Une étape aux allures de Tour de l’Ain. L’enchainement n’est pas inconnu pour nombre de leaders qui ont eu l’occasion de batailler lors de la dernière étape dudit Tour, il y a de cela quelques semaines. Aura-t-on droit à un nouveau récital des Jumbo-Visma ? Pogacar absent du Tour de l’Ain sera-t-il encore le facteur x ?

3724 mètres de dénivelé positif attendent les coureurs du peloton. Une journée que Sammy Be ne devrait guère tant l’irlandais porteur du maillot est en manque de jus en cette fin de semaine. Une journée d’enfer pour Caleb Ewan qui est en perdition sur les récentes étapes dès que la route s’élève. La Bora va-t-elle durcir le début d’étape pour aller prendre des points au sprint intermédiaire ? La réponse semble négative. Le début d’étape ne comporte aucune difficulté pour décrocher Bennett qui collera Sagan comme son ombre pour garder son matelas d’avance de 43 points intact et avec l’aide de Morkov l’alourdir d’une poignée supplémentaire si possible.
Quelles sont les chances des échappées ?
Avec 98.5 kilomètres de plat avant la première des trois difficultés, on pourrait créditer les échappées de grandes chances de bonnes chances d’aller au bout. Seulement deux possibilités amènent à tempérer leur chance. La première est une échappée partant rapidement. Cela implique que les coureurs qui la compose sur plus bons rouleurs que grimpeurs. Dès lors peu d’espoirs de maintenant l’écart avec des leaders en chasse dans les difficultés du jour. La seconde est qui dit possibilité pour les baroudeurs et lutte pour le maillot à pois ainsi que le classement par équipe implique que la lutte pourrait être longue pour prendre le large. Dès lors le pied du Fromentel pourrait arriver plus vite que prévu. On se souviendra le Tour de l’Ain où l’échappée n’avait guère eu plus de 2′ de crédit. Condamnant les chances des fuyards. Force est de constater que l’écart doit être conséquent pour avoir un espoir de lever les bras au sommet du Grand Colombier. Surtout quand on voit l’aisance de Roglic dans Puy Mary. Sa cadence de pédalage au sommet dans des pourcentages entre 12% et 15% étant monstrueuse. Une cadence qui permet de répondre à une question : Roglic est-il en forme trop tôt ? Par son efficience dans sa vélocité sur des portions si compliquées, nous démontre que Roglic a encore beaucoup de fraîcheur en ce milieu de Tour. Ce n’est donc pas pour rien que l’écart entre l’échappée et Roglic/Pogacar a fondu de près de 5′ dans l’enchaînement Neronne/Pas de Peyrol. Ce qui amoindri entre les chances quand la Jumbo-Visma mettra en route dans le Grand Colombier.
Mais qui pour contrôler la course ?
Après l’étape de Laruns et l’étape du Puy Mary, Jumbo-Visma nous a montré que si l’équipe était la plus solide du Tour, elle est aussi la plus difficile à lire. Certes Jumbo-Visma n’a aucun intérêt à chasser. Mais quel était son intérêt de chasser durant une heure sur l’étape du Puy Mary lorsque l’homme le plus dangereux de l’échappée était Rolland pointant à 18′ du leader ? Cependant, nombre d’équipes dont Ineos serait inspiré de placer des pions à l’avant afin de servir de relais pour les enchaînements Fromentel – Biche – Grand Colombier. La Ineos pointe en tête de liste. On a vu déjà l’équipe britannique prendre les choses en main lors du Tour de l’Ain où Bernal avait pris la deuxième place derrière Roglic. Certes, Bernal a été peu flamboyant sur le sommet de Puy Mary mais le vainqueur du Tour sortant à montrer une hargne dans le final à Lyon tentant de suivre l’attaque d’Alaphilippe. Evidemment, c’est un terrain que le colombien apprécie. On se souviendra des classiques italiennes de l’automne. Mais attention aux signes trompeurs, Bernal n’a pas non plus déçu. Ses données sont excellentes, ce qui doit forcer l’équipe à travers pour son leader et prendre chaque occasion qui s’offre à elle de grappiller du temps avant le chrono de la Planche des Belles Filles. D’autant qu’il faut rappeler que si Bernal semblait mal au Mont Aigoual, il semblait voler à Laruns dans les pentes de Marie Blanque. Un schéma somme toute similaire à celui de l’an dernier.

Le premier des trois cols est le col de Fromentel avec des passages monstrueux en son sommet…

… dont le segment Strava « la pente infernale ». ADMIREZ.

Le col est suivi d’une descente très rapide et courte vers le col de la Biche. Peut-on y voir des mouvements ? Tenter d’esseuler Roglic dès le Fromentel pourrait être une bonne idée. Mais la route reste longue jusqu’au Grand Colombier. Peu de chance de voir des mouvements.

Le col de la Biche, un col court mais raide. Mais les attaques si les attaques peuvent être inspirées…

… par la descente rapide qui s’en suit.

La partie plane menant au pied du Grand Colombier impose de disposer de relais à l’avant pour avoir un espoir d’avoir un écart suffisant sur le groupe des leaders dont les trains Ineos et Jumbo ne devraient pas avoir trop soufferts si les deux cols précédemment cités sont escamotés.

Le final appelle un monstre : 17.6 kilomètres d’ascension. Avec des bonifications en son sommet, les leaders qui ont perdu du temps et du temps à récupérer sur Roglic seraient bien inspirer de mouvementer le final.

Un final de col qui se complexifie au fur et à mesure des mètres. Au Tour de l’Ain, Richie Porte avait désorganisé le relai de Kuss en attaquant à la flamme rouge avant que Bernal et Roglic ne fasse le trou et se décide la gagne à la pédale avec un Roglic impérial.
Nul besoin de faire des lignes et des lignes quand un final est jugé entre favoris, les deux slovènes semblent les plus forts. Assurément Pogacar est un électron libre et ne se contentera pas d’observer. Toujours à l’attaque quand il en a l’opportunité. Le jeune prodige devrait une énième fois être celui qui fait voler le groupe des leaders en éclat en l’aube du second jour de repos. Asseoir son avance sur Bernal au maillot blanc grâce aux bonifications et une meilleure pointe de vitesse au sprint devrait nécessairement l’inspirer. Evidemment, Roglic est supérieur au sprint. Cette fois-ci l’écart semble maigre pour que le Slovène leader du Général offre la victoire à son jeune compatriote comme il l’avait fait lors de l’étape de Los Machucos de la Vuelta 2019. Cependant une chose est certaine lorsque les deux sont isolés en tête, il n’y a guère de rupture d’entente. Ce qui implique que les chasseurs ne doivent pas se regarder.
PRONOSTICS
Primoz Roglic vainqueur : 4 – 0.5789% (Betstars – cote boostée)
Tadej Pogacar vainqueur : 5.5 – 0.4211 (Pasinobet)
Une double chance manuel qui revient à une cote de 2.32