Le Col de la Loze, toit du Tour 2020 fait figure d’étape reine où tout doit se décider. Mais avec un chrono fatidique à la Planche des Belles Filles, une troisième étape alpestre dangereuse à la Roche sur Foron et Pogacar, agressif se tenant à 40″ de Primoz Roglic, la montagne n’accoucherait-elle pas d’une souris ?

Il nous reste encore à faire des étapes importantes, il y aura des montées, notamment celle du Col de la Loze qui sera l’un des points clés. Je ne pense pas que je doive chercher des bonifications pendant la course, juste ne pas faire d’erreurs et ensuite j’aimerais gagner en montée. Dimanche, je voulais gagner et j’ai fait une erreur en attaquant dans le final… J’ai fait une erreur dans les dernières étapes en laissant Pogacar finir avec moi. C’est bien d’avoir 40 secondes d’avance sur lui mais je devrais avoir plus.
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Par ses mots lors de la journée de repos, le maillot jaune du Tour ne semble vouloir délaisser le gain d’étape pour laisser filer les bonifications. Prime à la victoire finale, le compatriote slovène laisse planer une menace sur la tête de Primoz Roglic. Finissant devant lui au Grand Colombier au sprint et hier à l’arrivée, le vainqueur du Tour de l’Avenir a montré être un candidat redoutable dont la pointe de vitesse n’est plus à démonter tant dans un sprint plat qu’ascendant. Courir après l’étape, à l’heure des gains marginaux, semble être un compatible avec la prise de risque de laisser les bonifications à maillot blanc du Tour.
Mais si la Jumbo ne prend pas la chasse qui pour le faire ?

Encore une fois qui dit départ plat, implique un début d’étape rythmé par les attaques. La Bora est une nouvelle fois attendue avec un Sagan incisif pour le sprint intermédiaire de la journée. Le débours est toujours de 45 points et le slovaque voit revenir dans le jeu Matteo Trentin à 12 points. Dans la montée vers Saint Pierre d’Allevard, Sagan doit répéter le même schéma que la cote du Château d’Aulteribe. Un jeu qui ne favorise les dessins des échappées qu’après La Rochette. Les écarts abyssaux au-delà du top 13 sont à l’avantage du filtrage de la Jumbo-Visma.

La responsabilité de la chasse incombera à l’équipe UAE, si Pogacar est désireux d’une arrivée bonifiée. Seulement l’équipe n’a d’arme que pour maintenant l’écart sur le plat. Et il lui faudra nécessairement du renfort. Mais que ce soit EF, Astana, Barhein ou Trek, tous ont plus d’intérêt à placer des pions à l’avant en relai que d’épuiser des coéquipiers. Là où le train de la Jumbo-Visma se préservera pour la montée finale.

Certes la descente est longue, rapide et technique…

… Mais 14 kilomètres de plaine attendent les coureurs avant la montée finale. Qu’un leader attaque de loin, c’est-à-dire dès le col de la Madeleine. Des supports sont nécessaires mais cela implique de monter la Loze tout seul… Derrière un groupe de leaders chassant, cela s’apparente une opération suicide.

La stratégie de la Jumbo est simple : rouler le plus fort possible dans le col de la Loze pour asphyxier les adversaires de Roglic et annihiler toute tentative d’attaque.

Pogacar devrait attendre les cinq derniers kilomètres pour tenter de faire exploser le groupe des leaders et isoler Roglic.

Le dernier kilomètre est tout aussi insane à l’image des cinq derniers kilomètres.

Evidemment, en cas de sprint final à l’image de du Puy Mary. Deux hommes semblent se détacher et le matchup apparaît tout de même plus favorable à Roglic en face à face. Tant le maillot jaune a fait preuve d’aisance sur les hauts pourcentages pendant tout ce Tour que ce soit à Laruns qu’au Pas de Peyrol.
Aujourd’hui apparaît être une affaire de course dans la course, avec la course pour la gagne d’étape et l’explication des leaders. Comme hier, le début d’étape devrait être au main de la Bora. C’est donc à logique qu’un coureur de la Bora devrait finir devant. Comment donc ne pas pointer, sur ce type d’ascension taillé pour un leader déchu, vers Emmanuel Buchmann qui a enfin montré le bout de son nez hier. Présent dans la première échappée de costaud, l’allemand nous a laissé un indice : il attaquera en troisième semaine. Contraint d’abandonner ses ambitions au Général tant du Dauphiné que du Tour pour panser ses blessures, le leader de la Bora semblait avoir repris la semaine fort. Et faisait figurer de candidat très crédible à un Top 3. Pas lâché du groupe de leader sur l’Iseran l’an passé, Buchmann n’a jusqu’ici pas donné de contre-indication à une arrivée au dessus des 2000 mètres. Pour rappel, le Col de la Loze culmine à plus de 2 300 mètres. A une telle hauteur, l’oxygène se fait plus rare et l’oxygénation des muscles rendue plus complexe. Ce qui avantage les coureurs sud-américains qui ont grandi et vécu à de telle hauteur. Ce n’est pas le cas de l’allemand. Mais sa résistance a de telle hauteur n’a pour l’heure pas failli.
Evidemment lors qu’on parle de montée longue et rude, un autre coureur peu en vue sur ce Tour me vient à l’espoir. Jan Hirt, le grimpeur de la CCC qui aura lui aussi tenter hiers avant de finir grupetto. Très certainement en vue de cette étape. Vainqueur à Edelweißspitze à 2555 mètres, le tchèque a montré qu’il savait encaisser les arrivées au sommet les plus hauts. Véritable coureur diesel, c’est un des hommes du peloton qu’on a l’habitude de voir plutôt en troisième semaine comme les démontre ses Giro 2017 ou encore celui de l’a passé avec une belle 2e place à Ponte du Legno derrière Ciccone.
Dans une course où les relais sont envisageable, je ne peux que pointer derrière des équipes qu’on mésestime ou qu’on attend pas nécessairement. Le premier d’entre eux sera Herrada qui pourra tant servir d’appui pour une attaque de G. Martin qui semble être derrière Pogacar le leader le plus offensif. Sa perte de temps au général le contraint au baroude miraculeux, à la tentative flamboyante. Hier, il aura tenté dans le final. Herrada semble être une belle assurance pour la Cofidis qui pourra miser sur une gagne d’étape en cas d’écarts trop conséquents avec le peloton. Le 2e de Mont Aigoual nous gratifie de bonnes jambes. Un candidat en échappée. Le second sera un homme qui a tenté hier : Powless. D’office la meilleure carte EF semblerait être Martinez. Mais le colombien sera selon toute vraisemblance rattachée à Uran. L’américain qui a déclaré avoir eu de très bonnes jambes durant les premières heures de course hier a ma préférence par rapport à un Hugh Carthy. La Ineos pourrait faire un beau up au classement par équipe. Préserver le podium d’Uran et conforter le placement au classement par équipe ne semble pas incompatible si Uran garde avec lui Martinez. Powless est donc autoriser à sortir et il nous a déjà montré qu’on pouvait compter sur lui s’il est en position favorable et non d’équipier au sein de son équipe.
Avec l’abandon de Bernal, Ineos sera forcément à l’attaque. Carapaz est évidemment le gros client. Mais je pointerais vers le Pole qui lui aussi a perdu du temps hier. Si une échappée se dessine sur le plat, les rouleurs sont avantagés. Kwiatkowski sera nécessaire d’entre eux. Les forts pourcentages lui conviennent parfaitement et sans leader, le polonais a enfin sa chance pour gagner une étape sur un Grand Tour. Lui qui était jusqu’ici un gregario de luxe. Une bien belle récompense pour un coéquipier dévoué.
PRONOSTICS
Emmanuel Buchmann vainqueur/Top3 : 50-9 – 0.5% (Winamax)
Jan Hirt vainqueur/Top3 : 75-15 – 0.25% (Unibet/Betclic)
Jesus Herrada vainqueur/Top3 : 75-15 – 0.25% (Unibet/Betclic)
Neilson Powless vainqueur/Top3 : 400-75 – 0.10% (Winamax)
Michal Kwiatkowski vainqueur/Top3 : 35-10 – 0.15% (Winamax/Betclic)