètres, suivi d’une descente. Dans une course où comme Alaphilippe le soulignait en interview l’explication devrait avoir lieu dans la Roche aux Faucons. Comment ne pas faire du champion du monde le favori de la Doyenne ? Les bookmakers ne s’y trompe pas et à raison.

Au cours des dernières années, Julian Alaphilippe nous a montré être le meilleur du monde dans ce type d’effort très précis. Grâce à ses qualités de puncheur, il sait s’extraire en solitaire ou n’emmenant sur son porte-bagage qu’un nombre de coureurs très restreint. Le coureur de la Deceuninck Quick Step a cette faculté inouï à avoir une attaque en double injection. Un second punch que personne d’autre n’a. A l’image de son attaque au mondial où il a sur sa deuxième accélération mis la plaque (gros plateau). Grâce à ses qualités de descendeur, Loulou peut maintenir si ce n’est creuser l’écart sur ses adversaires. Grâce à sa résistance au lactique, Juju sait souffrir comme personne pour bien souvent finir en solitaire face à une meute en chasse.
Le final de la Roche aux Faucons est très similaire à cette effort « alaphilippesque ». Pour rappel, le sommet du Poggio est à 5.4 kilomètres de l’arrivée. Une exception par sa courte distance. L’an dernier sur le Tour de France, le sommet de la cote de Mutigny qui a vu un raid solitaire de Julian Alaphilippe vers son premier maillot jaune était situé à 16 kilomètres de l’arrivée. Le sommet de la cote de la Jallière, qui a vu son attaque pour la reconquête du maillot, suivi seulement de Thibaut Pinot, était à 12.5 kilomètres de l’arrivée. Cette année, les deux victoires du coureur préféré des français ont un goût de déjà vu. D’abord sur le Tour de France avec une attaque dans le Col des Quatre Chemins dont le sommet était situé à 11 kilomètres de l’arrivée. Enfin la semaine passée, Alaphilippe a montré une énième fois être le meilleur coureur du monde dans ce type d’effort puisque le sommet de la Gallisterna était situé à 12 kilomètres de l’arrivée.
Trois points communs se dégagent de chaque final qu’il a remporté et animé :
- une cote taillée pour puncheurs
- suivi d’une descente puis d’une partie plane
- une distance moyenne de douzaine de kilomètres à parcourir entre le sommet et l’arrivée
Tous les éléments d’une victoire étincelante d’Alaphilippe sont réunis. Évidemment, rares sont les Champions du monde au cours du XXIe siècle à triompher l’année de leur sacre. Seul Thor Hushovd au Trofeo Città di Borgomanero en 2010 et Paolo Bettini au Lombardie en 2006 ont réussi pareil exploit. Cependant, la statistique est légèrement biaisée puisque la saison se terminait pour des coureurs comme Sagan juste après leur sacre.

Tous les feux sont aussi au vert pour le français. Alaphilippe n’est pas connu pour être un coureur qui apprécie le mauvais temps. Or les cieux semblent être de son côté. Des signes positifs aussi quand on sait que pré-Covid, le coureur de la DQS avait deux objectifs annoncés. Liège-Bastogne-Liège au printemps et le champion du monde à l’automne. Chance du calendrier, les deux événements sont coup sur coup à une semaine d’intervalle. Ce qui lui permet d’être à son pic de forme pour ce court lapse de temps. Une bien belle bénédiction en somme, tant les astres sont réunis avec le nouveau calendrier, la météo annoncée et le final raboté.
L’annonce de Mathieu van der Poel en dernière minute n’est pas sans rassuré cependant le français. Malgré son raid solitaire lors de la dernière étape du Binck Bank Tour, le néerlandais reste un client à ne pas éliminer de suite. Véritable dynamiteur, il pourrait être le premier à attaquer dans la Redoute. Forçant la Deceuninck à rouler tant le coureur des Alpecin Fenix est passé maitre dans l’effort solitaire. Au jeu du mouvement, des coureurs plutôt taillés grimpeurs pourraient avoir leur mot à dire et anticiper les mouvements des puncheurs dans la dernière difficulté. Avec de grandes jambes post-Tour et un mondial réussi, Guillaume Martin est de ceux-là. Monstrueux lors du mondial, il convient de souligner l’ampleur de son travail. Au cours de la derniere montée de la Mazzolano, il y a eu quatre attaques :
- Dumoulin rejoignant Pogacar
- Caruso, Carapaz et Wout van Aert
- Carapaz
- Nibali, Landa, Uran et Wout van Aert
Toutes les attaques annihiler par un seul homme, membre de l’équipe de France, en la personne de Guillaume Martin. A l’attaque ensuite au pied de la Gallisterna pour obliger les belges à rouler et fatiguer les coéquipiers de WVA, le coureur de la Cofidis n’a pas été avare d’effort et acquis une 13e place plus qu’honorable en finissant dans le groupe Matthews. Alors qu’avec son travail, on aurait pu l’attendre dans le groupe Geschke qui a fini à 1’34 » d’Alaphilippe soit 41″ de plus que le groupe Matthews.
PRONOSTICS
Julian Alaphilippe vainqueur : 4 – 1% (PasinoBet)
Guillaume Martin podium : 9 – 0.5% (Winamax)
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