Jour-J, c’est le grand départ du Tour de France. La course la plus prestigieuse du monde et quelle étape nous frappe d’entrée. Habitué des prologues d’ouverture ou des étapes de 200 bornes toute plate, l’édition 2020 prend un virage à 90°.

1596m de dénivelé positif attendront le peloton pour cette étape d’ouverture.

Avec un départ en montée, il faudra être chaud d’entrée d’autant que la course sera courte avec seulement 157 kilomètres. Peu de points à distribuer pour le classement de la montagne. Pas de quoi encourager les gros baroudeurs d’aller chercher une étape qui semble promise au sprint. Malgré ce départ en côte, c’est donc un petit groupe qui devrait se détacher pour un baroude d’honneur.


Le dernier tour de circuit offre un terrain de chasse parfaite pour un peloton désireux de terminer cette étape de Nice au sprint avec pas moins de 27.5 km sur de longue route offrant un point de mire idéal pour faire fondre l’écart avec les fuyards.

Les cinq derniers kilomètres sur la promenade des anglais n’encouragent pas aux late attacks et offrent un boulevard pour les rares purs sprinteurs de ce Tour. Les occasions étant rares, peu de chance que leurs équipes laissent cette opportunité leur passer sous le nez.

Le vent est le seul point positif pour l’échappée avec un vent qui les poussera avant l’entrée sur la promenade des anglais. Enfin, un avantage à modérer puisqu’il ne sera pas assez puissant. Exit donc les bordures.
Dans un sprint total plat, sur un long boulevard, l’importance du placement est primordial et avoir le meilleur train procure un avantage certain. A ce jeu, la Deceuninck Quick Step possède le meilleur train de ce TDF. Declercq et Cavagna pour mener la chasse des échappées. Devenyns, Asgreen, Jungels, Alaphilippe et enfin Morkov pour lancer parfaitement Bennett et le déposer à 200 mètres de la ligne d’arrivée. Malheureusement, pour le champion irlandais, sa reprise post-confinement n’est pas toujours à la hauteur des espérances. Certes vainqueur sur le sprint punchy de Burgos mais derrière Gaviria et Demare sur le sprint plat. Le sprinteur de la DQS a confirmé la tendance sur le Tour de Wallonie battu sur le plat à Templeuve mais vainqueur sur le final punchy de Visé.
En face, le deuxième meilleur train semble être celui des Lotto Soudal. Gilbert, Degenkolb, Kluge et De Buyst pour emmener Ewan, la « pocket rocket ».
Cela a de la gueule, hein ? […] Jasper De Buyst sera le dernier homme. Il fait ça à merveille. Nous avons trouvé nos repères. […] Je vais sans doute faire appel à Roger Kluge dans les étapes plus plates et John Degenkolb quand ça sera plus vallonné.
Caleb Ewan à propos de son train lors du Tour de Wallonie
Meilleur sprint pur l’an passé du Tour de France avec sept podiums dont trois victoires, l’aussie est le sprinteur le plus régulier du monde en matière de podium. Rarement mal placé, Ewan sait se placer lorsque son train est inférieur derrière le sprinteur possédant le meilleur et/ou le sprinteur le plus rapide afin de lui servir de rampe de lancement ou du moins pour anticiper son démarrage. Vainqueur à Templeuve puis deuxième derrière Demare à Wavre le lendemain. Ewan a figuré sur tous les sprints plats cette année hormis à Dubai City et à Chalette sur Paris-Nice dans une étape marquée par les chutes et les bordures. Sur le plat Ewan ne déçoit guère. Chose surprenante, Ewan semble par contre largué sur des arrivées en sprint en montée.
Évidemment, deux coureurs en face semblent en mesure de contester la gagne aux deux hommes les plus rapides du peloton. D’abord, l’italien de la NTT, Giacomo Nizzolo sacré champion d’Italie et champion d’Europe. La confiance est à son summum pour aborder ce Tour dans les meilleures dispositions mentales. Et il en faudra pour le sprinteur au triste record : 41 Top 10 sans aucune victoire sur un Grand Tour. Lui qui était en début de saison à 35 podiums pour aucun victoire en World Tour. Nizzolo est donc tout sauf une assurance tout risque. D’autant que Nizzolo a impérativement une nécessité d’être bien placé. Or, c’est sûrement le point faible du sprinteur de la NTT. Est-ce Walscheid, Gibbons et Boassen Hagen rivalise avec les meilleurs trains et seront en mesure de bien le positionner ? De gros doutes subsistent… D’autant que ses récents succès sont du à un placement et un train extrêmement bien placé. Mais Nizzolo n’aura pas un train aussi qualitatif que lors des championnats européens. Son Tour de Wallonie ou même son Tour de Burgos nous on démontré qu’à la reprise, la NTT n’est pas une équipe qui sait le placer sur orbite comme il l’avait été à Victor Harbor.
Ensuite, le second est l’homme qui est dans la bouche de tout le monde : Wout Van Aert. Et d’emblée un bémol doit être mis en avant. Certes, le belge est l’homme le plus en forme de la reprise. Mais son rôle dans le final sera double. Protéger ses leaders jusqu’au 3 derniers kilomètres synonyme de temps neutralisés en cas de problèmes pour ses leaders. Puis de jouer sa carte au sprint. Dès lors, comment ne pas penser à quelques cartouches grillées avant d’entamer le sprint victorieux. En découle possiblement un mauvais placement. Rappelons que le champion de Belgique du chrono n’aura pas de train pour l’emmener. Jansen devrait avoir le rôle de le replacer avant la flamme rouge si ce dernier est encore présent. Si WVA est présent dans les premières positions du peloton, sa façon de sprinter lui portera sûrement préjudice. Et pour ça, il convient de se référer à ses derniers sprints.
Que ce soit lors de l’étape d’Albi qu’il a remporté de justesse l’an passé comme celui de Milan Turin cette année où il apparaît comme le plus rapide du peloton, ses sprints comportent trois défauts. D’abord, WVA lance le sprint loin de la tête avec un positionnement qui l’handicap. Ensuite, son placement l’oblige à lancer tôt. A Albi, WVA lance à 250m sur un sprint en faux plat où il est nécessaire de lancer plutôt à 200m. Et à Milan-Turin, WVA lance à 300m sur un sprint plat où il est plus cohérent de lancer à 250m. Enfin, toujours découlant de cette anticipation, le belge aura dû faire 51 coups de pédale à Albi et 46 coups de pédale à Turin entre le lancement de son sprint et son lancé de vélo sur la ligne d’arrivée. Or, il est communément admis que pour un sprint idéal 21 coups de pédale sont nécessaires pour développer le paroxysme de sa puissance sans perte. Les comptes sont loin pour un sprint optimal.
Pronostics
Caleb Ewan vainqueur : 3.5 – 0.5% (Winamax)
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